Mes réactions sur les évènements survenus aux USA le 11 sept 2001 et sur les conséquences au plan de la géopolitique.

Remis à jour le 16 Novembre 2001

J.P.Petit

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...N'existerait-il pas un moyen pour permettre à des milliers de personnes d'évacuer une tour en quelques minutes, sans utiliser des escaliers ? Voir Tour Infernale.

...Ces énènements, quelques jours après qu'ils se soient produits, suscitent chez moi des réfllexions d'ordre divers.

A propos des attentats eux-même :

...La vulnérabilité des aéronefs apparaît totale, vertigineuse. Comment empêcher des pirates de l'air, décidés à tout, d'amener à bord de simples rasoirs, des objets indétectables par radiographie, comme des couteaux en céramique, extrêmement coupants? Comment protéger les passagers, la cabine de l'équipage ? Seule solution : faire que cette cabine ne puisse simplement pas être accessible pendant le vol, autrement que par un ordre venu du sol (sauf évacuation de l'équipage par une trappe actionnée par des boulons explosifs). Ceci interdirait aux pirates de l'air toute prise en main de la conduite de l'appareil. Ce type de protection de la cabine est du même type que celle des coffres bancaires, face à un hold-up. Un lecteur, Alain Butler, m'écrit "il y a encore plus simple : que la cabine de pilotage soit totalement isolée du reste de la cabine, que l'entrée s'effectue par une porte indépendante". C'est effectivement pertinent et cela implique de revoir toute la conception des aéronefs. Lourd, coûteux, mais peut être à terme, indispensable. Mettre une porte supplémentaire sur un avion n'est pas une chose simple. La structure doit être renforcée. Mais ça n'est peut être pas injouable, d'autant plus que les pilotes pourraient utiliser une porte plus exigüe. Voici par exemple une solution qui ne modifierait pas la structure de l'appareil, mais seulement son aménagement intérieur et la conception de sa porte d'accès. Dessins du haut : l'accès avant des appareils, tel qu'il est actuellement conçu.

...Dessin du bas, l'appareil modifié. Au moment de l'ambarquement les passages et les pilotes entrent "par la même porte" en se partageant l'accès. Mais, une fois la porte fermée, la cabine de l'équipage se trouve totalement isolée du reste de l'appareil, par une cloison. Un wc chimique et un aménagement cuisine feront désormais partie de l'espace-pilotage. L'évacuation d'urgence des passagers, par cet accès s'en trouve un peu contrarié, mais entre deux maux ne faut-il pas choisir le moindre ? De plus, la surface d'accès pourra être accrue dans les nouveaux modèles. L'intérêt de cette formule, c'est son coût relativement modeste. L'essentiel est que le passage de terroristes en direction de la cabine de pilotage ne puisse simplement plus s'effectuer. Aucun pilote civil, quelle que soit la menace que ces hommes feraient peser sur les passagers, n'accepterait de précipiter son appareil contre une ville. On retombe alors dans le "terrorisme ordinaire", avec prise d'otages. Notons que les avions Israéliens ont leur cabine de pilotage séparée par deux portes successives, l'espace intermédiaire faisant office de sas, ce qui exclut toute entrée en force dans la cabine. Si cette solution est applicable dans les avions actuels, elle n'est pas non plus mauvaise.

21 sept 2001 : Alexandre Bérubé ingénieur canadien, suggérait l'introduction d'émetteurs de gaz anesthésiant dans la cabine passagers. Mieux vaut atterrir anesthésié que mort, à tout prendre. Il ajoute, et c'est son avis, que des terroristes pourraient difficilement amener à bord des masques les mettant à l'abri de ce gaz. En couplant cela au système de deux portes, faisant office de SAS, ceci permettrait à l'un des pilotes, après lancement de l'opération et contrôle vidéo, d'intervenir dans la cabine passagers, et éventuellement d'identifier et de neutraliser les auteurs de l'attentat. Au cas ou ce copilote serait à son tour pris en otage par un auteur d'attentat, on serait ramené au problème précédent, le pilote resté libre ayant consigne de ramener l'avion au sol, quelles que soient les menaces.

...On est face à un terrorisme extrêmement intelligent et très bien préparé techniquement. La synchronisation des actions, sur les différents avions, devait être totale. En effet, les terroristes étant très peu armés, les passagers, apprenant quel pourrait être leur sort, par leurs téléphones portables, pouvaient se ruer sur eux, n'ayant plus rien à perdre, auquel cas les terroristes pourraient se trouver totalement débordés. Il leur a fallu très rapidement tuer les pilotes et transformer la cabine de pilotage en camp retranché, le temps (quelques dizaines de minutes) que les appareils soient en vue de leurs cibles.

...Les avions ont été choisis parce qu'ils effectuaient des vols trans-américains, donc étaient bourrés de kérosène. Les détournements ayant été opérés immédiatement après les décollages, ceux-ci se transformèrent en véritables bombes volantes. On est frappé par l'attitude en vol de l'avion qui a frappé la second tour. Il est en virage important, de manière à s'encastrer au maximum dans le bâtiment. Seul un pilote relativement expérimenté a pu engager une telle manoeuvre de dernier moment, avec une approche en virage, au lieu de tirer droit (ce qui aurait été aisé, le twin towers se dégageant aisément du reste des bâtiments de Manathan du fait de leurs hauteur : 400 mètres).

...Les terroristes et les organisateurs des attentats savaient très bien ce qui surviendrait après l'impact. Le kérosène était indispensable pour attaquer les structures, fer et béton, est les ramollir. Sinon un simple impact aurait créé des dommages limités. Ils savaient aussi que les étages allaient s'effondrer les uns sur les autres, dans le style "dominos". Tout ceci avait été étudié de longue date, simulé, et peut-être même expérimenté sur maquettes ou bâtiments. L'attaque a été pensée par des ingénieurs du bâtiment, entre autre. Ce phénomène fait des tours de véritables "colosses aux pieds d'argile".

...L'imprévoyance a été, comme d'habitude, de règle. Il est vrai que si un scénariste s'était proposé dans une maison de production en proposant un tel film, on lui aurait répondu "dites, vous ne croyez pas que vous en faites un peu trop ?". La conséquence logique est qu'il faut désormais tout envisager, en essayant de se mettre dans la peau de gens qui ne reculent devant rien et cherchent à créer le maximum de dommages humains. Cette suite logique passe par l'usage d'armes nucléaires et bactériologiques. Pour mémoire : une bombe A a la taille d'une balle de tennis (voire bien inférieure, puisque c'est l'amorce d'une bombe à neutrons qui peut être logée dans un obus de mortier de 88 mm). Une arme bactéiologique est une simple éprouvette. Vidée dans un bassin d'alimentaton d'une grande ville, et contenant par exemple un virus ou une bactérie à taux de reproduction rapide, elle peut faire des dizaines ou des centaines de milliers de morts en quelques heures.

...Il ne s'agit nullement d'une action visant un chantage. Il n'y a aucune demande. Cet acte est une déclaration de guerre de gens pilotés par des factions religieuses. Rechercher des responsables "pour les traduire en justice", comme disait Bush, est pratiquement une chose vaine, un réflexe d'occidental. Opérer des représailles ne semble pas constituer non plus une solution, face à des gens pour qui le sacrifice de leur vie est un acte considéré comme naturel.

 

Du fanatisme.

...On s'interrogera plus loin sur les causes d'une telle situation, qui présente un caractère planétaire. Comme le rappelait un responsable français, ce sont des dignitaires religieux qui décident des "fatwah", des actes de guerre sainte. Ils se croient directement inspirés par Dieu. On se retrouve donc face à des gens qui fonctionnent comme dans les temps bibliques, ou dans l'ancienne Babylone, ou en Assyrie. Dans ces pays, à des époques où ont eu lieu des actes de cruauté qui ont toujours stupéfié les historiens, il faut se rappeler que les décisions de guerre n'étaient nullement prises par des "politiques" mais "directement inspirées par des dieux", ou un dieu. Le roi ou le chef de guerre qui engageait les opérations ne se sentait nullement responsable, dans la mesure où, par exemple "cette décision lui avait été suggérée lors d'un songe". Il existe aussi des prises de décision qui, historiquement, étaient fondées sur des tirages au sort :

- Que dois-je faire ? Négocier ou partir en guerre contre mon voisin ?

...La vulnérabilité de l'adversaire est perçue comme un effet de la volonté divine : "Si notre adversaire est vulnérable, voire totalement désarmé, c'est que notre dieu l'a placé entre nos mains". Si on ne rentre pas dans cette "logique religieuse" qui nous propulse des milliers d'années en arrière, rien n'est compréhensible avec nos critères d'occidentaux.
...Il y a alors une chaîne décisionnelle et d'action. Des responsables religieux sont profondément convaincus d'accomplir les volontés de leur dieu. Ceux qui leur sont soumis sont aussi persuadés d'être les relais d'une volonté divine, que leurs leaders leur transmettent. Il y a des "sacrificateurs" et les "sacrifiés". Dans un dossier TV récent on interrogeait, dans sa cellule, un fabriquant de gilets explosifs destinés à équiper des kamikazes palestiniens. On lui demandait pourquoi il n'irait pas lui-même se sacrifier. Sa réponse :

- Chacun son travail. Le mien est de concevoir et de fabriquer des gilets explosifs, celui des kamikazes de les mettre en oeuvre.

Il aurait pu ajouter :

- Nos Ayatollah n'ont pas à se sacrifier. Chacun est à la place qui lui a été assignée par Dieu. Les kamikazes sont en fait ceux qui, dans notre paradis, seront les plus récompensés. Moi-même, si un jour je recevais l'ordre de me transformer en kamikaze, cela ne me poserait aucun problème. Fabriquant de gilets explosifs, kamikaze : tout cela c'est la même chose. Quant à nos Ayatollah, ils sont aussi à leur place. Il faut bien un téléphone portable pour recevoir la voix de Dieu. Eux, c'est leur job.

...Le profil psychologique du "bras armé" de cette action est particulièrement important à comprendre. On peut s'étonner du "niveau de culture et d'études" de nombreux commandos-suicide. Ce serait une très grave erreur de croire que ces commandos ne se recrutent que dans des milieux défavorisés, chez des desperados, des gens sans avenir. Parmi les membres des commandos récents (et à venir) se trouvent des gens qui, de par les études qu'ils ont faites, ou leur situation familiale, auraient pu occuper des places confortables dans leur société, ou un pays étranger au leur. On achope alors avec le problème général du fanatisme, qui échappe à toute logique. Sa clef est le conditionnement, qui agit, on l'a vu, dès l'enfance. C'est le même conditionnement qui a pu produire les nazis, les gardes rouges, et maintenant les intégristes. A la base il faut évidemment un mal-être, une interrogation générale de l'individu sur le sens de sa vie, de la vie. Ce mal-être peut être objectif (misère, absence totale de perspective d'avenir) ou subjectif. Il peut être aussi induit, suscité. La réaction est alors d'abandonner toute autonomie psychologique et décisionnelle à un leader, quel qu'il soit. Ce peut être un Ayatollah, ou un Gourou, ou un homme politique, un "Fuhrer", un prêtre fanatique (comme ce fut le cas pendant les guerres de religion du passé, ou .. les croisades). Un contrat psychologique est alors passé entre le leader et ses disciples. Les disciples fabriquent et renforcent leur leader, qui à la limite, s'il n'agit pas intérêt et cynisme, et se sent "responsable de ses ouailles". Le leader modèle les pensées de ses disciples. A la base il faut une idéologie religieuse ou (et) politique, souvent condensée dans un texte, un livre constituant "la pensée fondamentale". .Comment des millions d'hommes, qui avaient parfois reçu des éducations sophistiquées, ont-ils pu donner leur vie sur la base de textes, bruts ou réinterprétés, aussi simplistes ? La réponse est que le texte n'a pas d'importance. L'important, c'est l'efficacité du lavage de cerveau, quel qu'il soit. Aucune personne au monde, y compris vous, moi, n'est à l'abri d'un tel phénomène. Le "mental" humain peut en effet être comparé à la passerelle d'un navire. Une "personnalité" (notre moi conscient) reçoit des informations par ses organes sensoriels. Il assiste à des scènes, lit des textes, entend des paroles prononcées, directement ou par l'intermédiaire de medias quelconque. Il dispose d'une certaine autonomie psycholologique, décisionnelle, qui dépend de son niveau d'éducation, du conditionnement dont il a été l'objet depuis son enfance. Cette autonomie est toute relative car les décisions sont prises par rapport à des référentiels moraux qui dépendent des cultures : respect ou non-respect de l'autre, de soi-même, sens du sacrifice, du "don de soi", "courage", "lacheté", soumission, dominance, individualisme ou impossibilité d'exister en dehors d'un groupe social, perception subjective de son intérêt, ou des intérêts claniques ou ethniques, "niveau d'humanisme ou d'universalisme", opposé au racisme ou au sectarisme, "horizon ethnique", où commence "l'autre", "l'ennemi", vision du devenir post-mortem, motivante (réincarnation, "réponse du sacrifié dans un paradis"", espoir d'une vie meilleure dans un au-delà, voire simple nihilisme masochiste, souhait de s'annihiler pour échapper définitivement à ses problèmes personnels). La palette des référents psycho-sociologiques est très vaste. Toujours est-il que n'émerge de cet ensemble qu'un pourcentage relativement faible de "libre-choix", le reste étant affaire de conditionnements. Jadis, les messages religieux étaient le véhicule majeur de ceux-ci, complétés par des discours spécifiques tribaux ou ethniques. Aujourd'hui les medias, véhicules de violence et de sadisme, portent une responsabilité énorme. Rambo, entre autre, s'est retourné contre ses auteurs. beaucoup de télespectateur ont trouvé que l'explosion du trade center ressemblait à "Independence Day". Effectivement, on aurait dit des effets speciaux.
... Personne ne s'étonne qu'un individu, où qu'il soit sur cette planète, puisse assiter, de manière ritualisée, à dix meurtres par jour, simplement en allumant sa télévision. Personne ne s'étonne que des jouets d'enfants puissent être à l'image d'armes de desctruction très diverses. Personne ne s'étonne qu'on ait donné le nom d'un costume de bain (Bikini) à un lieu où ait été expérimentée une arme nucléaire. Comment un ingénieur Français a-t-il pu intituler un livre où il contait l'histoire de l'armement nucléaire dans notre pays "Auprès de ma bombe". Comment Edward Teller pouvait-il familièrement surnommer la bombe H : "My baby". Comment des scientifiques, dans le cadre du projet Manhatan, ont-il pu donner à des expériences nucléaires préliminaires à des actions de guerre des noms empruntés à des discours religieux. Le premier montage " H " avait été intitulé " la Kaaba ", bien avant que les musulmans n'aient été perçus par les Américains comme un ennemi potentiel. Alors que les USA sont une nation en principe chrétienne, le nom de code de la première explosion nucléaire avait été "Trinity" ( la Trinité ). Pourquoi ce goût systématique du blasphème ? Pour mieux comprendre la psychologie du scientifique collaborant avec les militaires : lien.
...Il y a donc un "corps doctrinal". Je vous étonnerais peut être en vous disant que celui-ci pourrait être remplacé par n'importe quel texte a priori. En revenant à l'image de la personnalité humaine, on retourne à celle de la passerelle de commandement, de la timonerie d'un navire, ce navire étant un .. homme. La personnalité humaine nous semble (à nous, occidentaux) être faite d'une seule pièce. Mais tout se passe comme si, "à l'intérieur d'une tête humaine", discutaient plusieurs plans du moi. Il y a le moi conscient, qui "raisonne" avec ce qu'il pense être "sa logique". Il y a le moi inconscient, qui fonctionne avec une autre, laquelle intègre l'expérience vécue par l'individu depuis sa naissance, engrangée inconsciemment. Il y a le moi ethnique, spécifique. Il y a le moi éducationnel (enseignement reçu, lectures, conditionnement médiatique). Toute décision prise au cours d'une vie est le résultat d'un "débat" entre les différentes composantes de la personnalité humaine. Encore ne sagit-il là que d'une vision d'occidental. Les mystiques de tous bords ajouteront une inspiration, fondée ou non : il ne nous appartient pas de trancher sur une telle question, "d'essence métaphysique".

