Basic Instinct

29 mars 2006

 

J'ai ouvert le journal " Le Monde " hier. Je suis d'abord tombé sur une longue interview du footballer Lilian Thuram . Ce texte allait droit au coeur. Ce garçon ne bredouillait pas, posait ses mots avec précision, citant au passage les propos imbéciles d'un intellectuel français, Alain Finkielkraut.

Alain Finkielkraut

 

Mais quand on a a des tas de choses dans la tête, c'est vite fait de dire des bêtises. Tout dépend de la manière dont on s'en sert. En résumant cela d'un phrase lapidaire je dirais qu'il arrive bien souvent qu'un "intellectuel", ou prétendu tel, ne soit qu'un imbécile qui a fait des études. En fait, il y a la même proportions de cons partout, chez les blancs, les noirs, les riches, les pauvres, les intellectuels, les pas intellectuels, les journalistes, les universitaires, les philosophes, les astronomes, les bouchers, les homos, les hétéros, les connus, les pas connus, les hétéros, les curés, etc. Je me suis amusé il y a quelques années, dans ce vaste foutoir qu'est mon site à mettre un dossier qui annonçait "qu'on avait découvert qu'il y avait la même proportion de cons au Cnrs que dans le reste de la population". Si vous faites " cons " dans le moteur de recherche interne, vous tomberez sur ce dossier. ( au passage je suis en train de recenser tous les mots-clés qui, introduits dans le moteur de recherche interne de mon site, envoient vers un dossier. Si des lecteurs pouvaient m'envoyer par e-mails une suite de mots-clés, je pourrais les rajouter. Il y en a probablement quelques milliers ).

Fermons la parenthèse : il y a des cons parmi les intellectuels, le texte de Thuram le démontre, si nous ne nous en doutions pas déjà. Alors, c'est quoi, l'intelligence? C'est peut être avant tout quelque chose qui vient du coeur et chez notre footballer c'est cet organe qui parle. Par contre je ne suis pas sûr que des gens comme de Villepin ou Jacques Chirac, ou tant d'autres en possèdent un, hormis une vague pompe. En tout cas, s'ils ont un coeur ils n'ont pas de cervelle. Ou alors ils ne disent pas ce qu'ils pensent réellement. S'ils pensent, ce qui demanderait à être prouvé.

Je ne sais pas si vous avez lu " Notre Dame de Paris ", de Victor Hugo. On a fait un film jadis avec la délicieuse Gina Lollobrigida. A la fin du livre ( ou du film ) des pauvres sortent de "la cour des miracles" et envahissent les rues. De nos jours, remplacez le mot "cour des miracles" par "banlieues". Dans son livre, Hugo parle de ce lieu parisien, un espace de non-droit, où se regroupaient tous les misérables de la capitale et où la maréchaussée ne pénétrait point. Bref, en fin de livre cette population envahit les rues, décharge se colère, casse, brûle. Alors, le roi de l'époque, Louis XI dit :

- Quand le populaire envahit les rues il faut le réprimer, l'écraser.

Effectivement, à la fin, les troupe, la soldatesque, avec casques et armures, coince ce "populaire" dans des rues étroites et le traite de pic et d'estoc, jusqu'à ce qu'il réintègre son ghetto, cette "cour des miracles". L'épée remplace le Karsher. Car, du temps de Louis XI les ghettos existaient déjà. Nos modernes ghettos ne sont pas des ghettos pour juifs ou pour nègres, ce sont des ghettos pour pauvres, pour les sans avenir, dont le nombre ne fait que croître chaque jour, en dépit des "réformes" successives. Vous trouverez la raison de cette montée de la précarité dans ce dossier, tout bêtement. Le problème est planétaire. Le Marxisme avait engendré des monstruosités. Ce foutu libéralisme nous mène droit à la catastrophe.

Si vous ne saviez pas, la France compte des noirs dans sa population. Non seulement des noirs comme de l'encre, comme lui, mais aussi des jaunes comme des coings, des café au lait, des frisés, des pas frisés, de tout.

Elle contient aussi des riches et des pauvres, des avec avenir et des sans avenir, des avec savoir et des sans savoir. Nous sommes un pays coloré, plein de variété. Thuram s'interroge, cherche des solutions. A la fin il en suggère une : mettre en place un vaste plan destiné à instruire ces "gens des ghettos". Nous sommes bien d'accord avec lui. D'autant plus que le savoir est, de nos jours, devenu gratuit. Rien n'est plus facile à distribuer. On n'a même pas besoin de papier et d'encre. Des machines, il y en a partout. L'ADSL arrive dans les banlieues. Une simple clé USB à trois sous contient plus qu'une vaste bibliothèque.

