Incroyable ! Une fausse fresque au musée du Caire
6 nov 2002
On a du mal à imaginer que depuis sa découverte en 1987 dans la tombe d'Amosis IV que cette fausse fresque ait pu passer à ce point inaperçue des spécialistes. En effet le lecteur y discernera de nombreux anachronismes. Le pharaon est représenté avec son épouse, qui est sur sa gauche, tandis qu'un esclave apporte de l'huile parfumée. Son fils est assis plus bas et porte la coiffure typique. Un examen plus attentif montre que celui-ci tient en main une disquette trois pouces, alors que sur la tablette trône un ... Mac Intosh, vu de profil, qui n'existait évidemment pas à cette époque. La pomme "Apple" est aussi visible dans un des cartouches.
La fresque a aussitôt été retirée. Une enquête approfondie a montré que son auteur n'était autre que Jean-Pierre Petit, auteur, dans les années quatre-vingt de nombreux faux de ce genre, datant de l'époque où il était directeur adjoint du Centre de Calcul de l'université de Provence. Il est regrettable que des chercheurs au CNRS aient pu à certains moments consacrer leurs loisirs à de tels travaux. Si vous avez des tableaux de maîtres chez vous, assurez-vous que ne s'y trouvent pas des incongruités de ce style. Selon nos informations Petit aurait à cette époque mis en circulation de nombreux faux signés Daumier, Picasso, Lautrec, etc.
La photo ci-après vient du temple de Karnak, dont on aperçoit le portique à l'arrière-plan. Contrairement à ce qu'on pourrait croire il ne s'agit nullement d'un montage. Les archéologues égyptiens ont très souvent assemblé un peu au petit bonheur la chance des pierres retrouvées sur les lieux, pour en faire par exemple un mur. C'est le cas de ce que nous voyons sous nos yeux.
Dans l'allée principale du complexe de Karnak, vu par des millions de touristes
La pierre qui au centre du cliché représente de toute évidence une paire de pieds, qui sont probablement ceux d'un pharaon ou d'Osiris, la tige bifide visible étant la base classique d'un "bâton de berger égyptien". Non seulement les pieds du personnages sont à l'envers, mais le cartouche hiéroglyphique visible au dessus, à gauche, a aussi la tête en bas ! On pourrait s'attendre à ce que le conservateur du site s'écrie immédiatement, à propos de pierres qui sont vues quotidiennement par des milliers de visiteurs (c'est dans l'allée centrale) "détachez moi ces blocs et remettez moi tout cela droit sur le champ !". Eh bien non. Le plus probable est que les archéologues égyptiens n'ont pas remarqué ce détail, ce qui expliquerait pourquoi le faux réalisé par Jean-Pierre Petit a pu échaper à leur attention pendant quinze ans.
Si le remontage du bas-relief de Karnak est une authentise sottise, la fresque égyptienne est un canular ! C’est moi-même qui, il y a vingt cinq ans ai créé ces « œuvres », pastiches comme ce faux Daumier ou ce faux Picasso qui, toutes, portent en évidence un ... micro-ordinateur. Un ami avait une revue "d'Informatique administrative" et m'avait commandé des couvertures. Il y eut donc toute cette série. Je n'ai pas pu remettre la main sur un faux Toulouse Lautrec que j'avais fait à cette époque où on voit un groupe de femmes de mauvaise vie en train de compter leurs passes sur un ... Mac Intosh. Jamais je n’aurais imaginé une seule seconde que des lecteurs auraient pu prendre au sérieux des farces dont les ficelles étaient aussi grosses. Qui aurait pu imaginer que les responsables de musées et des experts en œuvres d’art auraient pu ne pas voir la présence aussi évidente d’un micro-ordinateur sur un bas-relief égyptien, un Daumier ou un Picasso. Mais il se trouve que quelques lecteurs s’y sont laissés prendre, de toute bonne foi.
Quand j’ai, sur mon site, placé un dossier
évoquant la mise en œuvre d’un
test destiné à dépister la connerie, dû à
Wilfried Wurmstein et à Laetitia Paparrazi quelques lecteurs se précipitèrent
sur Google, un réflexe qui est aujourd’hui devenu un standard,
pour trouver la trace de ces deux chercheurs dans ce que les internautes considèrent
aujourd’hui comme une véritable encyclopédie.
Il y a une leçon à tirer de ces expériences,
où j’ai été moi-même le premier surpris. J’ai
écrit maintes fois « apprenez à penser par vous-mêmes,
sinon d’autres le feront pour vous ». Ces farces innocentes nous
rappellent combien l’information peut être manipulée. Certains
m’écrivent « nous suivons vos écrits parce que nous
avons confiance en vous ». Ca n’est pas la bonne démarche.
Vous devez apprendre à lire tout ce qui vous tombe sous la main avec
un esprit critique, comme je tente de le faire moi-même. Ce qui est
peut être le plus intéressant dans cette démarche de diffusion
d’information sur un site c’est son caractère interactif.
Sans cesse des lecteurs m’écrivent « ce que vous dites est
inexact, Untel n’a jamais été président d’une
amicale Franco-Israélienne… les choses ne se sont pas passées
ainsi » etc. Et j’en tiens compte. L’information qui, sur
Internet, peut rester accessible sans limitation de temps, devient dynamique,
susceptible de révision au quotidien et j’en sais gré à
mes lecteurs. C’est cette interactivité qui m’a permis de
m’aventurer dans des sujets aussi pointus que le problème israélo-palestinien
ou comme je le fais en ce moment un rappel sur les événements
de la Guerre d’Algérie.
Sachez enfin que Google, si étonnamment performant, est une création de la NSA, de la National Science Asministration américaine. En devenant immédiatement le moteur de recherche le plus performant de la planète, Google pénètre de ce fait chez vous, perçoit vos centres d’intérêt, vous localise et peut permettre à terme de vous manipuler lorsque vous lui ferez… une confiance absolue. Pensez-vous que l’on puisse faire une confiance aveugle.. à la NSA ? Le monde actuel vit des heures trop graves pour que nous puissions garder notre naïveté. Le mensonge n'est pas une invention de notre monde contemporain. L’histoire contemporaine est là pour nous le rappeler, qui accouche si lentement de ses vérités.
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