Pomagalsky,
21 mars 2006 :
Chapeau
J.P.Petit :
Les francophones et en
particulier les Français commencent à se dire
que, décidément, la Chine est en train de peser
de plus en plus sur l'histoire du monde. Ils ne comprennent
encore pas très bien pourquoi ou comment, mais réalisent
que, de plus en plus, quand ils achètent quelque chose
il est écrit dessus "made in China". C'est
la perception confuse et floue qu'ils ont de la Chine ( et bientôt
de l'Inde ). Ce qu'ils n'imaginent pas c'est que cet état
de fait est le résultat d'une évolution en Chine
qui a démarré il y a vingt ans.
Il y a aussi que vingt
ans, en Chine, c'est beaucoup, alors que dans nos vieux pays,
en vingt ans, il ne se passe pas grand chose, sauf que les choses
vont simplement de plus en plus mal, avec une douce régularité,
un total manque d'imagination ( ou plutôt un bridage serré
des imaginations ) et que nous sommes "dirigés"
par des imbéciles, des inconscients qui sont les plus
souvent les deux à la fois. Ou par des gens qui se disent
"comment vais-je faire pour gagner les prochaines élections
?" et qui prennent des mesures qui ne sont que des emplâtres
sur une jambe de bois.
Aujourd'hui des leaders
politiques du monde devraient s'efforcer de comprendre et de
faire comprendre que les problèmes du monde sont réellement
devenus "mondiaux" et que la mondialisation des économies
est aussi la mondialisation des problèmes à résoudre.
La situation du monde entier est comparable à celle de
la France juste avant la Révolution de 1789. On avait
alors organisé " Les Etats Généraux
" où on avait demandé à tous les gens
de décrire les problèmes qui étaient les
leurs. Mais ça n'a pas marché, parce que les privilégiés
ne voulaient pas perdre un seul de leur privilèges et
tout a fini par exploser. On a fini par voir dans les rues des
têtes coupées au bout de pîques pendant que
les sans-culotes chantaient :
Ah, ça ira, ça ira, ça ira
L es aristocrates à la lanterne
Ah, ça ira, ça ira, ça ira
Les aristocrates, on les pendra |
Ici, dans le monde, il
n'y a même pas ce projet d'Etats-Généraux
du monde. Déjà de Gaulle disait " l'ONU,
ce Machin...". Comme on le lira dans les deux textes de
Pomagalsky les manoeuvres économiques des uns et des
autres se doublent de manoeuvres stratégiques, d'un côté
comme de l'autre. Au Moyen-Orient les Américains "ne
luttent pas contre le terrorisme" qui n'est q'un prétexte.
Ils cherchent à limiter, à retarder l'accès
de la Chine aux grandes sources d'approvisionnement en pétrole
et son fulgurant développement. .
Comme le souligne encore
Pomagalsky, si les Américains font cela, ça n'est
pas par cupidité, bien que les dirigeants du pays aient
tous eux des liens étroits avec les compagnies pétrolières
( Exxon, etc.... ). Les Etats-Unis luttent pour leur survie
à relativement brève échéance (
20 ans ). Comme on le verra la Chine s'arme discrètement,
en tentant de dissimuler l'ampleur de son véritable budget
des armements. Des alliances se nouent, sans le moindre état
d'âme. Demain des pays passeront des "accords"
parce que c'est leur intérêt, économique,
stratégique commun en se foutant éperduement "de
la démocratie" ou "des droits de l'homme ou
.. de la femme". Des pays qui sont la Chine, la Russie,
l'Iran et même la Corée du Nord.
Tout cela dépasse
largement le contre-coup que ressentent les populations des
pays européens, qui constatent que de plus en plus de
produits viennent de Chine et que de plus en plus d'Européens
sont dans la rue, sans travail.
La Chine est un géant
dont on a du mal à imaginer l'ampleur, la force et il
en est de même pour l'Inde. La situation actuelle n'est
pas due au hasard. Ca n'est pas une surprise. C'est le résultat
de vingt années d'un effort soutenu, lié à
la façon dont la Chine a décidé de se transformer
en armée, en " marabunta " ( les fourmis guerrières
qui se mettent marfois en marche en Amérique du Sud et
qui dévorent tout ). Elle ne fait pas cela pour nuire
au reste du monde. Elle fait cela pour sortir de la misère
où elle a vécu si longtemps. Pour cela les cadres
très autoritaires du Parti Communiste Chinois sont utilisés
à fond. Ainsi la Chine est une dictature très
efficace. En Chine les syndicats n'existent tout simplement
pas.
Il y a, exception faite
de "singularités tehniques frontalières",
comme les Ouinours muslmans, dont Pomaglasky parle, une remarquable
unité ethnique et culturelle. La Chine est essentiellement
pragmatique et ... nationaliste. Je crois que c'est le mot qui
caractérise le plus les Chinois et qu'il faut se graver
dans la tête. Elle est "sans états d'âme".
L'ensemble de la population chinoise a aussi une immense revanche
à prendre. Les atrocités japonaise ( les
essais d'armes bactériologiques menés par
le général Hi Shi en Mandchourie ), les massacres,
la guerre de l'opium n'ont pas été oubliés.
La Chine se moque éperduement
des conséquences économiques et sociales que son
expansionnisme économique, bien légitime, créent
dans le reste du monde. Les Chinois appliquent simplement les
régles du jeu ( libérales ) qui sont de mise dans
le reste du monde et dont on s'était servi, jadis, pour
mettre l'Empire du Milieu en coupe réglée. Mais
ils ont l'impolitesse de le faire avec une efficacité
stupéfiante. Ce sont des comerçants légendaires.
Lorsqu'on fait des affaires avec des Chinois on a 99 % de chances
de se faire avoir, avec le sourire. Les Occidentaux sont sur
ce terrain-là d'une naïveté incroyable (
je pense aux gens d'Eurocopter qui ont décidé
de collaborer avec les Chinois pour produire ensemble des hélicoptères
). Les Chinois savent admirablement jouer sur la concurrence
pour traiter alternativement avec l'un ou l'autre des partenaires
pour obtenir ce qu'ils souhaitent avant tout : le transfert
technologique. Pour emporter la marché et gagner ainsi
un avantage à court terme il y aura toujours un imbécile
pour fournir les plan, le mode de fabrication, et qui reviendra
en disant "nous avons gagné sur tel ou tel pays
concurrent".
