Ca sent l'été
6 juillet 2005
Mes lecteurs avaient ou sentir, ces derniers mois, un petit fléchissement dans le moral du JPP. Mais finalement les choses s'arrangent. Biopsie négative. Pas de cellules cancéreuses dans la culture de tissu. Fort bien. On va alors pousser à fond les manettes. Pour commencer j'ai été faire un petit tour à Annecy où je volais avec un "deltaplane Manta" en 1975, il y a trente ans. A l'époque il n'y avait pas de tremplin au col de la Forclaz, ni de piste aménagée. On décollait sur une pente bordée par des sapins et on passait au ras des cîmes. Puis, en virant à gauche on allait faire voler les jupes des dames à la terrasse sur restaurant voisin. Le terrain d'atterrissage n'a pas du changer de place. Je me rappelle que lors d'un vol, en approche, j'avais survolé un champ, à dix mètres d'alititude. En plein milieu des herbages un couple faisait l'amour, complètement nu. Je voyais les fesses blanches du type, tout à son ouvrage, s'agiter en cadence. J'ai fait un signe à la nana, qui me l'a rendu. Le temps que son amant, héberlué, se retourne, j'avais déjà disparu derrière une haie d'arbres et il a dû se demander à qui elle faisait des signes. Aux anges, peut-être. Normal, pour une balade au septième ciel.
Ca me démange, tout d'un coup, de ressortir mon "nuage" de son hangar et d'aller voler dans des coins pareils. Annecy est un site exceptionnel, surtout en début d'été. Laurent vole aussi depuis trente ans. On s'est croisés quelques fois. Mais je volais plutôut plus au sud, autour de Laragne et autres lieux. J'ai fait un vol en biplace avec lui. Je le recommande. C'est un type calme, sûr et expérimenté ( sur Annecy : 04 50 45 10 00. Bureau au col de la Forclaz ). Vol inoubliable : 80 €
JPP et Laurent. Juillet 2005
Je préfère l'aile libre. Ca ressemble plus à un oiseau. On vole à plat ventre. J'ai fait mes premiers vols en 1974, à Chamonix, avec le fils de l'Alpiniste Lachenal, compagnon d'Herzog dans l'épopée de l'Annapurna, en Himalaya. Il avait un des premiers "deltas" Mantas ( 90° degrés de flèche. Transversale fixe ). Pas question de faire du biplace. Ca n'existait pas. Je crois qu'on volait aux Grands Montets. Décollage et atterrissage sur des skis. Lachenal expliquait à ses clients qu'il fallait se lancer en plein dans la pente, en tenant la voilure bien à plat. Puis, quand elle "faceyait" pas mal ( terme de marine qui désigne le comportement d'une voile qui claque dans le vent ) on poussait la barre et on s'envolait à dix-quinze mètres de haut. Vitesse de chute nominale : 2,5 m/s. Mais comme on atterrissait sur des skis, ça se passait bien. A mon retour à Aix j'ai aussitôt commandé un engin de ce genre. Je me rappelle que ça coûtait 1800 F à l'époque. Je l'ai reçu dans un long tube de carton, expédié par la Sernam. Je l'ai monté et j'ai commencé, seul, à voler dans les stations de sports d'hiver de la région. Les gens des téléskis, intrigués, me laissaient monter avec mon long machin sous le bras. En 74 il n'y avait pas beaucoup de types en France qui pratiquait ce genre de sport. Aucune école n'existait. On ne pouvait même pas trouver un livre où apprendre à voler.
Quand la neige a disparu je ne savais pas comment décoller. J'ai alors bricolé une vieille paire de skis en y ajoutant des roues de poussettes. Je ne sais pas comment j'ai fait pour ne pas me casser la figure avec un truc pareil, totalement démuni de freins. Je suis alors retourné à Chamonix où j'ai découvert la petite poignée de types qui volaient en s'accrochant sous ce qu'on appelait "des ailes", dont Michel Katzman, qui s'écroula de rire dans l'herbe quand je lui montrais mes skis à roulettes. J'appris alors qu'on pouvait décoller et atterrir sur ses jambes. Je fis mon premier "Grand Vol" à Cluses, avec Odile, sa compagne. La veille, un ami m'avait dit " ça m'embête de te voir pratiquer ce sport sans casque. Je vais te filer le casque d'alpiniste de mon frère ". Cet accessoire faillit causer ma perte. Comme il était trop petit pour moi il me faisait ressemble à Obélix. Odile me recommanda de bien courir, ce que je fis. Mais quand la corde qui reliait mon harnais ( on volait assis ) à la structure de la machine se tendit, elle rabattit le casque sur mes yeux. Je n'avais pas quitté le sol que j'étais déjà ... aveugle. Je mis une main au centre de la barre du "trapèze" et avec l'autre je m'efforçais tant bien que mal de relever ce fichu casque. Mais ces savantes manoeuvres m'avaient amené en plein vers un arbre imposant. Virer ? difficilement envisageable. Me rappelant mes heures de vol à Supaéro sur Piper Cub, je pîquais d'abord pour sauter la cîme au dernier moment, que je réussi à franchir sans perdre de vitesse en courant dans les branches. Odile, qui volait à cent mètres au dessus de moi ne comprenait pas pourquoi je rasais les toits et les arbres. Au moment d'atterrir je vis juste en face une ... ligne téléphonique. Misère... Réussir un virage en pilotant d'une seule main et en tenant son casque de l'autre, quand en plus on fait son premier vol sur un engin, c'est quelque chose. Odile me retrouva le nez enfoui dans l'herbe, reprenant mon souffle.