...Le fanatique opte pour un renoncement à sa propre autonomie et par le delà de sa responsabilité d'être humain . Un ou des leaders décident alors à sa place. Cet abandon peut être assimilé à un abandon de poste, "le commandant abandonnant sa timonerie". Par abandon il faut aussi inclure son corollaire : une attitude d'étanchéité psychologique, gage d'invulnérabilité. L'étanchéité apporte alors le confort d'une structure, avec le réconfort du soutien d'un groupe. En ayant le sentiment d'appartenir à une multitude, l'être humain fait, pour en retirer ce bénéfice, le sacrifice de sa personnalité, et éventuellement de sa vie. ...Subjectivement, ce prix lui paraît léger. Le leader, d'une certaine manière, en fait autant, dans la mesure où il se fond lui-même en se percevant comme l'émanation d'un groupe et le propagateur d'une pensée. On peut alors parler d'auto-hypnose. Ayant approché jadis une secte d'inspiration indouïste (la secte de Ram Shandrah), non pas en tant que membre mais dans l'intention d'aller y récupérer un de mes amis, j'ai pu voir à l'oeuvre les mécanismes essentiels du fonctionnement d'une secte. La clef est la "non-pensée". Chez certains cette non-pensée porte le masque de la "méditation". Méditer, c'est "faire le vide en soi", étouffer le flux de pensées perturbatrices, véritable bruit de fond empêchant "l'esprit" de se manifester à l'intérieur des individus. On pourrait dire, de toute façon, que faire le vide dans ses pensées peut avoir des bons côtés. Quand des gens sont torturés par des angoisses, objectives ou subjectives, le fait de "faire le vide en eux", ne serait-ce que pendant quelques temps, quelques heures, quelques minutes, ne peut leur faire que du bien. N'importe quel psychologue serait d'accord avec cette idée.
...Que cet Esprit existe ou non est un autre problème. Il ne nous appartient pas de nous prononcer sur la réalité ou l'irréalité de tout phénomène d'ordre métaphysique. Nous analysons simplement le résultat. Chez certains mystiques, une telle pratique amènera à un simple détachement du monde, au renoncement à une vie sexuelle, aux "plaisirs de ce monde". C'est l'ascétisme, qui peut aller jusqu'à la mortification médiévale. On pourrait appeler ceux-là des mystiques passifs. "Ils se fondent dans leur communication avec l'invisible", en n'y voyant qu'une expérience strictement personnelle. Certains pensent que la douleur physique rapproche de "l'Esprit" (les "flagellants" médiévaux). Le danger est beaucoup plus grand là où commence le prosélytisme (abandon des la progéniture, des parents, de toute cellule familiale ou sociale, don de ses biens à la secte, mise à disposition de sa personne, de ses compétences, de ses talents, au service des intérêts de la secte).
...Le leader du secte peut rapidement acquérir une structure schizophrénique ou paranoïaque, s'il ne la possède pas déjà. Il y a des "mystique" ou "laïcs". Il est des messages idéologiques qui ressemblent étonnemment à des corpus religieux.
...Passons au mécanisme essentiel, de type hypnotique. Il n'y a pas d'hypnose sans abandon de vigilance, sans renoncement à toute objectivité au profit d'une subjectivité. Je vais citer une expérience personnelle, que n'importe qui peut rééditer. C'est une expérience d'abandon volontaire de liberté décisionnelle, qui se traduit par une prise en charge par une tierce personne. Quand j'étais étudiant à l'Ecole Supérieure de l'Aéronautique de Paris, dans les années soixante, un de nos camarades était tombé sur "un manuel d'hypnose" avec lequel il s'amusait beaucoup, disait-il, en menant des expériences avec sa soeur. Nous décidâmes de nous prêter à des expériences (bien innocentes dans leur contenu). La première démarche consistait à créer un isolement sensoriel relatif (debout, immobile, les yeux fermés, dans un lieu peu soumis aux influences sonores). Dans une telle situation, au bout de dix à vingt minutes, on "perd pied". La sensation de verticalité, la topologie des lieux s'estompe : on vascille. Auprès se soi, dès qu'on se retrouve dans cette ambiance (silence, yeux fermés) un manipulateur assène alors une injonction, en prenant la voix la plus convainquante possible. Le "jeu" consiste à vider sa tête, à chasser toute pensée, qui pourrait faire barrage à son message. C'est indispensable "pour la bonne réussite de l'opération". Les gens qui pratiquent l'apnée savent ainsi se vider la tête, simplement parce que l'activité mentale, quelle qu'elle soit, consomme de l'oxygène. Pendant qu'on abaisse ainsi délibérément des défenses du moi, du mental, "l'assistant-hypnotiseur" (qui peut être le premier venu) martèle son message de manière lancinante. Cela marchera mieux si, subjectivement, son ton, ses argments sont convainquants et sa voix "chaleureuse". Cet homme place alors celui qui, délibérément, a décidé d'être le cobaye, dans une situation de suggestion. Un ordre dénué de connotation morale, comme de lever les bras, "pénétera" d'autant plus facilement dans le "mental inoccupé" du sujet, si cet ordre ne suscite aucun mécanisme de défense "morale-socio-immunologique". Quand on se prête à cette étrange expérience, le résultat de l'expérience peut survenir au bout d'un temps variable : de quelques minutes à trente minutes ou une heure. Tout dépend de la capacité du sujet à "abaisser ses défenses mentales" et à "l'hypnotiseur" de se montrer convainquant. Tout bruit extérieur, tout fou-rire, toute pensée incongrue ramène le sujet en "case-départ". Ce qui compte c'est de réaliser que n'importe quel individu qui se préterait à ce "jeu" verrait au bout d'un temps ses bras échapper pendant un temps plus ou moins long à sa propre volonté. Chez moi cela avait duré une ou deux secondes, au bout de trente minutes de marterage dans le genre :

- Tes bras son légers. Vois, tu ne peux les retenir. Ils s'élèvent. Tu ne peux retenir tes bras. Laisse-les monter !

...Tout se passe comme si le corps, interrogeant en vain la "passerelle de prise de décision" avait dit, pendant tout le temps de l'expérience :

- Bon sang, qu'est-ce que je fais ? Il y a un type qui m'ordonne de lever les bras. Cela me martèle la cervelle depuis vingt minutes. Il n'y a personne là-haut pour me dire ce que je dois faire ?

...Le phénomène-clef c'est le changement de branchement sur les structures donneuses d'ordres. Chez l'adepte c'est l'assujetissement aux quatre volontés d'un gourou. Dans les sectes il est recommandé de méditer devant une photo du Gourou, si possible à l'échelle 1/1,pour que s'opère alors une imprégnation inconsciente extrêmement perverse.
...L'absurdité des ordres, leur immoralité, en particulier au plan sexuel, n'entre plus en ligne de compte. La personnalité a été en quelque sorte débranchée, mise hors circuit. L'efficacité d'un tel procédé dépend évidemment de tas de facteurs, du caractère suggestionnable du sujet, de "l'aura" du grourou, de l'ascendant du leader charismatique, du dictateur, et ... de la pression du groupe. Car la pression liée au groupe démultiplie la puissance du leader. . Le niveau intellectuel et culturel de l'individu n'entre pas en ligne de compte. Des gens très frustes peuvent se révéler difficiles à suggestionner. D'autres, apparemment plus équipés intellectuellement peuvent basculer très rapidement. J'ai été étonné de trouver dans cette secte où j'avais pénétré, des intellectuels fanatisés et ... des membres du CNRS, des collègues que je connaissais !

...Nous avons parlé d'une simple expérience de psychologie. Qu'on imagine le résultat quand ceci se teinte d'idéologie politique, de religiosité. Il y a alors adhésion totale. Avec le recul, on peut se demander comment des gens intelligents ont pu se laisser séduire par des textes aussi débiles que Mein Kampft ou ... le Petit Livre Rouge (que, personnellement, je n'ai jamais pu terminer, tant je m'y ennuyais. Pourtant, en France aussi, nous avons eu nos "maoïstes"). Mais le contenu est sans importance. Les slogans, les sourates, les mantras, les mots d'ordre peuvent fonctionner comme des intruments d'hypnose. J'ai eu une femme de ménage qui avait adhéré à la secte d'origine Japonaise Nishiren, Shosu, implantée dans de nombreux pays, dont la seule pratique consiste en la répétition d'un seul "mot" : Nàm Yoho, Renge Kyo. On inculque seulement aux adeptes que la répétition de ce mot magique leur modèlera utilement l'âme, assurera leur salut, etc. La plupart n'en connaissent même pas la signification exacte (...).

...Tout dépend des effets d'une pratique de ce genre. Un "stylite", réfugié en haut d'une colonne, muré dans son silence, ne dérange personne. A moins que, devenu une "vedette", quelqu'un d'exceptionnel de par ce comportement, il ne suscite des adeptes. Paradoxalement, l'adhérent d'une secte, en se dépersonnalisant, cherche désespérément à exister, fusse-même dans un sacrifice collectif !

...Ces jours derniers, nous avons entendu à la télévision d'anciens kamikazes palestiniens, dont l'action avait échoué du fait d'une défaillance technique de leur matériel, témoigner. Leurs visages reflétait une sorte de paix intérieure, de calme, de sérénité.
- Referiez-vous un tel geste ?
- Dieu seul a la réponse.

...Réponse significative. C'est comme si l'individu répondait "pourquoi me demandez vous d'exprimer un sentiment, une opinion, alors que j'ai, au plan de mon individualité, cessé d'existers ?"

...Le public comprend mal cette étanchéité de la pensée. Ne dit-on pas que quelqu'un s'est "blindé" ? Pour le fanatique, tout ce qui n'émane pas de sa "cellule", de son groupe, de son ou de ses leaders religieux ne peut être que mensonger, manipulateur. Mentalement il récite des phrases de son livre saint, intréprétées par ses maîtres à penser, des mots-d'ordre, des mantras, des phrases du Petit Livre Rouge, pour faire barrage à cette pensée "perverse". Edgar Morin parlait de cette étanchéité des communistes Français, après la guerre de 39-45 quand parvenaient des nouvelles concernant des pogroms, des camps d'internements, des goulags, des purges, des déportations massives. Rien de tout cela ne pouvait être vrai. Cela ne pouvait être que "pures inventions de la presse bourgeoise".

...Une autre idée à garder en tête est un "effet boule de neige". Le nombre démultiplie le phénomène, quasi exponentiellement. On l'a vu avec le Nazisme. Beaucoup d'intellectuels Européens s'amusaient des pantalonnades du jeune parti Nazi et des grandes démonstrations de ce ridicule "Monsieur Hitler". Tout d'un coup, la mayonnaise a pris et tout s'est mis à basculer, en moins de dix ans. L'inverse est également vrai. Après cette guerre-là, le Nazisme ne s'éteignit pas totalement, mais entra dans une phase de récession, très rapide. Plus personne, Allemagne, n'avait été Nazi, apparemment. C'est ce que René Girard appelle le mimétisme. L'effet est redoutable. Un autre élément du fanatisme, noté par Girard, est l'importance du bouc-émissaire, d'un individu ou d'une ethnie littéralement diabolisée. C'est lui ou c'est elle qui permet au groupe de se "laver" de ses culpabilités, de sa peur, de ses angoisses. Le martyre sacrifié ressoude les communautés. L'individu ou l'ethnie bouc-émissaire focalise l'énergie des individus. Hitler avait très bien su utiliser cela contre les Juifs. Dans les tendances Françaises d'extrême-droite, le "bougnoule" constitue un "pôle idéologique".Quand on ne sait pas trop pour quoi lutter, il est plus facile de lutter contre quelque chose. Du temps du Mac-Cartisme, le communisme avait le visage de Satan. Antérieusement, dans le sud profond, c'étaient les noirs qui fournissaient cette image au Kux Klux Klan. Aujourd'hui, pour les musulmans intégristes, l'Amérique est "le Grand Satan".


Ajout du 11 oct 2001 : Le journal l'Express dans son numéro 1722 du 27 sept - 3 oct 2001 a publié le témoignage d'un fils de SS, qui a préféré rester anonyme. Ce texte, page 100, était intitulé "Mon père, ce SS". Il s'agit d'un Français dont le père, actuellement décédé, s'était engagé à la fin de l'automne 1943 quand le régime commençait déjà à s'écrouler, afin d'aller combattre sur le front Russe, dans la division "Das Reich". Il y eut des milliers de Français, acquis à la cause nazie, qui firent de même en constiituant une "légion" où beaucoup se firent tuer au combat. Dans son témoignage, cet homme parle d'un père "amoureux de Saint-Simon, de Proust et de Theilard des Chardin" et de la réponse que celui-ci lui fit quand il lui demandait pourquoi il s'était engagé dans ce conflit et s'il avait eu peur de mourir : "J'étais un fanatique. cela m'était absolument égal". Après que son unité ait été décimée, il avait pu échapper à la mort et avait été incarcéré à la prison de Fresnes, après avoir été arrêté par les Français. On avait fusillé nombre de ses camarades de combat, fait qui l'avait laissé de son propre aveu, totalement indifférent : "J'avais choisi mon camp, j'étais prêt à mourir". "Tout en lui était lisse. Il n'avait aucun doute sur sa mission. Rien n'aurait pu le faire dévier de sa route. C'était son travail, comme d'autres se rendent au bureau", dit le témoin, son fils.