Les Occidentaux, inconsciemment,
conservent une idée assez primitive des Chinois. Ils
ont dans leur tête une image d'êtres dépenaillés,
barbares et frustes, véhiculée par de vieux films
comme "La canonière du Yang Tsé" ou
"les cinquante cinq jours de Pékin", avec un
Charlon Heston ( un film retraçant le sièges des
légations étrangères de Pékin par
des "hordes déchaînées" à
l'époque où les Occidentaux mettaient le pays
en coupe réglée, appliquant un colonialisme dans
le moindre état d'âme ). Là, des occidentaux
"civilisés" font face à des hordes brutales
et sanguinaires, fourbes, ne reconnaissant que la force, ignorant
la pitié. La vision générale reste colonialiste.
L'image du Chinois évoque celle de l'Indien des Westerns
des années cinquante ou celle "du jaune" des
séries B américains. Les occidentaux les imaginent
mal intelligents, créatifs, capable de se doter d'un
savoir de pointe dans toutes les directions. Cette sous-estimation
est un phénomène général. Dans les
années cinquante les occidentaux sous-estimaient complètement
les Russes, par exemple dans le domaine spatial. Comment des
gens aussi mal habillés, incapables de produire de bons
rouges à lèvres et des chaussettes de bonne qualité,
dotés d'ordinateurs à lampes ressemblant à
de vieux oscilloscopes des années cinquante, avec un
design à chier, pourraient-ils s'aventurer dans l'espace
? Jusqu'à la fin des années soixante je me rappelle
que dans des congrès le premier soin des soviétiques,
quand ils arrivaient à l'étranger était
d'aller s'acheter des chaussettes en synthétique qui,
enfin, ne leur dégringolaient plus sur les mollets.
J'ai déjà
raconté la stupéfaction des Occidentaux découvrant
en 1982 l'existence d'une MHD Chinoise aussi avancée
que la leur, bouillonnant dans des complexes scientifiques ressemblant
à de vieilles cimenteries. Il subsiste il est vrai en
Chine beaucoup de misère. La terre chinoise est pauvre
et les pluies rares. Pomagalsky vous fournira des chiffres éloquents.
A Shangaï on est en plein dans le troisième millénaire
mais ce "miracle Chinois" se situe surtout das la
bande côtière, sud-est. Il suffit de prendre un
train et de faire cent kilomètres pour vite retrouver
des campagnes pouilleuses. En Chine on a coutume de dire "qu'on
mange tout ce qui vole, sauf les avions". On mange les
chiens. Il existe effectivement des restaurants, quoique cela
soit en principe interdit, où on peut manger des animaux
vivants dont, suprème raffinement, les cervelles de singes
décapités devant le client. Les paysans pauvres
vendent leurs enfants quatre cent wuans à des "services",
à des fonctionnaires qui les revendent à des étrangers
qui souhaitent les adopter, pour dix fois plus, en se mettant
au passage ce confortable supplément dans la poche. Les
droits de l'homme restent une notion assez vague, dans un pays
aussi immense. L'Occidental assimile ce qu'il perçoit
comme de la barbarie (alors qu'il fait parfois bien pire en
utilisant la famine comme arme ) et à de l'arriération.
Mais il ne faut pas oublier que la Chine est le troisième
pays à avoir mis des hommes dans l'espace, ce qui implique
tout un arrière-plan scientifique et technique que les
Européens ne possèdent pas.
Quand les Occidentaux
commercent avec la Chine Ils se perçoivent naïvement
comme dotés d'une avance technologique difficile à
rattrapper. Grossière erreur. Le réveil, proche,
sera extrêmemnt brutal. Les Chinois "digèrent"
tout, en silence et avec le sourire. Ils digèreront tout,
les TGV, les Airbus, les hélicoptères, l'informatique,
l'électronique, l'armement, toutes les technologies de
pointe et mettront sur le marché des produits un jour
plus performants. S'appuyant sur le faible coût de leur
main-d'oeuvre ( pas de charges sociales ! ) ils envahiront tous
les marchés, sans exception. Imparable. Ils ne sont pas
handicapés, comme les Japonais, par le manque manque
d'imagination. La technologie ? Ils l'ont inventée à
l'époque où nous étions, nous, de complets
barbares. Ils sont aussi disciplinés que les Japonais,
éventuellement grâce à la contrainte de
fer du Parti. Ils ne souffrent pas de l'absence de sens commercial
des Russes.
Il existe en Chine une
corruption généralisée, à tous les
niveaux, qui n'a pas changé depuis .. des milliers d'années.
Tout le monde le sait et on fait avec. On trouve le même
système au Moyen-Orient (Bakschish) et en Afrique ( les
comptes en Suisse des dirigeants, qui ne font aucune différence
entre l'argent du pays et leur propre porte-monnaie ). La différence
est que cette corruption ( le mot n'est pas trop fort ) est
en Chine compatible avec un développement technologique
alors que dans les pays Africains et Orientaux elle gangrène
simplement les pays.
Les Chinois savent qu'ils
ont été un très grande nation, et s'ils
l'ignorent, on le leur enseigne, on leur grave cela dans la
tête. Les Européens ont perdu confiance en eux.
Nous ne menons plus que des combats d'arrière-garde.
Nos mesures politiques, nos "plans de relance" ne
sont plus que des emplâtres sur des jambes de bois. Quelle
jeunesse, en France, ayant totalement perdu confiance dans ses
dirigeants et dans le lamentable système qui gère
le pays dirait "nous sommes une grande nation !".
La combattivité, l'ambition sont en Chine des attitudes
de simple survie, car il n'existe ni couverture sociale, ni
système de retraites. En France cohabitent des nantis
sans imagination, servis par une classe politique et une presse
qu'i ne sont que l'émanation de cette minorité,
qui ne songent qu'à "délocaliser" pour
gagner plus, et des assistés sans avenir, fussent-ils
incultes ou ultra-diplômés.
Les Chinois sont disciplinés,
peut être par nature, mais aussi parce que chez eux l'indiscipline
est simplement impossible. Platon disait :
- Les cimetières sont pleins de
gens qui se croyaient indispensables
En Chine on dira :
- Les rues sont pleines de gens qui se
croyaient indispensables
Le budget de l'éducation
et de la recherche sont en Chine considérables. Ces usines
à enseigner produisent à rythme élevé
des diplômés, des jeunes détenant un savoir
des plus modernes, qui n'ont qu'un seul choix : marcher avec
ce système. En Chine c'est :
- Ou tu marches avec le système
qui est en place, ou tu dégages. Si tu n'es pas content
on trouvera quelqu'un d'autre, demain, pour prendre ton job.
