Six mois après son décès,
l'opinion du Cnrs sur les travaux de J. Benveniste

8 mars 2005

 

En préambule :

 

10 mai 2010. Un lecteur m'a envoyé d'extrait d'une émission où on entend le prix Nocel Luc Montagnier faire l'éloge de mon regretté ami Jacques Benveniste.

 

luc montagnier

Le professeur Luc Montagnier, prix Nobel de médecine, en 2007, à Lugano

 

Celui-ci n'y va pas avec le dos de la cuillère et n'hésite pas à déclarer que Jacques fut un précurseur génial, en avance sur son temps, et sa conviction qu'un jour on reconnaître la justesse de ses vues.

Je me rappelle l'époque où le directeur général de l'INSERM, Lazare, avait enlevé à Jacques ses 200 mètres carrés de locaux à l'INSERM 200 de Clamart, ce qui l'avait conduit à se résinstaller dans les baraquement Algeco, dans la cour ! Une honte absolue.

Maintes fois j'avais dit à Jacques "abandonne, tu vas y laisser ta peau !". Mais il s'est accroché, accroché, jusqu'à son dernier souffle, jusqu'à ce qu'il y laisse sa vie, le coeur en lambeaux.

Ma carrière a présenté des aspects similaires et je n'ai du la vie sauve que parce qu'elle n'a été qu'une suite ininterrompue d'abandons : MHD en 1972 (en abandonnant à l'Institut de Mécanique des Fluides de Marseille l'installation avec laquelle j'avais amené en 1967 le labo en pointe au plan international), Informatique en 1983 (j'étais sous-directeur du service informatique de l'université de Provence), enseignement en fac des lettres, mathématiques (retournement de la sphère, Pour la Science 1979), un come back en MHD (1975-1986), abandon d'édition de BD chez un éditeur, en 1990, abandon rapide, dans les années eux mille, en égyptologie. Actuellement, quasi abandon, ou sérieuse mise en veilleuse en astrophysique, cosmologie et physique mathématique, faute d'échos positifs (1985-2008).

Actuellement, rebond avec Savoir sans Frontières et réédition de livres et de BD. Activités limite-abandon en MHD et sujet OVNI. Ci après la photos du banc MHD en cours de montage à Rochefort (état en mai 2010) :

 

labo ufo science

C'est dans le style des Algeco de Jacques, dans la cour de l'INSERM, à la différence que ce n'est pas moi qui m'en occupe, mais un courageux technicien de 40 ans. A la différence de Bernard Palissy, je ne brûlerai pas mes meubles.

La MHD française de pointe, la MHD "hors d'équilibre", celle des "plasmas bitempérature", qui nous permet de figurer au premier rang dans des ongrès internationaux (Vilnius 2008, Brème 2009), la voilà !

Ca serait comique si ça n'était pas d'une tristesse absolue

 

A l'occasion de l'année de la physique la revue le Courrier du Cnrs a publié une plaquette présentant dix problèmes non-résolus en science. Une de ces questions concerne la structure de l'eau, dans tous ses états. Ci-après la reproduction de ce dossier.

 

L’eau pourtant si répandue à la surface de la Terre, reste une énigme. Dans la nature, c’est le seul liquide qu’on connaisse dans les
conditions habituelles de pression et de température qui règnent au sol. Les autres liquides ne sont que des mélanges d’eau et d’autres composés. Devant une telle originalité, les physiciens n’hésitent pas à parler de liquide anormal. Pour être plus précis, ils ont identifié un
certain nombre d’anomalies de l’eau dont trois principales des comportements qui la rendent unique.

Nous disons cela, précise José Teixeira, chercheur au Laboratoire Léon Brilouin parce que sa structure est très différente des fluides idéaux comme l’argon qui nous servent de modèles d’étude. De plus, lorsqu’on la compare à d’autres molécules présentes dans la nature, son comportement continue à nous échapper. Bernard Cabane, du Laboratoire de physique et mécanique des milieux hétérogènes, ajoute ainsi : « Si on regarde les cléments qui suivent directement l’oxygène l’eau est de formule chimique H2O, un atome d’oxygène lié à deux atomes d’hydrogène dans la classification périodique pour essayer de savoir sous quelle forme est l’eau à température ambiante, alors tout laisse à penserd’une molécule (H20) peut se lier à un autre atome d’oxygène d’une molécule voisine. En moyenne, une molécule d’eau est ainsi liée à quatre autres. « Et c’est cet arrangement des molécules qui explique en partie les propriétés dccc précieux liquide, ajoute José Teixeira. Mais il faut aussi tenir compte de la manière dont les liaisons hydrogène se font et se défont. »