...Les gens, souvent, fournissent dans leur discours les clefs de leur attitude. Ce SS Français a un jour confié à son fils :

- J'aimais être une brique dans un mur.

...Le symbole est très explicite. Une brique est un élément d'une entité appellée "mur". Considérée isolément, elle n'est pas fonctionnelle, elle est dénuée de signification. Par contre, intégrée dans un mur, elle prend toute sa force. Ainsi la démarche du fanatique procède au départ de son impossibilité à exister en tant qu'individu.Cette situation lui est trop inconfortable. Il ne trouve aucun moyen de s'inserrer dans le monde dans lequel il vit, ni en épanouissant ses propres talents, ni en fondant un foyer, ni en construisant quelque chose par lui-même. Cette vie individuelle lui paraît simplement intolérable. L'existence à travers une entité collective lui paraît être la seule solution et cette démarche d'intégration, qui s'impose à lui comme absolument impérative, passe avant le contenu idéologique ou moral du groupe auquel il adhère. Il est d'ailleurs parfaitement capable d'en changer. Wlilhem Reich, psychologue Allemand, attiré par le mouvement psychanalytique (au passage, mort fou aux Etats-Unis) avait milité dans des groupes communistes dans les années trente. Il avait été surpris de voir avec quelle facilité des cadres du PC Allemand avaient pu subitement devenir des cadres du parti SS, en troquant un "idéalisme" ou un autre, apparemment diamétralement opposé. En fait le contenu idéologique n'était que de peu d'importance. Ce que ces gens avaient recherché avant tout dans ces deux types de structures "c'est à devenir des briques dans un mur". Une telle attitude implique la dissolution de la personnalité. L'homme devient matricule, s'identifie totalement à sa fonction dans l'édifice. Il n'a plus la moindre idée personnelle, n'a plus à faire l'effort d'en acquérir. Jadis, un film fort divertissant : "Fanfan la Tulipe", avait été produit, Gérard Philippe en partageant la vedette avec la plantureuse et espiègle Gina Lollobrigida. Dans le scénario, Fanfan s'engageait dans l'armée pour être plus près que la belle de ses pensées, fille d'un sergent recruteur. Lors de cettee scène de l'engagement, Fanfan entendait le boniment du sergent, qui disait essentiellement :

- Si vous voulez ne penser à rien et que le roi s'en charge pour vous ....

...Cette phrase m'avait frappé. Elle peut être déclinée dans n'importe quelle idéologie ou mouvement de fanatiques. On pourrait tout aussi bien dire :

- Si vous voulez ne penser à rien et que (Hitler), (Staline), (Mao), ( L'ayatollah de service), (Le Gourou) s'en chargent pour vous...

...Tout cela est interchangeable. Le contenu idéologique ou religieux, les buts poursuivis sont sans importance, seule l'adhésion, la fusion dans le groupe compte. La brique perdue dans le mur n'a plus à s'exprimer en tant qu'individu, démarche qui lui avait jusqu'ici semblé si pénible, insoutenable. Le SS obéit aux ordres, c'est l'essentiel. Le fanatique de Chine Populaire, au temps où Perrefite l'avait si bien décrit dans son livre "le jour où la Chine s'éveillera", répond comme un automate en dévidant un "citation du président Mao". L'intégriste citera tel verset du Coran, modulo l'interprétation qui lui a été fournie. Mais, le plus souvent, il ne se sent nullement tenu de répondre, car là n'est pas sa fonction. Une inscription peut figurer sur un mur, dont une brique ne portera qu'un fragment, ou même rien du tout. Ainsi, questionnée, la "brique" ne pourra quie répondre "lisez ce qui est écrit sur le mur auquel j'appartiens". Pour cette "brique" l'essentiel n'est pas l'inscription, c'est le fait d'apartenir à un mur, d'être "conforme à quelque chose, à un modèle, de se fondre dans un groupe, de se dissoudre dans une idéologie, dans une croyance aveugle. On comprend parfaitement l'expression "on a l'impression de s'adresser à un mur". Stricto sensu, c'est exactement ce qui se passe quand on tente de discuter avec un fanatique.

...Tout ce qui tend à dissoudre la personnalité des individus, leur sens critique, leur recul face aux situations est potentiellement dangereux pour eux et pour les autres. Ainsi, il n'y a aucune différence entre une secte, un mouvement politique totalitaire, un courant religieux où se sont développés le fanatisme et l'intolérance.

...Cette intégration d'une "brique dans un mur" peut déboucher sur plusieurs effets. Dans des sectes, le but peut-être prosaïquement l'escroquerie, l'exploitation d'une masse d'adhérents par une oligarchie, exploitation financière ou sexuelle, voire les deux à la fois. Nous avons parlé de mur. On pourrait préciser en évoquant un édifice constitué d'une voûte. Le gourou, le leader, le chef spirituel devient la clef de voûte. Elle non plus n'existe pas isolément, ne tient qu'en vertu des forces concourantes, qu'elle oriente elle-même, dont elle est le point focal et qui lui sont communiquées par les pierres de l'édifice. A sa manière, la "clef de voûte" perd aussi sa personnalité, son individualité. Elle n'est plus qu'un élément de la structure qu'elle a à la fois crée et qui l'a "portée au sommet". Le leader crée le groupe et le groupe crée le leader. Chacun valide l'autre. Si le groupe se disloque, le leader perd toute légitimité, cesse de jouer un rôle de résonateur. Si la clef de voûte disparaît, l'édifice se disloque. Le tout est plus que la somme des parties. Une protéine est beaucoup plus que la somme des atomes qui la constituent. Disloqué, désorganisé, l'ex-édifice devient méconnaissable. Si le "message" véhiculé par tel édifice, tel groupe pouvait être assimilé à une inscription apposée sur un mur ou par la forme même de l'édifice, lorsque celui-ci se disloque, le message cesse de devenir lisible. Il alors alors inutile de questionner individuellement, briques, pierres ou gravats, puisque l'ensemble de l'édifice faisait sens. C'est la raison pour laquelle on a toujours été si surpris de la disparition si subite du discours de groupes qui auront pu exercer une pression très importante sur l'histoire, après leur désintégration (le mot devant ici être pris à la lettre). Il ne s'agit pas simplement d'un reniement, mais de la perte de la faculté de s'exprimer. Seul l'ensemble faisait sens.

...Les comportements des "briques" peuvent être variés. Leur fonction peut être de servir de harem à un Gouru, de collecter des fonds pour la secte, mais aussi de participer à un puissant mouvement expansionniste (nazisme, intégrisme islamique), s'exerçant de la manière la plus violente possible. Le thème du commando suicidaire peut alors faire partie de la "mission", puisque l'intérêt individuel, l'instinct de conservation ont été totalement annhilés. Il n'y a aucune différence entre le comportement de ce nazi Français, cité plus haut, désigné pour partir sur le front Russe à une époque où tout était déjà joué, ce qui équivaut à une mission-suicide, et celui d'un des membres du groupes ci-après :

Un commando suicide du Hezbollah défilant au Sud Liban en février 1997.




Incompréhensions réciproques. Echec de la "futurologie".

...Les Américains semblent n'avoir rien vu venir. Ou plutôt, s'ils ont eu quelques messages, émanant de gens qui risquaient probablement gros à les leur communiquer, ils ont trouvé cela trop énorme pour être cru. Au moment de la guerre du Golfe, nous avons eu des informations, d'origine invérifiable, évoquant l'existence de commandos Irakiens, présents sur le territoire des USA, prêts à se livrer à des actes de guerre bactériologique. Avec le recul, était-ce si fou que cela ?
...Les Etats-Unis croient au dieu de la technologie. Ils écoutent des millions de communications téléphoniques, à distance. Il semble que les opérations récentes aient été montées par des gens qui ont peut être simplement évité de se téléphoner. Or, communiquer sans téléphone, pour un Américain, c'est difficilement imaginable. Les bonnes vieilles techniques d'il y a un demi-siècle, consistant à donner ses consignes en passant des annonces dans des journaux, ont totalement pris de court l'homo-technologicus.
Après les attentats de Nairobi, des frappes par missiles de croisière ont été opérées. Etaient-elles justifiées ? Apparemment, rien n'était évident. D'où une critique opérée par de nombreux spécialistes sur la manière dont les Américains collectent du renseignement. Et ceux-là de dire "rien ne vaut le contact direct".
...Mais peut-on croire à ce qu'on considère a priori comme impossible ? Revenons en arrière. Se souvient-on de la stupeur des Américains, découvrant l'ampleur des réalisations Sovoétiques dans le domaine spatial ? La presse Française de l'époque évoquait "un carburant miracle". Mais non : les fusées étaient d'emblée énormes, parce que les Russes avaient beaucoup plus de chemin à faire que les Américains pour atteindre leur territoire. La "conquête spatiale" Russe n'a été que la retombée civile des projets stratégiques militaires Soviétiques. Actuellement, les Chinois développent les fusées très importantes. Même motif, même punition. Ils sont "loin de tout et de tous". C'est la raison pour laquelle, pour camoufler leur projet d'équipement stratégique ils se sont découvert une furieuse envie d'aller installer une base sur la Lune. Je me souviens encore, quand j'étais enfant, de ce que les scientifiques Français et en général occidentaux disaient des Russes, avant que tout cela n'éclate (en particulier leur première bombe A). Beaucoup les croyaient incapables de rivaliser avec la technologie occidentale ("si ce n'est en matière de biologie, peut-être.."). La surprise fut brutale. Les soviétiques pensaient différemment. Semiorka a un taux de réussite de 99,7 % . Or c'est un incroyable bricolage, dû au génial Korolev. Pendant que les Américains ébauchaient, dans leurs bureaux d'études, les fantastiques moteurs de la future fusée Saturn V, en étant confrontés à de redoutables problèmes d'instabilités de combustion dans des "coquetiers" aussi importants les Russes assemblaient des dizaines de moteurs, fiables, en bas de leurs engins. J'ai été ingénieur d'essai de fusée, alors je connais un peu la question. Semiorka était trapue, plus rigide que ses équivalents Américains. Chez les Russes, le rustique était aussi le fantastiquement astucieux. Témoin le système de suspension et de largage des fusées, sans dispositifs sophistiqués ni vérins, simplement à cause... de la gravité.

...Les occidentaux auraient grand tort de sous-estimer les aptitudes des pays Arabes à assimiler, à récupérer les technologies occidentales, ou simplement à court-circuiter ces technologies, en agissant ... autrement. Quand ces cabines d'avions ont été investies, on s'est demandé : "comment ont-ils fait pour amener à bord des armes ? Etaient-ce des pistolets en plastique ? Même pas. Trois hommes décidés peuvent se rendra maîtres d'un avion avec des ... cutters. Il fallait y penser. Qui aurait prévu une chose pareille ?
Le kamikaze, qui a d'emblée décidé de mourir, et qui ne respectera personne, aucune vie humaine, n'a besoin de rien. Le tout est de réussir à contraindre les pilotes à ouvrir la porte, en égorgeant les hôtesses, les unes après les autres.

- Je vous en prie, Mike, ouvrez, ils vont me tuer......

...Il existe des manuels de psychologie centrés sur les prises d'otages. Tout le monde sait "qu'il faut établir un contact, parlementer, négocier, user les nerfs de l'adversaire". Mais personne n'a pensé à écrire un manuel de psychologie destiné aux gens embarqués dans une opération kamikaze.
...Rappelez vous la guerre du Japon. Les Américains n'avaient pas prévu les kamikazes. Leur première attaque fit des ravages. La bombe A stoppa le phénomène. Entre les Japonais et les Américains : une incompréhension mutuelle. Avant l'attaque Japonaise, le Japon s'arme, s'enfle démesurément, se militarise. Les Etats-Unis réagissent avec un embargo, en se disant : "les Japonais n'ont pas de matières premières. Ils sont fichus....."
...Et c'est Pearl Harbour, pas prévu du tout, pourtant logique chez un peuple qui préfère mourir que de perdre la face. Du côté Japonais il exista peut-être la même inconscience :

- Si nous attaquons par surprise, sans préavis, et que nous envahissions toutes l'Asie, les Américains n'oseront pas se risquer si loin de leur territoire.

...Erreur, les yankees opérèrent une reconquête, île par île. Le Japonais n'avaient pas non plus prévu la bombe atomique. Les Américains emportèrent la reddition de l'Empire du Soleil Levant à l'aide d'un bluff.

- Nous vous donnons quarante huit heures pour vous rendre, sans conditions. Sinon nous détruirons une de vos ville chaque jour.

...Faux, ils n'avaient pas de bombes A en réserve. Mais le bluff fonctionna. Il y eut aussi, côté Américain, l'intelligence de comprendre qu'il ne faudrait pas toucher à la personne de l'empereur, en tant que symbole divin. Traduire Hiro-Hito en justice, le pendre comme un vulgaire criminel de guerre, comme on le fit avec des responsables Allemands à Nurembreg eût peut être été une erreur magistrale qui ne fut pas commise. Et pourtant, cela n'avait rien d'évident.

...Hitler ne pensait pas, dit-on, que les USA entreraient en guerre. Pourtant ils étaient intervenus, en 14-18. Il croyait aussi conquérir la Russie "en quelques semaines", mais il y eut Stalingrad, où se retrouvèrent bloqués des soldats Allemands en tenue d'été. L'histoire est pleine d'erreurs, de coups de dés, ratés ou réussis. Kennedy gagna un pari dangereux, avec l'affaire des missiles Russes implanté à Cuba. Mais l'opération de la "baie des cochons", dans cette même île, fut un échec, lié à une mauvaise évaluation de la situation.

...Les Américains comprennent-ils la géopolitique planétaire ? Ne sont-ce pas eux qui ont armé les Talibans, pour mettre les Russes en difficulté, sur ce terrain-là ? Or il est possible que l'addition à payer se révèle aujourd'hui exorbitante. Inversement, Schwarzkoff, après le rapide effondrement des troupes Irakiennes, était prêt à marcher sur Bagdad pour capturer Saddam Hussein, fut stoppé net dans son élan, sur ordre présidentiel. Parce que Saddam, à tout prendre, était peut être un meilleur rempart contre l'Iran qu'un fantoche installé par les Américains et soutenu par eux.

21 sept 2001 : Suite à une remarque d'Alexandre Berube, ingénieur Canadien : Clui-ci dit que les Américains n'auraient pas dès le départ armé les Talibans, mais que leur aide s'est portée vers les "Moujahidins", dès 1997, dans leur lutte anti-soviétiques. Il souligne également la versatilité des Américains, tant en politique extérieure qu'en politique commerciale. C'est sa vision du système Américain en général. Dans une émission d'Arte d'hier nous avons appris que l'Afganistan était un des plus puissants producteurs de drogue, en particulier d'héroïne, au monde.

