Cette image accompagne une longue interview radio de l'académicienne ( élue en 2004 ). Je crois que ce texte, qui n'est pas un excès journalistique, mais que l'intéressée confirme, parle de lui-même. Vous apprendrez au passage que Françoies Combes n'est venue que tardivement à l'astrophysique et à la cosmologie, que par ailleurs elle consacré la moitié de son temps à prendre connaissance de nouveaux travaux publiés, enfin qu'elle est en mission en moyenne deux fois par mois. Faites alors le calcul. Elle a signé donc, ou cosigné de un à deux articles ... par semaine depuis qu'elle a commencé sa carrière.

Les véritables scientifiques concluront par eux-mêmes.

J'ai fait sa connaissance il y a une quinzaine d'années, lors de la soutenance de la thèse d'un élève d'Evangelina Athanassoula, à l'observatoire de Marseille. Une thèse "sur la dynamique des galaxies" qui consistait à se donner des conditions initiales, par exemple deux ensembles de points-masses se jetant l'un vers l'autre, et après force calculs sur ordinateur à obtenir une image dont on cherchait alors l'équivalent dans quelque catalogue.

Athanassoula dirigea ainsi force thèses basées sur ce principe, en prenant pour élèves en général des étudiants étrangers qui pouvaient ensuite s'installer, doctorat en poche, dans quelque chaire d'astrophysique créée pour eux.

J'imagine qu'Athanassoula a du prendre sa retraite, après une carrière pavées de "non-travaux". Même chose pour son mari, Albert Bosma.

 

Bosma, il y a 15 ans.

 

Albert Bosma, qui réussit à me faire interdire de parole à un colloque d'astrophysique franco-français, à Montpellier il y a une quinzaine d'années, où je devais parler de dynamique des galaxies, simplement en déclarant :

- Si Petit parle, je m'en vais ...

Pendant vingt années Bosma etson épouse Athanassoula se servirent d'un puissant ordinateur, implanté à l'observatoire de Marseille (auquel je n'avais pas accès), le système GRAPE, sans résultats notables, autres que de déduire la distribution des masses dans les galaxies, à partir de leurs courbes de rotation.

Ce jour là je leur montrais ( à Athanassoula et à Françoise Combes ) les résultats de simulations sur ordinateur réalisées par Frédéric Descamp, sur l'ordinateur du centre DAISY, en Allemagne, en faisait interagir, en 2d, une galaxie et un environnement de masses négatives. On voyait alors apparaître, très vite, une superbe spirale barrée, qui perdurait des dizaines de tours, sans perdre ses bras.

Françoise Combes, livide, m'asséna immédiatement :

- On obtient la même chose avec du gaz froid !

Effectivement, peu de temps après la revue Ciel et Espace publia de superbes photographies extraites de simulations qu'elle avait réalisé. Prudent, je lui ai fait écrire par une amie, qui se présenta comme astronome amateur et qui, après avoir couvert la dame de louange, lui demanda combien de temps ces structures se maintenaient, ce qui n'était pas précisé dans l'article.

La réponse vint : un peu plus d'un tour ....

La structure spirale prend son siège dans le disque de gaz. Celui-ci est très mince : 300 années lumières d'épaisseur contre 100.000 de diamètre. L'épaisseur d'un disque microsillon, ou d'un CD.

Conditions initiales : la courbe de rotation de ces mêmes galaxies : en corps solide près du centre, en rotation différentielle à la périphérie. C'est à dire que la vitesse angulaire décroît alors au fur et à mesure que l'on s'éloigne de cette région centrale.

Jetons du "gaz froid" dans ce disque. La distance de Jeans varie comme la racine carrée de sa température. Si celle-ci est faible, ce gaz va avoir tendance à se rassembler. Ajoutez la rotation différentielle : la structure spirale est alors très facile à obtenir. Mais, et toutes les simulations de ce genre tendent à le montrer, ce gaz s'échauffe. Les molécules qui le constituent acquièrent des vitesses dépassant la vitesse de libération de la galaxie, et les bras ... s'évaporent. Athanassoula se heurta comme les autres à ce problème pendant toute sa carrière.

