La poésie des autres

2 janvier 2007 - 16 octobre 2007 13 novembre 2008  24 avril 2012  6 juillet 2012

27 novembre 2012      9 décembre 2012   4 Janvier 2015    16 avril 2018

Personnellement je n'écris pas de poèmes. Je compose des chansons. Mais d'autres ont ce talent. J'ai décidé de créer une page pour y mettre leurs compositions. Celui-ci émane d'une adolescente de 56 ans, Claire.  24 avril 2012   


L’homme est tout bête
Quand il est amoureux.
Il se croit poète
Il se pique au jeu
Du hasard.
Il circule en aveugle,
Et se cogne aux meubles,
Il se fait des bleus
Et du cinéma.
Il sourit aux passants,
Il déborde,
Il se répand.

Parfois il agace,
Il lasse,
Il faut lui pardonner
Car il n’y a en lui nulle méchanceté.
Son âme est touchée,
Touché, coulé ?
Non, point de ce jeu-là,

Il rebondira car,
Existe-t-il un mal
Qui fasse autant de bien ?

Claire Bougain       


 


Le ciel !

Ecoute les hommes ici-bas.
Ils hurlent ou n’osent pas.
De désespoir en silence
S’agitant en tous sens
Ils avancent
Vers quoi ?

Pour dire leur amour ou leur peine,
Les hommes ont
Les mots.
Trop souvent ils les retiennent
Pour quelle raison, je ne sais.
Tous alors se bousculent
Au bord des lèvres,
Ils enflent, suffoquent, en apnée,
Et implosent,
Déversant dans le corps de ces hommes
Malades du silence,
Moribonds,

Leur poison mortel.

La vie s’écoule
Les jours s’égrainent
Sable rose, blanc, noir
Sable caméléon
Tu glisses, inaperçu,
Doux et rond,
Entre mes doigts.

La tille

Je me blottis en ton sein
Ma bouche se colle sur ton sexe de femme
Mon oreille épouse la tienne
L’envers de ta peau rugueuse est lisse et veiné
L’odeur que tu exhales est amère comme la vie
Douce comme l’amour
Suave comme la mort
Tu refermes tes muscles sur moi
Et je me fonds dans tes méandres.

L’ombrelle

L'ombrelle du funambule au visage d'ange
Tangue au-dessus du vide,
Contrepoids plume lorsqu’il vacille,
Elle décrit un arc au bout de son bras,
Et à pas de fourmi légère,
Il parcourt l’espace magique du temps présent.

Claire  Bougain        



Pablo Neruda :

Il meurt lentement

Celui qui ne voyage pas,
Celui qui ne lit pas,
Celui qui n’écoute pas de musique,
Celui qui ne sait pas trouver
Grâce à ses yeux.

Il meurt lentement

Celui qui devient esclave de l’habitude,
Refaisant tous les jours les mêmes chemins,
Celui qui ne change jamais de repère,
Ne se risque jamais à changer la couleur
De ses vêtements
Ou qui ne parle jamais à un inconnu.

Il meurt lentement

Celui qui évite la passion
Et son tourbillon d’émotions
Celles qui donnent la lumière dans les yeux
Et réparent les cœurs blessés.

Il meurt lentement

Celui qui ne change pas de cap
Lorsqu’il est malheureux
Au travail ou en amour
Celui qui ne prend pas de risques
Pour réaliser ses rêves,
Celui qui, pas une seule fois dans sa vie,
N’a fui les conseils sensés.

Vis maintenant

Risque-toi aujourd’hui
Agis de suite
Ne te laisse pas mourir lentement
Ne te prive pas d’être heureux.



 


Le Feu



Suppose que le feu te raconte des histoires telles qu’il me les a racontées. Les voici :
Histoires de mort, images imprimées sur ma rétine, d’une violence difficile à décrire .
Image d’une petite fille courant vers nous, les bras en croix, nue, après un bombardement au napalm.
Image de ce bonze s’immolant à la face du monde pour protester contre la Sale Guerre .
Image de l’embrasement d’une immense croix par des fous cagoulés.
Image barbare de prétendues sorcières au bûcher.
Image d’un tout petit Bambi, égaré dans une forêt en proie aux flammes.
Image de crémations rituelles à Bali, de camps de la mort.

Que dit-on du feu ? Qu’il couve, éclate, détruit, ravage, dévaste, dévore.
Mais aussi qu’il réchauffe, purifie, fertilise, permet une renaissance.
Ambivalence.
Feux de l’amour, feux interdits, feux de joie et feux de paille.
Cœurs mis à feu et à sang, sens dessus - dessous .
Rêves de fusion, éruption volcanique, chaudron de l’usine métallurgique.

Feu rouge. Peut-être l’histoire s’arrête-t-elle là.

Claire Bougain

 


 

 

Jean-Pierre,

Just a few lines I have just written, probably inspired by our on line conversations:


Our dreams and wishes,
Lying deep in our hearts,
Precious little riches
Glittering in the dark,
Shall we leave them there,
For fear they might vanish into thin air,
Or let them soar over the walls of our inner prisons,
Free, at last?

Claire Bougain.


 

L’homme affamé

L’homme, à la tombée de la nuit,
S’est évanoui.
Allongé sous le ciel, il reste là.

A l’aube, il ouvre le yeux.
Au-dessus de lui,
Un arbre agite sa ramure, très haut.
De sa gorge s’échappe un sanglot.
Alarmé, un oiseau lance son cri.

La couche de l’homme est fraîche,
La terre qui l’a recueilli est noire, luisante et grasse.
Il y plonge les mains,
En macule son corps émacié.

La peau de l’homme est noire,
Sèche et affamée.
Longtemps il a marché,
A travers ergs et dunes .

Aux confins du désert,
Il a retrouvé la terre,
Pour s’en nourrir à satiété.

Claire Bougain


24 février 2006

 

Listen, man

Whenever you're unhappy,
At a loss,
I can feel it.

You now want to run away,
Lured by the limelight,
Like a moth.

Bet you’ve had enough
Of cicadas
And starry nights.

Go ahead
Live it to the brim
Of the hourglass

For if you don’t,
Who knows?
You might

What?

Claire Bougain

 

 

 

What if life were all ups ?
No pain, no cure.
No one to say
Pull through, stick it out,
Never mind if the road’s rough,
Come on, let’s have a good laugh.
No friendly hand,
No fun.

Claire Bougain

 

 

 

On peut acheter une maison mais pas un foyer

On peut acheter un lit mais pas le sommeil

On peut acheter une horloge mais pas le temps

On peut acheter un livre mais pas la connaissance

On peut acheter une position mais pas le respect

On peut acheter un médecin mais pas la santé

On peut acheter du sang mais pas la vie

On peut acheter du sexe mais pas l’amour

Qin Jie      

 

 

 

Wanderings

While wandering around today again,
Whom shall I meet to ease my pain,
To fill my lonely, lonely heart

Across meadows, along rivers I go,
Searching for a thing of beauty,
A joy for ever
As the young poet said long ago.

Where would he find this treasure now ?

Claire Bougain

 

 

 

28 mai 2006

Tu ne sais pas où tu peux t’évader.

Entre ciel et terre,
Au pays des ombres préfère la lumière,
Entre pierre et mousse,
Choisis le vert, le doux, le doré.

Et marche, marche,
Sans relâche.
Brave tes pleurs,
Tords le cou aux monstres tentaculaires qui t’aspirent,
Emplis tes poumons,
Respire.

Et marche, marche.
Au passage,
Prends la main qui se tend,
Ouverte, chaude,
Promène la sur ta peau, ton cœur, tes paupières closes.

Tu peux ouvrir les yeux.

Claire Bougain

 

 

 

L'univers est un parchemin
Un endroit et un envers
Sur un côté on vit bien
Et sur l'autre c'est l'enfer
Et ce temps qui nous transperce
Ces illusions qui nous bercent
N'ont pas le même pourquoi
Sur l'envers et sur l'endroit

Jean-Pierre Petit, 1977
Après publication de la première note aux comptes rendus de l'Académie des Sciences sur les univers jumeaux

 

 

 

mars 2006

Jacques Juan met la crise climatique en alexandrins

Ecoute ami fidèle... Ne vois tu pas ce temps ,que les hommes inconscients
de leur folie cupide, chamboulent sans mesure et troublent à tous vents ?
Faisant fi de sagesse, ils coupent brûlent, altèrent
Le moindre petit coin de cette pauvre terre.
Abusant des bienfaits de l' éternelle nature,
Ils s'en vont dérégler le cours des saisons.
Plus enclins à détruire, pour leurs villégiature
Ils brûlent sans compter le bois et le charbon.
Ils se chauffent,croit-ils, aux bienfaits de la flamme
Et,de fait réchauffent l'éther de la planête
Déréglant d'un seul coup  l'équilibre de la mane
De l'énergie si rare, et le cours des tempêtes.
Or donc, fidèle ami, nos savants les plus sages seront -ils entendus ?  :
Faudrait-il donc mourir pour admettre qu'on ne peut
Consommer àoutrance qu'au risque de périr?
Fort de ce paradoxe, je m'interroge encore:

Se peut-il qu'en un temps oùu sécheresse gagne
Où la terre se réchauffe à trop brûler de houille
On soit en moment, bien qu'a mi-temps de mars
Une grande partie du monde à se...peler la nouille?

 


 

9 novembre 2006

The lonely hunter

The heart is but a lonely hunter
Wandering endlessly,
A butterfly pursuing a flower
Forever escaping its touch,
A swallow, a lark, a thrush
In search of its forsaken nest,
Never at rest.

Claire Bougain

 

 

 

Déjà

J'aime ton regard
ton sourire
ta voix

l’avenir survient
sans crier
garde-toi

d’aimer son regard
son sourire
sa voix

soudain il est là
simple, tranquille
il passe

déjà.

Claire Bougain

Janvier 2007

 

 

 

Nous n’avons plus les moyens de ne pas être intelligents

Aimer c’est aussi choisir de toujours mieux comprendre et mieux je comprends, mieux j’aime. Voila un bel exemple de cercle vertueux. La matrice des cercles vertueux c’est la prise de conscience que « faire le bien » c’est le plus efficace. Plus nombreux nous serons à avoir vraiment bien compris, à avoir pris conscience, à avoir expérimenté avec plus de succès que d’échec, que l’intelligence, la véritable intelligence, celle dont on n’a pas honte, c’est la capacité à être heureux et rien d’autre; plus nombreux nous saurons que notre intérêt personnel c’est de favoriser l’intérêt de chacun plutôt que de s’en protéger, plus cela sera vrai.