...Dans ce texte, il est possible qu'il y ait des erreurs, éventuellement nombreuses. Je ne peux me fonder que sur des expériences personnelles, toujours subjectives, et sur ce qui m'est transmis par des medias, toujours sujet à caution. Je ferai mention de toute information, d'où qu'elle vienne. Pour me contacter . Je parle évidemment d'informations ou de remarques apportant quelque chose de concret, non de l'expression de simples opinions. Mon site n'est pas un forum.

...Le général Massoud est mort. Fantastique opération : deux faux journalistes se font exploser avec leurs caméras de télévision. Rendons-leur cette justice : l'imagination des terroristes est extraordinaire. Après les évènements récents, tout devient possible. Inversement, comment les intégristes musulmans osent-ils s'attaquer à un peuple qui fut le premier, et le seul, à utiliser par deux fois une arme nucléaire ? On les entend dire : "les Américains sont des lâches" (....).
La réponse "musclée" semble insoluble, inappropriée.On remarquera en tout cas une fait historique sans précédent, du moins dans notre histoire moderne : Bush a tous pouvoirs. De plus il dispose d'un "crédit" de plusieurs milliers de morts innocents. En outre, aucune puissance au monde n'est en mesure de menacer les USA, militairement, d'autant plus qu'il existe de fortes présomptions pour que les Etats Unis disposent d'un arsenal qui va "très au delà du nucléaire". Ayant maîtrisé le problème des armes de 4° génération, de très faible puissance et encombremement, en utilisant de l'antimatière stockée dans des cristaux comme détonateur, il est possible qu'ils soient capables de pulvériser massivement n'importe quelle région du globe, sans créer d'hiver nucléaire, avec une grappe de mini-bombes de la taille d'uine balle de golf. On voit mal les Russes prendre la défense des .. Afghans. Les Chinois ne sont pas prêts à peser sur le sort du monde. L'évènement médiatique le plus surréaliste a sans doute été de voir les Ayatollah Iraniens "condamner la violence".

...Que se passe-t-il sur cette planète ? On pourrait appeler cela le début de la troisième guerre mondiale, sous une forme que, comme d'habitude, personne n'avait été capable d'imaginer : une guerre... de religion, utilisant le terrorisme, "l'arme nucléaire du pauvre". Comme d'habitude, personne n'avait été capable de prévoir l'ampleur d'un tel phénomène. Il n'est pas sûr que les Américains comprennent réellement à quoi ils ont affaire.On peut douter qu'ils aient perçus qui sont les véritables tireurs de ficelles de toutes ces opératioons : le Mollah, les Ayatollah, le véritable pouvoir intégriste, qui est de nature essentiellement religieuse. Les occidentaux réagissent aussi avec leur culture et leurs lois. Bush parlait de "traduire des coupables en justice". Or les intégristes obéissent à une autre loi : la charria. Deux mondes situés à des années-lumière l'un de l'autre sont confrontés. La misère, les frustrations, les inégalités ont jeté des millions de gens dans les mains d'intégristes fanatiques, schizophrènes "recevant leurs ordres de Dieu". D'un autre côté les occidentaux, et au premier chef les Américains sont incapables de comprendre le sens même des mots "injustice", "inégalité", qui sont l'essence même de l'idéologie, des théories économiques de la libre concurrence et de la libre entreprise. Les uns revendiquent, sont dévorés par la haine, fille du désespoir, les autres sont prêts à dispenser une "charité", sans se rendre compte qu'il est urgent que l'espèce humaine commence à se percevoir comme une entité globale et non comme un patchwork de nationalités. Beaucoup de pays occidentaux ont aboli la peine de mort, alors que priver des gens de nourriture, de médicaments, leur interdire le recours aux mesure anticonceptionnelles, c'est déjà les condamner à mort.
...La guerre est déclarée. Cela signifie qu'elle prendra aussi une tournure économique. Les économies occidentales sont fragiles. Le pétrole reste un tendon d'Achille. Tout sera mis en oeuvre pour déstabiliser l'adversaire, pour susciter dans les pays occidentaux les désordres sociaux qui accompagneraient immanquablement une forte récession au plan économique et un décuplement du chômage, lequel exacerberait les manifestations des groupes d'extrême droite et jetterait éventuellement les musulmans résidant en France dans les bras d'intégristes venus d'une Algérie déjà en pleine décomposition et parfaitement capable de jouer un rôle de "base arrière".
...Inversement, les pays riches sont encore incapables d'envisager une globalisation des problèmes de la planète. La Mondialisation, de même que de grandes idées comme "L'Europe", chère à Robert Schumann, sont des mondialisations et des Europe de riches, conçues dans l'intérêt de ceux-ci et non dans l'intérêt des populations. Ce sont des projets de nature essentiellement capitaliste. Les concurrences entre pays permettent une pression sur les salaires et un décuplement des profits. A l'échelle des entreprises les gros dévorent les petits.

...Comment un Américain, champion du "laisser-faire", cher à Reagan et à Tatcher, pourrait-il imaginer qu'il en soit autrement ? Sa moralité, naïve, se confond avec cette vision du monde. Au mieux, dans les pays riches, envisage-t-on des actes caritatifs, alors que les problèmes sont infiniment plus graves.

...Est-il possible de dire quelque chose qui ne soit pas complètement idiot à propos des évènements récents ? L'âge de toutes les violences n'est pas prêt d'être révolu. Dans quelques années de vastes régions de la planète (sinon sa quasi-totalité) se retrouveront peut-être dans une situation à côté de laquelle la guerre de cent ans ressemblera à une vaste plaisanterie. Le chaos économique et monétaire est à nos portes. L''incompréhension planétaire est plus exarcerbée que jamais. En Israël, Juifs et Arabes règlent des comptes de plus de deux mille ans. Les Américains, quant à eux, doivent se percevoir comme des victimes totalement innocentes, alors que leurs twin towers, outre le fait d'abriter d'innocents courtiers et de braves mères de famille travaillant comme secrétaires étaient quand même (aussi) la forteresse de tous les J.R.Ewing. Dans l'esprit de l'Américain moyen, le Trade Center, c'était le colosse de la libre entreprise. Un colosse. aux pieds d'argile, apparement. Du Pentagone est aussi parti l'ordre de se débarraser du libéral Allende, qui avait fait l'erreur de recevoir Castro chez lui. Par la suite "en faisant discrètement disparaître quelques milliers de personnes" grâce à ses escadrons de la mort, Pinochet a débarrassé le Chili des "communistes" et les Américains, en retour, ont financé un essor économique sympathique. C'est la "Pax Americana".

...En 66 après Jésus-Christ, les Juifs se révoltèrent une dernière fois contre les Romains. La fantastique machine de guerre Romaine se mit en branle. Elle assiégea Jérusalem, qui tomba. Les Juifs avaient toujours été persuadés que seul Yaweh décidait du sort des armes. Les Romains, méthodiques, après avoir atteint le dernier bastion que constituait le temple, se mirent à démolir la forteresse Antonia, qui se dressait en périphérie (et qui avait abrité la garnison avec laquelle ils surveillaient les activités des Juifs, en contre-bas). Puis ce fut l'effrondrement. Au moment où les Romains avançaient vers le lieu le plus sacré pour les Juifs, les prêtres faisaient des sacrifices, dans l'enceinte du temple (que les Romains rasèrent par la suite), espérant un miracle de dernier moment.

La prise du temple de Jérusalem (extrait de la Bible en BD de J.P.Petit)


...Il restait la forteresse Zélote de Massada, jugée imprenable. Les Romains l'assiégèrent. Ils crucifièrent su le mur de circonvallation tous les juifs qui tentaient de s'en échapper. Puis ils construisirent une rampe de quatre cent mètres de long, qui leur permit de monter leurs béliers protégés des coups de l'ennemi à hauteur de muraille.

Construction de la rampe d'attaque de Massada (extrait de la Bible en BD de J.P.Petit)

...Alors les murs tombèrent. Les milliers de Zélotes retranchés se suicidèrent jusqu'au dernier, ce qui tendrait à prouver que la religion, en tant que moteur stratégique, ça ne marche pas à tous les coups. Les Américains sont loin d'être un peuple "dégénéré". Ils sont perplexes mais jeunes et combattifs. La façon dont ils font bloc est spectaculaire. .

...Ceci étant, les capacités de destruction accumulées, la dissémination des armes nucléaires (Inde, Pakistan, Israël et peut être dans des pays Arabes, sous forme d'armes de terrorisme), la dissémination des armes biologiques et chimiques, font que la donne a totalement changé, vis à vis de 39-45. De même, en 39, personne ne s'attendait à une guerre mondiale, à cette échelle. La notion même de "front" tomba complètement. En réfléchissant, la planète sur laquelle nous vivons a-t-elle les moyens de s'offrir une troisième guerre mondiale ? Est-ce bien raisonnable ? On peut en douter, quelles que soient les motivations des uns et des autres. Le coût d'une telle opération risque d'être sans le moindre précédent historique qui puisse lui être comparé. Nous, Européens, vivons peut-être, comme en 1939, pendant "la drôle de guerre" une situation "d'avant guerre" quasi-suréraliste. Le monde entier est peut être au bord d'un embrasement Apocalyptique.

...Une meilleure option, comme disait Luztiger, un Juif devenu Chrétien, serait "que change le coeur des hommes". Ceux-ci en sont-ils capables ? La misère et (ou) le fanatisme ont mangé la cervelle des uns. L'aveuglement règne chez les nantis, qui refusent de prendre conscience des injustices criantes, d'envisager qu'ils puissent porter une quelconque responsabilité. Dieu existe-t-il ? Si oui, je crois qu'on va avoir besoin d'un sacré coup de main.

..................................................................................................................................;14 sept 2001 Jean-Pierre Petit

20 septembre 2001

....On n'entend pas que des sottises, dans les medias, en particulier à la radio. J'ai entendu un homme sur Europe1 qui s'appelle, je crois, Guillaume Bigot. Là encore, on soulignait deux points. Le premier est que les extrêmistes auxquels les humains sont actuellement confrontés sont loin d'être des abrutis complets. Le second est qu'il suivent une logique qui a sa propre cohérence. Nous y reviendront plus tard. En règle générale, il y a quand même pas mal de voix qui s'élèvent pour dire "nous devons mettre fin à tous les intégrismes". Et, dans cette phrase, il fallait entendre aussi bien des intégrismes religieux que des intégrismes civils. On n'échappe pas à une adhésion pour un système de valeurs morales. Celles-ci sont réunies dans un ensemble appelé "loi" ou "lois" au pluriel. Les Taliban ont la leur, mais les gens de Wall Street ont aussi leurs lois. Bigot évoquait le procès qu'une société pharmaceutique occidentale avait intenté à des gens qui tentaient de fabriquer une sorte de clone d'un médicamentanti-sida, pour essayer de le rendre abordable pour les pays Africains, par exemple. La société s'abritait derrière des prises de brevets, une propriété industrielle, derrière des lois, assurant la protection de ses intérêts. Or, ajoutait Bigot, si la loi donne raison à cette société et si ces "pirates-biologistes" sont condamnés et si leur production d'un produit voisin est interdite, cela causera peut être un million de morts. Ce procès, c'est de l'intégrisme, un intégrisme à l'occidentale.

...Et Bigot d'ajouter : quelles sont nos valeurs morales, à nous, en Occident ? Sur quelle logique nous fondons-nous ? Les juristes qui débutent, à l'université, apprennent d'emblée la célèbre phrase "le droit n'est pas l'équité". C'est lourd de sens. Ainsi le droit, la "justice" peuvent donner raison à l'assassin, au bourreau, à l'affammeur, parce que ses actes sont "légaux".
...Il y a les lois reconnus par plusieurs pays et il y a les lois spécifiques de pays déterminés. Dans la sphère capitaliste, il existe des "paradis fiscaux", des "pavillons de complaisance", des "sanctuaires bancaires". Est-il possible de continuer à vivre ainsi ? La Suisse pourra-t-elle continuer à garantir aux clients de ses banques la confidentialité de leurs tractations, la possibilité d'héberger de l'argent sale, de provenance doûteuse ou destiné à des financements criminels ?

...Un autre point, évoqué lors de l'émission, nous ramènent aux idées du psychologue Français rené Girard (qui vit aux USA). Celui-ci met l'accent sur deux axes psychologiques important, en tant que moteurs des comportement humains. Il s'agit d'abord de la dualité "désir-haine" et du thème du bouc émissaire. Ches les gens défavorisés, depuis les gosses de nos banlieues jusqu'aux gens de favellas, des bidonvilles, tout est fait pour exciter leur désir. Grâce à la planétarisation des médias, ils peuvent être informés de ce qui se passe dans le reste du monde. Ils peuvent découvrir qu'aux USA il y a des hôtels de luxe, et même des bordels pour animaux de compagnie. Sur le plan de la sensualité, des gens qui vivent sous une contrainte de fer, découvrent qu'ailleurs le luxe le plus criant, la liberté sexuelle la plus débridée peuvent exister. Or chez eux, le moindre faux pas peut leur valoir la corde, la balle dans la tête ou même l'égorgement en public (reportage récent sur l'Afganistan sous la férule des Talibans). On imagine leur frustration et à la limite leur envie, consciente ou inconsciente, envie de sexe, de nourriture, de liberté, de consommation des choses les plus diverses. D'où cette pensée :" Je ne peux pas m'offrir tous ces plaisirs (car c'est bien le mot qu'il convient d'employer). Alors ceux qui peuvent s'offrir tout cela doivent être châtiés".

...Les pays riches se sont montrés extrêmement imprudents, en exhibant leurs richesses et leurs libertés. Ils sont aussi restés sourds aux hurlements des gens écrasés par toutes les misères. Dans l'émission d'Europe1, quelqu'un évoquait la réaction d'un lycéen, dans un collège Français, à qui on demandait une minute de silence à la mémoire des victimes Américaines et qui aurait alors dit : je propose qu'on consacre cette minute de silence à la mémoire de toutes les victimes de la violence et il cita des conflits inter-ethniques Africains qui avaient fait un nombre beaucoup plus important de morts, et dont personne ne s'était soucié. C'est bien de compassion qu'il s'agit. Mais qui a eu droit à la nôtre ? Ne s'est-elle pas montrée bien sélective ?

...L'Amérique est devenu le bouc-émissaire de toutes les frustrations. Elle sert de cible mais, ne nous y trompons pas, tous les pays riches sont visés, et responsables. Paradoxalement les émirs d'Arabie Saoudite ou ceux du Koweit passent à l'arrière-plan, eux qui dilapident des fortunes considérables dans un luxe grotesque. Mais "il pratiquent l'aumône" et surtout financent secrêtement l'armement des terroristes. La situation de Ben Laden le démontre de fait. D'autres opèrent ces financements de manière discrète, soit par conviction, soit parce qu'ils sont menacés.