Pour que cette structure puisse perdure il faudrait que ces galaxies collectent en continu du gaz froid. Françoise Combes n'a jamais réussi à mettre en évidence des quantités suffisantes de cet hydrogène froid pour que son modèle devienne crédible.

L'hypothèse d'une présence de gaz froid entre les galaxies est difficilement soutenable. On a pu mettre au contraire en évidence la présence d'un gaz très chaud (de l'hydrogène porté à des dizaines de millions de degrés), entre ces mêmes galaxies. Les collision entre ces éléments s'accompagnaient d'émissions de rayons X.

Et c'est parfaitement normal. Pour que cette masse gazeuse n'ait pas été captée au fil du temps par les galaxies il faut que les atomes d'hydrogène soient animés de vitesses dépassent la vitesse de libération des galaxies, de l'ordre de 1000 km/s. Or quelle est la température d'un gaz d'hydrogène dont la vitesse d'agitation thermique est de mille kilomètres par seconde ?

Réponse : 40 millions de degrés.

Comment ce gaz a-t-il été porté à une telle température ? Au moment de l'allumage des étoiles de première génération, dans les galaxies elliptiques. Celles-ci se sont alors comportées comme des fours, les jeunes étoiles étant très actives. La matière peut aussi être éjectée selon des jets. Les futures galaxies spirales, à l'état de proto-galaxies, ne perdent pas leur gaz, qui subsiste à l'état de halo diffus. Les galaxies, dans leur stade primitif, constituant un système collisionnel, les halos gazeux sont mis en rotation, mais pas les "bulbes" dont le fossile est constitué dans notre voie lactée par la centaine d'amas globulaires qui forme un sous-système à symétrie sphérique (qui ne tourne pas). Les collisions vont refroidir le gaz des protogalaxies légères, qui conservera cependant le moment cinétique acquis au cours des collisions. D'où ces disques de gaz ultra-plats, dans lesquels naîtront des "étoiles secondaires" (dites de population II).

L'expansion éloigne les galaxies les unes des autres, et éloigne également les atomes de l'hydrogène intergalactique, qui ne peut alors plus perdre d'énergie par rayonnement, sauf de manière exceptionnelle, ceci correspondant au rayonnement X mesuré.

A l'inverse de dame Combes, avec ses mille publications, je n'ai jamais réussi à publier, dans les années quatre vingt, mon travail sur ces galaxies spirales. Chaque envoi m'était retourné avec :

- Sorry, we don't publish speculative works.

Au point que j'ai fini par baisser les bras, par abandonner. J'ai même perdu le superbe fichier bitmap qui montrait cette animation.

Mais il faut se ressaisir, se reprendre, même à 76 ans. Maintenant, l'argent collecté par la vente de livres me permet d'aller dans des colloques. Le "point d'accès", c'est peut être la physique mathématique ( j'y présenterai un premier papier en septembre 2013).

Mouvement d'humeur : cette histoire de matière sombre, d'énergie noire, de Modified Newton Dynamics : des conneries ! Depuis un demi siècle l'astrophysique et la cosmologie s'enfoncent dans des activités qui ne sont plus que de la com....

Françoise Combes est peut-être l'image emblématique de l'astronomie et de l'astrophysique contemporaines, à travers l'accumulation de "données de plus en plus précises" qui débouchent sur une mesure d'un non-savoir et d'une non-compréhension "bientôt à un pour cent près". L'astrophysique, la cosmologie et au delà la physique fondamentale deviennent de la com. Il faut accumuler les discours, les conférences, les vidéos, paraître le plus possible. André Brahic, visant la succession du médiatique Hubert Reeves s'agite de son mieux de son côté.

