Un projet de MHD
3 novembre 2004
Sans cesse, des étudiants, des jeunes, me sollicitent pour des TIPE ou même carrément avec l'envie de monter une manip de MHD. Récemment un électronicien me demandait des conseils pour monter un générateur à compression de flux, du type de Sakharov (1952). J'ai répondu non, parce que ce joujou était l'équivalent, en MHD, d'une arme à feu et que les choses militaires et moi, cela fait longtemps, très longtemps que ça fait deux.
Pour la même raison j'ai refusé de délivrer un enseignement dans le domaine des plasmas bi-température et de leurs nombreuses et redoutables instabilités. Mon savoir (et mon savoir-faire) dans ce domaine sont importants et uniques en Europe. Seuls les Américains et les Russes savent ce que je sais. Et ils en savent bien plus encore, ayant eu le loisir de développer des recherches pendant trente ans. J'ai refusé de mettre ces connaissances sur mon site, d'en faire un livre ou même de donner des cours dans une Grande Ecole. C'est un "non" définitif sur toute la ligne. Les infos données dans "OVNIS et armes secrètes américaines" ne doivent pas faire illusion. Si les principes de base sont là, j'ai omis de donner les clés assurant la faisabilité d'un quelconque projet.
Les militaires français ont quand même fini par comprendre que les "plasmas froids", bi température (où la température du gaz d'électrons libres excède sensiblement celle du gaz d'atomes ou de molécules ) représente un point de passage obligé pour le développement de nombreuses armes et en particulier pour le franchissement du Mur de la Chaleur, pour le positionnement de plate formes spatiales de tir à des altitudes intermédiaires (30-150 km). Il y a ces applications, et bien d'autres choses encore. Or les Français ont été absents de ce "créneau" pendant trente ans. Ces plasmas sont aussi différents des plasmas de fusion ou des plasmas stellaires que peuvent l'être les liquides et les gaz. Alors, depuis des années, on m'envoie des gens, des "civils", qui seraient prêts, "par pur intérêt scientifique" à financer des recherches de MHD. Je ne peux plus compter le nombre de bonshommes qu'on m'a collé dans les jambes depuis 1975. Je ne parlerai que des deux derniers. Le premier était Italien d'origine. Inventif, avait monté et animé un bureau d'étude, "venait de prendre sa retraite et disposait d'argent frais, disait-il". Mais les gens lâchent toujours quelque chose de trop. Celui-ci avait travaillé pour la mise au point d'un casque pour pilote d'hélicoptère où, pour viser une cible, il suffisait de tourner la tête. Des circuits de mercure, intégrés au casque jouaient le rôle de canaux semi-circulaires en informant l'ordinateur de tir de la position du casque, du point visé.
Quand on a déjà eu "des petits contrats de l'armée" il est rare qu'on perde le contact. L'industriel qui, au milieu des années quatre-vingt paya Bertrand Lebrun pendant l'année où celui-ci termina la rédaction de sa thèse avant que nous ne fermions boutique, usinait ... des tourelles de char dans ses vastes ateliers, avec des tours verticaux. Je l'avais remarqué dès ma première visite chez lui. Il aurait fallu planquer ces fichues tourelles en usinage.
A chaque fois qu'un type se pointe, je lance une enquête sur lui. Il y a deux ou trois ans c'était le jeune directeur d'une boite d'agro-alimentaire qui me contactait. Encore un "que la MHD passionnait". J'ai accepté de fournir un projet et j'ai été payé six mois en tant qu'ingénieur conseil là-dessus. Dans cette activité de l'agro-alimentaire on utilisait à fond les possibilités offerte par les micro-ondes. L'homme m'avait tout de suite dit "vous savez, si vous avez en tête n'importe quoi, ici, nous réalisons. Il y a de la place et un solide support technique".
Il ne s'attendait pas à la sale blague que j'allais lui jouer et ça fera l'objet du projet que je vais décrire ici. Il s'agit d'une application de la MHD dont je ne vois vraiment pas comment on pourrait tirer une application militaires (quoique, comme dirait Raymond Devos .. peut être avec des métaux liquéfiés, ou des oxydes en solution, pour faire de l'enrichissement isotopique, quien sabe?).
La machine que je vais décrire est une pompe MHD des plus simples, alimentée par de l'énergie solaire. Son rendement est incroyablement mauvais, absolument exécrable, d'autant plus qu'elle serait conçue pour fonctionner avec de l'eau douce, et même pure, dont la conductivité électrique, tout le monde de la sait, est absolument misérable.
Mais alors, pourquoi faire ?
Pour pomper, très doucement, au fil d'heures, de jour, l'eau de marigots, de puits, de points d'eau et de purifier cette eau en brûlant les bactéries, parasites, etc, avec l'oxygène dégagé par électrolyse. Pas de pièces mobiles, pas d'entretien, rien. On met en place, on dirige les capteurs vers le soleil, on installe les tuyaux de prise et de retour d'eau et on laisse tourner. A terme l'eau la moins buvable deviendra biologiquement pure. C'était un beau projet, pas cher. On aurait pu y intéresser l'Unesco ou d'autres organisme du même genre. Il était clair que ça ne concurrencerait pas les systèmes de dépollution utilisés pour les piscines, dans les hôpitaux, efficaces, simples et basés sur un bombardement UV. La qualité de ce système MHD était sa fantastique simplicité.