...J'ai été extrêmement étonné de voir la réaction de Bush, d'après ce que j'ai entendu, entrant dans une Mosquée pour essayer de calmer le jeu, en disant, sauf erreur, "que le but de l'Amérique était de mettre fin à des violences et de punir des coupables, non de déclarer la guerre à l'Islam". Ce geste, politiquement fort et osé, semble inespéré.
...Actuellement, les Américains feront-ils l'erreur de créer une boucherie aveugle et sans nom? Il me semble que cela serait un grave erreur stratégique qui leur ferait perdre l'avantage payé au prix de cinq ou six mille morts civils. Bien sûr, demander à ds gens qui ont subi une telle blessure de conserver leur sang-froid, c'est facile à dire. Aujourd'hui (20 septembre) des discussions auraient lieu entre digniraires religieux Talibans. Certains suggéreraient que Ben Laden quitte le pays "de son plein gré". Mais si aucune information n'est donnée sur le pays qui alors, l'hébergerait, quelle garantie aurait-on que l'homme aurait effectivement quitté le pays ? Ces mêmes medias disent que tout dépendra par la suite de la décisin du Mollah Omar. Si on cautionne les actes d'un homme, on lui donne l'asile politique. C'est ce que les Talibans avaient fait jusqu'ici. Si Ben Laden se touve contraint de quitter le pays, cela ferait de lui un hors-la-loi. Qu'il soit ou le véritable responsable des attentats est à la limite secondaire. Il a suffisamment multiplié les déclarations médiatiques prônant les attentats visant des victimes civiles pour s'être identifié à l'image de ce terrorisme suicidaire. Ben Laden n'est plus un simple individu, mais un symbole. En lui demandant de quitter leur pays, les Talibans le déjugeraient, se refuseraient à se montrer "caution-solidaire" avec lui, le prix à payer pouvant s'avérer trop élevé. Mais le feront-ils ? Et si c'est le cas, maintenant, quel accepterait officiellement d'accueillir cet homme ? Il est facile de hurler dans la rue que c'est un héros, moins facile de se mettre en situation de prendre des éclats de la grenade qui pourrait le frapper.

...Nous sommes sur le fil du rasoir. Nous sommes, historiquement, face à des choix essentiels. Rien ne pourra plus être comme avant. La donne stratégique a changé. Les pays riches ne peuvent plus laisser les pays pauvres agoniser, être ravagés par le sida, la faim, insulter la pauvreté en affichant le luxe. Il y a plus de vingt ans, un Américain, ou deux auteurs Américains (il y a des fous partout) avaient publié leur propre analyse de la géopolitique en empruntant des expressions extraites de la médecine militaire de terrain. Quand un affrontement a eu lieu, les médecins passent sur le champ de bataille et effectuent un tri rapide, en fonction des possibilités d'évacuation et de traitement. Toutes les armées du monde, même les plus sophistiquées, n'ont pas des équipes de réanimation à leur disposition pour chaque blessé. Ainsi, rappelaient ces auteurs, les médecins aposent-ils des étiquettes sur les blessés en les classant par catégories (éventuellement à l'aide d'un code). Une des catégories est "shall not survive" (ne survivra pas). Celui-ci : inutile de s'en occuper, d'essayer de l'évacuer. Tout au plus quelques doses de morphines pour abréger ses ouffrances. A l'autre extrêmité, les "walking wounded" (blessés, mais pouvant marcher). Entre ces deux extrêmes, toute une palette. Les deux auteurs Américains s'étaient servi de cette classification pour analyser les situations des différents pays. L'Inde, autant que je me souvienne, était classée parmi les "shall not survive", étant donné la très forte natalité. Et le tout à l'avenant.
...Il est vrai qu'il se publie... n'importe quoi de par le monde et que les Américains n'ont pas l'apanage de la sottise humaine. Je cite simplement cette anecdote pour situer le niveau d'aberration que la "pensée humaine" peut parfois atteindre. La classification nazie comprenait des "sous-hommes", parmi lesquels étaient rangés, en bloc, les Slaves. Les Juifs devaient être exterminés. Mais les Slaves devaient céder leurs terres aux conquérants Aryens et leur servir d'esclaves. C'est avec de tels préceptes qu'Hitler lança ses hordes vers l'Est. Von Paulus, général en chef, reçut des consignes à distribuer dans les unités. Les soldats Allemands ne devaient pas hésiter à supprimer les prisonniers et à éliminer des populations civiles, si celles-ci pouvaient représenter une gêne, un poids, ou un risque dans leur action. Hitler espérait ainsi terroriser ces "sous-hommes", amener les Soviétiques, au départ extrêmement désorganisés, que l'opération "Barberousse" avait pris totalement de court, à un effondrement plus rapide. Or le résultat inverse fut obtenu. Sachant quel sort leur értait réservé, les Soviétiques se battirent jusqu'à la mort, pratiquèrent la technique de la terre brûlée, ravageant leur propre pays. Il n'y eut pas de commandos suicides (le concept n'avait peut être pas été encore inventé) mais des unités défendirent leur carré de terrain en se faisant tuer jusqu'au dernier. Et il y eut Stalingrad. Les Allemands espéraient ouvrir la route vers le pétrole de Bakou, dont ils avaient urgemment besoin. Ils ne purent passer et cette défaite marqua pour eux le commencement de la fin.

...La situation actuelle démontre une chose : la brutalité, l'égoïsme, qui poussent les peuples au désespoir (et dans les bras des intégristes) ne payent pas. L'arme terroriste est redoutable sur deux plans. Un : les auteurs ne sont pas localisables. Deux : les pays pratiquant des actions terroristes peuvent infliger aux pays riches des dommages plus importants que ceux qu'ils subissent. En matière de terrorisme, nous n'avons encore rien vu. Techniquement, tout est possible. Un des participants à l'émission d'Europe1 faisait remarquer qu'un avion de ligne bourré de kérozène avait un pouvoir destructeur cent ou mille fois supérieur à celui d'un missile de croisière. Or, pour transformer cet avion civil en bombe il aura suffi de quelques cutters.
...Bien sûr, des mesures vont être prises. On mettra des doubles portes dans les avions, avec un sas. Mais d'autres choses suivront. Pourquoi pas une bombe atomique dans le tunnel sous la Manche ? Si le terrorisme suicidaire se généralise, les gens n'oseront plus prendre un transport en commun. Si cette angoisse se traduit par une flambée de racisme, par des lynchages, tout deviendra incontrôlable.

...Il y a des gens qui profitent des guerres. Rappelez-vous le conflit Iran-Irak et les nombreuses sociétés Européennes qui fournissaient... les deux belligérants en obus, mines, etc. Rappelez vous ces spécialistes, mercenaires-scientifiques occidentaux, dont Saddam Hussein s'était assuré à grand frais le concours. Les "Grands" ont joué aussi à ce jeu. Les Russes ont soutenu des pays Arabes, les Américains ont soutenu les Talibans. Aujourd'hui, de toute évidence, ce jeu est devenu éminemment dangereux, l'allié d'hier pouvait devenir l'ennemi de demain, éventuellement en sous-main. Il est même devenu dangereux de s'acharner sur un adversaire. Les Américains ont mis les Russes à genoux économiquement, c'est un fait. Ceux-ci, qui ne pouvaient s'offrir de front "le beurre et les canons" se sont effondrés. On a dit qu'il y avait eu des aides économiuques, qui avaient disparu entre les mains de la maffia de l'Est. Possible. On passe difficilement d'une "économie planifiée", d'un fonctionnariat généralisé à une économie de marché. Une reconversion était a priori extrêmement délicate. Le résultat, c'est quoi ? L'Empire ex-Soviétique s'est fragmenté en ethnies incontrôlables. La maffia Russe est partout. Certaines ethnies ont des armes nucléaires, des missiles. Mettez-vous aussi à la place d'un Russe qui voit son pays ravagé, qui voit ses filles transormées en prostituées dans la gare de Moscou, et à qui un intégriste propose l'achat de quelques secrets techniques liés au nucléaire, voire de dispositifs opérationnels. Mettez vous à la place d'un Sud-Américain qui voit son pays pillé par ces entreprises style "United Fruit". A ces pays-là, l'Amérique est prête à envoyer des hélicoptères de combat, pour lutter contre les narco-tranfiquants. Il aurait peut être mieux valu assurer leur développement en créant des ensembles routiers permettant aux paysans d'acheminer leurs productions. Il aurait peut être mieux valu, quand c'était encore temps, soutenir leurs économies en leur fournissant des équipements leur permettant de se moderniser, en leur achetant leurs productions, même si, vis à vis des équivalents Américains, celles-ci étaient "non-rentables".

...Courte-vue, partout. Sur le simple plan de l'intelligence, c'était une erreur. Ne parlons même pas de "valeurs humaines" puisque ces mots ne sont pas encore passés dans les moeurs.

...Le monde Arabe est gigantesque. C'est aussi une poudrière. Les occidentaux ne pourront jamais tuer trois milliards d'individus. Ceci étant, les Arabes ont un point faible, stratégiquement : ils n'ont pas de "base arrière". Ils n'ont pas d'industrie lourde, de source autonome de haute technologie. Si les Russes décident de refuser d'envoyer des pièces de rechange à Khadafi, en deux ans son aviation sera clouée au sol, même s'il nage dans le pétrole. Si les pays technologiquement développés décident de couper aux pays Arabes tout accès aux autoroutes de l'information, et si personne ne leur vient en aide, ça n'est pas en attachant des messages aux pattes de rapaces qu'ils pourront combler ce vide. Sans satellite, plus de propagande, même plus d'information. L'information est devenue une arme, aujourd'hui. Les terroristes auraient, paraît-il, utilisé largement le Web pour planifier leurs actions. Mais que se passerait-il si le monde Arabe se voyait privé d'ordinateurs, s'il se trouvait exclu du monde du Web ?

...Cette situation est étrange et nouvelle. Jusqu'ici, le rebelle avait toujours une base arrière quelque part, une source d'approvisionnement. Aujourd'hui, qui assurera le soutien logistique des intégristes ? Pour couper leur soutien financier il faudrait s'en prendre aux paradis fiscaux, dont les spécialuistes disent que la moitié des transactions financières passeraient pas ces canaux d'une totale opacité. Or, si les occidentaux, qui profitent de ces structures, ne s'attaquent pas celle-ci, vraiment, ces cloisons étanches empêcheront les enquêtes de progresser. A l'inverse, la levée du secret permettrait de remonter rapidement aux sponsors des actions criminelles. Bush, au moment de son investiture, s'était refusé à s'en prendre à cette "liberté des pays de choisir son système fiscal". Changera-t-il d'avis ?

...Simple digression qui ne doit pas nous faire perdre de vue le problème essentiel : mettre l'éclairage sur tous les intégrismes, religieux ou... laïcs, sur toutes les formes d'oppression, d'exploitation, d'escroquerie et de pillage. Les responsables politiques (et religieux) sauteront-ils ce pas, accepteront-ils de reconsidérer les conséquences des "textes fondateurs" qui servent de base à leur "civilisations" ? Le monde entier retient son souffle.

21 sept 2001 :

Hier, alerte au virus. Cible visée : les systèmes bancaires et les systèmes de gestion des entreprises. Le coût aurait été, paraît-il, particulièrement important. En fait, la guerre informatique existe, potentiellement. Les Chinois ont annoncé ouvertement qu'ils comptaient investir puissamment dans cette direction. L'expérience a montré que n'importe qui pouvait avoir accès à pratiquement n'importe quoi, n'importe où, à partir de n'importe quel point du globe (dont un de ces célèbres "cybercafés"). La défense des systèmes repose sur les stockages multiples de données dans des unités déconnectées du réseau (CD-rom). Dans le cas de l'attaque récente de banques et d'entreprises, il a fallu du temps pour identifier le virus. Son programme avait déclenché des transactions bancaires anarchiques, de compte à compte. La parade a consisté à à remettre les systèmes dans un état antérieur, en utilisant les stockahes sur CD-Rom après avoir vérifié que le virus avait été éradiqué. Un virus ne se propage que quand l'ordinateur fonctionne. Il saute, de proche en proche, de fichier en fichier et comme tout virus, se duplique ailleurs, exponentiellement. Nous avons tous subi de telles attaques, plus ou moins violentes. La première chose que nos logiciels anti-virus proposent c'est "une mise en quarantaine des fichiers infectés". Les dommages financiers que subissent entreprises et systèmes bancaires chaque année sont considérables. Dans ce domaine, la discrétion est de mise, sinon la fiabilité de telles structure serait aussitôt remise en cause. L'arsenal juridique, répressif, a une efficacité qui dépend du nombre de délinquants. En nombre trop élevé, ils créeraient un mouvement impossible à réprimer. On soupçonne d'ailleurs les société vendant, à un prix relativement modéré, des logiciel antivirus, d'en produire eux-mêmes. Mettant la maladie en circulation, ils conforteraient leur efficacité en mettant aussitôt sur le marché "le médicament". Ceci impose une remise à jour des logiciels antivirus, très bon marché (30 F par an). Mais personne ne saurait s'y soustraire. Les logiciels antivirus sont difficilement "piratables". De plus leur prix relativement modique en font des accessoires aussi banalisés qu'une souris ou qu'un lecteur de disquette. Il est moinscompliqué d'acheter pour 500 F un logiciel antivirus que de s'échiner à le pirater et de courir après les dernières versions.
... Le système commercial, bancaire et industriel, utilise les transferts "d'argent électronique" intensivement. Une attaque virale généralisée pourrait à la limite saturer les possibilités de défense. Mais l'arme est à double tranchant. Les financiers des attentats sont pour beaucoup des spéculateurs. Ceci étant, il est possible que cette attaque récente soit le signe avant-coureur de l'accentuation du phénomène. On pense d'ailleurs que les informaticiens des pays de l'Est auraient fait figure de pionniers en matière de création de virus, celui-ci devenant "l'arme informatique du"pauvre", de même que le terrorisme a été comparé à "l'arme nucléaire du pauvre", le premier visant la désorganisation des paradis bancaires et commerciaux occidentaux, le chantage, l'extorsion de fonds ou la désorganisation de vastes systèmes de défense.