Il est vrai que l'émergence d'instruments de plus en plus perfectionnés a permis de préciser notre vision du cosmos. Ajoutons que des techniques comme l'optique adaptative ont été considérablement boostées par les applications militaires. Si les astronomes ont le regard tourné vers le ciel, les militaires font l'inverse. Depuis leurs satellites ils observent le sol, à travers l'atmosphère terrestre. Les progrès des uns ont bénéficié aux autres. Et c'est valable aussi pour les instruments X et gamma, initialement mis au point pour détecter les explosions nucléaires.

Les miroirs ont aussi leur rôle à jouer dans les armes laser, à énergie dirigée. Il faut faire mouche à des milliers de kilomètres de distance.

Paradoxalement, plus les données s'accumulent et s'affinent et plus ce que les hommes croyaient avoir compris s'effondre par pans entiers. La théorie des cordes en est la caricature absolue, discipline que Souriau résumait avec tant de justesse en disant que c'était :

une physique sans expérience et une mathématique sans rigueur.

Il y a quelques années le Cadadien Lee Smolin publia un livre " The trouble with physics " ( Rien ne va plus en physique ). Ayant travaillé pendant de longues années sur cette théorie, on lui demande de préparer un exposé présentant les grands acquis de cette discipline. Il commence par un "théorème d'existence" que les théoriciens des cordes considèrent comme un des "piliers" de l'édifice. Quand Smolin montre ce théorème à des mathématiciens, ceux-ci s'exclament " mais il n'y a là aucune démonstration !"

Les gens des cordes protestent vigoureusement.

Perplexe, Smolin rend alors visite à l'auteur de ce papier fondateur, en lui disant " des mathématiciens disent que ceci n'est pas une démonstration". Et celui-ci lui répond : " je n'ai jamais prétendu démontrer cela ...". Smolin repart, stupéfait et troublé.

Explorant un à un les "acquis" de la théorie des cordes Smolin découvre alors que cet ensemble n'est fait que de vent et d'effets d'annonce. Par exemple la fameuse "théorie M" de Witten n'existe simplement pas, sinon comme simple nom. Les travaux produits ressemblent plus à des exorcismes qu'à autre chose.

Smolin conclut qu'il faut se tourner vers autre chose. Il désigne alors différents axes qui lui semblent prometteurs. Ce sont :

- La gravité à boucles, dont le leader est l'Italien Carlo Rovelli, fixé à Marseille

- La cosmologie à vitesse de la lumière variable, dont le leader est le Portugais Joao Magueijo, qui a la chaire de physique théorique à Imperial College, Londres.

Il se trouve que Smolin a cosigné plusieurs articles avec ces deux là.

Ayant été en 1988 le véritable précurseur de ces "théories à constantes variables" ( Trois articles dans Modern Physics Letters A ) j'ai vainement tenté de donner un séminaire chez Magueijo, à Imperial College ( à mes frais ). Réponse négative de celui-ci, disant " ce n'est pas moi qui m'y oppose, ce sont mes collègues "

Même refus catégorique, avec fin de non-recevoir de la part de Carlo Rovelli, qui travaille à 50 km de chez moi.

Enfin j'ai fait une autre tentative, en 2008-2009 auprès de Smolin lui-même. J'avais rencontré Alain Connes, médaille Field, préfacier de l'édition française du livre de Smolin et j'avais réussi à le convaincre d'écrire au Canadien, en lui envoyant les pdf de mes travaux et en appuyant ma demande de venir donner, toujours à mes frais, un ou des séminaires au Perimeter Institute où Smolin travaille, au Canada.

Connes a fait deux envois successifs, sans obtenir de réponse de la part de Smolin. Puis il a laissé tomber.

Je viens récemment de refaire des demandes de séminaires dans quatre "places fortes" françaises. Trois n'ont simplement pas répondu. Le quatrième responsable m'a fait une réponse négative.

Ne parlons pas du refus d'Alain Riazuelo et de son supérieur, le directeur de l'Institut d'Astrophysique de Paris (voir sur ma page d'accueil " le temps de la lâcheté" ).

Je pense à son copain Alain Blanchard, dont le fief est à Toulouse. Un jour celui-ci vient donner un séminaire à l'observatoire de Marseille, en cosmologie. A l'issue de celui-ci je lui pose quelques questions, auxquelles il est incapable de répondre, restant comme un idiot avec son bâton de craie à la main, face au tableau, en disant :

- Bonne question.....