Nous nous sommes lancés il y a seulement quelques mois dans une course de vitesse contre l'ignorance. Allez voir l'association Savoir-sans-Frontières, et si vous avez envie de soutenir ce mouvement, envoyez quelques sous en les virant sur notre compte. Le numéro est mentionné sur la page d'accueil. C'est une belle idée. En trois mois ont afflué des masses de traducteurs, à 150 euros l'album. Nous avons créé l'association, le compte à la banque postale. On va enfin pouvoir commencer à payer ces gens. Ce que nous n'avions pas prévu c'est qu'une telle somme, pour pas mal d'entre eux représente .. plusieurs mois de salaire ( pour un Croate, un Grec, un Arabe, etc..). En quelques mois seulement, des traductions en 25 langues ! Il y a des traductions en Laotien, en Arabe. Dernière en date, l'Economicon en Rwandais.

Cela va dans le sens de ce que disait Thuram dans son interview du Monde. Actuellement j'essaye de trouver du temps pour créer des albums axés sur l'enseignement des sciences ( tous ceux qui connaissent mes albums savent que ce ne sont pas seulement des ouvrages de vulgarisation, mais carrément des ouvrages d'enseignement, un peu particuliers, sur le mode "riez, nous nous chargeons du reste" ). Des albums accessibles aux " 12 ans " c'est à dire au grand public et aux gens "dénués de culture scientifique de base". Logiquement le Ministère de l'Education Nationale devrait appuyer une telle action. Logiquement il devrait faire imprimer ces livres, devenus totalement gratuits, "tombés dans le domaine public" et les distribuer par centaines de mille dans les lycées, collèges et ... banlieues. Coût de fabrication :

un euro pièce

Il faut que je compose dix à vingt nouveaux albums en vitesse. Je les ai dans la tête, mais les journées ne font hélas que vingt quatre heures.

Je me tue à le répéter aux responsables des établissements d'enseignements public ( et privé ), aux bibliothèques : tout est gratuit ! J'ai récupéré les droits. Les éditions Belin vendaient ( mal ) ces albims 13 euros pièce, par corresopondance, plus les frais de port. Ce temps est révolu : j'ai récupéré les droits. Servez-vous, téléchargez, faites des copies sur CD, installez les fichiers sur vos réseaux internes d'ordinateurs. A ceux qui en doutent je peux fournir une attestation écrite.

Quand ces BD pour enfants" seront prêtes, au moins l'une d'elles, pour montrer ce que cette technique d'enseignement peut donner j'essayerai de frapper à la porte de l'UNESCO, de l'ONU ( avec son ordinateur à manivelle, mis au point au MIT, dont il est prévu d'en produire cent millions d'unités, dit-on ). Le fait que les albums soient, entre autre, traduits dans les langues africaines, le rwandais, le wolof, le swahili, intéressera peut être Koffi Anan, qui sait ?

 

L'ordinateur qui se recharge avec une manivelle ( MIT - ONU )

 

Au fait, pourquoi avoir donné à cette page ce titre : "Basic Instinct" ? Parce que dans ce même numéro du Monde, où Thuram était interviewé j'ai trouvé, quelques pages plus loin une pleine page avec une photo de Sharon Stone, la belle actrice américaine qui pose, pic à glace à la main, annonçant la sortie de son nouveau film " Basic Instinct 2 ". Le premier avait fait un tabac, l'avait "lancée". Alors c'est normal, on fait le numéro deux. Et si ça marche sortira plus tard " Basic Instinct 3 ". Etc...

Economie de marché, demande, production tout à fait légale. Vous pourrez (re) découvrir une femme psychopathe assassinant ses amants à coup de pics à glace. Passionnant. Si j'étais responsable du rayon quincaillerie d'une grande surface ( les derniers quincaillers de quartier ont disparu depuis des lustres ) je commanderai ces accessoires en nombre. Il risque d'y avoir de la demande. Et, qui sait, cela fera peut être des émules ? Vous savez très bien que les hommes sont sensibles au mimétisme. Quand le film Scream est sorti on a trouvé des ados pour commettre des meurtres "rituels" avec un tel masque. Aux USA mais aussi en France.