27 septembre 2001

...Les Etats-Unis viennent de lancer une opération "justice sans limite" (infinite justice). Le 23 sept lors d'une émission de télévision (Capital) se trouvaient confrontés notre actuel ministre des finances, Laurent Fabius et un enquêteur Suisse qui milite de longue date pour la transparence fiscale. Je n'ai pu capter que la fin de l'émission. Toujours est-il que ce Suisse souriait devant les déclaration du sieur Fabius, lequel prétendait déceler dans les sphères politiques, et pour la première fois, "un début de volonté" pour que la clarté soit faite sur l'argent sale, les paradis fiscaux, etc. Et le Suisse de rétorquer sans ménagements :

- Je ne crois pas à une telle évolution, ni en matière de transparence fiscale et financière, ni en matière d'extraditions. La moitié des transactions financières actuelles passent par ce système des paradis fiscaux (et de montrer une cartes où la Mer des Caraïbes, entre autre, semblait constellée de lieux paradisiaques de ce genre. Lorsque Bush était devenu président, il avait tout de suite annoncé la couleur en déclarant "que les pays avaient le droit de choisir les systèmes fiscaux à leur convenance"). Or le grand banditisme international, les cartels de la drogue (dont l'Afghanistan est le premier producteur mondial) et le terrorisme utilisent ces circuits, qu'ils connaissent à fond. Monsieur Fabius, vous savez très bien qu'en France n'importe qui peut se faire ouvrir demain un compte bancaire dans n'importe quelle banque, dont les titulaire pourrait avoir une domiciliation "off shore " (hors des eaux territoriale). Il reste impossible de remonter, juridiquement, aux réels "ayants droits" des comptes et on ne peut savoir qui sont les réels donneurs d'ordres.

...Autrement dit, si on peut avoir accès aux volumes des transactions elles-mêmes, aux montants des avoirs, on ne peut pas savoir qui se cache derrière quoi. Tout notre système bancaire planétaire s'abrite donc derrière des murailles de secrets qui sont autant de complicités actives. Il est impossible d'imaginer que ce système pourrait changer d'un coup, car tout le monde s'y trouverait aussitôt mouillé. A la limite, des politiques qui réclameraient haut et fort "que toute la lumière soit faite" recevraient immédiatement un choc en retour révélant des détournements de fonds ou des circuits peu reluisants concernant le financement de nombreuses opérations, ne seraient-ce que celui ... de leur campagnes électorales. Il est plus facile d'envoyer des boys en Afganistan que d'aller mettre son nez dans les comptes de l'internationale financière mondiale.

...Un second point concernait des précisions qui étaient données à propos du gazoduc destiné à acheminer le gaz naturel, récemment découvert en abondance au sud est du Turkménistan, près de la ville de Mary. Voir la carte ci-après :

...Celle-ci permet de voir comment les différents pays se trouvent enclavés, imbriqués les uns dans les autres, dans cette région du monde, les "Balkans de l'Asie". Au center, l'Afghanistan avec deux de ses villes : Kaboul et Kandahar. Problème : comment acheminer ce gaz naturel vers les pays consommateurs, les "pays clients", essentiellement les pays occidentaux.

- Par le nord, c'est à dire par la Russie, rongée par sa maffia, de plus en plus instable et incontrolable ? Non.

- Par l'Iran ? Impensable.

...Restait la route sud, passant à travers l'Afghanistan et le Pakistan (voir trajet fléché).

...Le Pakistan était tout à fait preneur parce que ce transit du gaz sur son terrtoire pouvait lui assurer une ressource en énergie et qu'il constituerait également une source de revenus, sous forme de royalties. L'Afghanistan est un véritable patchwork d'ethnies. Il s'est trouvé que celle constituée par les Talibans se trouvait sur le trajet du gazoduc, au sud-ouest du pays. Les grands capitalistes sans visages ni nationalités, l'internationale capitaliste, a donc décidé que le pouvoir politique tomberait entre les mains des Talibans. Si le commandant Massoud, récemment assassinés par une action terroriste-kamikaze avait occupé le sud-ouest de l'Afghanistan, ce rôle lui aurait été dévolu. Hélas il campait à l'est du pays. On voit donc à quoi tiennent les choses. Les capitalistes de tous pays (par quel autre nom pourrait-on les désigner ?), totalement aveuglés par leur recherche de profits, semblent passer totalement à côté des possibles contre-coups politiques. La France a jadis donné refuge à l'Ayatollah Khomeny, à Naufles le Château. Pourquoi ? Pour jouer sur différents tableaux et espérer peut être un jour, si celui-ci devenait chef de l'Etat Iranien, récupérer en retour un petit quelque chose sur le tarif du pétrole ?

...Allez donc savoir.

1° Oct 2001

...J'ai des doutes sur le caractère accidentel de la catastrophe de Toulouse. La coincidence est quand même très troublante. Rien ne semble plus facile que de faire sauter un tel dépôt de nitrate d'ammonium (ou une citerne d'hydrocarbure, ou n'importe quel entrepros à risque majeur, de ce type). Deux solutions : tirer une roquette avec un vieux LRAC (Lance Roquette Anti-Char) de récupération, sans système autodirecteur. On ne compte pas, en France, les sites entourés d'habitations qui sont entièrement vulnérables à de tels tirs, surtout si l'arme est manipulée par un homme qui se moque de sauver sa propre vie. A propos des sites nucléaires, on a pensé à ce type d'attentat. La cuve contenant les produits radio-actifs est elle-même entourée d'une enceinte de béton. Par contre l'ensemble est totalement vulnérable à un impact d'avion de transport, étant donné que nos installations nucléaires ont été dimensionnées de manière à pouvoir encaisser l'impact d'un avion de ... 9 tonnes.

...En revenant sur le drame Toulousain : cette explosion aurait aussi très bien pu être déclenchée à distance, par radio, après qu'un complice ait placé contre cette installation une charge d'apparence banalisée, éventuellement avant l'attaque perpétrée le 11 septembre contre les twin towers, à une époque où personne n'aurait pu se douter qu'une telle action puisse être entreprise.

29 octobre 2001

Les semaines s'égrennent. Vu hier une émission à la télévision, assez bien faite. La conclusion n'est guère encourageante. Lorsque les Soviétiques se sont trouvés en difficultés, avec un soulèvement en Afghanistan, les Américains ont simplement souhaité se venger de ceux qui, dans le passé, avaient aidé leurs ennemis communistes, en particulier au Vietnàm, qui n'aurait pu venir à bout des B-52 sans une aide extérieure. La phrase exacte était "nous voulions faire saigner l'Amérique". Les Afghans, rebelles contre Moscou, ont donc bénéficié d'armes très rapidement et en grand nombre. Pour ce faire les Américains ont utilisé le Pakistan où, disent des responsables de la CIA, jamais plus d'une demi-douzaine d'Américains se sont trouvés présents, qui ont fait transiter plus d'un milliard de dollars d'aide militaire hi-tech. Les Soviétiques se sont donc assez rapidement trouvés en difficulté. Cette situation s'est aggravée lorsque les Américains ont pris la décision de fournir en masse aux Moujahidines des missiles autoguidés par infrarouge Stinger, à la fois très sophistiqués et simples d'emploi, capables d'attendre sans coup férir un hélicoptère de combat Soviétique à trois mille mètres de distance. Du jour au lendemain, les Soviétiques perdirent la maîtrise de l'air et furent donc dans l'incapacité de fournir un appui sol à leurs troupes motorisées, qui furent décimées dans les étroites vallées des contre-forts montagneux Afghans, propices aux embuscades. A ce jeu-là, la partie était perdue d'avance.
Un ancien membre des services secrets Pakistanias montra, à l'occasion de cette émission, une cassette viédo sur laquelle on voyait, en visite exceptionnelle, le directeur même de la CIA, coiffé du classique bérêt Afghan, venu se rendre compte sur place, avec une visible satisfaction, des dégâts infligés aux Soviétiques.

Au fil de cette émission, on apprend nombre de choses importantes. Il existertait, paraît-il, un "texte du prophète", sur lequel s'appuient les intégristes Saoudiens, selon lequel nul soldat d'une armée étrangère ne saurait séjourner en "Terre Sainte". Or, au moment de la Guerre du Koweit, ce fut une nécessité. Ménageant la chèvre et le chou, le roi Fouad avait signé un protocole selon lequel, à l'issue de l'intervention, les Américains repartiraient. Or deux-ci, négligeant le souhait du Prophête, restèrent sur place. D'où un nouveau sujet de colère suite à une violation d'un traité à implications religieuses, dont nous, occidentaux, aurions bien du mal à mesurer l'impact.

Les questions de gros sous furent évoquées. Les spécialistes admirent qu'en matière de politique étrangère, l'Oncle Sam ne faisait guère de différence entre la géopolitique et les intérêts de J.R.Ewing, menant ainsi souvent une politique à courte vue. la question du passage du gazoduc, déjà évoquée ici (voir carte) paraît centrale. Mais, outre cette découverte de gisements de gaz au Turkmenistan, c'est en fait l'ensemble de la région qui se présente de plus en plus comme un second "moyen-Orient", riche de toutes sortes d'hydrocarbures et à fort peuplement Islamique. Il semble qu'un caprice du destin ait fait que si on excepte les champ pétrolifères Texans ce serait surtout dans des régions à forte présence Mulsulmane que l'or noir aurait choisi de fleurir. Quand les Soviétiques décidèrent de se retirer d'Afghanistan, les Américains en furent satisfaits mais ne firent strictement rien pour aider ce pays, ravagé par dix années de guerre, à se reconstruire. Celui-ci fut alors le siège de conflits tribaux sanglants, dont personne ne se soucia, jusqu'à ce qu'on apprenne, de très loin, que des gens appelés "Talibans" avaient investi Kaboul, après un long siège et une guerre civile sans pitié. Un régime "fort, majoritaire", selon une appréciation Américaine de l'époque, dont le territoire avait de plus le bonheur de se trouver sur le passage du futur gazoduc. Tout était donc pour le mieux dans la meilleure des géopolitiques possibles.

Lors de l'émission on apprit que les Américains, qui venaient de subir plusieurs attentats de la part d'un certain Ben Laden, avaient pendant de longs mois tenté de négocier avec les ethnies Afghanes, et les Talibans, et ce bien avant les attentats du 11 septembre 2001. Ils souhaitaient que ces derniers leur livrent le célèbre terroriste, "en échange de quoi une aide financière substantielle pourrait irriguer le pays". Au début de 2001, lors d'une de ces réunions très informelles, en Allemagne, le Talibans ne vinrent pas. Le Américains firent alors planer la menace d'une intervention militaire, selon un Pakistanais, présent lors de ces rencontres (alors que ce fait fut par la suite démenti par un "responsable" Américain). Des experts revinrent par la suite sur l'évaluation de la fortune personnelle du milliardaire Saoudien en mettant en doute le fait qu'il puisse à lui seul financer tant de choses d'envergure. Ce qui semble de plus en plus évident c'est que l'Arabie Saoudite, Wahabite (une tendance Ilsamique dure qui, bon an, mal an, opère dans les soixante dix décapitations au sabre de criminels, et cloître ses femmes, appliquant ainsi la charria), soutiendrait les mouvements intégristes en sous-main, en utilisant avec art les systèmes bancaires étanches précisément mis en place par les nations capitalistes elles-mêmes.

Ce qui semble surréaliste, c'est l'absence de réalisme des Américains, hélas légendaire, dans leurs appréciations de géopolitique. Ils sont alliés avec des gens qui, visiblement, les trahissent ou ne demandent qu'à le faire. On les a vus sympathiser avec leurs ennemis mortels d'hier, les Russes. Les voilà en Chine. Une journaliste nous disait que dans le Moyen-Orient actuel les ..Iraniens pourraient constituer pour eux des alliés potentiels, étant donné que ceux-ci ne s'entendent guère avec les... Talibans, pour des questions ethniques et religieuses. Personnellement, nous sommes convaincus que la composante religieuse, en tant que ferment puissant dans un inconscient collectif musulman, toujours des plus fertiles et turbide, reste sous-estimée par les Américains, et les Occidentaux en général. Pas plus que la lutte des classes, les théories de la libre entreprise et de la démocratie parlementaire ne sont peut être pas la clef d'analyse de toutes les situations d'une planète en proie à de puissantes dischronies.

9 Novembre 2001

L'Amérique souffre, et nous compatissons. Qui pourrait ne pas s'émouvoir du drame atroce qu'elle a connu le 11 septembre 2001? Mais, le médias nous l'ont parfois montré, il existe beaucoup de drames dans le monde dont on ne parle pas. Il y a des régions où on tue des gens à la machette, pour économiser les balles, d'autres où la faim fait simplement son oeuvre. Il y a eu plusieurs génocides. Des génocides de droite et des génocides de gauche, en attendant les génocides du centre, les génocides modérés.
Ca n'est pas bien de crier "haro sur le baudet !", de fustiger ceux qui payent lourdement leurs erreurs. On devrait simplement se demander, si on arrive une fois de plus à redresser une situation très difficile, à passer au travers, comment ne pas rééditer ces erreurs du passé.
Il y eut, au Chili, un homme qui s'appelait Salvator Allende. C'était un homme honnête, un homme de bien, un démocrate. Mais, pour un JR Ewing, un tel homme semblait difficilement contrôlable. L'honnêteté est toujours inquiétante car elle ne se monnaye pas. Un jour, Allende reçut Castro : une erreur politique majeure, rencontre qui inquiéta fort JR Ewing. "Voilà un communiste !". Le communiste est le Grand Satan pour un Américain. Qu'est-ce qu'un communiste ? Si vous le demandiez à un américain croisé dans la rue d'une grande ville, ou rencontré au fin fond du Middle West, il ne serait sans doute guère capable de vous répondre. L'Amérique est manichéiste. Les pays qui tendent à lui ressembler sont par essence des pays démocratiques, "épris de liberté". Ceux qui semblent se détourner du modèle américain sont d'emblée suspects, potentiellement susceptibles de se transformer en "pays communistes". Cela s'arrête là. En fait l'homme de la rue, aux USA, est fondamentalement incapable d'imaginer une seule seconde que "l'american way of life" puisse ne pas être le modèle vers lequel tout être humain censé devrait tendre. Dans l'esprit de tout américain le pays où il vit est le symbole même de la liberté. D'ailleurs une statue qui symbolise cela se dresse à l'entrée du port de New-York. Du temps où on arrivait sur ce Nouveau Monde par bateau, c'était la première chose que l'émigrant, ou le touriste, voyaient surgir à l'horizon. Une vision saisissante, pour qui a eu cette chance, avant que les avions transatlantiques ne la fassent définitivement disparaître.

Après la guerre, l'Europe a connu le plan Marshall. L'Allemagne de l'ouest en a bénéficié. Après avoir été ravagée par les bombes, elle put se reconstruire, pour devenir par la suite une puissance économique de premier plan. On ne la condamna pas, comme dans le traité de Versailles, à payer des dommages de guerre écrasants. L'Amérique distribua des cartes aux joueurs et leur fournit une petite pile de jetons pour qu'ils puissent se refaire. C'était aussi un geste indispensable pour éviter que ces pays ne soient attirés par le chant des sirènes des pays de l'Est. On peut dire que cela fonctionna.