Je termine en disant :

- En tant que membre de la commission de la section dont je dépends, au CNRS vous avez produit un rapport sur mon travail dont je vais donner lecture..

Après lecture de ce texte très critique, démontrant son incompétence :

- Je reformule ma demande de venir exposer mes travaux dans votre laboratoire, à mes frais, après deux demandes qui sont restées sans réponse.

Blanchard ramasse ses transparents et prend la fuite par la porte du fond. Un collègue, stupéfait, se lève et s'écrie :

- Tu as vu, Jean-Pierre, il prend la fuite !

Nous essayons de ne rattraper dans le couloir, mais il a déjà gagné le parking, sauté dans sa voiture et pris la fuite !

Il y a une quinzaine d'année j'avais demandé à faire un exposé au séminaire de l'institut d'astrophysique de Paris, à l'époque où celui-ci était dirigé par un certain Omont. Sa réponse immédiate :

- Impossible. Vous avez publié un livre sur les OVNIS.

- Mais ce n'est pas de cela que je voudrais parler, mais de dynamique galactique.

- N'insistez pas. Pour nous ces deux choses sont indissociables.

Souriau avait appelé Omont en lui disant " vous cherchez des idées. Petit en a. Ecoutez-le".

Omont avait demandé une lettre "pour être couvert". J'ai donc pu donner ce séminaire devant une douzaine de visages hostiles. L'académicien Jean-Claude Pecker, qui m'a toujours soutenu, était présent. A l'issue de l'exposé, question rituelle, pose par Omont : "quelqu'un a-t-il des questions ?". Pour toute réponse la salle se vide dans la précipitation, nous laissant seuls, Pecker et moi.

Je me souviens de l'hostilité violente que me manifestaient deux chercheurs de l'observatoire de Marseille où je travaillais : Alain Bosma et son épouse Evangelina Athanassoula, qui n'avaient pour tout bagage théorique que la loi de Newton et "leur puissance de calcul".

Je me sens comme un Chrétien qui tambourine à la porte du Colisée, laquelle reste hermétiquement close. La raison : ce Chrétien là bouffe les lions !

Dès le début de ma carrière j'ai cheminé, dans tous les domaines abordés, hors des sentiers battus. Jeune chercheur j'ai été tout de suite agressé par des barons de la science, dans des colloques.

Le Pr King, lors d'un colloque sur la dynamique galactique, à Bure sur Yvette, en 1974 :

- Le travail de ce français semble séduisant. Hélas il contredit le théorème d'Eddington

- Si vous l'appliquiez correctement, ça n'arriverait pas. Je vais vous montrer .....

A ce même colloque, Lynden Bell, sommité anglaise en la matière (allez voir sur Wikipedia):

- Ce exposé de Petit sur la III° intégrale est forcément faux, car on n'en a jamais trouvée !

- Professeur Lynden Bell, vous ne pouvez pas affirmer une telle chose sans qu'il n'y ait de suite. Nous sommes lundi. Je vais vous donner ces calculs. Si vous trouvez une erreur, je vous donnerai 50 dollars, sinon vous me donnerez cette somme.

L'assistance hurlait de joie.

- Lynden Bell, parie !

L'anglais part avec les calcul et ne revient que le vendredi, à pas lent. Les congressistes se précipitent :

- Alors, Lyden, tu as trouvé l'erreur du Français ?

- Non, mais c'est quand même faux !

Je n'ai jamais eu mes cinquante dollars.

Schatzman, face à l'idée d'un "aérodyne MHD" en 1976 :

- Une machine qui produit elle-même son propre champ électrique et son propre champ magnétique ne peut se propulser. Il y a des théorèmes qui s'y opposent.

Confronté, de visu, à l'expérience d'annihilation de la vague d'étrave par la MHD :

- Mais qui dit que cette onde ne se reforme pas à quelque distance de la maquette ? (...)

