TEHERAN,
26 oct (AFP)
Le
président ultra-conservateur iranien Mahmoud Ahmadinejad
a ouvertement appelé mercredi à ce que l'Etat
d'Israël soit "rayé de la carte".
C'est la première fois depuis des années
qu'un dirigeant iranien aussi haut placé prône
publiquement la disparition de l'Etat d'Israël, même
si celle-ci fait partie de la propagande du régime. "Comme
l'a dit l'imam (Khomeiny), Israël doit être rayé
de la carte", a dit le président dans un discours
prononcé à l'occasion d'une conférence
intitulée "Le monde sans le sionisme". Ces
propos, tenus dans une période de crispation dans les
relations avec les Occidentaux, ont rapidement suscité
une condamnation de Paris. "Si ces propos ont effectivement
été prononcés, nous les condamnons avec
la plus grande fermeté", a déclaré
le porte-parole du ministère français des Affaires
étrangères, Jean-Baptiste Mattéi. "La
nation musulmane ne permettra pas à son ennemi historique
de vivre en son coeur même", a insisté le
président iranien dans cette allocution par ailleurs
vivement anti-américaine, tenue devant quatre mille étudiants
radicaux.
Quand les étudiants, tout de noir vêtus,
ont scandé "mort à Israël" à
son apparition sur la tribune, M. Ahmadinejad leur a lancé
qu'un tel slogan devait être proféré encore
plus fort. M. Ahmadinejad, dont la prise de fonction en août
à la suite du réformateur Mohammad Khatami, chantre
du "dialogue des civilisations", a coïncidé
avec un net durcissement du régime islamique, a préconisé
l'unité des Palestiniens pour atteindre "le point
d'anéantissement du régime sioniste". Ancien
officier des Gardiens de la révolution, l'armée
idéologique, M. Ahmadinejad a défendu la lutte
armée des Palestiniens et voué aux gémonies
les dirigeants régionaux qui reconnaissent ou reconnaîtraient
Israël.
"Les combats livrés sur la terre
occupée font partie d'une guerre pour sa destinée.
L'issue de centaines d'années de guerre se joue sur la
terre palestinienne", a dit M. Ahmadinejad. "Les dirigeants
de la nation musulmane qui reconnaîtront Israël brûleront
dans les flammes de la colère de leur propre peuple",
a-t-il promis. Il a dénoncé Israël comme
la création des "forces d'oppression mondiales",
désignation quasi-officielle des Etats-Unis et de l'Occident,
et parlé d'une "guerre historique de plusieurs siècles
entre l'oppresseur et le monde islamique",
La rupture des relations avec Israël fut
l'un des premiers actes diplomatiques de la République
islamique instituée en 1979. Israël se considère
comme la cible désignée du programme nucléaire
iranien, que la République islamique proclame purement
civil mais qui met l'Iran à seulement quelques années
de détenir l'arme atomique. Ces inquiétudes sont
renforcées par les activités balistiques iraniennes,
qui mettent Israël à portée de missiles iraniens.
Le régime exhibe régulièrement des missiles
portant le slogan: "Israël doit être rayé
de la carte". Les spéculations n'ont jamais cessé
sur la possibilité d'une attaque préventive israélienne.
La diplomatie iranienne avait envisagé en 2002 la coexistence
d'un Etat israélien et d'un Etat palestinien. Mais le
programme gouvernemental de M. Ahmadinejad annonçait
la couleur en prônant une politique extérieure
de détente "avec tous les pays, à l'exception
du régime usurpateur de Qods (Jérusalem) pour
toujours", et des Etats-Unis. La négation de l'Etat
d'Israël est l'une des entraves les plus fortes à
une normalisation des relations iraniennes avec l'Occident.
Les Etats-Unis accusent l'Iran d'armer les mouvements radicaux
anti-israéliens. Cheikh Hassan Nasrallah, chef du mouvement
du Hezbollah chiite libanais, a fait lire à la conférence
de Téhéran un message disant : "nous réunirons
tous les moyens pour anéantir le régime qui occupe
Qods". Le représentant en Iran du mouvement palestinien
Hamas, les ambassadeurs de Syrie et de l'Autorité palestinienne,
étaient présents. De grands rassemblements anti-israéliens
sont prévus vendredi dans tout le pays.
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