Le labo de MHD français

24 novembre 2007


 

Julien Geffray ( 27 ans, 2 ans de licence de physique, employé de banque ) et Jean-Stéphane Beetschen ( 24 ans, infographiste ) ont décidé de tenter de remonter des manips de MHD en basse densité dans une cave située à Fontenay sous Bois et dans la mesure de leur temps libre, semblables à celles que vous avions faites, Viton et moi en 1975. Suite à leur demande je leur donnerai donc des indications, à distance.

L'image que vous verrez ci-dessous vous donne la mesure de la misère et de l'imbécilité qui règnent dans certains secteurs de la recherche en France.

C'est le type de recherche que j'avais faite au début des années quatre-vingts dans une chambre de bonne d'Aix en Provence. A l'époque j'avais rencontré le Directeur Général du Cnrs, Papon, à qui j'avais parlé de ces singulières conditions de travail, qui m'avaient quand même permis d'obtenir, seul, tel Bernard Palissy, des résultats brillants et originaux ( annihilation de l'instabilité de Vélikhov ) que j'avais été présenter au VIII° colloque international de MHD de Moscou, en 1983, où je m'étais rendu à mes frais (...).

C'est à la suite de ce contact que s'était ébauché un projet de recherche MHD, impulsé par le directeur du département sciences physique pour l'ingénieur du Cnrs, Michel Combarnous. J'ai raconté cette histoire dans différents ouvrages. Il y eut à la clé une thèse de doctorat d'Etat, celle de Bertrand Lebrun, ainsi des publications dans des journaux à comité de lecture ( European Journal of Mechanics ), des présentations à deux congrès internationaux de MHD ( Tsukuba 1987, Pékin 1991 ) où nous ne pûmes nous rendre, faute de crédits.

L'arrêt de cet effort de recherche, par Charpentier, successeur de Combarnous et Feneuille, successeur de Papon fut un geste d'une imbécilité coûteuse, qui vaut maintenant à la France trente années de retard sur les Américains dans ce domaine, alors qu'au début des années soixante-dix nous étions nous, Français, en pointe, grâce à mes idées. La MHD française est morte à cette époque là et ne s'est jamais relevée. Aujourd'hui cette MHD des plasmas bitempérature est en France totalement inexistante. Ces plasmas-là n'ont rien à voir avec les plasmas des tokamaks ou des bombes.

Il est fréquent que des efforts de recherche capotent ainsi, dans notre pays. Cela se fait alors dans la discrétion et l'indifférence. La presse ne s'en fait pas l'écho. Mais de nos jours, la différence, c'est Internet et la vidéo. Quels que soient les travaux qui pourront être effectués là, vous serez tenus au courant via les sites internet. Tenus au courant de l'avancement ou du non-avancement. Dans l'image ci-après nous vous présentons :

 

labo_mhd2

Le labo de MHD français

 

Ca sera la seule installation française dans cette spécialité ( ...)

 

Aux USA la nouvelle Z-machine, dite ZR, est en cours d'achèvement.

 

zrµ

Le coeur de la nouvelle Z-machine américaine, développant 28 millions d'ampères

Echelle : chacun de 36 canons mesure 2 m de diamètre

 

Cette machine produira des décharges de 28 millions d'ampères au lieu des dix-sept de la Z-machine, qui avaient permis en 2005 d'obtenir une température de deux milliard et demi de degrés. En principe la température qu'on peut atteindre avec ce type de compresseur MHD varie comme le carré de l'intensité électrique. La Z-machine a ouvert un champ de recherche totalement inédit en produisant un plasma où la température ionique est 100 fois supérieure à la température électronique, ce qui n'avait jamais été observé, ni en laboratoire et encore moins dans la nature.

Un autre train que les Français vont rater, comme d'habitude.

La France a sa propre Z-machine, nommé Sphinx, installée dans le site militaire de Gramat, dans le Lot. Mais, trop lente, elle ne permet pas de telles montées en température. La brièveté de la décharge, l'intensité croissant linéairement au fil du temps ( 100 nanosecondes pour la Z-machine américaine, contre 400 pour la machine française ) est le paramètre-clé dont dépend le succès de l'opération. Les fils métalliques constituant le "liner", dont le diamètre est de l'ordre du micron se subliment.

J'ai été, il y a plus de quinze ans, très lié d'amitié avec Alexandre Grothendieck, médaille Field de mathématiques en étant un des rares scientifiques avec lequel il ait accepté de conserver un contact. Ayant été directeur de L'Institut des Hautes Etudes de Bures sur Yvette, il avait préféré démissioner, refusant de voir y atterrir des crédits de l'armée. Quand nous avions créé le GESTO, en 1990, il avait figuré dans notre comité de soutien, comme en témoigne cette lettre, parfaitement authentique, qui en suprendra plus d'un.

 

grothendieck

 

A moins d'un miracle, la partie est simplement perdue. Ce ne sont pas deux jeunes, travaillant durant leurs week-ends dans un garage, avec du matériel de fortune et sans aide qui pourront y changer grande chose.

 

 


 

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