Au moment de mon passage attaché-chargé, au CNRS (c'est à dire de ma titularisation) Paul Germain, président de la commission de Mécanique dont je dépendais, directeur d'un laboratoire de Mécanique théorique, académicien et directeur de la revue "Le Journal de Mécanique" (devenue aujourd'hui The European Review of Physics) évoque mon dossier :

- Maintenant nous allons évoquer le cas d'un chercheur que beaucoup, ici, ne connaissent que trop bien. Il s'agit de jean-Pierre Petit. Il est l'auteur d'un travail de théorie cinétique des gaz qu'il a adressé à la revue que je dirige et je vais vous lire le commentaire émis par le referee ( Cabannes ) :

- Ce travail révèle des méconnaissances profondes en théorie cinétique des gaz.

Avec une telle présentation, j'étais "mort". Mais c'est alors que le responsable syndical envoya à la volée aux vingt membres des photocopies, en disant :

- J'ai un autre son de cloche, regardez. Petit a pu publier, il y a trois mois, un article de 13 pages dans une revue russe, dirigée par le professeur Luikov. Par la suite une revue américaine, ayant remarque l'article, a demandé de pouvoir traduire cet article du russe pour pouvoir le publier en américain.

Germain, recevant ces documents, a changé de masque en une fraction de seconde.

- Eh bien je vois que la relève est assurée, chez les jeunes théoriciens. Quels sont ceux qui sont pour le passer chargé de recherche ?

J'ai senti le vent du boulet.

Là encore, j'avais innové en mettant en oeuvre une méthode "biparamétrique" à laquelle Cabannes n'avait strictement rien compris. J'ai été sauvé de justesse après une visite de Luikov, dans le laboratoire de dynamique des systèmes réactifs, où j'avais été affecté, après un clash retentissant chez Valensi, à l'Institut de mécanique des Fluides de Marseille. Celui-ci avait fait tomber sur moi les foudres du CNRS.

Je me rappelle ce que m'avait dit sa secrétaire :

- Notre patron, vous allez le faire mourir, vous savez. Il avait envoyé à la Direction Générale du CNRS un rapport disant que vous ne fichiez rien. Je le sais, c'est moi qui l'ai tapé. Vous connaissez la suite. Ce matin il a eu madame Plin, directrice du personnel, qui lui a dit ( dialogue ) :

- Il a envoyé sa thèse de doctorat d'Etat ....

- Quel thèse !?!

- Une thèse de théorie pure.

- Ah, il n'y a que des calculs ! ....

- Oui, mais elle est accompagnée d'une lettre du professeur André Lichnérowicz, mathématicien et académicien, qui dit que c'est pas mal ....

On m'avait enlevé de ce labo pour me loger dans un autre, dirigé par un nommé Henri Guénoche, un médiocre qui ne valait guère mieux. Au passage, Lichnérowicz ayant décrit aux membres de l'A cadémie des Sciences les méthodes de négrier de Valensi, celui-ci dut mettre une croix sur son intégration dans cette maison, pourtant préparée de longue date. Une fois de plus le pot de terre avait brisé le pot de fer.

Mais Valensi avait des appuis (dont Germain et Cabannes) et était bien décidé à se venger .

J'arrivais à la dernière année où je pouvais être attaché de recherche. Guénoche, ayant reçu des consignes, n'avait pas bougé le petit doigt, pas plus qu'un nommé Raymond Brun qui, me concernant, "faisait office de directeur de recherche". Soudain, quand la partie semblait perdue, un professeur de Minsk, nommé Luikov, déboule dans mon bureau avec deux assistants et une interprète :

- Le professeur Luikov dit que Velikhov lui a parlé de vous en lui disant que vous faisiez du travail intéressant. Il demande sur quoi vous travaillez en ce moment.

Je lui expose mon "calcul des paramètres de transport dans un plasma bitempérature". A l'issue de mon exposé, Luikov (par l'intermédiaire de son interprète) :

- Le professeur Luikov vous félicite Il dit que vous avez résolu un problème sur lequel lui et ses collaborateur ont buté pendant de nombreuses années. Il demande où c'est publié.