On l'a dit, en Chine
le système des retraites est pratiquement ... inexistant.
Jadis un Chinois se disait "si je veux assurer mes vieux
jours il faut que je fasse beaucoup de fils". Le pouvoir
à stoppé cette solution en limitant sévèrement
les naissances. Aujourd'hui l'idée est donc devenue :
"si je veux assurer mes vieux jours, ma sécurité
et celle de mes enfants il faut ... que je devienne riche, très
vite".
Face à cela notre
système de protection social français se transforme
en ... handicap. La France n'offre plus d'avenir à ses
enfants. Elle ne peut plus leur offrir qu'un avenir médiocre
et incertain. Aujourd'hui en France les salaires permettent
aux diplômés issus des classes moyennes... de payer
un loyer mais plus de vivre correctement, de se dire qu'on a
un avenir, qu'on pourra accéder à la propriété,
etc. La "fracture sociale", selon le mot cher à
Jacques Chirac s'élargit de jour en jour. Les "réformes"
que nos "hommes politiques imaginent consistent à
essayer de supprimer les uns après les autres les avantages
sociaux, en les présentant comme des "avantages
exorbitants".
Je me souviens de Chirac,
juste avant le referendum sur la Constitution Européenne,
faisant face à des jeunes, enfermés dans leur
mutisme ( s'ils avaient ouvert la bouche , des journalistes
encadrant ce face à face télévisuel soigneusement
mis en scène leur auraient aussitôt dit qu'ils
étaient "hors sujet" ), appelant à leur
"esprit d'entreprise", à leur "courage
vis à vis de l'avenir", lui qui vit dans un château,
ne connait finalement rien du monde et n'a jamais fait autre
chose dans sa vie que de la politique, c'est à dire ruser,
parler et mentir, comme son prédesseur du reste.
Après la révolte
des banlieues on assiste en ce moment à la révolte
des classes moyennes, qui s'exprime à travers celle des
diplômés ou futurs diplômés.
En fait, si des "mesures
efficaces, réalistes et courageuses" devaient être
prises cela consisterait à :
- supprimer le système des retraites
et de l'aide sociale. Ainsi on pourrait alléger considérablement
les charges des entreprises.
- permettre à celles-ci de licencier leurs travailleurs
à n'importe quel moment, sans motif et non plus seulement
pendant les deux années du "contrat de première
embauche"
- vendre à l'encan le secteur public en le replaçant
dans l'univers du libéral ce qui permettrait de se faire
de l'argent frais en vendant les secteurs les plus jûteux
au premier venu.
- permettre aux entreprises de fixer les salaires comme bon
leur semblera en mettant les salariés en situation de
concurence ( système déjà testé
en Allemagne )
- mettre en place un puissant système coercitif avec
une police politique, une mise en fiche des individus et peut
être même un "puçage". Doter les
forces de l'ordre d'armes "non-léthales".
- Introduire un suivi des individus dès leur âge
le plus tendre, de manière à traiter au plus vite
toute déviance possible.
- rétablir la peine de mort pour se débarrasser
des irrécupérables
- construire d'immenses prisons et camps de concentration pour
y reformater les récalcitrants
- ne pas ennuyer les gens qui s'enrichissent ou profitent des
conditions de salaire et sociales ainsi laminées pour
y amener leurs capitaux
- ne pas se préoccuper d'environnement, de pollution
et de toutes sortes de sottises de ce genre.
En France des hommes
politiques se partagent ces idées, par bribes, sans oser
trop les mettre en avant pour ne pas trop choquer. Ils pensent
que cela consiste à "faire preuve de réalisme".
Alors l'Europe pourrait
peut être avoir une ( faible ) chance de faire jeu égal
avec la Chine.
Le second point, également
mis en lumière par Pomaglasky, qui l'appuie sur de nombreux
chiffres, est le facteur temps. Il y a quelques semaines une
enseignante française disait à ses élèves
Chinois :
- Au train où vont les choses la
Chine sera devenue la première puissance mondiale dans
cinquante ans.
Un étudiant a
levé la main et a répondu :
- Non, madame, dans vingt ans seulement.
Les Américains,
les Russes, les Indiens savent cela. Les Européens ne
sont pas capables de percevoir cette accélération
iréversible qui dépasse simplement leurs capacités
d'imagination. Même l'innovation, en Chine est menée
à un train d'enfer. D'abord parce que les Chinois, par
opposition aux Japonais, sont très bien dotés
sur ce plan-là. Inutile d'envisager de les faire entrer
dans le monde technique moderne : ce sont eux qui l'ont inventé
et ils commencent simplement à s'en souvenir. Ensuite
parce que dans les centres de recherche chinois c'est :
- Ou tu innoves, ou tu dégages.
Il y en a trente dans la rue pour prendre ta place.
C'est une situation totalement
impensable en France où nos instances de recherche continuent
à être le siège de luttes intestines totalement
anachroniques entre des gens médiocres, sans honneur
ni éthique, qui occupent les postes-clés, disposent
d'emplois à vie et luttent pour interdire l'accès
aux postes de recherche aux gens réellement talenteux,
alors que la France regorge de gens gens brillants et créatifs,
"non-standards".
Certains disent "il
faudrait suprimer le Cnrs et le remplacer par ceci ou cela...."
J'ai fait une carrière
qu'on peut considérer comme un fantastique gâchis
non-stop, un véritable exemple du genre, "multi-sujets".
Mon dossier Cnrs, maintenant aux archives, serait là
pour en témoigner. Mes idées les plus brillantes
et les plus avancées ont même fait l'objet, comble
du ridicule (des documents présents dans mon dossier
en témoignent) d'une ... demande d'expertise psychiâtrique
( suggérer que l'on puisse évoluer à vitesse
supersonique sans créer d'onde de choc, envisager une
cosmologie à vitesse de la lumière variable revelant
d'un déséquilibre mental : "is this man in
normal mental condition ?" ). J'ai travaillé dans
un nombre important de secteurs de recherche en obtenant des
résultats concrets qui se situaient à chaque fois
à la point de la discipline ( MHD : Annihilation de l'instabilité
de Vélikhov, CAO, pédagogie, recherche théorique
fondamentale ). Chaque tentative a été sanctionnée
par un indispensable abandon, sous peine de graves problèmes
de santé ( comme Benveniste, Bounias ). C'était
:
- Abandonner la position ou y laisser sa
peau.