Pour le moment, les physiciens ont réussi à observer qu’elles se créent et se détruisent sans arrêt - chacune vit en moyenne un millième de milliardième de seconde, qu’un grand nombre d’entre elles se forment et qu’il faut que les trois atomes concernés soient parfaitement alignés pour qu’une liaison apparaisse. Or, de tous les liquides, l’eau est le seul à réunir ces trois caractéristiques. Et c’est sans doute ce qui explique en partie les fameuses anomalies décrites par les chercheurs : d’un côté, l’eau n’est pas un gaz à température ambiante, parce que les liaisons hydrogène sont suffisamment fortes.L'eau est donc douéed’une grande force de cohésion. Résultat : il faut apporter beaucoup d’énergie pour rompre ces liaisons, ce qui explique qu’elle ne bout qu’à 100 °C. De l’autre, ce n’est pas non plus un solideà température ambiante, parce que les liaisons sont tout de même fragiles.
Pour José Teixeira, une connaissance plus profonde de la dynamique de la liaison hydrogène est indispensable si on veut vraiment comprendre l’eau un jour. Bernard Cabane va lui aussi dans ce sens : « Il nous manque encore beaucoup d’informations sur l’eau pour avoir un modèle réaliste et prédictif de son comportement. On a beau connaître la nature des liaisons entre molécules, tant qu’on ne saura pas comment une molécule isolée interagit non seulement avec ses premières voisines mais aussi avec les autres, alors le modèle ne sera pas bon. . Et les simulations numériques actuelles lui donnent raison. En effet, si on essaie de rendre compte des trois principales anomalies particulières de l’eau, les modèles n’en reproduisent qu’une ou deux. Jamais les trois en même temps. Liaison hydrogène: elle s’établit entre deux molécules identiques ou non. C’est le déficit de charge portée par l’atome d’hydrogène qui permet l’apparition de la liaison. Mais les physiciens ne sont pas à court d’idées pour tenter de lever le mystère. Pour cela, ils étudient sa structure à froid. « Les liaisons hydrogène sont plus stables en dessous de 0 °C, explique José Teixeira. On peut alors tenter de mieux comprendre l’eau liquide si on suit son évolution jusqu’à - 40°C. » Liquide jusqu’à -40 °C ? Oui, si elle est débarrassée de toutes ses impuretés, sans quoi elle cristallise immédiatement. Les scientifiques appellent cela la surfusion (voir diagramme de phase), qui existe d’ailleurs pour d’autres liquides, comme le toluène, le gallium ou la silice fondue. « Pour le moment, le record pour l’eau est à - 42 °C - à peine mieux que pour l’eau sur-fondue présente dans certains nuages atmosphériques, précise Frédéric Caupin, chercheur au Laboratoire de physique statistique de l’ENS. En dessous de - 40 °C, rien que l’agitation thermique des molécules d’eau semble suffisante pour que le liquide se transforme en glace. Passée cette barrière de température, la durée de vie de l’eau liquide devient extrêmement brève. Les physiciens n’ont alors plus le moyen de l’observer.

C’est aux alentours de -130 °C qu’apparaît un autre phénomène intéressant : si l’eau est refroidie suffisamment vite jusqu’à cette température, elle se transforme en glace amorphe, c’est-à-dire qu’elle a la structure du verre (voir p. 16). Une constatation s’impose « On ne sait rien sur la structure de l’eau entre - 40 °C et -130 °C ", avoue José Teixeira. Non sans humour, les chercheurs appellent cette zone le « no man’s land ». Rebondissement en 1984 : les physiciens Mishima, Calvert et Whalley découvrent une deuxième forme de glace, amorphe, plus dense que la première, en comprimant la glace ordinaire à très basse température. Un résultat qui a fait resurgir des idées anciennes. En effet, en 1892, Röntgen avait émis l’hypothèse que l’eau était un mélange de liquide et de glace. Aujourd’hui, certains voient dans la découverte des deux formes de glace amorphe une piste prometteuse : l’eau serait, au moins à basse température, un mélange de deux liquides, l’un de faible densité et l’autre de haute densité. Une idée qui laisse un peu sceptique José Teixeira. Et il suggère que le responsable est encore et toujours la liaison hydrogène. Mais comment trancher, alors que le no man’s land reste inaccessible aux mesures ? Une solution : améliorer les expériences dites de cavitation, qui se déroulent à température ambiante et à des pressions qualifiées de « négatives » .

 

Elles mettent à l’épreuve la cohésion de l’eau en recherchant la traction maximale qu’on peut exercer avec des ultrasons sur de l’eau liquide avant que la première bulle de vapeur ne se forme. « L’espoir est d’atteindre une pression de -1400 bars, commente Frédéric Caupin. Alors, nous aurions des eléments nouveaux qui permettraient d’écarter certaines hypothèses sur la structure de l’eau. » Malheureusement, ces expériences sont aujourd’hui très difficiles à réaliser. Des progrès restent encore à accomplir dans la purification de l’eau. Patience donc. Le mystère de l’eau risque de turlupiner les chercheurs pendant encore de nombreuses années, dit Julien Bourdet. Pour lever les mystères de l’eau, les physiciens misent sur les expériences de cavitation (ici réalisée dans un tunnel hydrodynamique) où apparaissent des bulles de vapeur d’eau.
Parmi les anomalies de l’eau, les trois principales sont
- une très forte cohésion, qui se traduit par des températures de fusion et d’ébullition élevées;
- une Constante diélectrique élevée, qui lui permet de dissoudre tous les sels.
  Pour lever le mystère de l'eau, les physiciens misent sur des expériences de cavitation (ici réalisées dans un tunnel hydrodynamique) où apparaîssent des bulles de vapeur d'eau

- une grande expansion à basse température (en dessous de 4 °C) et aussi lors de la cristallisation.
De même qu’on peut trouver de l’eau surfondue. on peut en trouver surchauffée, c’est-à-dire liquide au-dessus de 100 ~C. L’apparition explosive d’une bulle s’appelle la cavitation. Une chute de pression est équivalente à un chauffage de l’eau. Les chercheurs étirent l’eau (ils parlent de pression négative) jusqu’à observer la première bulle de vapeur.

Julien Bourdet   
     
CONTACTS

Bemard Cabane :   bcabane @ pmmh.espci.fr
Frédéric Caupin :   caupin @ lps.ens.fr
José Teixeira :   teix@ Ilb.saclay.ceafr

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