Je ne lui ai évidemment pas parlé des difficultés que je rencontrais avec "Le Journal de mécanique" (The European Journal of Mechanics) avec cet avis cinglant de Cabannes, que je venais de recevoir.

- Ma foi, je ne m'étais pas encore posé la question ...

- Le professeur Luikov dit qu'il serait très honoré de publier cela en Union Soviétique.

Luikov est parti avec le manuscrit, vite traduit, vite publié. J'étais sauvé, de justesse.

(Par la suite j'ai tenu à ce que ce travail soit publié dans le Journal de Mécanique Français)

Ce travail manque dans la nouvelle édition de " The mathematical Theory of Non Uniform gases " de Chapman et Cowling. Il n'y a rien qui réponde à cette question. C'est "l'extension biparamétrique de la méthode d'Enskog". Si j'avais pu hanter les colloques de cette spécialité, ce travail aurait sans doute été remarqué. Mais maintenant, quelle importance. Ca manque dans ma page Wikipedia. Ca se situe dans le même domaine que celui où Villani a travaillé.

Le lendemain de la tenue de la session de cette commission, j'étais chargé de recherche. J'arrive dans mon labo où ce faux-cul de Guénoche m'accueille en me disant :

- Alors, j'ai appris la grande nouvelle. On va arroser ça !

- On ne va rien arroser du tout. Je voudrais que tu me signe cela.

- Ca, qu'est-ce que .... autorisation de transfert à l'Observatoire de Marseille. Mais qu'est-ce que tu vas faire là-bas ! ?

- De l'astrophysique.

- Première nouvelle. Tu vas faire de l'astrophysique ?

- J'en fais déjà depuis un an. J'ai déjà publié trois papiers ( grâce à Lichnérowicz )

- Je n'étais pas au courant.

- Je n'avais pas jugé bon de t'en informer. Maintenant, si tu veux bien signer.

Cinq minutes après, mettant quelques livres et papiers dans une caisse en carton, je quittais ce labo pour ne plus jamais y remettre les pieds.

Des souvcnirs qui remontent comme des bulles nauséabondes, d'un fond de vase

Des anecdotes comme celles-là, j'en ai des douzaines. Même avec le recul, je ne trouve pas ça drôle.

Quand je suis passé à l'observatoire de Marseille, j'ai un peu travaillé avec Guy Monnet, qui était directeur. Il me surnommait "le neutrino", parce que je traversais le laboratoire sans parvenir à interagir avec les chercheurs. Je me rappelle qu'il avait dit un jour :

- Regardez cette lettre. Petit n'a même pas besoin de se pointer pour déclencher les foudres, partout. Là, il vient d'envoyer un papier bourré d'équations et il a reçu en retour pratiquement une lettre d'injures !

There is something rotten in the kingdom of science

J'ai pu me rendre compte à maintes reprises que mes travaux de cosmologie et d'astrophysique n'étaient compris, et appréciés, que par des mathématiciens-géomètres. Je ferai donc un premier exposé sous peu dans un congrès de physique mathématique, en espérant que mes idées passeront mieux. Si "l'essai est transformé", grâce au soutien financier des internautes (pendant 3 décennies je n'ai pu me rendre à aucun colloque, faute d'argent, si ce n'est à mes frais, dans des conditions déplorables), je multiplierai les interventions de ce genre, toujours dans ce secteur. Si dans ce colloque la "gravité à boucles" tient le haut du pavé ( une des "invited speaker" fera un exposé dans ce domaine ) il n'y a pas de communication sur la théorie des cordes. Cette "discipline", avec ses 10500 théories possibles seraient-elle en voie de disparition ?

Il serait inutile de tenter d'intervenir, pour le moment, dans des congrès d'astrophysique, comme j'avais tenté de le faire en 2000, à Marseille, au colloque "Where is the matter ?". Il n'y a pas pires sourds que ceux qui ne veulent pas comprendre.