 

L'image-clé du film " Scream ", gros succès au box office. Scream 2 etc....
Cette connerie est toujours en vente

 

 

 

9 mars 2007. D'un lecteur :

Dans plusieurs de vos rubriques, vous faites allusion à l'influence néfaste
du film SCREAM et de son masque :
www.jp-petit.com/Presse/basic_instinct.htm
www.jp-petit.com/Editorial2.htm
www.jp-petit.com/Geopolitique/violence1.htm
www.jp-petit.com/nouv_f/hommage_Prevert.htm
www.jp-petit.com/Divers/Non%20Lethal%20Weapons/Non_lethal_weapons.htm
www.jp-petit.com/Presse/dette.htm
www.jp-petit.com/Guide/mots_cles.htm
www.jp-petit.com/dangers/danger_eng/apnea_eng/apnea.htm

En voici encore une illustration qui montre combien vous avez, hélas, raison :

Orne: trois jeunes masqués comme dans le film «Scream» écroués pour une série de vols avec violence [09/03/2007 11:10]

ALENCON (AP) -- Trois jeunes soupçonnés d'avoir, le visage dissimulé derrière un masque inspiré du film «Scream», commis plusieurs vols avec violence en pénétrant dans des appartements d'Alençon (Orne) armés d'un sabre et de bâtons ont été écroués jeudi, a-t-on appris de source judiciaire.

Mis en examen pour «vols avec violence en bande organisée», ces trois jeunes âgés de 20 à 24 ans encourent jusqu'à 20 ans d'emprisonnement devant une cour d'assises. Dans la nuit de lundi à mardi dans le quartier de Perseigne à Alençon, ils s'étaient introduits au domicile de trois habitants le visage recouvert d'un masque.
Sous la menace de sabre et de bâton et après avoir frappé leur victime, ils s'étaient ensuite fait remettre du matériel hi-fi vidéo, mais aussi de l'argent, des carnets de chèques et des cartes bancaires avec les codes.

L'un d'eux a été interpellé la nuit même en retirant de l'argent à un distributeur automatique de billets du quartier. Les deux autres ont été interpellés mercredi et placés en garde-à-vue. AP

Source : http://actualite.free.fr/france/3_2007-03-09T1110_FAP7735.html

 

Quel loi permettrait de conjurer cet étalage de "violence virtuelle", qui se transforme en violence réelle ? Aucune.

Pourquoi s'inquiéter, alors que c'est " pour de semblant" ?

A cause de trois phénomènes conjugués : le désespoir, le souhait d'exister, d'appartenir à une communauté, quelle qu'elle soit et le mimétisme.

Le désespoir, parce que c'est ce qui fait tache d'huile dans le monde actuel, partout, dans les pays pauvres comme dans les pays riches. Lisez le numéro spécial du Courrier International de mars 2006, sur L'Inde ( pas terrible, au passage ). Vous y apprendrez que dans des régions "défavorisées", touchées par une sécheresse croissante les paysans se suicident en masse, écrasés par des dettes contractées auprès d'usuriers sans scrupules, qui pratiquent des taux inhumains. Un paysan, après s'être ruiné et endetté à payer des forages pour essayer de trouver de l'eau a fini par mettre fin à ses jours. Ca, c'est le désespoir du pauvre.

Il y a aussi le désespoir d'autres pays pauvres, de ceux qui n'ont ... même pas de pays et dont les leaders sont de notoriété publique corrompus ( mais quel pays au Monde n'a pas ses "ripoux" ? ). Pour échapper au désespoir : la mort par suicide, le geste du Kamikaze. Exister, enfin, n'importe comment, fut-ce comme martyr. Trouver cette issue sur une terre qui est celle de toutes les impasses, de tous les désespoirs, une terre qui n'existe même pas, sans avenir, sans plan.

Pensez au film " Bowling Colombine ", de Michael Moore. Sans cause apparente deux adolescents, issus de familles aisées, après avoir acheté ( en vente libre aux USA ) des armes de toute sorte pénètrent dans leur école et y font un carnage avant de mettre fin à leurs jours. Ca, c'est le désespoir des riches. Le but : faire la une des journaux, même si on devra les lire depuis ... l'au-delà. Pour le désespéré du pays pauvre, le Kamikaze c'est l'honneur de figurer sur des affiches que ceux qui l'envoient vers un destin présenté comme paradisiaque imprimeront et colleront sur les murs.

Chez nous transparaît le désespoir des paumés en tous genre, les sans avenir, les "non-existants". Alors, ultime recours, pour exister : mettre le feu à une poubelle, à une voiture.