Il arrive à chacun d’entre nous de rêver d’un monde plus juste, plus harmonieux, plus paisible, d’un monde meilleur. Il arrive à chacun d’entre nous de cesser d’y croire. La tâche est bien trop énorme pour qu’un être raisonnable ne se résigne à simplement tenter de survivre au mieux. Et pourtant, il arrive à chacun d’entre nous de rêver. Et au moment où l’on rêve, on sent bien que si tous rêvaient en même temps, si tous étaient capables du même élan que soi-même en ce même instant, si l’on abandonnait l’armure en un même mouvement, cette armure qui nous coûtait tant, au nom de laquelle on s’était contraint si souvent, elle deviendrait parfaitement inutile, immédiatement.

Mais c’est un rêve. Que tout puisse changer immédiatement, en mieux, c’est un rêve.

Sauf si.

Sauf si ça a été préparé de longue date, avec persévérance et pas forcément minutieusement. Mais cet immédiat hypothétique là n’est ni ici ni maintenant. Et pourtant. Si je sais que de ce monde ci peut émerger un monde que j’aime, j’aime déjà beaucoup mieux ce monde d’ici et de maintenant. Et j’y puise la force de l’intelligence, la puissance de l’amour, pour prendre conscience que faire au mieux des intérêts de chacun relève de l’efficacité et non seulement de l’altruisme.

"Moi c’est moi et lui c’est lui", c’est vrai mais ce n’est pas la seule vérité possible. Une autre est beaucoup plus puissante désormais: moi c’est lui c’est moi. Car, mais pas seulement loin de là, car si donc moi c’est moi et lui c’est lui, alors ce ne sera bientôt plus que lui ou moi et moi ou lui.

Cela a toujours été plus ou moins vrai mais nous vivons une époque où tout porte à croire que si cela doit ne rester à jamais qu’un rêve, il ne sera très bientôt même plus possible de rêver. En l’espace de quelques générations, dans un temps que nos enfants pourront connaître, ou bien nous aurons radicalement changé de manière d’être ou bien nous serons contraints à renoncer à tout ce qui fondait notre humanité pour simplement éviter de mourir en tuant. Et d’ici au temps de notre inhumanitude, les chaos actuels iront grandissant. Si tu n’aimes pas ton prochain et qu’il n’y en a plus assez pour deux, vous ne trouverez pas d’autre fausse solution que de vous combattre, à mort, et férocement.

Sauf si.

Sauf si l’amour et l’intelligence se liguent de mieux en mieux en de plus en plus d’entre nous.

Si je suis heureux, je fais tout pour que les autres le soient aussi. Seul celui qui n’a jamais été heureux ne peut le comprendre. Et si donc je ne fais pas tout pour que les autres soient heureux, c’est que je ne suis pas heureux moi-même, et rien d’autre. En vertu de ce que si a implique b alors non b implique non a. C’est aussi con que cela! Aussi simple à comprendre que cela.

Si quelqu'un contribue sciemment à mon malheur, c’est qu’il n’est pas heureux lui-même.

Un moyen pour qu'il cesse de contribuer sciemment à mon malheur est qu'il devienne heureux. Tous les autres moyens ont déjà été essayés avec les succès que l'on sait. Je fais le choix de tout faire pour que les autres soient heureux. Comme c'est plus facile quand je suis moi-même heureux, je fais aussi tout pour être plus souvent heureux plutôt que malheureux.

Et même quand je suis malheureux, je m'abstiens d'en faire souffrir autrui. Car je sais que moins les autres sont heureux, plus faibles sont mes chances de ne plus être malheureux.

Et aussi parce que je ne suis pas un rat ou mieux, parce que j'ai vu les rats à l'oeuvre et que je suis apte à en tirer des conclusions. Voyez le film "Mon oncle d'Amérique" d'Alain Resnais. Voyez ces rats qui tentent d'échapper à leur sort de souffrance en se combattant, en ajoutant de la souffrance à leur propre souffrance le temps que dure la décharge électrique dans leur plancher métallique. Cela leur réussit plutôt bien, aux rats. Cela nous a réussi plutôt bien, à nous aussi. Car faire souffrir autrui procure un plaisir immédiat qui diminue, certes, mais qui ne diminue que provisoirement sa propre souffrance. En devenir conscient c'est déjà y renoncer. La proportion des inconscients a jusqu'à présent été trop importante pour que la logique s'inverse. Mais quand chacun a les moyens de faire souffrir autrui, la recette n'est tout simplement plus efficiente. Quand celui que tu fais souffrir te fais souffrir en retour, c'est l'intelligence qui dicte l'altruisme. Or le monde devient de plus en plus interactif et le temps se raccourcit, les effets sont de plus en plus immédiats. J'ai donc confiance. De plus en plus de mes congénères prendront conscience que faire souffrir autrui n'est pas une solution à leur propre souffrance. Non seulement parce qu'elle n'est que provisoire mais aussi parce que ce provisoire durera de moins en moins.

Et pour tout dire, si l'être humain devait se révéler incapable d'en prendre collectivement conscience, je ne vois pas ce qui pourrait m'amener à regretter sa disparition. Mais je n'y crois pas.

Je n'y crois pas car, notamment, je sais le caractère exponentiel de la contagion de la prise de conscience. Si tu prends conscience, tu restes conscient, quoi qu'il arrive. Et tu sais comment agir, humblement, pour donner aux autres avec lesquels tu interagis, de quelque manière que ce soit y compris en n'étant que vu agissant d'une certaine manière voire simplement en n'étant que lu, un germe de prise de conscience. Ce germe peut tomber sur un sol stérile. Il peut aussi être reçu au moment opportun et devenir un déclencheur. Il peut encore n'être que nécessaire à celui qui sera le déclencheur. Quoi qu'il en soit, celui qui a pris conscience contribue à ce que d'autres prennent conscience qui sauront eux-mêmes faire prendre conscience. On sent bien qu'en deçà d'un certain seuil, la descendance n'est pas assurée ou peine à le rester. Mais on sent tout aussi aisément qu'au delà, tout devient possible en un certain temps de plus en plus court.

Donc je crois que notre aventure n'est pas une impasse. Je crois que des épreuves à venir, sur lesquelles il n'est pas nécessaire de s'étendre ici, nous sortirons grandis. J'aimerais contribuer à ce que l'on n'ait pas à tomber plus bas que nous ne sommes déjà avant que ne survienne le nouveau rebond salutaire, le prochain saut de civilisation.

Une civilisation de la conscience est à venir. Elle sourd de partout. Les contradictions prennent des amplitudes inimaginées et leur résolution globale est proche. Nous ne sortirons des impasses actuelles qu'en inventant une nouvelle conception de la réalité.

Vincent Lambin

 

 

Suite à une visite d'une expo sur le peintre Marc Chagall

Bouquets de mimosas, dis-moi, à mi-mots, où suis-je ?

Un réverbère s’éloigne et s’envole par la porte de la ville désertée
Une vache bleue ricane et me poursuit
Un clown caracole sur le dos d’un coq au plumage feu
Et emporte sa fiancée dans un geste tendre
Vers le croissant de lune jaune cerné d’un halo
Des  couples enlacés, aux yeux  graves, fendent les eaux du ciel
Sous mes pieds des toits rouges comme les fraises des bois cueillies ce matin

Où suis-je donc ?

Tu es hors du temps
La pendule de ta vie s’est arrêtée
Son aile bleue a cessé de battre
Ses aiguilles pointent vers ton éternité.

 

Il est temps pour nous de fuir le chaos de nos maisons vaincues, entassées pêle-mêle
Sois tranquille, la lune pleine et blanche nous accompagne

Il est temps pour moi de te tendre les bras et t’offrir humblement ce bouquet de fleurs champêtres

Il est temps pour toi de le prendre, un sourire doux sur tes lèvres rouges

Mets ton jupon  de dentelles et ta robe de fête
Je te tresserai une couronne de baies rouges
J’appellerai le violoneux et nous célèbrerons nos fiançailles
Nous danserons enlacés, endiablés
Du ciel jaillira une gerbe de musiques éclatantes

Il est temps que tu partages ma joie.

Claire Bougain       

 

 

 

Mis en ligne le 29 octobre 2007 :

Etonnant, inclassable : une sculpture sous-marine

 

sculpture_sous_marine

 

http://www.livevideo.com/video/uggy/070CBB39ECE74736B5F80DE2F3B05F40/jason-de-caires-taylor-underwa.aspx

 

 


 

7 janvier 2008 : de Jean-Michel Seracchioli :

jmserac57@wanadoo.fr

 

 

 Raison d'Etat



Elle est là comme une ombre
Tapie dans sa noirceur
Elle déteste quiconque
Accède au bonheur
Elle souille l’unisson
De ses éclats stridents
Elle étouffe de raison
Les meilleurs sentiments
Elle blasphème l’idéal
Et corrompt l’absolu
De son murmure bestial
Fétide et tenu
Elle change l’or en mitraille
Aliène, désire et tue
Elle se moque des Peuples
Des dieux, des sanctuaires
Elle ondule son corps souple
Rampant et mortifère
Aux quatre coins du monde
Elle assassine chaque jour
L’espoir, l’amour
Grimaçant dans sa ronde
Éternelle létale, cruelle
Un soupçon de regret,
Un zeste d’amertume,
Mais cynique est sa prose
Quand elle est démasquée
Menaçante à qui ose
Publiquement la défier
Elle enchaîne les hommes
Les empêche d’espérer
Les rend tels des gnomes
Serviles et apeurés
Elle est là comme une ombre
Tapie dans sa noirceur
Elle déteste quiconque
Accède au bonheur.