Pendant 30 ans je n'ai
pas eu un centime de crédits pour quoi que ce soit, et
je suis loin d'être le seule dans ce cas. Je signale au
passage qu'avant d'être contraint de me replier sur le
papier-crayon j'ai été expérimentateur
et que toutes les expériences que j'ai faites, qui avaient
régulièrement vingt ans d'avance, ont toujours
marché au premier essai. J'aurais pu diriger des dizaines
de thèses de doctorat, former une armée de jeunes
chercheurs. Je n'ai dirigé qu'une seule thèse,
qui a débouché sur des résultats en pointe,
originaux, du moins dans la sphère européenne.
Ceux-ci ont donné lieu à des publications, à
des communications dans des congrès internationaux, dans
des pays où je n'ai pu me rendre faute d'argent ( Tsukuba,
Japon, en 1987, Pékin 1991 ). La sanction en tombée
en 1986 :
- Votre thésard ne trouvera de place
dans aucun laboratoire d'Etat, parce qu'il a travaillé
avec vous.
Message transmis verbalement
( par Bernard Fontaine qui je crois dirige actuellement le département
Sciences Physiques pour l'Ingénieur, au Cnrs ), mais
textuel.
Un message reçu
cinq sur cinq. Le "blé en herbe" est allé
prospérer ailleurs en fondant sa propre entreprise (
20 salariés ), exploitant l'enseignement reçu.
Thème des activités de l'entreprise ainsi créée
: simulations numériques de phénomènes
de combustion dans les moteurs.
Il n'y a pas eu de seconde
direction de thèse.
Pendant 35 ans j'ai juste
pu survivre et garder un salaire. Mais si le Cnrs n'avait pas
existé, je n'aurais même pas pu mener cette carrière
de chercheur théoricien privé de crédits,
fonctionnant au "papier-crayon".
Nous avons en France
une richesse immense : notre créativité. Hier,
accroupi sur le quai d'une gare, je regardais de près
le système de jonction des wagons du TGV et je mesurais
la quantité d'astuce qu'on avait déployé
pour créer cet assemblage révolutionnaire. Savez-vous
que le TGV qui desservira l'est de la France roulera à
320 km/h. Savez vous que ce qui limite la vitesse de ces train
n'est pas la tenue sur les rails mais les orscillations des
conducteurs sur lesquels glissent les caténaires et que
si on créait un système plus rigide ces trains
pourraient attreindre 500 km/h ? Qui aurait imaginé de
telles choses il y a vingt ans ? Quel Français visionnaire
a inventé ce concept génial, permettant d'abaisser
le centre de gravité des éléments du train,
et de créer une grande rigidité de l'ensemble
de la rame, ce qui permet au train d'atteindre de telles vitesses
et qui a permis un jour à un TGV de sortir de ses rails
à pleine vitesse sans se replier comme accordéon,
en continuant à ... rouler sur le ballast ?
En France nous avons
des légions "d'inventeurs de TGV". C'est notre
incroyable richesse. Mais pour une chose réussie, combien
de choses ratées ?
Je vais vous dire une
chose. J'ai inventé un bateau à grande vitesse,
capable de filer à 1000 km/h sur l'eau ( et même
sur terre, sur des terrains plats ). Ces engins ne sont ni des
avions, ni des bateaux, en fait, mais des structures à
effet de sol dynamique, légères comme des avions
mais vastes comme des navires. Quand un tel véhicule,
que j'ai appelé "fishbird" croisera un navire
sur sa route il ne l'évitera pas, il le sautera. Mesurant
300 mètres de long et 100 mètres de large de telles
unités pourraient absorber les vagues les plus fortes,
sur un océan. Un système lui permet de de pas
être endommagé par une épave flottante.
Un fantasme, un rêve
? Un "délire technologique", selon l'impression
employée un jour par un imbécile de journaliste
aéronautique français ? Non, j'ai déjà
essayé cette machine, en la dotant d'un propulseur fusée.
Elle marche parfaitement et les vitesses atteintes par les maquettes
sont spectaculaires. Le secret est un dessin assurant à
cette machine une totale stabilité, lui évitant
de se retourner ou de s'envoler. Elle file collée à
la surface de la mer comme si elle cheminait sur un rail d'air.
Bien sûr, ces engins
ont aussi des versions militaires redoutables. Un fishbird armé
peut se muer en torpille bon marché filant au ras des
flots comme un poisson volant. Une vedette à effet de
sol dynamique ne peut être atteinte par une torpille,
par collision, et peut aussi échapper à une explosion
de proximité en prenant brusquement de l'altitude. Simple
évocation. Ces aspects ne m'intéressent pas. Mais
gare à la nation qui aura su se doter de ces armes complètement
nouvelles (on verra dans le second papier de Pomagalsky que
la Chine espère ravir aux Américains la maîtrise
des mers ).
Je ne sais pas pourquoi
je mets cela ici. Pourquoi pas ici plutôt qu'ailleurs
? De toute façon, quelle importance ? En France j'ai
passé 35 ans à faire antichambre avec des projets
auxquels personne n'a prété attention. Je me revois
déjeunant avec Madelin, alors ministre de l'industrie,
essayant de l'intéresser à un programme de CAO
tournant sur un simple micro-ordinateur, le seul au monde à
l'époque. Nous étions six "informaticiens
de pointe". Nous avons récolté un discours.
J'avais envie de dire :
- Ne pourriez-vous pas nous sortir autre
chose que ce discours creux ? Vous n'êtes pas à
la télévision mais devant des pros d'une technologie,
qui arrivent avec du concret.
Peine perdue. A l'époque
Thomson s'apprétait à sortir son TO7, avec 8 K
de mémoire centrale. Voyant ce prototype, j'avais dit
à ces gens :
- Mais avec ça, on ne peut pas fonctionner.
Il est impossible d'héberger un langage de programmation.
Pour vous, un micro-ordinateur est avant tout un jouet ( ce
qu'on appelera plus tard une "console vidéo"
).