Côté Amériques, au pluriel, on avait laissé des choses traîner. Cuba est très près de Miami et on sait que cette ville a été de longue date, avec quelques autres, un fief de la pègre américaine, de la maffia. Cuba était donc devenu un lieu de villégiature pour maffieux. Un ancien sergent, Battista, leur ouvrait toutes grandes les portes de son pays. L'île était le lieu de toutes les corruptions, de tous les rackets. Par exemple les revenus du péage de l'autoroute la Havane-Santiago de Cuba, qui longeait l'île, était automatiquement encaissé par la propre femme de Battista, laquelle affectait cet argent à l'accroissement d'une garde robe déjà imposante.
La Havane était le bordel de l'Amérique. Il n'y avait pas une famille de la ville qui n'eût une fille sur le trottoir. Et puis vint un certain Fidel Castro, un bon bourgeois, ancien avocat, qui prit le maquis, s'imposa comme un symbole de révolte pour tout un peuple. En face : rien de sauvable, de présentable. Battista était toujours testé un sergent minable. Un jour, tout bascula. La Havane tomba comme un fruit mûr. Presque tous les notables cubains filèrent après que les maffieux américains aient pris le large les premiers, dans leurs vedettes ou dans leurs avions personnels. Cuba se retrouva du jour au lendemain sans médecins, sans ingénieurs, sans techniciens et... sans pièces de rechange. Que se passa-t-il alors ? Les cubains se tournèrent vers les seuls qui leur proposèrent de l'aide : les russes. C'était cela ou crever de faim. L'Amérique se retrouva donc avec un pays communiste à ses portes, à moins cent miles de ses côtes.
La CIA fut alors mise à contribution. On monta un plan, qui consistait à faire croire à l'opinion publique internationale que le peuple cubain, écrasé par la dictature de Castro, se révoltait. Miami n'était pas loin, mais faire partir l'opération de cette partie de la côte américaine ne semblait pas être un bon plan. On choisit alors de faire partir le commando, constitué par mille six cent cubains exilés aux USA, du Nicaragua.

Ils arrivèrent en canots à moteur avec, en soutien, un petit nombre de barges de débarquement, amenant de vieux chars Sherman. Ce fut l'opération de la Baie des Cochons, au centre et au sud de l'île, là où celle-ci est fort étroite. En toute logique ce commando de débarquement devait pouvoir rapidement installer une tête de pont. Puis une partie de la population, que les experts de la CIA disaient avoir sondée, devait soit rejoindre ce groupe, soit assister passivement à ce débarquement, dont le but essentiel était de couper l'île en deux : Santiago à l'Est, la Havane à l'ouest. Quelques jours devaient suffire à justifier l'envoi d'un corps expéditionnaire, constitué de Marines, pour soutenir la contre-révolution cubaine. De plus, il ne faut pas oublier que, révolution ou pas, les américains disposaient (et disposent toujours) de la base navale de Guatanamo, au sud est de l'île.
Mais les choses ne se passèrent pas du tout comme les experts l'avaient prévu. Castro trouva dans la population cubaine un soutien immédiat et massif, en lançant un simple et vibrant appel à la radio : "venez défendre votre révolution !". Il envoya quelques vieux chars T-34 russes. Des camions amenèrent des volontaires en :masse, sur place, porteurs d'un armement hétéroclite et même, souvent, de rien d'autre que d'une perche de bambou taillée pour en faire une lance. Les commandos calèrent, non devant la supériorité stratégique de leurs adversaires, mais devant leur nombre. Ils déposèrent les armes devant une fourmilière humaine. Sur les 1600 hommes du commando, 1500 furent faits prisonniers au bout de 72 heures.
Médiatiquement parlant, pour les USA, la suite fut positivement catastrophique. Non seulement Castro ne fit pas fusiller ou pendre ceux que les cubains avaient surnommés les "guzanos" (vermine), mais ils les revendit aux familles de cubains émigrés contre leurs poids en médicaments ou dix mille dollars par bonhomme.



Cienfuegos

On comprend alors pourquoi l'Amérique fut traumatisée lorsqu'elle assista à la montée d'un socialisme chilien dont le leader était Allende. Cette fois, le mouvement de déstabilisation fut plus correctement préparé. La CIA pouvait compter sur une partie de la population chilienne, en particulier sur le syndicat des camionneurs. Les pays ont des systèmes économiques qui peuvent présenter des points de fragilité. Le système de communication chilien était un maillon faible, que les Américains surent habilement exploiter. Ils financèrent une grève des transporteurs chiliens, qui mit le pays dans une situation de stress économique complet. En parallèle des militaires, ayant à leur tête le général Pinochet, s'emparèrent du pouvoir. Allende fut tué en défendant, armes à la main, le palais présidentiel. Le Chili passa alors sous la coupe d'une junte militaire, avide de pouvoir. Pinochet élimina méthodiquement les opposants et les progressistes en les tuant, tout simplement. Grâce à ces assassinats il instaura dans le pays un équilibre très particulier, tandis que les Etats-Unis récompensaient un tel retour au bon sens par un afflux conséquent de dollars.
....Dans d'autres pays sud-Américains, une telle aide au développement ne fut même pas nécessaire. Après renversement des forces démocratiques en place et instauration d'un gouvernement fantoche, à la solde de la CIA et du département d'Etat Américain, le pays put être placé en état de néo-colonialisme (républiques bananières). Là encore, priorité était donné à la lutte contre l'implantation du communisme (impliquant ce que les Américains craignent le plus : la négation de la propriété privée). Dans le continent sud-Américain, le politique extérieure des Etats-Unis peut être considérée comme un succès. L'inégalité domine partout, laquelle, avec la complicité de pouvoirs militaires forts est garante de la stabilité politique.
Alors qu'elle prône la démocratie, l'Amérique s'en méfie comme de la peste, lorsque celle-ci tend à s'instaurer à l'extérieur de ses propres frontières. Disons qu'elle accepte à la limite qu'un pays devienne démocratique, à condition que celui-ci ne se ferme pas instantanément aux investisseurs américains, c'est à dire à un néo-colonialisme raisonnable. Si on laissait les pays bénéficier de l'exploitation de leurs richesses locales, où irait-on ? Il fut un temps où l'Egypte était encore "gouvernée" par un roi, un certain Farouk. Politiquement incompétent, celui-ci fut renversé par un groupe de militaires, menés par le général Néguib. L'Amérique laissa faire. Une junte militaire, en principe, se laisse corrompre assez facilement. Ce sont des gens qui acceptent les comptes en Suisse et avec qui on arrive en général à s'entendre. Mais l'Egypte passa vite sous le contrôle d'un nationaliste progressiste passionné : Abdel Gamel Nasser et l'Amérique se prit à regretter le bon vieux temps du roi Farouk. Pragmatiques, les Américains décidèrent d'apporter désormais leur soutien en Orient aux représentants politiques les plus conservateurs. L'Arabie Saoudite est un exemple de produit fini de cette politique. De même un appui américain important fut accordé au Shah d'Iran Reza Palevi. En sautant les années, on passe à l'appui américain accordé au régime des Talibans, déjà évoqué plus haut. Encore une fois, la priorité absolue était donnée à tout ce qui pouvait faire barrage au communisme. En ce sens, une aide à des régimes à forte assise religieuse avait sa logique : constituer un rempart contre un marxisme fondamentalement athée. Le problème gît dans le caractère potentiellement incontrôlable de certains régimes, comme ce fut le cas par exemple pour l'Iran. Dès que le Shah, pour raison de santé, fut contraint d'abandonner le pouvoir, l'Ayatollah Khomeny, dont nous, français, avions pris soin à Naufle-le-Château pendant des années, s'en empara aussitôt en transformant le pays en république islamique et en propulsant l'Iran dix siècles en arrière. En appuyant les régimes les plus conservateurs et les plus intégristes, les Etats Unis ont eux même forgé des armes susceptibles de se retourner contre eux, de la manière la plus violente qui soit : à travers le terrorisme. Nous en sommes là.

Lorsqu'il prend la parole derrière cet édifice de bois frappé de l'aigle américain, Bush a des côtés pathétiques, de même que les sénateurs yankees chantant, le lendemain des attentats du onze septembre "God bless America" : Dieu bénisse l'Amérique ! Lorsqu'il se trouve filmé dans son fantastique PC volant à haute altitude au dessus de l'Afghanistan, le secrétaire d'Etat à la Défense américain suggère encore l'incroyable naïveté américaine, comme si, d'un tel poste d'observation, bourré d'électronique, les yankees étaient incapables de voir les réalités du monde qu'ils survolent.

Nous vivons une époque-clef de l'histoire du monde, mais personne ne semble réellement comprendre la voie à suivre. Tout se passe comme si les forces en présence cherchaient à mettre en oeuvre les bonnes vieilles solutions. Malheureusement, on ne gagne pas à tous les coups, comme au Chili. On assiste alors à des chassés-croisés diplomatiques qui défient l'imagination, comme cette rencontre entre les dirigeants américain, russe et chinois. Chacun semble être à la recherche d'une recette qui pourrait fonctionner. Est-ce une affaire de haute technologie ? Qui faut-il acheter ? Sur qui pourrait-on s'appuyer ?

Stratégiquement, les américains semblent totalement dépassés et manquer totalement d'imagination. Ils naviguent (et bombardent) à vue. Ils recherchent dans les montagnes de l'Afghanistan celui qui leur semble être le responsable de l'attaque dont ils viennent d'être l'objet, sans réellement s'apercevoir qu'ils ont maintenant sur leur territoire quelques six millions de musulmans et que des congrès axés sur le Jihad international, réunissant les chef des factions terroristes les plus connues et les plus actives, se sont tenus sur leur sol même, tous ces gens ayant obtenu un visa d'entrée sur le territoire américain sans la moindre difficulté. Lors de ces congrès les propos les plus extrémistes ont été émis, de véritables appels au meurtre, en toute impunité puisqu' apparemment, parmi les vingt mille agents de la CIA en activité, aucun ne semble connaître l'arabe. Des associations "à but humanitaire" se sont mises à fleurir sur le sol américain à partir des années quatre vingt. Sur leurs papiers à en-tête, à gauche, en anglais : "Association d'aide aux orphelins palestiniens" et à droite, en arabe : "Comité de recrutement des guerriers du Jihad". Le tout était d'y penser.
Six mois avant l'attentat du World Trade center on arrête sur le sol américain un imam, meurtrier d'un rabin. Curieusement, ce chef d'inculpation ne sera finalement pas retenu contre lui, sans doute à cause d'une des multiples bizarreries des lois américaines. La police perquisitionne quand même au domicile de cet extrémiste religieux et saisit un grand nombre de notes écrites de sa main, en arabe. Pensant qu'il s'agit de documents "à caractère culturel" elle néglige de les faire traduire. Six mois plus tard, après les attentats meurtriers elle découvre, en prenant enfin connaissance de ces documents, que ceux-ci lui aurait permis de prendre la mesure des projets ourdis contre la nation américaine et même de comprendre quelles étaient les cibles retenues.

Revenons sur le terrain. Face aux guerriers Talibans, les américains semblent faire des erreurs semblables à celles qui leur firent perdre la guerre du Vietnàm, c'est à dire au premier chef de ne pas comprendre à quel type de guerre ils sont confrontés. Lorsqu'ils décidèrent de lancer une vaste opération de bombardement au Viet-Nàm du nord, avec les célèbres B-52, ils pensèrent que leur technique de bombardement en tapis allait mettre rapidement leur adversaire à genoux. Mais, encore une fois, les services de renseignements US ignoraient totalement les changements profonds qui avait été menés à bien par Ho Chi Mihn et le général Giap : à savoir la transformation de la quasi intégralité du pays en une vaste termitière. Hanoï, bien avant la chute des premières bombes américaines, était déjà devenue une ville quasiment souterraine, comportant des galeries s'enfonçant jusqu'à trente mètres de profondeur, associées à des systèmes d'aération. Ignorant ce point de détail les américains ne comprirent pas pourquoi l'écrasement d'un si petit pays avec un tonnage de bombes équivalant à tout ce qui avait été largué pendant la seconde guerre mondiale ne semblait pas amoindrir de façon sensible ses capacités de résistance et son moral. De la même façon quel américain serait à même de comprendre comment fonctionne un guerrier Taliban, pour qui il n'est pas de destin plus enviable que de mourir au combat, les armes à la main. C'est écrit dans le Coran : celui qui meurt "sur le sentier d'Allah", c'est à dire dans le Jihad, voit ses péchés du même coup effacés. Il accède alors à ce paradis si délectable, si sensuel, abondamment décrit dans l'ouvrage, un paradis où, dans un décor de rêve, soixante dix vierges pures, aux yeux baissés, les fameuses "houris", attendent le guerrier transfiguré, sous les ombrages. Dans un pays où la frustration sexuelle est intense, en dépit d'une polygamie instituée, comment rêver d'une meilleure fin ?
En 1944 les américains furent totalement dépassés par le "vent divin", autrement dit le phénomène Kamikaze. Dans les premiers moments de cette attaque totalement imprévue, la flotte américaine subit de très lourdes pertes. Heureusement pour les Etats-Unis, les choses étaient déjà trop avancées pour que cette riposte japonaise puisse réellement influer sur le sort des armes. La reconquête des îles avait mis le Japon à portée de bombardiers américains. Celui-ci se trouva assez rapidement sans matières premières, sans carburant, sans moyens de production de guerre, ses principales usines ayant été consciencieusement ravagées. Les bombardements massifs des des derniers moments de la guerre (dont le terrible bombardement de Tokyo à l'aide de bombes incendiaires), suivi de la spectaculaire démonstration des capacités destructrices du nucléaire entraîna la capitulation de la junte militaire japonaise, véritable pouvoir en place, l'Empereur n'étant réduit qu'à un rôle de figuration symbolique.
En Afghanistan, la guerre est très difficilement jouable. En se fondant au milieu des populations et en implantant leurs casernes et leurs moyens de défense au coeur de concentrations urbaines et villageoises, c'est à dire en prenant en otage leur propre population civile, les combattants Talibans rendent la poursuite des bombardements difficilement soutenable, chacun action étant suivie par la diffusion de séquences télévisées montrant des enfants tués, alignés. Les actions sur le sol Afghan n'ont pas l'air non plus très faciles, étant donnée la nature du terrain. Le seul instrument guerrier efficace serait l'hélicoptère de combat. Hélas les Talibans ont hérité de milliers de missiles Stinger, offerts par les Américains lorsque l'idée directrice étant de faire payer aux communistes l'appui apporté viet-congs. Des missiles que n'importe quel analphabète peut utiliser, qui sont stockés dans des grottes, de manière très dispersées, et qui interdisent tout déplacement aérien à moins de trois mille mètres d'altitude. Les américains n'ont donc pas la maîtrise du ciel, bien qu'il n'existe plus aucun avion Afghan en état de prendre l'air. Celle-ci appartient à ces engins sans pilote que sont les missiles Stinger, capables de mettre au tapis toute machine volante distante de moins de trois kilomètres du tireur. Quant à aller pourchasser les guerriers Afghan à pied, sur leur propre terrain, truffé de caches, cela tient du suicide. Reste la fameuse "Alliance du Nord". Mais celle-ci ne compose qu'un petit nombre de tribus (mille cinq cent tribus au total en Afghanistan !). Depuis l'élimination du commandant Massoud, l'intelligence politique des guerriers du nord ne semble pas des plus fiables. Il s'agit de gens chez qui le concept de "représentation démocratique" reste sans doute assez obscur.