 

 

 

Les jeux du cirque

Ils s’apprêtent bientôt
A entrer dans l’arène
Se parant d’idéaux
L’espace de quelques semaines
Ils sont prêts à tout
Tout faire, tout dire, tout croire,
Pour entretenir l’espoir
D’être le nouveau gourou
Nulle morale en leur cœur
Nulle compassion pour nos malheurs
Juste une noire ambition
Une obscure et égotique pulsion

Funambules dérisoires
Sous les feux de la rampe
Ils changeront l’Histoire
Moderniseront la France
Disent-ils
Pieux mensonges !
D’opportunistes futiles
Ces vieux que l’appât ronge
Nous prennent pour des débiles

Il y aurait néanmoins, tellement à faire
Tant le fil de l’Humanité est détendu
Tant le climat, ici-bas, devient délétère
Tant manquent à ces bouleutes les marques de la vertu
L’homme est un loup pour l’homme
Avait dit quelqu’un
Le loup ne tue hélas
Que lorsqu’il sent la faim
Tenailler sa carcasse

A présent l’album
Accouche d’un nouveau membre
Qui avec décorum
S’en va réduire en cendres
Avec méthode
Le vieil ennemi de Rhodes
Berceau de l’écriture
De notre code
Pour un peu d’hydrocarbures

Foule sentimentale
On a soif d’idéal
Que ceux non-dévoyés
S’inscrivent les premiers

 

 

 

Horus

Au fond de mon être
Il y a un monstre froid
Cynique, triste et sévère
Ignoble, indélicat
Indifférent au monde
A sa sourde douleur
Cruellement immonde
Sans désir, sans chaleur
Il regarde ses semblables
Sur son petit écran
Se raconte des fables
Pour justifier céans
Son inaction
Son acceptation
De ce monde vampire
Qui lentement aspire
La dignité, l’espoir
L’humanité et la vie
De ceux qui dans le noir
Luttent pour leur survie
Il se ment à lui-même
Avec beaucoup d’aplomb
Invente des théorèmes
Qui lui donnent raison

Au fond de mon être
Il y a un lion
Coeur pur, chevalier-prêtre
Justice est son blason
Il porte sur ce monde
Un regard révolté
Exerce sa faconde
Sa force, sa volonté
A faire bouger les choses
A soigner, à donner
Il peste sur les Autres
Ceux qui ne bougent pas
Qui acceptent les choses
En disant « C’est comme ça ! »
Il est de tous les combats
Pétitions, défilés
Il croit que des milliers de bras
Peuvent ce monde changer
Il veut une nouvelle ère
De partage et de paix
Sans conflits, sans misère
Il parle de progrès
Citoyen planétaire

De ces deux-là qui suis-je ?
Peut-être un peu de chaque
Perpétuel litige…
Duel intime des masques
Le Magnifique ou l’Immonde
Avons-nous bien le choix ?
D’étreindre lumière ou ombre
D’être un roi ou un rat

 

 

 

 

Emile Verearen

Homme, si haut soit-il
On ton ardeur veut s’élancer
Ne crains jamais de harasser
Les chevaux d’or de l’impossible
Monte plus loin, plus haut que ton esprit retors
Voudrait d’abord, parmi les sources
A mi-côte, borner sa course
Qui s’arrête sur le chemin, bientôt dévie
C’est l’angoisse, c’est la fureur
C’est la rage contre l’erreur
C’est la fièvre qui sont la vie.
Ce qui fut hier le but est l’obstacle de demain
Dans les cages les mieux gardées
S’entre-dévorent les idées
Sans que jamais meure leur faim.
Changer ! monter ! est la règle la plus profonde.
L’immobile présent n’est pas
Un point d’appui pour le compas
Qui mesure l’orgueil du monde.
Qu t’importe la sagesse d’antan
Qui va, distribuant comme des palmes
Les victoires sûres et cales.
Ton rêve ardent vole au-delà !
Il faut dans tes élans te dépasser sans cesse.
Etre ton propre étonnement.
Sans demander aux Dieux comment
Ton front résiste à son ivresse
Ton âme est un désir qui ne veut point finir.
Et les chevaux de l’impossible
Du haut des monts inaccessibles
Eux seuls la jetteront dans l’avenir.

      

 

 

 

 

Victor Hugo

Joyeuse vie

Bien, pillards, intrigants. fourbes, crétins, puissances !
Attablez-vous en hâte autour des jouissances !
Accourez ! place à tous !
Maîtres, buvez, mangez, car la vie est rapide.
Tout ce peuple conquis, tout ce peuple stupide,
Tout ce peuple est à vous !

Vendez l'État ! coupez les bois ! coupez les bourses !
Videz les réservoirs et tarissez les sources !
Les temps sont arrivés.
Prenez le dernier sou ! prenez, gais et faciles,
Aux travailleurs des champs, aux travailleurs des villes !
Prenez, riez, vivez !

Bombance ! allez ! c'est bien ! vivez ! faites ripaille !
La famille du pauvre expire sur la paille,
Sans porte ni volet.
Le père en frémissant va mendier dans l'ombre ;
La mère n'ayant plus de pain, dénuement sombre,
L'enfant n'a plus de lait.

 

 

 

 

Victor Hugo

Splendeur

Après quoi l'on ajuste au fait la théorie :
« A bas les mots ! à bas loi, liberté, patrie !
Plus on s'aplatira, plus on prospérera.
Jetons au feu tribune et presse et cœtera.
Depuis quatre-vingt-neuf les nations sont ivres.
Les faiseurs de discours et les faiseurs de livres
Perdent tout ; le poète est un fou dangereux ;
Le progrès ment, le ciel est vide, l'art est creux,
Le monde est mort. Le peuple ? un âne qui se cabre !
La force, c'est le droit. Courbons-nous. Gloire au sabre Oui, qu'ils viennent tous ceux qui n'ont ni cœur ni flamme,
Qui boitent de l'honneur et qui louchent de l'âme ;
Oui, leur soleil se lève et leur messie est né.
C'est décrété, c'est fait, et la France est sauvée. .

L'histoire a pour égout des temps comme les nôtres ;
Et c'est là que la table est mise pour vous autres.
C'est là, sur cette nappe où, joyeux, vous mangez,
Qu'on voit, - tandis qu'ailleurs, nus et de fers chargés,
Agonisent, sereins, calmes, le front sévère,
Socrate à l'Agora, Jésus-Christ au Calvaire,
Colomb dans son cachot, Jean Hus sur son bûcher,
Et que l'humanité pleure et n'ose approcher
Tous ces gibets où sont les justes et les sages ;
C'est là qu'on voit trôner dans la longueur des âges,
Parmi les vins, les luths, les viandes, les flambeaux,
Sur des coussins de pourpre oubliant les tombeaux,
Ouvrant et refermant leurs féroces mâchoires,
Ivres, heureux, affreux, la tête dans des gloires,
Tout le troupeau hideux des satrapes dorés ;
C'est là qu'on entend rire et chanter, entourés
De femmes couronnant de fleurs leurs turpitudes,
Dans leur lascivité prenant mille attitudes,
Laissant peuples et chiens en bas ronger les os,
Tous les hommes requins, tous les hommes pourceaux,
Les princes de hasard plus fangeux que les rues,
Les goinfres courtisans, les altesses ventrues,

 

 

Mis en ligne le 29 octobre 2007 :

Etonnant, inclassable : une sculpture sous-marine

http://www.livevideo.com/video/uggy/070CBB39ECE74736B5F80DE2F3B05F40/jason-de-caires-taylor-underwa.aspx

 

Une lectrice, Sylvie Dubier, vient de m'envoyer dans un mail des textes des morceaux de rap de deux figures de cette spécialité qui, née aux Etats-Unis, a fait son apparition en France au début des années quatre-vingt. Il y a toujours eu des " poêtes engagés ". Il y a des romantiques qui chantent leur désespoir. Vous vous souvenez :

 

Les chants désespérés sont les chants les plus beaux
Et j'en sais d'inouis qui sont de purs sanglots

 

J'aime bien Souchon et des chansons comme " C'est comme vous voulez...."

C'est comme vous voulez
Où vous irez, j'irai

Vous m'dites rencart à Kaboul,
A Kaboul j'déboule
Vous m'dites rencart à Santiago
A Santiago, je go

 

Je ne connaissais pas le rap, du tout. Chanson sans musique, litanie, mélopée, incantation étrange. Et puis Sylvie me fait découvrir ces textes. Ma foi, je mets dans cette page ce qui me plait, ce qui me parle. Je trouve que ces textes " déménagent ", se passent de commentaire. Leurs auteurs : le " groupe NTM ", trois lettres empruntées à l'invective bien connue des banlieues : " Nique ta mère ! ".Voilà ces textes. J'avoue que j'en prends connaissance ... sans le son.

 

rap_ntm

Bruno Lopes alias Kool Shen , Didier Morville alias Joey Starr

Les NTM "chroniquent"  , et "ça les met en panique"

Le site de NTM

 

Le rap, c'est comme les huîtres ( Sylvie Dubier )

".

 

 

NTM


Sur la misère : (odeur de soufre 1998)

Il y a bien longtemps que je ne demande plus
Ce que l'état pourra faire le jour où le nombre d'exclus
Deviendra si lourd, que même dans le 16ème
Les trottoirs finiront par avoir mauvaise haleine.
Cela dit, dormez tranquilles.
L'hiver sera rude, ils seront moins nombreux en avril
Et puis de toute façon, depuis quand les gouvernements
S'occupent-ils des gens qui meurent?
C'est pas l'heure, non! L'heure est au redressement de leur France.
Même le ventre vide, il faut que tu y penses!
Chaque jour, boy, dans le béton des tours,
Pour ceux qui ont la chance d'avoir quatre murs autour d'eux.
.

 

 

 

NTM

Sur la violence de la société
(Plus rien ne va 1993) :

Restez toujours à l'heure
Ne ratez pas le 20 heures.
Au menu viande saignante
Dans le téléviseur.
Pas d'erreur.
Un peu comme un remake
De Rambo 2
En live et en couleurs.
A la différence près qu'aucun
Des Croates n'est acteur.

La guerre à domicile,
La peur et la famine.
La terre en ce moment
N'a pas vraiment bonne mine.
Son état de santé
Se dégrade et me mine,
J'imagine.
Bien pire que tu ne l'imagines.
Bing bang abattu
Sous les balles d'un gang.
A l'âge où d'autres
Jouent innocemment
A se tirer la langue.
Paradoxal, pourtant
Apparemment normal.
Dans un monde moderne qui
Petit à petit
Perd les pédales.
Perd toute notion
De ce qui doit rester vital.
Voilà le mal
Tout se décale..
....
De plus en plus apocalyptique
Ma vision n'en reste pas moins
Réaliste et logique,
Non utopique
Typique
De quelqu'un qui après le tic
Automatique
De ne plus faire confiance à
A leur éthique politique.
Trop de micmac
Trop de mimiques
Du genre : y a plus de fric
Mais on envoie l'armée
Dans le Golfe Persique ......