- Non, il y a des logements, derrière, où on peut
loger des blocs de 16 K. Comme ça, si l'utilisateur le
désire ....
- A 800 F l'unité ! Faites le calcul. Pour gonfler cette
machine et lui donner les performances d'un Apple II il faudra
dépenser le double du prix de cette machine. Et vous
n'avez même pas de lecteur de disquette disponible dans
les magasins ! Je vous propose de joindre à vos machines
mon programme de CAO. Le fait que votre machine soit dotée
d'un "crayon optique", saisissant les points sur l'écran
( mais qui était utilisé pour des jeux ! ) représente
un plus actuellement sans équivalent sur le marché.
Celui-ci pourrait démultiplier les capacités d'un
logiciel de CAO, non pas pour des usages industriels, mais pour
stimuler le goût des jeunes Français pour la technique,
pour leur apprendre la géométrie, développer
leur vision dans l'espace, leur créativité technicienne.
Pour cela il me faudrait une machine et un lecteur de disquette
et vous me suggérez de ... les acheter de mes propres
deniers.
On sait ce qu'il advint
de ce plan micro-informatique à la Française.
Echecs du TO7, du TO9, du MO5, d'Alice, etc. Thomson casa de
force des dizaines de milliers de machines dans l'éducation
nationale où elles ne sont plus qu'un mauvais souvenir.
Un nommé Jean-Jacques Servan-Schreiber se fit donner
des millions pour créer un "Centre Mondial d'Informatique",
bourré de sociologues, obnubilé par un "nouveau
langage", le "logo" ( avec la "tortue",
vous vous souvenez ? ). Une montagne qui accoucha d'une souris.
Pendant que les véritables créateurs, les véritables
visionnaires restaient dans le sou. Ma doué, quels mauvais
souvenirs qui remontent. Comme ils sont nombreux, dans tant
de domaines. Quel gâchis ! Un de plus....
Pourtant, en France,
des cerveaux, nous en avions. Nos programmes étaient,
avant la lettre "orientés objets", nous utilisions
le système de la "mémoire virtuelle".
Mon programme de CAO n'avait aucun équivalent dans le
monde. Je suis même passé une fois à TF1
au début des années quatre-vingt en montrant une
animation ( une séquence où on tournait autour
d'un village et où "les parties cachées étaient
éliminées" ). Les images, "précalculées"
avec un Apple tournant avec une horloge de 2 mégahertz
étaient stockées sur une disquette 5 pouces. On
les balançait à l'écran avec une molette
( le "paddle" : la souris n'avais pas encore été
inventée ). Cette disquette 5 pouces, stockant des séquences
d'images était la préfiguration avant la lettre
du ... vidéo-disque.
De quelque côté
que je me tourne, dans ma carrière, je vois surgir des
souvenirs nauséeux de ce genre. Quand on ne se heurte
pas à une surdité imbécile on voit des
gâchis illimités faire tache d'huile. Innover,
en France c'est tenter de labourer dans un champ de cailloux,
face à une indifférence générale.
Il y a des milliers de Français qui vivent cela chaque
jour. J'arrête, je vais me souvenir des gâchis de
la Villette et de tant d'autres choses, faire monter ma tension.
Je ne suis pas aigri, je suis consterné de voir que
la France est une usine à gâcher les talents.
Savez-vous que les Chinois
connaissent parfaitement l'existence de l'ENA, qui est pour
eux un sujet de plaisanterie, une complète aberration.
Toujours pragmatiques, ils disent :
- A quoi servent ces gens ? Que savent-ils
faire au juste en dehors de sortir des phrases creuses et de
faire perdre du temps ?
Le plus comique, je crois,
est la façon qu'a eu notre pays de réagir à
ce que j'ai appris aux gens en 2003 concernant la MHD, les avions
hypersoniques, les torpilles hypervéloces ( lire OVNIS
et armes secrètes Américaines ). On a créé
en France un groupe "plasmas froids" qui équivaudrait,
pour des gens qui découvriraient soudain de la biologie
est une discipline intéressante, à constituer
un groupe formé de bouchers et de charcutiers "parce
que ces gens travaillent sur le vivant".
Les Chinois ont des équipes
très actives, compétentes et imaginatives, travaillant
sur la MHD, en conservant le secret maximal sur ces recherches
à cause des applications militaires ( allez voir mon
dossier sur les armes sismiques, par exemple, récemment
mis en place. Ne serait-ce que cela ), dont nous avions découvert
avec stupéfaction l'ampleur en 1982 à Boston.
La Chine est le troisième pays au monde à être
dans le course de la MHD avec les USA et la Russie. La France,
même si elle se décidait à prendre le départ
n'a que ... trente années de retard.
Faites attention à
la Chine. Elle ne cherche pas à rattrapper les Occidentaux
mais ne se gênera pas, si elle le peut, pour les dépasser
dans tous les domaines, en innovant, en produisant des idées
et des concepts très en avance sur l'époque, comme
elle l'a fait trois mille ans plus tôt. Au plan des armements
elle a des ambitions qui sortent des cadres conventionnels et
cela depuis plus de trente années. Il existe des solution
outsiders "post-nucléaires".
Au passage, les bandes
dessinées d'Anselme Lanturlu seront peut être diffusées
en Chine quand notre propre Ministère de l'Education
Nationale ne se sera même pas encore aperçu de
leur existence, ou accepté de s'en apercevoir.
Ci-après, le nom
que m'ont donné les Chinois, en puisant dans leurs 47.000
idéogrammes disponibles.
Ca se prononce "
Peuh " - " Thi " et cela veut dire :
Celui qui a beaucoup de connaissances et
qui fait de la musique
Bon, maintenant lisez Pomaglasky.
:
Dans ce grand dossier annoncé autour
de la crise Iranienne, j’ai pris le parti de ne pas vous
faire patienter jusqu’à la fin et de vous en révéler
les lignes directrices dès maintenant. Car il est intéressant
que vous soyez en mesure de vous représenter un tableau
général de la situation avant de l’approfondir,
sans avoir à patienter jusqu’au bout, au risque
de vous lasser par cette avalanche d’informations.
