Réaction d'un lecteur sur le forum agoravox
" Tel que je comprends le phénomene (je ne suis
pas specialiste non plus, mais je travaille dans un domaine
annexe. Mon avis est donc comparable a celui dun dentiste
si on lui demande comment fonctionne la croissance osseuse)...
lidee est dutiliser le bestiau pour faire une sorte
de moteur a explosion: on fait des tirs frequents avec un plasma
ultra-chaud et on allume la reaction thermonucleaire sur de
tres courtes periodes. Mais la somme des periodes est sensee
faire plus que lallumage en continu: comme le moteur a
explosion compare a une machine a vapeur. On evite ainsi la
necessite de confiner le plasma a bruler a des pressions monstrueuses
sur un temps tres long.
Je vous laisse imaginer les difficultes pratiques qui se
poseront lorsquon voudra industrialiser le processus:
enchainer des tirs toutes les secondes et transformer lenergie
ainsi obtenue en electricite, dune facon fiable et non
interrompue sur plusieurs annees.
Ces difficultes pratiques metteront un certain temps a etre
resolus et dautres quon ne prevoit pas aujourdhui
se poseront en cours de route. La partique scientifico-industrielle
est bourree dexemples ou le principe scientifique est
acquis, mais la mise en oeuvre industrielle prends des dizaines
dannees. Lexemple de TOKAMAK en est un...
Je pense donc personnellement que ITER a encore de belles
annees devant lui avant quon en sache un peu plus sur
lapplication pratique de Z machine.
Il me parait donc tout aussi absurde de refuser detudier
la Z machine, que dabandonner ITER qui est tres proche
du prototype industriel mine de rien, au nom dun procede
dont la mise en oeuvre industrielle est encore du domaine de
limaginaire... "
Mon commentaire :
Ces propos h évoquent ce que pourrait être la
réponse d'un spécialiste en machines à
vapeur qui, confronté à un projet de moteur à
explosion s'écrirait : "Vous imaginez les chocs
que va subir votre 'groupe électrogène fonctionnant
au diesel' comme vous l'appelez, à chaque cycle. Cela
pose des problèmes considérables Dans une machine
à vapeur, celle-ci est introduite progressivement dans
le cylindre. Mais avec ce que vous suggérez, vous imaginez
les choc que subirait l'embiellage ! Votre 'moteur à
explosion' exploserait, tout simplement, mon brave monsieur.
Ou alors, pour que cette nouvelle formule débouche, il
faudra résoudre nombre de difficultés techniques
et cela prendra un temps fou !"
Il se réfère aux tokamaks pour montrer que la
mise en oeuvre peut être laborieuse et prendre longtemps
( en l'occurence un demi-siècle ). Mais peut être
est-ce parce que la formule n'est .. pas la bonne. Les trucs
bien conçus marchent très vite, même si
ce sont des monstruosités. Exemples : le premier réacteur
nucléaires, la bombe A, la bombe H, les V1, V2, l'hélicoptère,
l'avion à réaction, les générateurs
MHD à poudre des Russes, l'envoi d'hommes sur la Lune,
etc....etc....
ITER : très proche du prototype industriel ? Que fait-on
des problèmes ... non-résolus que cet intervenant
"qui n'est pas spécialiste" semble ignorer
totalement.
Ses deux dernières phrases trahissent l'ignorance totale
de cet intervenant en matière de politique de recherche
en France. ITER et Megajoule ont simplement écrasé
toute recherche qui aurait représenté une autre
filière, commes les manips de fusion impulsionnelle pâr
compression électromagnétique. L'argument classique
a été "il faut faire des choix". Et
on a mis tous les oeufs dans ces deux uniques paniers, à
l'exclusion de tout autre. Toute ombre de contestation de la
politique France en matière de route vers l'énergie
issue de la fusion provoque un tir de barrage intense et immédiat.
La réaction est même .. . extrêmement violente.
Faisons le point. Sandia possède une machine qui a réussi
la percée avec 20 millions d'ampères. La suivante,
ZR, donnera des pulses de 27 millions d'ampères. Progrès
modeste. Mais ces machines, rappelons-le, n'étaient conçues
qu'en tant que générateurs de rayons X. La France
possède à Gramat une machine qui monte à
2,5 millions d'ampères. Très astucieuse, mieux
conçue que la machine américaine, moins chère.
A Sandia on immerge toujours le bazar dans de l'eau faisant
office de diélectrique. Une formule qui remonte à
plus de 30 ans d'âge. Voir Pour la Science de janvier
1979.
Les Anglais ont Magpie qui monte à 1,4 méga ampère.
Trop peu. Le projet d'un générateur développant
60 méga ampères en 100 nanosecondes existe. Les
Français ont le savoir-faire pour construire cela ...
séance tenante. Figurez-vous que les dessins existent
déjà... Coût : 100 millions d'euros, c'est
à dire le centième d'ITER. Top départ donné,
cette machine serait immédiatement opérationnelle,
prête à l'emploi. Les Français maîtrisent
totalement ces techniques des forts courants délivrés
en des temps très brefs. Il n'y aurait pas de "longue
mise au point". C'est en fait de l'engineering relativement
rustique. Toutes proportions gardés, par rapport à
des projets comme ITER et Megajoule il s'agit d'un projet modeste,
largement à la portée de la France comme de tas
d'autres pays dans le monde. Un projet avec 60 millions d'ampères,
c'était ce ce sur quoi avaient débouché
des gens comme Bavay ( thésard, supélec ) et le
concepteur de la machine sur laquelle il a fait ses essais.
Bavay avait d'ailleurs amené avec lui son compresseur
à double liner à fils à Sandia pour bénéficier
de la source de courant de la ... Z-machine, à Sandia.
Lisez dans sa thèse le résultats des essais en
question. Ce n'était donc pas un complet inconnu outre
Atlantique et c'est aux Etats-Unis que ce chercheur brillant
est parti, après sa thèse, à .. Sandia.
Un de plus.....
Que va-t-il se passer ? Attendons. De toute manière,
vu l'enjeu et la modicité relative de la dépense
la réaction devrait être rapide. Le sera-t-elle
?
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