 

 

:

NTM

Sur le pouvoir de la finance :
(L'argent pourrit les gens 1991)

Personne ne peut comprendre
Ma vie n'est pas à vendre
Je le clame haut et fort
Il ne faut pas s'méprendre
Asphyxiant les sentiments
L'argent pourrit les gens
Précisément en ce moment
Tout s'achète, tout se vend

Même les Gouvernements
Prêts à baisser leurs frocs
Pour une question d'argent
Avec une veste réversible
Suivant le temps apparemment
L'armement
Passe largement avant
La condition
De la vie de chacun
Le monde est plein de bombes
Qui creuseront nos tombes
Maintenant tu sais à quoi sert le fric
Qui à lui seul pourrait stopper
La famine en Afrique ......

 




 

NTM

Sur la violence des banlieues
(Pose ton gun 1998)

Les problèmes sont en effet de taille
Mais est-ce qu'on peut les résoudre
A base de drive-by
T'es trop jeune mon gars
Pose ton gun
Avant que ne sonne le glas
Ou bien que résonnent les pas
De celui qui va t'mettre au pas
Joue pas les champions
Y a pas d'surhomme
Et surtout personne
N'a de sérum contre la mort
Alors
Alors prends soin des tiens d'abord
Et si tu biz, mec, j't'assures
Alors ne t'éloigne pas du bord
Respecte les gens! Pas leur "gent-ar"
Qu'ils pèsent ou non
Qu'ils viennent ou non du "'tié-quar"
Car c'est fini le temps, mon gars
Où tu pouvais tout contrôler
Tout a changé surtout
Pose ton gun, mec, sinon
C'est 10 ans, plus la mort d'un homme
Sur la conscience et c'est pesant
Et puis si t'as les couilles de tirer
Tires sur les fourgons blindés
Prends de l'oseille au lieu de jouer
Avec la vie de familles entières
Fatiguées d'aller fleurir
Les tombes de nos frères
Tombés sous des rafales de balles .....

 


 

NTM

La démission parentale
(Laisse pas traîner ton fils 1998)

A l'aube de l'an 2000
Pour les jeunes
C'est plus le même deal
Pour c'ui qui traîne, comme
Pour c'ui qui file
Tout droit, de toute façon
Il n' y a plus de boulot
La boucle est bouclée
Le système a la tête sous l'eau
Et les jeunes sont saoulés
Salis sous le silence
Seule issue : la rue
Même quand elle est en sang
C'est pas un souci pour ceux
Qui s'y sont préparés
Si ça se peut certains d'entre eux
S'en sortiront finalement mieux
Mais pour les autres, c'est clair,
Ca ne sera pas facile
Faut pas s'voiler la face
Suffit pas d'vendre des "kil"
Faut tenir le surin pour le lendemain
S'assurer que les siens aillent bien
Eviter les coups de surin
Afin de garder son bien intact
Son équipe compacte,
Soudée, écoute de scanner
Pour garder le contact
Ou décider de bouger
Eviter les zones rouges
Et surtout ne jamais se prendre de congés
C'est ça que tu veux pour ton fils ?
C'est comme ça que tu veux qu'il grandisse ?
J'ai pas de conseil à donner, m
Mais si tu veux pas qu'il glisse
Regarde-le, quand il parle
Ecoute-le !
Le laisse pas chercher ailleurs
L' amour qu'il devrait y
Y avoir dans tes yeux..

 

 


 

NTM

La répression policière
et les turpidudes des politiques
(C'est arrivé près de chez toi 1998) 

C'est arrivé près de chez toi
Ouais presque sous ton nez
Cesse d'être étonné
Pas le moment d'abandonner
Faut tout donner
Afin de changer les données
It's undeground o'clock
Le glock va détonner.

Y a qu'ici que dans les églises
Les CRS peuvent faire des perquises
Preuve que chez nous
On se décivilise
On se trompe quand on vise
Et puis s'il y a meurtre
On déguise
L'affaire, on dit qu'y a méprise
Technique de "de-kiz"
Bien connues
Du reste reconnues
Devenues quelque chose de convenu
Les bavures sont au menu

J 'te souhaite la bienvenue
Dans la France de ceux qui pensent
Qu'en banlieue on ne peut penser
Puisqu'on ne pense qu'à danser
Raper sur des beats cadencés
Remarque ils pensent aussi
Que 3 millions de chômeurs
C'est 3 millions d'immigrés
Donc c'est clair que c'est pas gagné
Qu'avec leur vision bornée
J'me dis même, que le mec
Qui redressera le pays
Il est pas encore né.

Ouais, c'est ici qu'on vit
Et c'est ici aussi qu'officie
La plus grande bande de fachos
Qui fit si peur en son temps.
Fils, si on laisse couler on est mort
Coupons les couilles du porc !
Ouah ça sent fort !
Mais y a plus fort encore !
Y a des ex-nouveaux ministres grillés
Qui viennent parler
Se faire réélire à la télé
Briller, crier leur innocence, prier
Pour qu'on oublie que l'histoire
Du sang contaminé
C'est pour du fric qu'ils l'ont pas trié.

 




 

NTM

Le décalage entre les technologies
et la vie quotidienne

(C'est mal barré K. Shen 2007)

C'est vrai qu'c'est mal barré
Qu'à l'avenir on risque
De pas se marrer
Qu'la planète est aux mains
De tout un tas de tarés
Plus ça tourne et moins c'est carré
Plus les années passent plus ça file
Plus je suis égaré
Tu l'sais

Après quoi tout l'monde court ?
Ouais je me le demande
En attendant le peuple crie au secours
S'demande qui tient les commandes
Qui tient les manettes en sous-marin
En fait c'est pas net
Ou plutôt ca l'est trop
Le diable a pris le contrôle de la planète
Ça fume des cailloux sur des canettes
Ça mène des vies de cailles
Où tout le mode se lève pour la maille
Y faut bien reconnaître
Q u'ça va pas plus loin
Et qu'ça n'demande pas plus de soin
Une banlieue qui meurt
On s'en fout
Du moment qu'ça pue de loin
Et oui c'est l'an 2000 cousin
Et son style de vie décousu
C'qui fait qu'du coup tu t'mets à
A regretter les coutumes
Le temps où on rêvait tous
Qu'le progrès serve les hommes
Juste pour qu'on vive mieux mieux
Et non pas pour qu'on vive vieux
Un peu plus libre
Seulement c'est mal barré
En haut des tas d'tarés rêvent
De nous foutre des puces dans le cul
C'est ça le pari hein?
J'parie même
Que tout ça c'est déjà prêt
Et qu'dans les hautes sphères
Les paris sont déjà pris..

 

 

 



NTM

Le passage à l'action
(Mais qu'est ce qu'on attend? 1995)

Les année passent, et pourtant
Tout est toujours à sa place
Encore plus de bitume donc
Et encore moins d'espace
Vital et nécessaire
A l'équilibre de l'homme
Non personne n'est séquestré
Mais c'est tout comme
C'est comme de nous dire que la France avance
Alors qu'elle pense par la répression
Stopper net la délinquance
S'il vous plaît, un peu de bon sens
Les coups ne régleront pas l'état d'urgence
A coup sûr...
Ce qui m'amène à me demander
Combien de temps tout ceci va encore durer
Ça fait déjà des années
Que tout aurait dû péter
Dommage que l'unité
N'ait été de notre côté
Mais vous savez que ça va
Fnir mal, tout ça
La guerre des mondes vous l'avez
Voulue, eh ben la voilà
Mais qu'est-ce qu'on attend
Pour foutre le feu à tout ça ?
Mais qu'est-ce qu'on attend pour ne plus
Suivre les règles du jeu ?....

 

 

 

 

J. Starr 2007 :

Sarko, tiens ta femme et tu tiendras la France

 
Tiens ta femme et tu tiendras la France
T'es cocu Sarko et tout le monde le pense
Dans les tess' on a plus confiance
On a pas confiance
En ta présidence
Tiens ta femme et tu tiendras la France
T'es cocu Sarko et tout le monde le pense
Dans les tess' on a pris conscience
Qu'on a pas confiance
En ta présidence
 
Quand tu parles le peuple s'emballe
Tu vois surtout pas ceux qui rament
Et qui crèvent la dalle
N'est-ce pas que tu nous prend comme ta femme :
Vu veux ma voix ?
- Non, j'veux du travail !

Sarko, je m'appelle Sarko
Sarko je m 'appelle fiasco.
Cerveau de facho
J'ai lu que Sarko
N'a rien sous le capot.
Ecoute ma feuille
Exclue, elle crame
La France est une pute
Dont Sarko est le maq.

Tiens ta femme la banlieue
Tiens ta femme et tu tiendras la France

Et comment, t'as pas d'leçon
A recevoir de moi ?
Et comment tu f'rais
Si t'étais mort comme moi ?
Appelles ta mère !
On va t'refaire
Avec ton corps de nain et ta grosse tête

C'est le retour, la revanche
Des genouilles de bénitiers

Guidé par ta mégalo
Plutôt que par ta morale,
Ceux que t' envoies sur le pavé
Pour nous foutre sur la paille
De la place Beauveau
Au Panthéon des nabots

Tiens ta femme la banlieue
Tiens ta femme la banlieue
Tiens ta femme et tu tiendra la France


...