La Chine est, à mes yeux, un des maillons essentiels
de la crise qui se profile en Iran. Crise que je résume
de la façon suivante :
RAPPEL : L’IRAN DETIENT LE DEUXIEME STOCK
DE PETROLE AU MONDE
FACTEURS MAJEURS DECLENCHEURS DE LA PROCHAINE
CONQUETE AMERICAINE DE L’IRAN :
- L’EMERGENCE DU FUTUR ENNEMI DES ETATS-UNIS: LA CHINE
(LE MEILLEUR MOYEN POUR RALENTIR ET CONTROLER SA CROISSANCE
EST DE TENIR LES ROBINETS DU PETROLE)
- L’ASSECHEMENT DES GISEMENTS DE PETROLE ET D’URANIUM
(LE CONTROLE D’UNE ENERGIE RARE EST LA CLE DE LA DOMINATION
MONDIALE)
- LA CRISE DU DOLLAR A VENIR ( SI WASHINGTON NE MET PAS LE HOLA
A LA VOLONTE IRANIENNE D’OUVRIR UNE BOURSE DU PETROLE
EN EUROS, L’AMERIQUE COURT VERS UNE CRISE FINANCIERE DE
GRANDE INTENSITE)
FACTEURS MINEURS DECLENCHEURS DE LA PROCHAINE
CONQUETE AMERICAINE DE L’IRAN :
- LA FIN DU PACTE AMERICANO-SAOUDIEN : PETROLE CONTRE PROTECTORAT,
ET L’HOSTILITE CROISSANTE DE L’ARABIE SAOUDITE ENVERS
WASHINGTON
- LE CONTROLE MOMENTANE DU POUVOIR PAR LES FAUCONS AUX ETATS-UNIS
PRETEXTES POUR ATTAQUER L’IRAN :
- LE DEVELOPPEMENT DE L’ARME NUCLEAIRE EN IRAN
- UN PAYS TERRORISTE (NUM 1 DE L’AXE DU MAL (*))
(*) Brève : On apprend le 17 mars 2006
qu’un document de la Maison Blanche définissant
la stratégie pour la sécurité nationale
place l’Iran en tête de liste des pays qui constituent
une menace pour les intérêts américains
dans le monde. Source : tous journaux.
L’émergence de la CHINE (1)
Le pétrole
Historiquement, la Chine n’a commencé
à développer son industrie pétrolière
que dans les années 1950, un début laborieux marqué
par l’interdiction maoïste de s’appuyer sur
des techniques d’entreprises occidentales. Avec l’aide
de l’URSS, puis ensuite de l’Occident, les explorations
ont permis d’estimer les réserves chinoises à
1,7% des réserves mondiales. Les succès rencontrés
dans le développement du champ de Daquing à partir
de 1963 intensifièrent l’exploration pétrolière,
offshore et gazière. La production chinoise a augmenté
progressivement jusque dans les années 1980 faisant alors
du pays un exportateur net en 1985 avec 6,21 millions de tonnes
exportées.
La croissance récente a fait exploser
la demande intérieure et les importations. La croissance
de la production industrielle, la vigueur des investissements
étrangers et la hausse continuelle du niveau de vie ont
dopé la demande énergétique dans l’industrie
et les transports. Or la croissance de sa production nationale
et ses réserves étaient nettement insuffisantes
pour répondre à la demande domestique. Depuis
1993, la Chine est ainsi redevenue un importateur net de pétrole.
D’après la modélisation
de la production prévisionnelle chinoise élaborée
par le Uppsala Hydrocarbon Depletion Group, la Chine aurait
dépassé son pic de production l’année
dernière et son taux de diminution serait de 3,7% par
an. Avec l’explosion de sa demande domestique et industrielle
interne, la Chine est un des facteurs essentiels de l’augmentation
de la consommation à venir du pétrole et de son
prix.
« Depuis deux ans, la Chine assoiffée
d’énergie, rachète à tout va sur
les cinq continents des entreprises produisant du pétrole,
du gaz ou de l’électricité », peut-on
lire dans les pages économiques du Figaro en juillet
2005. Actuellement en troisième position avec 6% de la
consommation mondiale, derrière le Japon, certains analystes
voient d'ici un an la Chine devenir le plus grand importateur
de pétrole au monde derrière les Etats-Unis. La
part du pétrole dans la consommation énergétique
chinoise de l’ordre de 25%, devrait passer à 30%
en 2015.
Les livraisons d’armes ont permis aux
chinois de négocier l’obtention de concessions
auprès de pays producteurs. L’Irak, l’Iran,
l’Angola et le Nigeria ont accepté cet échange.
Ces dernières années, la Chine s’est ainsi
engagée clairement aux côtés des régimes
du Soudan et de l’Angola, qu’elle soutient dans
leur lutte contre des guérillas ou des voisins.
Le Venezuela, qui possède les plus grandes réserves
prouvées de pétrole de l'hémisphère
Ouest, commence à faciliter à la Chine l'accès
à ses possessions. Le président Hugo Chavez a
annoncé lors de sa visite en Chine en décembre
2004 que ses hôtes investiraient lourdement dans le secteur
pétrolier vénézuélien, une démarche
qui pourrait à terme affecter les Etats-Unis, qui sont
actuellement les plus gros consommateurs de pétrole vénézuélien
avec des imports qui se montent à 15 % de sa production
annuelle de pétrole brut. Chavez a également ajouté
que le commerce bilatéral avec la Chine devrait atteindre
3 milliards de dollars en 2005, plus du double des chiffres
de 2004. En outre, un des plus importants accords entre la Chine
et son alliée socialiste, Cuba, a trait au pétrole.
SINOPEC, une compagnie pétrolière chinoise - une
des plus grandes au monde - a annoncé qu'elle commencera
à chercher des champs pétrolifères au large
des côtes cubaines.
D’importantes conséquences seront
à attendre sur l’équilibre géopolitique
de l’Asie, de cette présence accrue de la Chine,
qu’il s’agisse de la sécurité de ses
voies d’approvisionnement, des revendications territoriales
en mer de Chine, du positionnement chinois croissant au Moyen
Orient, y compris militairement, ou de rivalités avec
la Russie pour le contrôle des champs de pétroliers
et gaziers d’Asie centrale. La nécessité
de se préparer à une forte hausse des importations
est au cœur d’une réorientation offensive
de la politique étrangère chinoise (le dragon
gourmand) tous azimuts.