Plus récemment ce ne sont pas les habitants de la Cour des Miracles qui se manifestaient, mais d'autres jeunes, diplômes ou en passe de l'être, réalisant qu'on les blousait complêtement. La solution, je ne l'ai pas toute prête, mais la vraie cause, nous la connaissons. Tout le reste n'est que littérature. Sous des lambris dorés des hommes politiques issus de classes bourgeoises, complètement déconnectés des réalités, qui n'ont jamais réellement travaillé de leur vie, vraiment, "prennent des décisions courageuses dont d'autres qu'eux payeront le prix fort" et s'y accrochent par orgueil.

Dans la rue les renseignements généraux infiltrent les manifestations, télécommandent des casseurs ( dont certains ont en main des coupe-files sous forme de cartes tricolore, c'est que nous ont conté des témoins ). Cela rappelle des photos fameuses, publiées dans Match en 1968, où on voyait des Crs renversant eux-mêmes les voitures des bourgeois, dans les rues. Cela a toujours existé, de tous temps.

Eh oui, elles font peur, ces manifestations de ... classes moyennes, d'étudiants mis face à leur non-avenir, de gens excédés par de pseudo-réformes qui ne sont que délitement des couvertures sociales. Alors on tente de discréditer le mouvement, au plus vite. De toute façon les casseurs sont une réalité. Ils ne demandent qu'à se défouler. Ils suffit .. de les laisser faire. Exister en brûlant une caisse, formidable ! Exister, n'importe comment, pour ne pas mourir tout à fait de non-avenir. Quant aux médias nous savons de longue date qu'on ne peut plus leur accorder la moindre confiance. Ils filement .. ce qu'on leur dit de filmer et montrent .. ce qu'on leur dit de montrer.

Tout est mal foutu, d'un côté à l'autre, dans ce pays. Le gouvernement semble découvrir avec stupeur les ... OPA émanant de pays étrangers. Ca, c'est comique. On veut bien délocaliser, mais delà à laisser des Indiens prendre le contrôle de ceci ou de cela, quand même ! ....

 

 

Les jeunes Français découvrent comme avant eux les jeunes Espagnols que les diplômes, bientôt, ne serviront plus à rien. Parce que le travail aura tout simplement foutu le camp. Comme c'est bizarre, comme c'est étrange et quelle coincidence, dirait la cantatruice chauve ! Dans ce contexte cela vaut-il encore la peine de s'instruire, d'être créatif, courageux, travailleur alors qu'un salaire permettra tout juste de payer le loyer.

Dans ce contexte des imbéciles produisent des films comme " Basic Instinct 2 ". D'autres imbéciles en assurent la publicité et des journaux imbéciles vendent une pleine page de pub pour contribuer à la promotion de cette horreur. Car c'est exactement le mot qui convient. C'est bel et bien un film d'horreur.

Rappelez vous la phrase du " Tueur de bouchers " dans " Drôle de Drame " :

- A force de dire des choses horribles, elles finissent par arriver.

Le moteur initial c'est le désespoir, l'absence de perspectives, d'idéal, qui va jusqu'à la perte du goût de vivre et d'aimer. Dans notre journal bien pensant " Le Monde " Sharon Stone nous propose une recette : le pic à glace.

Dans Savoir-sans-Frontieres nous avons choisi de prendre le contre-pied. Dans un monde dominé par le profit nous avons choisi la gratuité. Dans un monde où on détourne l'argent nous avons choisi la transparence ( tous nos comptes seront accessibles en temps réel sur la page du site consacré à la comptabilité ). Dans un monde où l'on gâche à plaisir nous avons opté pour l'efficacité. L'honnêteté est un luxe d'esthète et, à la limite, une véritable provocation. Réfléchissez : gag suprème. Le savoir, scientifique ou autre, sous forme numérique, ne peut être détourné. Ni au départ, ni à l'arrivée, comme cela peut être fait avec des médicaments ou de la nourriture, par exemple. Cette pensée m'amuse énormément. Si tout se passe bien nous allons envahir avec ce "produit gratuit" le "marché Chinois". Les Lanturlu sont inimitables, c'est bien connu, et les Chinois, chez qui le concept de gratuité reste pour le moment une sorte d'abstraction se demandent :

- Mais comment fait-il pour gagner de l'argent avec un produit gratuit ? Il doit y avoir une astuce que nous ne comprenons pas....

Ces jours derniers j'ai reçu un mail d'une traductrice Brésilienne, semblable à beaucoup d'autres messages du même genre :

 

- Je suis heureuse et fière de participer à cela. Pour moi, c'est un honneur.

 


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