 

Groupe IAM : La fin de leur monde (2006), interdit à la télévision :


http://www.dailymotion.com/relevance/search/la%2Bfin%2Bde%2Bleur%2Bmonde/video/x2c6s_iam-la-fin-de-leur-monde_music

 

IAM

Shurik'n

interdit à la télévision :

Regarde ma terre en pleurs
Mais les choses ici prennent
Une telle ampleur
Les fils partent avant les pères
Y a trop de mères en sueur
Quand les fusils de la bêtise
Chantent le même air en cœur
Le mangeur d’âme à chaque repas
S ’abreuve de nos rancœurs
Je l’entends toutes les nuits
Las des fantômes qui la hantent,
Las de leurs complaintes
Tellement
Que des fois elle en tremble
Par le sang de la haine
Constamment ensemencée
Au pas cadencé
Quand ce dernier chasse le vent
Hors des plaines

Rien n’a changé depuis
Où je vis
Juifs, Catholiques
Musulmans, noirs ou blancs
Fermez vos gueules
Vous faites trop de bruit
Comme ces orages dont l'eau se mêle
A nos larmes
Et leurs chocs sur le sol aride
Dont l’uranium a volé l’âme

Je veux pas d’une ville aux cimetières
Plus grands
Que la surface habitable
Même s'il paraît que de l'autre coté tout
Est plus calme, plus stable
Je veux pas qu’après le jour J
Les survivants survivent
Sous le néon,
Trop proches du néant
Car le soleil les prive de rayons
Les artères pleines d’amer
Comme un caddy au Géant

On charge, on charge
A la sortie
C ’est tout dans les dents
J’crois que c’est dans l’air du temps
Chacun cherche son bouc émissaire
Ouais, d’une simple vie ratée
A l’envoi d’une bombe nucléaire
L’amour manque d’air
Dans leur monde, nous on suffoque
Tout ce qu’on supporte,
Ca pressurise, et c’est les psys
Qui vont exorciser
Que quelqu’un me dise
Si j’ai des chances de voir enfin
La paix exigée.
Qu’un jour les abrutis s’instruisent
Perché sur ma plume, j’attends
Ce moment
J' observe ce bordel
De petites flammes qui montent au ciel


P our elles j’ai saigné ce gospel
Gaïa se barre à tire d'ailes
Las de la sève qu’on tire d’elle
On clame tous ce qu’on l'aime
Mais aucun de nous n’est fidèle
Jalousie et convoitise
Se roulent de grosses pelles
Quand les problèmes viennent
On règle ça à coup de pêches
Et pendant ce temps là, certains
Amassent des sous à la pelle
Devine qui est ce qui creuse
Avec des plus grosses pelles ?

Quand est ce qu’on y arrive
à où l'bonheur désaltère
Mon futur se construit
Sans cris, sans mecs à terre,
Ni de centrale en fuite
Rien sur mon compteur Geiger
Et finalement conscient qu’ici
On jamais que est locataires

Tu parle d’une location
Regarde un peu ce qu’on en fait
Quand l'vieux fera l’état des lieux
On fera un' croix sur la caution
On aurait du l'rendre
Comme on nous l’a donné,
Clean, sans taches
Innocent comme un nouveau né
Seulement les nôtres meurent de faim
En Afrique
Y a pas assez de fric
Pour eux

Alors la dalle, faut tempérer
Les hommes tombent sous les rafales racistes
Mais on peut rien pour eux
Alors les balles
Faudra les éviter
Le cul devant la télé
Occupés à rêver
Le doigt posé sur la commande
On se sent exister
On râle, on gueule, on vote
Espérant que tout va changer
Mais dresse tes barricades et tu verras
Tu les verra tous hésiter
Garnis d’incompréhension
Et de stèles géantes,

Le globe rêve de compassion
Et de bourgeons renaissant sur ses branches
Les mêmes qu’on laissera crever
Un soir de décembre
Dans le silence,
Juste un bout de carton pour s’étendre
Tout le monde à ses chances
De quelle planète vient-il, celui qui a dit ça ?

Un homme politique, je crois, live de Bora Bora
Pendant que les foyers subissent
Façon Tora Tora,
Mais bon c’est bien trop bas
Alors forcément
Il ne nous voit pas
Parole et paroles et paroles
Ils ont promis
Promesses et monts et merveilles
Mais les merveilles sont envolées
Il reste que des monts
Mais c'est raide à grimper
Et au sommet, sont les démons
En costumes cendrés

En bas, c’est les jeux du cirque
César Avé
Parce qu’on va se faire bouffer
Par des fauves
Les fauves qu’ils ont dressé
On note une sévère chute de sang sur la map
Une montée d’air noir
Un jour on payera cher
Pour une bouffée d’air pur
Ici c’est chacun sa culture
Chacun son racisme
Seulement sur fond blanc, c’est le noir
Qui reste la meilleure cible

Les temps changent, c’est sûr
Mais y a toujours des irascibles
Ils ont le bonjour d’Henry, d'Arron
Mormeck ou Zinédine
A l’heure où les gens dînent,
Y en a encore trop cherchent
Pour eux pas de 8 pièces
Ils crèchent au parking
Tout le monde s’en indigne,
Ca dévalue le quartier
Ca effraye mémée,
Une mémée va voter

Du haut de leurs tours de biz’
Droites comme la tour de Pise
Jumelles sur le pif
Ils fractionnent
Divisent à leur guise
On s’étonne ensuite que ça finisse en fratricide
Car tout ce qui compte c’est de gonfler
Les commandes de missiles
Vive la démocratie !
Celle qui brandit la matraque
Face à des pacifistes,
T’es pas d’accord, on te frappe,

Multirécidivistes
C'est jamais ceux là qu'on traque
Ils vivent en haut des listes
Et mettent leurs tronches sur les tracts

Ce monde agonise
Vu ce qu’on y fait, c’est prévisible
Comme la goutte sur le front
D ès que la merde se profile
Mais la peur atrophie les cœurs
Peur de tout ce qu’on connaît pas
Alors on se barde de préjugés débiles
De partout les extrêmes dominent
En prime time,
A chaque fois qu’ils déciment
Une famille
Dans ces terres de la famine
Image trop crue
Pour un beauf devant sa viande
Trop cuite
Lui qui croyait
Qu' l’euro ferait beaucoup d’heureux,
Pour les vacances faudra attendre un peu
Ou bien alors gagner aux jeux

Mais là c’est pas trop l’heure
Demain très tôt y a le taffe
Comprend : ce monde va trop vite
Y a aucune chance qu’on le rattrape
Sur la route des principes
Il y a partout des pièges à Loups,
Et des gilets de dynamites
Des Skuds, il y en a un peu partout
Faudra faire gaffe aux mines
Aux puits d’où la mort s’achemine

Ce monde a beau être vif
A la longue
Il évitera pas tout
Un de ces quatre il finira par tomber,
J’espère qu’il y a aura quelqu’un pour aider
Le prochain monde à s'relever
J’espère qu’il sera pas comme le nôtre
Aigri, crevé
Et j’espère surtout que celui-là
Essayera de ne pas se faire sauter

 

 


 

IAM

Akhenaton:

Tu sais, on vit dans la télé
Le globe s'est fêlé,
Ils servent de l'emballé
Mais en vrai c'est la mêlé
On s'prend à espérer
Des choses simples
Mais leur fabrique à peur s'est mise en branle
Tout ça pour les dérégler
Cris sans cicatrices
Terreur dans la matrice

Ils disent qu'une vie de plus à New York ou Paris
Londres ou Madrid
Ca n'est qu'échelle dans la peine
On aime ces catastrophes
Quand des gens manquent à l'appel
Surtout s'ils nous ressemble
On les filme à la morgue,
Et nous dans les sofas
Contents d’échapper à la mort,
Il subsiste dans nos cœurs
L'anomalie appelée peur

C'est grâce à ça, de toute part
Qu'ils ont recours à la force,
C'est une révolution,
Cette fois elle est de droite
Voilà pourquoi le chantage à l'emploi dans les boîtes
Voilà pourquoi ils veulent à tout prix
Implanter la croix
Et face de la télé, et souvent on les croit
Dans leur droit

Ils disent : c’est humanitaire
Mais ils niquent les mers et la terre
Et pour chaque écart c'est la guerre

Si le quotidien est précaire,
C'est qu'ils nous dressent à être délétères
A nous contenter d'éphémère
Si l'Afrique est en colère
C'est parce que les trusts la pillent
Seuls les généraux corrompus
Coopèrent et jouent des vies
Au poker
Est-ce de la rancœur, le désir de revanche ?
Est-ce bien tout ce qu'on leur a offert?

On parle du droit des femmes
Quand leurs maris les frappent
Avec des clichés religieux sortis tout droit des fables
Comme si ici elles étaient bien depuis le Moyen-Âge
Mais c'est en 46 que c'est ouverte
Une nouvelle page
Maintenant elles nous valent
C'est dit dans les ouvrages
Pourquoi elles touchent moins de pognon
A compétences égales?
Pourquoi elles seraient moins faites
Pour êtres responsables ?
Alors qu'elles ont torché
Nos culs, nus dans le sable

On force sur la boisson
On parie sur les canassons
Mais la réalité
C'est qu'ils nous font bouffer du poison
Et dans l'hôtel du bonheur beaucoup font la valise,
L' espoir tué par de fanatiques libéraux

Pas de bombes S.A.L
Ni de grosses salves
La stratégie est simple : ils exploitent, ils affament
Quand on les voit à la télé
Ces cons ont l'air affables
Mais le monde est à genoux
Quand ces bandits sont dix à table

Des comptes sous faux noms
Ils prétendent agir au nom de la liberté
Mais c'est la monarchie du pognon
La France et les States
Par factions interposées
Se livre une guerre en Afrique
Et toi tu veux rester posé?
Freedom par-ci, démocratie par-là
Mais j'ai moi j'ai maté dessous la table
Et j'ai entendu les palabres
La vrai mafia, mais elle n'est pas
Ni en Calabre ni dans ce bled
Où dans les quartiers pauvres où souvent
A quarante ans on est malade
A fumer du mauvais tabac
Manger de la merde au repas

Les rues deviennent des grosses forges
Et le métal y est commun
Monté sur grosses crosses
La violence est au quotidien
Sur tant de gosses pauvres
Et moi j'attends l'apocalypse
J'en ai marre de tous ces mensonges
Qu'ils transportent, qu'ils colportent
Et pour les servir , bien souvent
Il y a mort d'homme

Tous terroristes
J 'entend leurs théories
Vanter le sacrifice au nom de saints principes
C 'est horrible
Les mômes survivent
Nourris d'eau et de riz
Pendant que leur pouf se baladent à Aspen ou St Morritz
La flore crame, la faune canne

Dis : étaient-ce des barbus qui lâchèrent
L'agent orange au nord Vietnam ?
Non c'était les boys
Mais qui peut m'indiquer la justesse d'une cause
En pourtant à chacun écrit ses droits
Désolé, je trouve aucune excuse à votre Hiroshima
On peint l'histoire comme on colorie des images
Peut importe qui se fait tuer
Moi, chaque fois, je le vit mal

On croit en nos gendarmes qui servent et nous protègent
Au Rwanda nos vaillants petits soldats
Champions du lance-rocket
Mettent en place le pantin qui servira la France
Une casserole de plus qui s'accroche
Au Ministère de la Défense

Ils se crêpent le chignon
Au fond ils sont ignobles
Sur la conscience des députés
Il y en a plus d'un million
"Quand ils font les aiguilles nos politiques ont des chignoles"
Défilent sur des chars le 14
Entonnent la Marseillaise
Peignent une imagerie guerrière
Qu'ils veulent tranquillement refiler aux élèves