L’ambition
La Chine va-t-elle devenir la puissance dominante
de l’Asie ? Le professeur Ludovic Woets, consultant en
défense, en géostratégie et intelligence
stratégique auprès du ministère français
de la défense écrit :
- Sera-t-elle tentée par des visées
expansionnistes de type impérial ? L’un des scénarios
dérivés, fortement repris à nouveau par
les experts américains, serait la conséquence
d’une Russie vide, constituant une proie aisée
à un expansionnisme chinois, notamment en terme de population.
Le Chinois craint le vide. Le vide et le chaos. Le vide car
entraînant le chaos. Le chaos car étant toujours
accompagné pour la Chine de grands malheurs. Le comportement
de la population chinoise est donc prévisible que dans
les circonstances où le pouvoir est fort. En très
large partie, l’avenir de la Chine dépendra du
degré de cohésion de l’Etat.(…). L’important
n’est pas le contrôle économique, mais le
contrôle politique et moral.(…) La Chine estime
avoir souffert de l’Occident (la Chine reste aujourd’hui
un pays blessé dans son orgueil), et ne veut pas se voir
imposer un modèle occidental, y compris au sein des relations
internationales. Pour les Chinois, la situation actuelle n’est
qu’un incident de l’histoire (à son apogée
en l’an 88 de notre ère, la Chine contrôlait
l’un des plus vastes empires que le monde ait connu).
La Chine parviendra à corriger cette situation et à
retrouver sa centralité (…). La Chine entend bien
profiter de la situation stratégique mondiale pour renforcer
ses propres positions, notamment afin d’assurer l’accès
aux régions pétrolifères de l’Asie
centrale. Pour Valérie Niquet : « les stratèges
chinois semblent ainsi raisonner, au risque de tous les dérapages,
en terme d’urgence et d’occasions à saisir
». (…) Le renforcement national auquel nous assistons
en Asie pourrait nous conduire à l’apparition de
guerres. Le développement de leurs composants nationaux,
de leurs structurations nationales dans le temps et dans l’espace,
peuvent tout autant aboutir à un développement
harmonieux, ou aboutir à l’image de l’Europe
au XIX ème et XX ème siècle, à des
conflits violents. Nous devrions assister à terme à
des conflits indirects en Asie, où nombre de pays (Inde
et Chine notamment) ont des intérêts fortement
concurrents.(…). La croissance a fragilisé l’unité
du pays. La Chine de l’intérieur est aujourd’hui
à l’écart de l’expansion économique.
La Chine fonctionne donc aujourd’hui à plusieurs
vitesses, fragilisation qui s’ajoute à la fracture
entre les classes urbaines et les masses paysannes rurales,
toujours démunies. Il convient d’ajouter à
tout cela des incertitudes quant aux dissidences du Tibet et
du Xinjiang. (…). La Chine se tourne aujourd’hui
vers la mer. Elle a obtenu durant la dernière décennie
du XX ème siècle un accès permanent sur
la mer du Japon (Pacifique nord) et un accès à
l’Océan Indien par la Birmanie. La Chine revendique
une marine de haute mer, reprenant un concept ancien : la puissance
mondiale ou la déchéance.(…) la mer de Chine
est définie comme « sheng kong jian », c'est-à-dire
« notre espace vital ». Les Etats-Unis sont aujourd’hui
la seule puissance globale maritime. Et elle entend bien le
rester, comme rester la puissance centrale du monde. Or, aujourd’hui,
la Chine vise à détrôner les Etats-Unis
de cette centralité, afin de retrouver la sienne, millénaire,
historique, l’empire du milieu.(…)
La Chine connaît actuellement une croissance
économique exceptionnelle engendrant des turbulences
internes. Elle doit gérer cette nouvelle richesse et
maintenir sa croissance tout en réduisant la pauvreté
et les inégalités qui deviendraient, si rien n’était
fait, des sources de déstabilisation.
Le pays est confronté à plusieurs
problèmes majeurs, parmi ceux-ci : l’alimentation
de sa population. L’empire doit nourrir 21% de la population
mondiale avec 7% des terres cultivables dans le monde. De plus,
cette population, d’ici 2030, devrait encore augmenter,
de l’ordre de 350 millions d’habitants, alors même
que la surface agricole cultivée diminue. A cette date,
la Chine devra nourrir 1,6 milliards de ren-kou : bouches à
nourrir. La difficile gestion de l’alimentation passe
par la tout aussi difficile question de l’eau. La culture
du riz est très gourmande en eau - il faut 4500 litres
d’eau pour produire 1 kg de riz - et toutes les dynasties
qui se sont succédées ont eu à cœur
de garantir aux campagnes un vaste système d’irrigation
centralisé. De nos jours, le problème est devenu
presque insoluble. La Chine ne reçoit que 7% des précipitations
pour 21% de la population mondiale et ses besoins liés
à l’industrialisation sont en augmentation rapide.
Un tiers de son territoire est aride ou semi aride et plus d’un
quart en cours de désertification. L’eau est donc
devenue un enjeu majeur. C’est d’autant plus vrai
que les ressources mondiales seront, au cours des prochaines
années, à l’origine de tractations et de
tensions internationales au moins aussi exacerbées que
celles dues au pétrole, les besoins de la planète
devraient atteindre 7000 milliards de mètres cubes par
an en 2015, soit deux fois et demi la consommation de 1980.
La Chine qui compte plus de 20000 usines chimiques, voit ses
eaux se polluer dramatiquement. Le dernier accident en date,
la décharge de 100 tonnes de benzène toxique dans
un affluent de l’Amour le 13 novembre 2005, n’est
qu’un parmi tant d’autres moins spectaculaires.
Six catastrophes de même nature ont été
dénombrées en seulement quatre mois, dont une
pollution au cadmium qui a touché les rizières
dans le Guangdong et menacé la distribution d’eau
au nord de Canton. Près des grandes villes, 50% des nappes
phréatiques sont gravement polluées, l’eau
du robinet est imbuvable. 300 millions de chinois boivent de
l’eau impropre, sévèrement contaminée.
Or l’objectif de croissance à tout prix reste numéro
un. Le numéro deux chinois Wen Jiabao a déclaré
le 16 mars 2006, à propos du débat sur la croissance,
qu’ « il faut pousser en avant sans faiblir (…)
De nouvelles difficultés surgiront, mais nous ne pouvons
pas nous arrêter en chemin ».