Bin Laden a récemment lancé sur les ondes un message où il disait que le monde était désormais le théâtre d'affrontements à caractère religieux. Les chef d'Etat occidentaux ont aussitôt affirmé le contraire, de même que les représentants arabes, s'empressant de déclarer que le terroriste désormais mondialement célèbre ne parlait pas au nom des musulmans. Je ne suis pourtant pas sûr qu'il ait totalement tort. Le monde actuel vit tout un ensemble de crises convergentes. L'une d'elle a une dimension spirituelle. Les hommes ressentent le besoin de savoir pourquoi ils résident sur cette planète, dont ils sont les locataires. Un occidental dirait "qu'il cherche un sens à sa vie", aspiration parfaitement légitime. Appelons cela une recherche d'un système de valeurs morales si on a peur de la dimension métaphysique du questionnement, peu importe. Or, regardons quelle est l'image du système de valeur que le monde occidental offre au reste du monde. On y voit le gâchis, la corruption, l'égoïsme, le cynisme et l'écrasement de l'autre ou l'indifférence vis à vis de ses souffrances.
Ne faisons pas de démagogie facile. Les mêmes "vertus" sont également à l'oeuvre dans les pays arabes riches ou au sein des castes privilégiées, des oligarchies des autres pays musulmans. La désignation du "Grand Satan" tombe à pic pour focaliser la haine résultant des frustrations des masses arabes en direction des pays occidentaux et occulter les graves manquements de musulmans riches à milliards.

On est face à une "guerre d'images" et en disant cela je ne limite pas ce discours aux seuls aspects médiatiques. Il est urgent que les pays occidentaux restaurent auprès des pays pauvres une image déjà très dégradée. Pourtant, si on assiste à des chassés croisés diplomatiques qui sont censés démontrer la solidité de la "coalition" on entend aucun chef d'état évoquer par exemple l'éradication des paradis fiscaux. En même temps qu'ils arrosent l'Afghanistan de bombes intelligentes fort coûteuses (six milliards de centimes pour un missiles de croisière !) les américains lâchent des petits paquets jaunes contenant de la nourriture. Je serais curieux de connaître le rapport des coûts des deux opérations. Tout cela a des aspects proprement surréalistes.
Au plan national, le justice a décidé de placer momentanément au dessus des lois le Président de la République Française. En voyant cela, on serait tenté de dire à Chirac : "savez-vous que votre malhonnêteté imbécile, même si elle reste un phénomène très courant dans la caste politique française, est hélas terriblement intempestive. Tout cela tombe très très mal, vous savez".

Quel leader religieux occidental serait en position de prendre la tête d'une "croisade morale" à échelle planétaire ? Même les occidentaux ont cessé de croire aux leurs.

En face, par exemple, les princes saoudiens, champions toutes catégories du double-jeu, alors qu'ils effectuent périodiquement et en toute discrétion, dans les bras de call girls suffisamment rémunérées pour pratiquer un secret professionnel sans faille, des petits stages de défoulement dans les pays occidentaux, se débrouillent pour apparaître comme "les gardiens des lieux saints" et les "garants d'une orthodoxie musulmane" (wahabite). Mais tout n'est qu'une question d'image.

Les musulmans disent ne pas avoir de clergé susceptible de les représenter. C'est bien dommage et les voix des modérés semblent bien faibles au moment où des imams psychopathes, prêts à transformer des gosses de douze ans en commandos-suicides, surfent sur des vagues de haine créées et alimentées par des frustrations de tous ordres. En vérité nous ne savons pas combien d'armes et de stocks d'explosifs ont été introduits sur notre propre territoire par les intégristes durant les dix dernières années. Nous avons pourtant une expérience douloureuse : celle de la Guerre d'Algérie où, avec le recul du temps et surtout l'échec final de la révolution Algérienne on s'aperçoit que tout n'était pas "blanc ou noir" comme beaucoup avaient voulu nous le faire croire. Il reste qu'il est techniquement extrêmement facile, comme cela a été démontré dans les faits, de dresser deux communautés l'une contre l'autre, dans une lutte à mort; avec quelques attentats bien négociés. En vérité, tous les pays Européens sont devenus de véritables poudrières.

Personne n'a de solution-miracle, de potion magique. Mais une chose semble sûre : à une époque où une marche vers une moralisation de la politique, vers un nouvel humanisme pourrait constituer simplement un atout pour le "camp occidental", la religion dominante reste concentrée sur le culte au veau d'or, alias Dow Jones, Cac 40 ou indice Nikkei.


14 nov 2001

Les médias évoquaient, dans les jours précédents, une contre-attaque possible des Talibans. En fait ils ont déserté Kaboul sans tirer un coup de feu. Les habitants mâles se font raser la barbe, les femmes sortent de leurs tentes de camping bleues et grillagées, les "bourka", des hauts-parleurs diffusent de la musique, des images de pin-up réapparaîssent derrières les vitrines de magasins. Impensable vingt-quatre heures plus tôt. On se souvient encore des exécutions capitales, d'hommes, de femmes, au fusil, par pendaison ou égorgement, dans les stades, en public, après discours du Mollah de service. Sur les écrans de télé, le nombre des provinces passées sous le contrôle de "l'Alliance du Nord", s'accroît chaque jour. On parle de "l'après-Talibans".
L'histoire garde toujours des parts d'imprévisible, mais dans cet imbroglio on retrouve une constante de la saga islamique. Les gens des pays arabes se groupent aisément et massivement derrière un pays-leader ou un homme-leader. Ces mayonnaises humaines montent très vite, et s'effondrent tout aussi rapidement. De nombreux arabes ont été "tous derrière Nasser", puis "tous derrière Saddam Hussein". De nos jours, Oulama Ben Laden, le Mollah Omar et l'Afghanistan en tant que symboles ont joué ces roles de fer de lance, de clef de voûte fragiles. Il ne faut pas avoir beaucoup de mémoire pour se souvenir des étendues du Sinaï, constellées de chars abandonnés et même de .. chaussures, face à l'offensive de Tsahal, l'armée d'Israël. En 91 les armées de Saddam Hussein furent hachées menues par les bombes yankees. En quelques heures, les Irakiens n'avaient plus un radar, plus un avion en l'état de prendre l'air. Les sites des missiles, cibles prioritaires des missiles de croisière, furent l'objet d'attaques intensives.
Là, le rouleau compresseur Américain semble une fois de plus faire effet, en dépit des pronostics réservés. A distance respectueuse des missiles Stinger (offerts gracieusement par l'Oncle Sam aux Afghans et capables de mettre au tapis toute machine volante évoluant à moins de trois mille mètres de distance) les avions ont pilonné les casernes des Talibans, leurs dépôts d'armes et de munition, au prix de quelques "dommages collatéraux". Les parcs de blindés ont été pulvérisés méthodiquement, parfaitement distingués par les bombardiers, deux doigt sur le joystick de leur système de guidage, à l'aide de systèmes accentuateurs de lumière. En principe, les talibans ne peuvent compter sur aucune source pour se réapprovisionner en armements. Difficile de garde le moral dans ces conditions. Leurs lignes de front ont été consciencieusement arrosés par des B-52, volant bien au delà de la portée de la DCA. En dépit des exhortations de leurs mollah, les talibans ont pris leurs cliques et leurs claques ou carrément viré casaque après avoir vu leurs petits camarades réduits en charpies par les bombardements en tapis.
Maintenant, que va-t-il se passer ? Des livres paraissent, où les lecteurs aprennent ce qu'on avait toujours su : que cette situation est la suite logique de la politique menée au Moyen-Orient dès 1930 par le JR Ewing de l'époque, la Standard Oil. Antérieurement, une famille Saoudienne, celle des Abdel-Aziz, avait fait alliance avec un pouvoir religieux local ultra-conservateur, la frange Wahhabite. Grâce à cette symbiose entre pouvoir politique et pouvoir religieux, cette tribu parvint à se rendre maîtresse du pays par les armes. Quand le pétrole fut découvert dans la région, la Standard Oil put passer avec cette famille Addel-Azziz, devenue "représentative", dont l'actuel roi Fahd est issu, des contrats très intéressants pour les deux parties. Ceux-ci démontrèrent la stabilité des accords, grâce à différents aspects : un régime fort, ultra-conservateur, capable de matraquer toute opposition, opérant en totale symbiose avec les instances religieuses. Symétriquement, un pouvoir religieux très actif, dont les caisses étaient puissamment alimentées par les revenus du pétrole, imposant dans le pays et à l'extérieur de l'Arabie Saoudite un enseignement dans des "écoles coraniques". Tous les deux s'imposaient en toutre aux yeux de la communauté musulmane comme "les gardiens des lieux saints".

Les conditions de vie du peuple saoudien, ou des esclaves modernes travaillant pour le compte de "saoudiens de souche" dans un pays où la Charria règlait désormais la vie sociale importaient peu aux états consommateurs de pétrole, qui pouvaient être également des exportateurs de biens divers, dont des armes. Comment les Français auraient-ils pu s'amuser à évoquer la condition de la femme Saoudienne à une époque où l'important était d'emporter la commande de 350 chars Leclerc ? (commande indispensable pour financer le développement de nos propres moyens de défense, nous disait-on).
Il y a quelques jours la télévision présentait un reportage effectué dans un port situé dans le détroit d'Ormuz. Dans cette région, les forts revenus issus du pétrole avaient permis un développement important des installations portuaires, capables de recevoir des cargos de fort tonnage. En bout de chaîne, ces produits étaient ensuite chargés sur des myriades de boutres de bois, ces embarcations typiques de la région, jadis manoeuvrés à la voile, aujourd'hui dotées de solides diesels, capables de disperser toutes ces marchandises dans des ports dans lesquels les cargos seraient incapables de pénétrer à cause de tirant d'eau trop important. Au delà des docks, des buildings étincelants mais, dans les cales de ces boutres des "travailleurs immigrés", "frères de race" issus des régions voisines, dénués de tous droits, de toute couverture sociale, chargeant et déchargeant les boutres pour l'équivalant de cinq francs par jour. Des hommes qui, leur dure journée de travail finie, devaient couvrir à pied les cinq kilomètres les séparant de taudis où ils devaient s'entasser à quinze oun vingt : simples cours d'immeubles recouvertes de bâches, louées à des prix exorbitants. Le bus : trop cher. Et comment "ramener de l'argent au pays" ? Les gérant de cet import-export, eux, roulent en limousine, ont des montres Rolex en or, des djellabah de lin. Décidément, les JR Ewing et les Ben Laden se ressemblent bigrement. En matière d'exploitation et de cynisme, aucun n'a de leçon à donner à l'autre.
La télévision se focalise actuellement sur les aspects politiques en Afhganistan, tandis que les radios sont là pour nous rappeler les dessous économiques de toute cette affaire : les immenses richesses en hydrocarbures situées en Asie Centrale, au Turkménistan ou ailleurs, qu'il s'agisse de gaz ou de pétrole. Il nous semble que, plus que l'issue dite "politique", les "décisions de surface", le choix de la voie d'acheminement de ces richesses sera déterminant pour l'avenir d'une bonne partie de la planète. Si la voie sud est maintenue (à travers l'Afghanistan), puis le Pakistan, alors une forte proportion de la production mondiale d'hydrocarbures mondiale passera, sinon sous contrôle des pays musulmans, du moins à travers leurs territoires. Or, l'expérience l'a cruellement démontré, le choix du régime le plus "stable" n'est pas forcément le meilleur.
L'acheminement par le nord impliquerait une collaboration plus étroite de l'occident avec son ex-ennemi, la Russie et, retombée indirecte, une aide au développement de l'ex-géant, tombé à terre, ne serait-ce qu'à l'aide des royalties perçues. Là encore, le fait d'avoir priorisé l'effondrement économique "des rouges", si cette statégie s'est révélée efficace, a entraîné un terrible choc en retour. Nord ou Sud, pile ou face ? Quid d'accords secrets que les Américains pourraient avoir passés avec les Pakistanais, en échange du libre survol de leur territoire ?
J'entendais hier 15 novembre que l'OPEP avait, une fois de plus, essayé de faire monter le prix du brut en réduisant sa production : chantage classique à la production pétrolière, avec incidence sur les économies occidentales. Mais, si j'ai bien entendu, c'est ... la Russie qui aurait déjoué cette manoeuvre en accroissant ses propres exportations. Plus que jamais, l'économie est une arme puissante. Maintenant que Ben Laden et le mollah Omar se terrent, le maniement des robinets pétroliers reste un moyen d'action mais (conséquences d'accords entre Bush et Poutine ?) "l'occident" réagit.
Au delà, peut-on continuer à pratiquer le laisser-faire en matière de ressources énergétiques mondiales ? Quand les républiques d'Asie Centrale ont réclamé leur indépendance, les Russes, après avoir surtout puisé là leurs ressources pétrolières pendant des décennies ont dit : "très bien, mais on vous laisse tomber maintenant, démerdez-vous". Alors des installations vétustes se couvrirent de rouille. Arrivèrent les "carpet-baggers" de toutes nationalités, désireux de devenir les "nouveaux riches" de ces pays flottant sur des réserves d'or noir, mais devenus incapables de les exploiter et de les acheminer eux-mêmes. A côté de ces nouveaux nababs, des gens qui errent, dans un pays en pleine décomposition ou des réfugiés issus de pays voisins, en guerre, qui tentent de survivre, où les magasins de luxe cotoient la vermine. C'est tout le développement anarchique, dans des régions disposant de richesses, qui se trouve remis en question. L'ONU et la Banque Mondiale devraient étendre leurs prérogatives et, dans certaines régions du globe, se substituer à ce libéralisme sauvage, trop dangereux parce qu'irresponsable par définition.

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Compteur remis à jour le 9 nov 2001. Nombre de consultations :