De leur appart dans le 16
Le tableau est bien différent :
Ils disent croire en un dieu mais
En fait, en dedans
Ils ont la foi des possédants

Pas un corps dans les ruines
Du World-Trade Center
Ou tout est tombé en poussière
Mais voilà qu'on trouve un passeport
C'était celui de Mohamed
C'est grotesque inexprimable
Tu comprends pourquoi "ça le désire"
Dans les bibliothèques

Au collège de le vie ils jouent les profs d'histoire
Nous abreuvent de mille sornettes illusoires
On a bâti une forteresse
On l'a nommé Alamut
Garde à vue, garde à vous
Me voilà bien coincé
Dans la pression patriotique
J'admire les gens de gauche
En Israël , en Amérique

Est ce qu'on vaut mieux en France ?
Désolé si j'insiste
Regardons nous franchement,
On est raciste
On vend la liberté sur le marché public,
Les valeurs de la République.
La République, elle passe ces week-end en régate
Puis se prostitue de toutes part
Rour un Airbus, une frégate,
Elle exécute dans une grotte
De vilains opposants canaques
Et mange à table avec des gars
Dans le style Giancanna
Elle explose le Rainbow Warriors
Dessine les frontières du tiers monde
A la terrasse du Mariot

Les grands états démocratiques
Aux quatre coins du monde
Sponsorisent des fanatiques
Les entraînent aux combat
Leur enseignent
A fabriquer des bombes
Mais le collier casse. Voilà que tous ces cons
Echappent à tous contrôles
Quand ils mordent la main du maître
Alors on crie " aux monstres !"

Ils discutent notre futur autour d'un pichet
Pour notre sécurité zarma, ils veulent nous ficher.
C’est la France de derrière les stores
J'en ai marre de me faire gruger
Par des tronches de dispenser de sport.

J'me bat pas pour la Porche mais pour un meilleur monde
Avec mes petits bras
Souvent à cette époque où la terreur gronde
Où la frayeur monte, je travaille sur moi chaque seconde
Pour être un meilleur homme.
On vit des temps où dans un taudis de Paris.
36 gosses meurent brûlés vifs
Quand les demandes de HLM dorment
Dans les tiroirs, dans les archives
Aux employés de nos mairie en on les donne
Avec une terrasse et parking

Tu n 'appelles pas ça du racisme ?
Après ils pleurent
Quand, perdus, on revient aux racines.
Ils ont caricaturés nos discours radicaux
Et lesn résumant par wesh wesh ou yo yo !
Et nous, si complexés, si peu sûr de nous
On s'interpelle
Comme rital, rebeu ou renoi.

Chaque jour, la grande ville resserre l'étreinte
Et tu peux voir les noms des nôtres évaporés
Ecrits sur des trains de passage.
Ma vie, un mic, une mix-tape, bien loin des ambitions
De qui, en 2007, deviendra président.

J'adore ce moment
Où il dévoile le minois
S'en ira faire des pipes aux Chinois.
A défaut d'argent putain, donnons du temps,
Dans nos bouches le mot liberté devient comme insultant
Car ce sont les les soldats qui le portent, non le vent
Comme si le monde était rempli de cruels sultans.

Mécontent des schémas que l'on nous propose
Je cultive maintenant ma prose
Et les roses dans mon microcosme.
Mesure les dégâts minimes que mon micro cause.

Ca ne peut qu'aller mieux alors

J’attends la fin de leur monde…

 


Figurez-vous qu'il y a un espace " poésie " sur le forum d'UFO-science. Au rayon " Panlogie : le bar d'ufo-science, où tous les sujets sont permis.
Et voilà que des membres de l'association inscrivent leurs création, ou citent des choses qu'ils aiment. Florent Arnould a consigné un texte " qui a 40 ans ", sans une ride

 

 

La Quête


Rêver un impossible rêve
Porter le chagrin des départs
Brûler d'une possible fièvre
Partir où personne ne part
Aimer jusqu'à la déchirure
Aimer, même trop, même mal,
Tenter, sans force et sans armure,
D'atteindre l'inaccessible étoile
Telle est ma quête,
Suivre l'étoile
Peu m'importent mes chances
Peu m'importe le temps
Ou ma désespérance
Et puis lutter toujours
Sans questions ni repos
Se damner
Pour l'or d'un mot d'amour
Je ne sais si je serai ce héros
Mais mon coeur serait tranquille
Et les villes s'éclabousseraient de bleu
Parce qu'un malheureux
Brûle encore, bien qu'ayant tout brûlé
Brûle encore, même trop, même mal
Pour atteindre à s'en écarteler
Pour atteindre l'inaccessible étoile.

Jacques Brel

 

 

 

13 novembre 2008.

Michel Sardou. Paroles de sa chanson:

L'oiseau Tonnerre

Il est venu un homme de fer
Comme on n'en avait jamais vu
Nous l'avons traité comme un frère
On ne craint pas les inconnus

On l'a chauffé lavé nourri
Mis à ses pieds toutes nos richesses
Et nous avons pris son mépris
Pour ungrand signe de sagesse

Nos enfants nageaient nus
Dans les bras de la rivière
Ils ont bien ri quand ils ont su
Que l'homme voulait prendre nos terres

Qui est propriétaire
D'un rayon de lune
Des reflets du soir sur la dune
A qui appartient l'air
Qui sculpte l'écume
Et jusqu'où voit l'oeil de l'oiseau-tonnerre

Ils ont semé le sang, le feu
Et le malheur jusqu'aux nuages
En brandissant leurs pauvres dieux
Qu'ils agitaient sur des images

Dans la laideur de leurs prisons
Nos femmes sont des paysages
Qui nous font garder la raison
Ici où tout n'est que mirage

Nos enfants ne jouent plus
Dans les bras de la rivière
Mais leur esprit plane au-dessus
Sur les ailes de l'oiseau-tonnerre

Qui est propriétaire
D'un rayon de lune
Des reflets du soir sur la dune
A qui appartient l'air
Qui sculpte l'écume

Et jusqu'où voit l'oeil de l'oiseau-tonnerre


 

24 avril 2012

 

Par Héloïse, 11 ans

La petit fille au coeur de coquelicot

Il était une fois une petite fille qui n'avait pas de nom et qui vivait dans une famille très, très pauvre.

Elle ne se trouvait pas heureuse.

Elle reçut pour son anniversaire une baguette de pain.

Un soir, elle s'enfuit de sa maison, sous les yeux de ses parents encore éveillés mais qui s'en fichaient. La petite fille avait un but précis. Plutôt que de ne pas bouger, avoir des crampes et mendier, elle préférait marcher.

Marcher tout droit, sans jamais changer de direction et vivre en s’alimentant de la baguette.

Un jour, elle rencontra par malheur un mur, trop haut pour l'escalader. Elle se dit que peut être en grandissant, elle pourrait un jour passer le mur d'un simple pas. Alors elle attendit assise contre le mur. Sa baguette commençait à devenir toute petite. C'est là où elle réalisa qu'elle ne grandissait pas, et que sa baguette ne la nourrirait pas plus d’un mois. Elle pleura. La tête sur ses genoux, les bras enveloppant ses jambes.

Tout à coup, elle entendit un petit bruit d'oiseau qui était très proche d'elle. Elle leva la tête et le vit. Le petit oiseau la regardait avec envie.

-Que fait tu ici? demanda le petit oiseau.

-Je dois traverser le mur, mais je suis trop petite, répondit-elle.

-Tu n'as qu'à le contourner.

-Je ne peux pas.

-Pourquoi ?

-Je me suis dit que je devais marcher toute ma vie en allant tout droit. C’est mon arrière-grand-père qui me l’avait conseillé avant de mourir alors que je n’avais que 4 ans : « Dans ta vie, choisis un chemin, ne changes jamais mais prends le bon. » Et je n’ai que ce quignon de pain qui me reste pour me nourrir.

-Je comprends mieux. Moi et ma famille sommes en manque de nourriture. Si tu nous donnes ton quignon de pain, nous te transporterons derrière ce mur et tu pourras continuer ta route.

Elle accepta. Le petit oiseau s'envola et revint bientôt avec un grand nuage d'oiseaux derrière lui. La petite fille leur donna le quignon de pain. Aussitôt fait, les oiseaux la prirent par les manches de son tricot troué et la voilà dans le ciel avec eux. C'était le bonheur absolu.

Derrière ce mur se cachait un immense champ de coquelicots. Le soleil se reflétait dans ses yeux. La petite fille atterrit délicatement et tous les oiseaux partirent, sauf un. C'était celui qui l’avait découverte. Elle reprit sa marche. Petit oiseau sur son épaule. Elle était heureuse pour la première et dernière fois de sa vie.

Tout à coup, la petite fille tomba raide, blême d’épuisement. Le petit oiseau sauta de son épaule et se mit à terre. Il vit la petite fille allongée sur les fleurs. Soudain, son corps se mit à disparaitre petit à petit. Bien vite, il ne resta plus qu'un petit cœur rouge. Il lui poussa quatre petites tiges doucement. Deux devinrent des bras, terminés par deux adorables petites mains. Ainsi que deux petites jambes, au bout desquelles se trémoussèrent huit petits orteils. Le cœur se releva et marcha. Le petit oiseau interloqué continua son chemin avec le petit cœur dans le magnifique champ de coquelicots.

Bientôt ils s'assirent tous deux au bord de la mer et regardèrent le soleil couchant.

 



6 juillet 2012

Poèmes de Théo G. 10 ans.
classe de CM2 :

Roses

Roses de printemps,traces de pluie et de soleil.
Roses d'été,chaudes et flamboyantes.
Roses d'automne, brunes et fatiguées.
Roses d'hiver,froides et glacées.
Même si je sais que certaines n'existent pas,moi,je les connais.

Magnifique

Lumière d'aurore boréale,
Fumée d'encens,
Légère couche de musique
Et cristal de temps:
Voici tous les ingrédients
Qui vous serviront
Pour créer la recette
De l'apaisement

Automne pour bientôt

Tourne,petit oiseau,tourne dans le ciel maintenant qu'il est gai.
Profites-en maintenant:bientôt ce sera l'automne,et il sera rempli de nuages gris.
Alors,vole petit oiseau,tant que le ciel te le permet.