La rapide croissance chinoise a un grand impact
sur la consommation énergétique mondiale. La Chine
se transforme rapidement en l’un des plus grands importateurs
mondiaux de pétrole et de gaz. Le rapport World Energy
Outlook 2004 de l’Agence internationale de l’Energie
prévoit qu’entre maintenant et 2030, la demande
énergétique mondiale augmentera d’environ
60 %, la Chine et l’Inde représentant quasiment
les deux tiers de cet accroissement.
Le rapport de l’économiste chinois
Wang Jian, membre de la Société de macroéconomie
de Chine, est explicite sur ce sujet et trouve une solution
qui est à méditer :
- Si l’on considère qu’en
2030 la Chine comptera 1,6 milliard d’individus (…),
elle utilisera chaque année plus de 300 millions de tonnes
d’acier et sa consommation en minerai de fer dépassera
les 600 millions de tonnes, soit davantage que les quantités
disponibles actuellement sur le marché mondial. La situation
est encore plus grave en ce qui concerne le pétrole et
les céréales (...). La consommation de pétrole
par habitant dépasse 1 tonne dans les pays industrialisés.
Si la Chine, avec ses 1,6 milliards d’habitants, rejoignait
leurs rangs, il lui faudrait donc 1,6 milliard de tonnes de
pétrole, mais elle ne peut espérer produire elle-même
au mieux que 200 millions de tonnes, en raison de ressources
limitées. Autrement dit, il lui faudra importer 1,4 milliard
de tonnes de pétrole, soit plus de 60 % des ressources
disponibles. Pour les autres pays, il restera à peine
900 millions de tonnes, alors qu’aujourd’hui les
importations pétrolières des Etats-Unis, du Japon
et des pays européens dépassent déjà
les 1,2 milliards de tonnes. La Chine pourra-t-elle vraiment
obtenir de quoi satisfaire ses besoins ? (…). Aussi la
Chine doit-elle d’ores et déjà élaborer
une parade aux possibles soubresauts qui risquent de secouer
l’économie mondiale. Le développement pacifique
du monde a un avenir limité. (…). Le développement
pacifique du monde n’a donc peut-être que cinq ans
devant lui. C’est pourquoi nous ne pouvons pas considérer
que (…) une fois les ajustements économiques effectués
il sera encore possible de se développer dans un environnement
mondial paisible et de se procurer pacifiquement comme auparavant
les matières premières nécessaires sur
le marché mondial.
Se procurer pacifiquement les matières premières
n’étant, à terme, plus possible selon les
experts, la Chine entreprend de s’armer à toute
allure. Elle s’y attelle avec la construction de six sous
marins nucléaires d’attaque de type Han (voir article
joint sur la flotte sous marine), avec l’aide de la Russie,
et avec le projet de construction de quatre porte avions et
de nombreux navires d’accompagnement. « Il est notoire
que la Chine développe en qualité et en quantité
son arsenal nucléaire stratégique » affirme
l’amiral Marcel Duval dans la revue Défense Nationale.
Leur fusée Longue-Marche a été d'emblée
dimensionnée pour disposer d'une portée de 12.000
kilomètres, soi-disant pour envisager une reprise de
la conquête lunaire. En fait c'est très exactement
la distance qui sépare la Chine des Etats-Unis. Les moyens
de projection des forces aériennes, navales et de missiles
de l’armée populaire de libération chinoise
au dessus de Taïwan se sont rapidement accrus au cours
des dix dernières années. Cet effort a été
réalisé à la fois sur la base d’un
accroissement du budget de la défense (12 à 13%
d’augmentation par an depuis 1989), d’une modernisation
soutenue des équipements et de l’acquisition auprès
de la Russie, et dans une moindre mesure d’Israël,
de systèmes de défense modernes : avions de combat
Su-27 et Su-30, sous marin Kilo, destroyers Sovreminny équipés
de missiles supersoniques Sunburn, batteries de défense
anti-aériennes, etc. Par ailleurs l’armée
peut compter sur 7200 chars, 4560 blindés d’autres
types, 3400 avions et 480 hélicoptères. Cet effort
a été facilité, c’est un euphémisme,
par des dépenses militaires réelles que les experts
estiment à trois fois plus importantes que le budget
officiel, c'est-à-dire à 100 milliards de dollars
en 2005. Cette montée en puissance de l’armée
chinoise a modifié l’équilibre des forces
en extrême orient. En passe d’inverser l’équilibre
bilatéral des forces dans le détroit de Formose
au début de la prochaine décennie, l’armée
populaire a, depuis la crise des missiles qu’elle y a
déclenchée en 1995-1996, incité les Etats-Unis
et le Japon a resserrer leurs liens stratégiques. Cette
course à l’armement inquiète également
les autres voisins de la Chine, au premier chef les pays de
l’ANSEA et la Corée du sud.
En 2003, le ministre de la défense chinois,
Chi Haotian, et vice-président de la commission militaire
centrale, a publié un discours choc sous le titre «
la guerre est proche ». Dans son discours, ce fonctionnaire
de très haut rang soutient calmement la nécessité
d’une guerre nucléaire qui détruirait le
Japon et paralyserait les Etats-Unis. Voici quelques extraits
de ce discours :
- La Chine a besoin d’importer du pétrole
pour son développement économique et d’importer
des matières premières telles que le bois de construction
afin de protéger son environnement de la déforestation.
Ceci est très raisonnable. Cependant, les grandes puissances
ont leurs propres raisons et un pays tel que la Chine aura besoin
de consommer 100 millions de tonnes de pétrole en 2010
et 200 millions de tonnes en 2020. Les grandes puissances tolèreront-elles
cela ? La source de la plupart des guerres au cours de l’histoire
a été la lutte pour les ressources vitales de
base, y compris les terres et les mers. Le sujet du conflit
va changer dans l’ère de l’information actuelle,
mais sa nature restera la même. (…) La Chine a besoin
d’être prête pour la guerre. (…) Les
vingt ans de politique de développement pacifique touchent
à leur fin. L’environnement international a subi
un changement fondamental : les grandes puissances ont déjà
planifié, une fois de plus, d’arrêter le
progrès de la Chine vers la modernisation. (…)
Les Etats-Unis et le Japon sont déterminés à
priver la Chine de son droit au développement. (…)
Nous devons donc considérer une guerre des détroits
de Taïwan comme une bataille stratégique décisive.
(…) nous allons devoir détruire totalement le Japon
et mettre les Etats-Unis hors de combat, et ceci ne peut être
obtenu que par une guerre nucléaire.
La menace est claire.
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