Six mois se sont écoulés. J'ai passé toutes les données. Il s'est avéré que les aimants permanents avaient fait de solides progrès en 30 ans, même dans le secteur civil. Un à deux teslas, au lieu de de moins d'un dixième. Voilà le plan de la cellule de dépollution :
Unité de dépollution MHD
C'est un montage, mais vous pourrez en imaginer dix différents dans l'heure qui suit. J'ai pris celui-là parce qu'il s'agit d'un système que nous avions effectivement testés ( figure C ) en 1976, dans les caves de l'observatoire de Marseille où Viton et moi avions installé un labo "où l'avenir appartenait déjà au passé", en paraphrasant les célèbres "muppets" anglais. On trouvait à l'époque des aimants développant 900 Gauss (0,09 tesla), de forme torique, à section carrée. Le sens du champ est indiqué. On ajoute à cela le principe de l'accélérateur pariétal dont l'avantage est de pouvoir réduire autant qu'on le souhaite la distance entre deux électrodes, ce qui est appréciable quand on travaille sur un fluide à très faible conductivité électrique (l'eau douce). Mais avant d'envisager les choses sous cet angle vous pouvez prendre deux solides aimants (les nôtres avaient un diamètre hors tout de 8 cm et une section carrée de 15 mm par 15 mm). Vous les collez "nez à nez" avec de la superglue, en mettant deux faces nord, ou sud, peu importe, en regard. Pour les électrodes nous avions simplement fixé à la pince deux fils de cuivre rouge de 2 mm de diamètre. Mettez le tout dans une bassine emplie d'eau saturée de sel et connectez les fils à une batterie. Vous obtenez une très jolie centrifugeuse.
Dans la pratique il faudrait pouvoir disposer d'aimants sous forme de disques minces. Peut être 2 mm d'épaisseur, ou quelques millimètres. Sur ces aimants, des électrodes fixées en cerclage. Matériau : non sensible à l'oxydation, à la corrosion. Effet : mettre l'eau en rotation. En face : des palettes inclinées qui transforment ce mouvement de rotation en mouvement axial. L'effet recherché est avant tout l'électrolyse. Tout cela est à essayer, de même que l'effet sur un milieu pollué par des bactéries. Un travail sympathique, peu onéreux, à la porté de n'importe quelle école d'ingénieur ou d'une école technique. Au-delà il faut évidemment viser l'emploi d'aimants développant au moins un teslas. Ceux-ci craignent la chaleur (qui, comme les choc, provoque leur désaimantation). Mais cette géométrie permet à la chaleur de s'évacuer facilement dans le reste du flux liquide en traîné à la paroi par l'accélérateur MHD. S'il y a une école, ou un groupe quelconque qui veut tenter l'aventure, je suis, mais pas pour autre chose, que cela soit bien clair.
Mon jeune et brillant chef d'entreprise n'alla jamais très loin dans ce projet. Pourtant, tout était à portée de main. Visiblement, il attendait autre chose de moi :
- Enfin, monsieur Petit, tous ces klystrons de puissance, ça ne vous... inspire pas, vous qui avez toujours rêvé d'ionisation contrôle par hyperfréquences ? Tout est là, à portée de main ...
Eh non, ça ne m'inspirait pas. Je ne m'intéressais qu'à la dépollution des points d'eau du Sahel. Un de mes amis très proches avait même été engagé comme ingénieur. On s'était peut être dit "si on arrive pas à savoir des choses par Petit lui--même, peut-être, à travers son copain ingénieur ? ..... Mais quand j'ai décidé de me taire, une carpe est alors plus bavarde que moi.
Des projets étranges défilèrent dans cette boite d'agro-alimentaire. Il y eut cette idée de condensateur à très forte capacité, conçu à mon avis pour alimenter les systèmes à compression de flux de missiles, où la technique des supraconducteurs était déjà maîtrisée, dans le but de mettre en oeuvre des armes électromagnétiques. Etranges préoccupations, pour une boite d'agro-alimentaire, ne trouvez-vous pas ? Le gars, voyant que j'étais si peu enclin à "coopérer" cessa d'abord de me payer. Et puis un jour mon ami se pointa avec une lettre que son cher patron lui avait passé.
- Et ça, ça ne vous inspire pas ?
La lettre émanait du centre de Gramat, le site où les militaires français expérimentent de nombreuses armes, dont des canons. La lettre demandait si "quelqu'un n'aurait pas des idées pour accélérer des obus à l'aide de la MHD". Ne faisant pas montre de l'inspiration souhaitée, mon ami, pourtant remarquablement imaginatif fut licencié.
Dans les mois précédents un certain Jean-Marc Roeder a fait des pieds et de mains pour établir un contact avec moi. Se présentant comme bouddhiste, entre autre, il souhaitait vivement m'amener à écrire un ouvrage sur la MHD. Il est intervenu à plusieurs reprises sur les ondes de la radio Ici et Maintanant, gérée par un autre bouddhiste, Didier de Plaige. Dans ces émissions il a amplement commenté la question des armes secrètes américaines et des ovnis, tout en publiant plusieurs articles dans la revue Top Secret. J'incite le lecteurs à découvrir ici le trajet d'un bouddhiste atypique (le lien pointait vers le site rro mais n'est plus vabale) qui a entre autre dirigé une société Est Video et conçu le système de visualisation tactique du PC souterrain de la 1ère armée (qui lance les missiles nucléaires tactiques Pluton). Roeder a à cette occasion accèdé donc à une accréditation secret défense au niveau Vulcain, d'un niveau très élevé, après une enquête sécurité gendarmerie et DST de 3 mois. Avec l'INSA de Strasbourg il conçoit des drones de reconnaissance furtifs pour le compte de l'Armée de Terre.
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