 

Le vieillard à la tasse de thé

Dans son jardin,
À côté de son arbre préféré,
Assis sur son petit tabouret,
Et vêtu de sa plus belle tunique,
Le vieillard à la tasse de thé
Boit tranquillement sous l'oiseau qui chante gaiement.
On dit de cet homme qu'il est le plus riche et le plus chanceux
De la Chine toute entière.
Cette idée est bien fausse!
Car ce n'est qu'un vieillard qui vit une fin heureuse
En compagnie de sa théière,
De sa tasse et de son thé.


Journée

Le matin,qui chantonne à tue-tête,
Endort la nuit et réveille le soleil.
Le Midi place celui-ci à son zénith,
Le soir berce le jour pour qu'il devienne la nuit,
Enfin,la nuit recouvre le ciel d'étoiles et d'obscurité
Et attend le lendemain pour se coucher.

 

Contes de fées

Quand je pense aux milles contes de fées
Que nos parents nous ont racontés
Quand nous étions encore
De simples collines à côté de la montagne
Ou de simples graines à côté de l'arbre.
En passant de Blanche-Neige à Cendrillon
Ou de la Bête à la Belle au bois dormant
Qui eux sont remplis de fantasmes et de féerie.
Mais depuis, nous sommes devenus des montagnes
Nous sommes devenus des arbres
Mais les rêves de contes de fées
Nous sont pourtant bien restés.

 

Le secret de la mer

Sur la plage,seul,
J'écoute les vagues
Qui me chantonnent à l'oreille
De venir danser avec elles
La danse de la houle.
Plus loin encore,
J'entends le bruissement des coraux
Qui me claquettent à l'oreille
Un air de Flamenco.
Mais plus loin encore
J'entends les baleines
Me réciter un poème
De ce fameux Prévert.
Mais si je vais plus loin encore,
Que se passera-t-il?

 

De l'harmonie

Dans les plus hautes montagnes de Chine
Se tient la tortue
Surmontée de la grue
Qui tient en son bec
Un linzhi.
Pour ces trois corps
La vie est simple
Car l'immortalité
Les relie tous les trois.
Mais prenez garde au grand tonnerre
Qui peut vous détacher d'un moment à l'autre!
Mais heureusement que la lune est là pour les protéger...

 

Que de temps!

Même si la naissance est le premier stade de la vie,
On grandit et puis on vieillit.
Même si l'âge adulte est le deuxième stade de la vie,
On grandit et puis on vieillit.
Même si la vieillesse est le troisième stade la vie,
On grandit et puis on vieillit.
Mais moi j'ai tout le temps devant moi!
Je peux profiter de la vie!
Mais,on dit qu'un jour on grandit et puis on vieillit,
Et on part parmi les étoiles
Les étoiles de la vie
Les étoiles qui nous guideront
Vers le mystérieux
Le mystérieux de l'infini.

 

Au fil des ans

Au fil des ans j'écris cette poésie,
Cette poésie qui nous raconte
L'histoire de la vie
L'histoire de l'année.
Mais par où commencer?
Par ici ou par là?
N'importe l'endroit où je commence,
Ce sera toujours un bon début
Car toute cette histoire
C'est celle de ma poésie.

 

Le chevalier et l'arbre

C'était un brave chevalier
Qui partait en quête de territoires
Mais qui partait aussi pour la guerre,
Pour le sang.
Et c'est sur son chemin
Qu'il rencontra un arbre d'une telle beauté
Qu'il en tomba amoureux.
Mais l'arbre,qui savait tout
N'était pas fier du chevalier
Pour lui,le massacre n'était point nécessaire!
Alors,il le transforma en ange.
Puis le chevalier,qui était devenu ange,
Partit très loin dans les nuages,
Et la guerre qui autrefois fut déclarée
Fut très bientôt terminée.

 

Sous le soleil couchant

Sous le soleil couchant je regarde
La mer qui s'embrase.
Je regarde aussi la lavande et le blé
Où dessus sont posés les chenilles et les criquets.
Je regarde aussi le sable chaud qui me glisse entre les doigts
Et je goûte au miel qui parfume les ruches.
Et puis un jour je reviendrai,
Le jour où les chenilles deviendront papillon et les criquets chanteront,
Le jour où la lavande et le blé parfumeront nos près,
Le jour où le miel sera délicieux
Et le jour où le soleil se lèvera.

 

Lorsque demain se lèvera

Lorsque demain se lèvera,
Je chanterai avec les oiseaux, près des lotus.
Lorsque demain se lèvera,
J'irai me baigner dans l'oasis,près de la tortue.
Lorsque demain se lèvera,
Je me reposerai dans le hamac,près du manguier.
Mais pour l'instant c'est la nuit;
Tout est calme;
Et les étoiles,semblables à des fleurs,
Brillent de mille pétales.

 

Oh!Mon beau rossignol!

Oh! Mon beau rossignol!
Tes chants sont ceux de l'amour,
Tes vols sont ceux de la liberté!
Tu tournoies dans le ciel, tel un oiseau rempli de gaieté!

Si tu étais enfermé dans une cage,
Ton cœur serait rempli de rage!
Mais ça,ce n'est qu'une image
Une image venue d'un de tes cauchemars.

Alors libère-toi de tes peurs
Libère-toi de ta tristesse!
Et prends ton envol vers les cieux
En passant par l'arc-en-ciel féérique.

 

Ma poésie à moi

Ma poésie à moi
C'est celle qui t'enchantera
Et qui te ravira
Puis te transportera
Dans le ciel étoilé.

Tu traverseras
L'aube blanche du petit matin
Et tu rencontreras
Le crépuscule vermeil du soir.

A bord de ta barque enchantée
C'est ceci que tu verras
Car moi je l'ai vécu
En écrivant cela.

 

Un jour, je ferai le tour du monde

Un jour,je ferai le tour du monde;
A bord de mon voilier je traverserai
Toutes les mers et les océans.
Je fendrai les eaux des Bermudes
Et je naviguerai sur le Pacifique.
Je côtoierai l'Afrique et l'Inde
Toujours à bord de mon voilier.
Qu'importe la direction!
C'est l'étoile du berger qui me guidera...

 

Moi aussi j'ai le droit d'aimer

Quand je chantais
Ces gueux de camarades
Se moquaient de moi.
Quand je parlais
De mes chansons préférées
Ces gueux de camarades
Se moquaient de moi.
Vous avez le droit d'aimer
Je ne dis pas le contraire;
Mais moi aussi j'ai le droit d'aimer
Moi aussi j'ai le droit de montrer
Que les chansons que vous écoutez
Explosent mes tympans.
Moi aussi j'ai le droit de chanter
Sans que certains se disent
Des choses sur moi à l'oreille.
Moi aussi j'ai le droit d'aimer
De montrer
Et de chanter.

Tous pareils

Il est comme nous sommes,
Vous êtes comme ils sont;
Je veux tout simplement dire
Que nous sommes tous pareils.

Il n'y a pas d'exception
Ni plusieurs races;
Il y en a une seule
C'est celle de l'homme.

Alors venez avec moi
Venez avec nous
Et résolvons ensemble
Les petits et les grands problèmes de la vie.

 

La lune

Sous le manteau céleste
Brillant de mille éclats,
Elle se promène
Dans l'étendue sombre qu'est la nuit.

Arrivera-t-elle un jour
A réveiller le soleil
Lui même perdu dans ses pensées
De grandeur et de majesté?

Pour l'instant,personne ne le sait
Personne ne le rêve non plus
Et la lune se promène encore
Dans le manteau doré.

 

Si je pouvais

Si je pouvais devenir grand
Je serais ravi de voir de haut le paysage.

Si je pouvais voler
Je serais aux anges
Et je serais le facteur du ciel.

Si je pouvais devenir célèbre
Je serais demandé par tout le monde
Et aussi poursuivi par tous...

Si je pouvais aller partout dans le monde
Alors ma liberté serait infinie!

Mais tu vois,moi,je suis bien comme je suis
Et je suis content de ma vie
C'est ça le plus important.


Le rêve

Imaginez-vous dans un monde mystérieux
Où tout le reflet de votre vie
N'apparaîtrait que
Dans une petite tache de folie.

Toutes les choses de la réalité
Seraient inversées
Et alors dans ce monde de naïveté
Vous vous promèneriez.

Les grands deviendraient petits
Les jeunes deviendraient vieux
Les riches deviendraient pauvres
Et les sots deviendraient intelligents;

Donc méfiez-vous car dans ce monde
Rien n'est comme vous le voudriez!

Théo G. 10 ans

Anonyme

- Bébé 1 : Et toi, tu crois à la vie après l’accouchement ?
    
- Bébé 2 : Bien sûr. C’est évident que la vie après l’accouchement existe. Nous sommes ici pour devenir forts et nous préparer pour ce qui nous attend après.
    
- Bébé 1: ... tout ça, c’est insensé. Il n’y a rien après l’accouchement ! A quoi ressemblerait une vie hors du ventre ?
  
- Bébé 2 : Eh bien, il y a beaucoup d'histoires à propos de "l'autre côté"... On dit que, là-bas, il y a beaucoup de lumière, beaucoup de joie et d'émotions, des milliers de choses à vivre... Par exemple, il parait que là-bas on va manger avec notre bouche.
   
- Bébé 1 : Mais c’est n’importe quoi ! Nous avons notre cordon ombilical et c’est ça qui nous nourrit. Tout le monde le sait. On ne se nourrit pas par la bouche ! Et, bien sûr, il n’y a jamais eu de revenant de cette autre vie... donc, tout ça, ce sont des histoires de personnes naïves. La vie se termine tout simplement à l’accouchement. C'est comme ça, il faut l'accepter.
    
- Bébé 2 : Et bien, permets-moi de penser autrement. C'est sûr, je ne sais pas exactement à quoi cette vie après l’accouchement va ressembler, et je ne pourrais rien te prouver. Mais j'aime croire que, dans la vie qui vient, nous verrons notre maman et elle prendra soin de nous.
   
- Bébé 1 : "Maman" ? Tu veux dire que tu crois en "maman" ??? Ah ! Et où se trouve-t-elle ?
  
- Bébé 2 : Mais partout, tu vois bien ! Elle est partout, autour de nous ! Nous sommes faits d'elle et c'est grâce à elle que nous vivons. Sans elle, nous ne serions pas là.
  
- Bébé 1 : C’est absurde ! Je n’ai jamais vu aucune maman donc c’est évident qu’elle n’existe pas.
 