J'ai volé quinze ans avec Katzman, tous les étés. Puis, un hiver, il s'est tué à Méribel avec un client. Rupture en vol d'une "patte à trous", sous-dimensionnée. Michel ne voulait pas voler avec un parachute. " Il ne croyait pas à cet accessoire encombrant, inutilisable près du sol ". Son départ a créé un grand vide dans ma vie. Nous étions comme des frères. J'ai composé une chanson sur lui . Pour l'entendre. Voler seul, ou avec des inconnus, ça n'est pas pareil. Je me remettrais bien à l'aile si je trouvais des adeptes de ce sport dans ma région. Mais ils se font rares. Le parapente est plus facile d'emploi. Il peut se loger dans une malle de voiture.
La vidéo de mon vol sur le lac d'Annecy. Séquence Quicktime, 8 mégas.
Je rédige de nouveaux travaux scientifiques, ainsi que le rapport du GESTO. Mes lecteurs attendent un nouveau livre. C'est prévu. Il va aussi falloir essayer de bouger ce fichu monde où des gournements, des scientifiques sont assez malhonnêtes pour investir dix milliards d'euros dans ITER, une nouvelle danseuse, qui ne marchera jamais, comme son prédécesseur TORE SUPRA ( 20 ans pour aboutir à ce superbe résultat : "l'aimant supraconducteur fonctionne" ). Il faudra que j'explique cela dans un dossier.
Fort de l'expérience anglaise, les scientifiques réunis à Cadarache réussiront à produire des réactions de fusion dans la vaste chambre annulaire inventée il y a quarante ans part Artsimovitch. Mais les atomes d'hydrogène les plus rapides, franchissant la barrière magnétique, détacheront des atomes lourds de la paroi qui, en s'ionisant, refroidiront le gaz d'électrons par "rayonnement de freinage", ou "Bremmstrahlung". Le gaz d'électrons refroidira à son tour le plasma d'hydrogène ainsi pollué par des atomes sources d'un puissant refroidissement radiatif ( qui croît comme le carré des charges électriques de leurs noyaux ) et très vite ce poêle dispendieux s'étouffera.
- D'accord,diront les scientifiques, 70 années pour démarrer un projet, c'est long, il faut en convenir. Mais donnez-nous cent milliards d'euros et le prochain coup, ça marchera.
Cela m'écoeure de voir des gens lancer des projets aussi dispendieux que vains, en justifiant tout cela par "des créations d'emplois". En fait c'est une immense foutaise, une escroquerie. C'est pour la "classe scientifique" ( chez nous pour des centaines de polytechniciens ) le moyen de voyager à tout va, de tenir des congrès aux quatre coins de la planète. La première qualité d'ITER c'est son implantation dans une des plus belles régions du monde. Le ski, tout près, la mer, aussi. Aix en Provence à vingt minutes par l'autoroute. Du tourisme tous azimuts. Vous verrez qu'on construira même une station de TGV à Cadarache pour que ces messieurs puisse aller au théâtre à Paris. ITER c'est l'Eurodisneyland de la physique.
C'est le résultat de la connivence de chercheurs et d'ingénieurs plus intéressés par la qualité de la vie que par la science et la production d'énergie. Je vous garantis que si avait voulu l'implanter en Islande il y aurait eu moins d'enthousiasme et de clients.
A l'inverse, avec dix milliards d'euros on pourrait impulser puissamment les recherches sur le solaire, les énergies douces, l'éolien, les piles à combustible. L'argent est aussi le nerf de la recherche. Savez vous d'où vient notre informatique moderne ? Du projet Appollo, de la nécessité de disposer d'une informatique embarquée compacte et légère. Sans ce voyage vers la Lune et la nécessité de guider des fusées militaires nous aurions encore des transistors gros comme des petits pois. N'êtes vous pas surpris de trouver maintenant dans tous les rayons de quincaillerie des perceuses tirant leur puissance d'accus d'une étonnante compacité et capacité. Il y a vingt ans, ça n'existait pas. C'est ... une retombée de la technologie spatiale, du besoin de doter les astronautes d'outils compacts, légers et performants. Sans l'espace nous n'aurions pas tout cela.
Quelles seront les "retombées d'ITER", même si ça ne marche pas ? Rien. TORE SUPRA, la précédent machine à fusion développée à Cadarache n'a rien donné, ni puissance ni retombées d'aucune sorte.
Avec dix milliards d'euros et des ministres de la recherche intelligents ( je pense à Claudie Haygneré, Mon Dieu...) on pourraient impulser des recherches fécondes. Mais croyez vous que les gouvernements veulent réellement développer des sources d'énergie "qui ne rapportent rien", en particulier pas de jûteuses taxes. Toute cette foutaise écoeure le chercheur que je suis, qui fut aussi au départ un expérimentateur de talent.
Il faudra expliquer tout cela, comment on dore la pilule des gens en leur disant "qu'on va créer une soleil artificiel" ou quelque autre rodomontade du même genre. C'est terrible. Nous sommes dans un pays les plus créatifs du monde, où les gens sont pourris d'idées. Pour développer une idée simple, c'est une galère innommable. Par contre, quand il s'agit de gâcher ( ITER, le Musée des Sciences et des Techniques, etc... ) alors, là, aucun problème. L'argent du contribuable, le vôtre, coule à flot.
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