- Bébé 2 : Je ne suis pas d’accord, ça c'est ton point de vue. Car, parfois lorsque tout devient calme, on peut entendre quand elle chante. On peut sentir quand elle caresse notre monde. Je suis certain que notre Vraie vie va commencer après l’accouchement.

Héloïse, 12 ans.


Dans la rue de mon cœur

Il faut le tuer

Tuer ce corbeau hantant

Hantant mes doux esprits

Doux esprits romantiques

Romantiques comme la grêle

Grêle luisante dans cette rue

Rue sombre de mon cœur

Cœur d'un couple amoureux

Amoureux de la vie

Vie si heureuse

Nous aimant

Nous haïssant

Nous trahissant

Nous promettant

Et nous offrant

Ce poème.

 

 

 

22 décembre 2012

Et voilà. C'est fini. Un nouveau matin, gris, pluvieux, terne et froid. Aussi nul qu'une gueule de bois. Et pourtant, on y croyait !

Depuis le temps que les médias nous bassinaient avec ça, on se disait : ça y est, cette fois-ci, c'est la bonne !

Bon d'accord, c'est naïf, puisque cela fait près de 183 fois qu'on nous fait le coup.

Mais là, pourtant, tout y était. Les astéroïdes, l'alignement des planètes, le soleil en période de forte activité, l'inversion du champ magnétique terrestre, l'éclipse de trou noir, le retour de Nibiru, les extraterrestres, le calendrier maya, les comptes de campagne de l'UMP...

Tout ça pour rien ?

Moi, je me disais : ce soir, ça y est, le cauchemar va enfin se terminer. Je vais me réveiller… où ? Va savoir.

Mais, en tous cas, plus ici. Plus dans cet enfer quotidien.

Eh ben non. Rien, nada.

Circulez, ya rien à voir.

Les humains vont pouvoir continuer de s'entretuer à qui mieux mieux et à pourrir leur planète. Continuer pour certains de s'enrichir sur le dos des autres, continuer de prêcher la bonne parole.

Dès aujourd'hui les gogos qui ont acheté un bunker vont sans doute appeler les prédicateurs-vendeurs qui leur promettaient la vie éternelle, pour se faire rembourser.

À moins qu'ils ne décident d'en faire leur résidence de vacances.

Retour à la réalité. La crise, le climat, les guerres en cours ou à venir, les épidémies, la misère, la connerie humaine…

Tiens, finalement, on l'aura peut-être notre fin du monde !

Paul Renard – Tourcoing

 

11 novembre 2014

Je reviens (poème Françoise Albe)

Oui, je reviens de guerre, je ne suis pas blessé,
J’ai traversé l’enfer et je m’en suis tiré,
Mais j’ai sauvé ma vie au prix de tellement d’autres
Que j’éprouve un remord d’être parmi les vôtres.
J’ai lancé des grenades, vous me lancez des fleurs
Et pour avoir tué, m’accueillez en vainqueur.
Quand je vois cet enfant qui m’apporte une gerbe,
Je pense que là-bas, d’autres dorment sous l’herbe.

Oui, je reviens de guerre mais je vous en supplie,
Ne me demandez pas d’être fier d’être ici.
J’ai fait comme les autres, je me suis défendu,
Je ne voulais pas mourir, mes adversaires non plus.
Ce n’est pas la violence qui nous faisait agir,
Mais une peur immense de ne plus revenir.
Pour vous c’est terminé, vous chantez la paix,
Moi je pleure ces morts qui ne m’avaient rien fait.

Oui, je reviens de guerre, on dit qu’on a gagné,
Mais pour l’amour de Dieu, cessez de m’acclamer,
Car si je suis ici c’est que d’autres sont morts
Et leurs cris d’agonie me poursuivent encore.
Qu’on ne me dise pas que j’ai des ennemis,
Je n’ai vu que des hommes transformés en soldats
Qu’on obligeait à faire ce qu’ils ne voulaient pas.

Oui, je reviens de guerre, mais vos chants de victoire
N’effaceront jamais l’horreur de ma mémoire.
Je crois entendre un bruit, celui d’un homme qui tombe
Et le dernier soupir de celui qui succombe.
Et le dernier regard de ceux que j’ai tués
M’a placé pour toujours au banc des accusés
Arrêtez la fanfare, rangez tous vos drapeaux !
Je suis un criminel, je ne suis pas un héros.

 

 

JPP, 1977

L'univers est un parchemin

Un endroit et un envers

Sur un côté on vit bien

Et sur l'autre c'est l'enfer

Et ce temps qui nous transperce

Ces illusions qui nous bercent

N'ont pas le même pourquoi

Sur l'envers et sur l'endroit.

La Colère du Général, en pdf

Un texte que j'aurais bien aimé découvrir dans les colonnes du Canard Enchaîné ou de Charlie Hebdo

On s'est abonnés à Charlie Hebdo, pour les soutenir. Je reçois. Bon ....

Il faut défendre la liberté d'expression et la laïcité. En s'en prenant à Cabu, Wolinski,on s'en est pris à la solide tradition française des journaux satiriques.

7 mars 2015 :  J'étais hier chez le dentiste qui, vu le devis standard, m'a refait la façade gratis, en posant deux implants pour tenir des canines inférieures qui se faisaient la malle. Merci à lui. Il m'a conté une histoire qui vaut son pesant de chipolatas. Il soigne un client portant une imposante barbe noire et lui dit "Pour votre implant, comme il manqait de l'os pour constituer un support solide, j'ai comblé les manques avec des fragments d'os de porc" (C'est un procédé classique : le porc donne les greffons qui sont le mieux acceptés par l'homme car, et cela ne nous surprendra qu'à moitié, le génôme de cet animal est très proche du nôtre). L'autre fronce aussitôt les sourcils et lui dit :

- Monsieur, sachez que je suis Musulman. Vous avez de la chance, car je pratique ma religion de façon modérée. Mais soyez prudent. Avec d'autres, intégristes islamistes, vous pourriez avoir de sérieux ennuis ...

 

Après les attentats du 13 janvier 2015 à Paris

Adieu âme-soeur
Il est des mots dont on ne se remet pas.
Il est des lieux dont on ne s'échappe pas.
Il est des tables enivrées où on double ou quitte, ruinés par le désir.
Trop bien faire, se refaire, tout refaire ?
Il est des non dits qui entaillent comme une lame, envoutent de volutes de silence et de mépris
chaque petits pas à reculons dans le couloir de la mort de l'âme.
Il est des déchirures blessées qu'on entend crier pour l'éternité aussi loin qu'on soit échappé,
des gifles qui claquent comme les voiles déchirées d'un bateau à la dérive,
Non pas à l'aube d'une catastrophe,
Mais déjà au coeur du cyclone,
A panser les plaies des blessés hagards.
Pas un instant ne passe sans penser à toi,
soufflée par l'attentat, éteinte dans mes bras trop petits pour toi.
Les coeurs étouffés par la cruauté tombent dans les bras du monde,
entendent encore ton murmure exsangue : "ne pars pas"
Et savent...
Que malgré les larmes qui nous rongent, nous respirons pour eux.
Prisonnier depuis dans cette fosse à lions où le carnage a arrêté le monde.
Pantin assis dans une mare de sang, des larmes tristes roulent sur l'océan qui nous sépare maintenant.
C'est toi qui est partie.
Mais j'entends ta voix à l'intérieur de moi : "n'abandonne pas".
Alors je serai tes yeux, tes lèvres, tes rêves, ta chair.
Je vais me relever remarcher, regarder, parler.
Aimer, non plus, c'est déjà fait, une seule fois pour toujours.
Mais je serai dans la ville avec les autres qui seront toi, pour toi.
Je serai ton souffle, ta vie,
La Vie.

Anonyme

 

  16 avril 2018

Les souffles de Birago Diop

Écoute plus souvent
Les choses que les êtres,
La voix du feu s'entend,
Entends la voix de l'eau.

Écoute dans le vent
Le buisson en sanglot:
C'est le souffle des ancêtres.

Ceux qui sont morts ne sont jamais partis
Ils sont dans 1'ombre qui s'éclaire
Et dans l'ombre qui s'épaissit,
Les morts ne sont pas sous la terre

Ils sont dans l’arbre qui frémit,
Ils sont dans le bois qui gémit,
Ils sont dans l'eau qui coule,
Ils sont dans la case, ils sont dans la foule
Les morts ne sont pas morts.

Écoute plus souvent
Les choses que les êtres,
La voix du feu s'entend,
Entends la voix de l'eau.

Écoute dans le vent
Le buisson en sanglot:
C'est le souffle des ancêtres.

Le souffle des ancêtres morts
Qui ne sont pas partis,
Qui ne sont pas sous terre,
Qui ne sont pas morts.

Ceux qui sont morts ne sont jamais partis,
Ils sont dans le sein de la femme,
Ils sont dans l'enfant qui vagit,
Et dans le tison qui s'enflamme.
Les morts ne sont pas sous la terre.
Ils sont dans le feu qui s'éteint.
Ils sont dans le rocher qui geint,

Ils sont dans les herbes qui pleurent,
Ils sont dans la forêt, ils sont dans la demeure,
Les morts ne sont pas morts.

Écoute plus souvent
Les choses que les êtres, `
La voix du feu s'entend,
Entends la voix de l'eau.
Écoute dans le vent
Le buisson en sanglot:
C'est le souffle des ancêtres.

Il redit chaque jour le pacte,
Le grand pacte qui lie,
Qui lie à la loi notre sort;
Aux actes des souffles plus forts
Le sort de nos morts qui ne sont pas morts;
Le lourd pacte qui nous lie à la vie,
La lourde loi qui nous lie aux actes
Des souffles qui se meurent.

Dans le lit et sur les rives du fleuve,
Des souffles qui se meuvent
Dans le rocher qui geint et dans l’herbe qui [pleure.
Des souffles qui demeurent
Dans l’ombre qui s'éclaire ou s'épaissit,
Dans l'arbre qui frémit, dans le bois qui gémit
Et dans l'eau qui coule et dans l’eau qui dort,
Des souffles plus forts, qui ont prise
Le souffle des morts qui ne sont pas morts,
Des morts qui ne sont pas partis,
Des morts qui ne sont plus sous terre.

Écoute plus souvent
Les choses que les êtres....

en pdf

 

 

 

Ce que l'homme a inventé de mieux !

Pour aller en début de cette page consacrée à " La Poésie des Autres ".


 

Retour vers Nouveautés       Retour vers Guide        Retour vers page d'Accueil