Footballers nets d'impôts

27 mai 2005

Voici un article écrit par un de mes lecteurs, fort averti, puisqu'il travaille dans l'administration fiscale. De nos jours on voit se construire une société "à deux vitesses", pour employer l'expression consacrée. On sait que les hommes politiques bénéficient déjà d'avantages impressionnants et de salaires conséquents, sinon ils ne se battraient pas pour conquérir leurs sièges. Et cela même s'ils ne sont pas corrompus.

Selon que vous soyez puissants ou misérables le fisc ne vous frappe pas de la même façon. Comme le dit Largo Winch dans un des bandes dessinées de sa série :

- Nous payons l'impôts dans les pays où nos sociétés sont domiciliées.

Dans ces BD, toutes ses sociétés à lui sont dominciliées au ... Lichtenstein.

C'est à cela que servent ces paradis fiscaux comme Monaco ( pourquoi ce "pays" si "sportif" possède-t-il une équipe de football si en vue ? ), Le Lichtenstien, les îles Caïman, etc.

Les grandes multinationales peuvent délocaliser leurs activités dans des pays où les charges sociales et les impôts sur les bénéfices sont les plus faibles. Par contre les artisans français, qui emploient des français et ne peuvent pas domicilier leur entreprise au Lichtenstein en prennent plein la gueule. Et ça ne date pas d'hier.

Quand je pense à Chirac je me dis "comment peut-on diriger une population où il y a des tas de gens qui mangent pour deux euros par jour ( j'ai une amie qui est dans cas-là ) en habitant ... un château ? " ( restauré au frais de l'état en tant bâtiment classé monument historique et dont les terres environnantes ont été rachetées par une association humanitaire, la fondation georges Pompidou ).

Le footballer, l'équipe vedette jouent un rôle important dan la vie politique français ( selon le vieux principe " du pain et des jeux " ). Il était donc normal que la classe politique fasse de son mieux pour éviter qu'ils ne filent renforcer les équipes étrangères. Vous trouverez ci-après comme on s'y prend pour conserver nos vedettes du football dans "nos équipes nationales".


Footballeurs nets d'impôts

Auteur inconnu.Trouvé sur la "messagerie interne sur service des impôts" par Guillaume Dereuder, qui se décrit comme "fouinaute"

L'exonération fiscale pour les joueur professionnels est une loi sur-mesure en France, ou des comptes off-shore pour les gunners d'Arsenal, permettant de "d'économiser" des millions d'impôt...
Le 14 octobre dernier, l'Assemblée nationale adoptait la proposition de loi de deux députés UMP, autorisant la rémunération des sportifs professionnels sous la forme de "droits d'image". 30% du salaire brut de ces sportifs, désormais assimilés à des "artistes", échappent aux charges patronales et définissent une imposition plus favorable pour les joueurs, pour le plus grand bonheur de tous — et de la Ligue en particulier, qui avait fait de cette mesure un de ses objectifs politiques prioritaires. Accueillie dans l'indifférence générale, cette loi a prouvé que l'on pouvait faire des exceptions fiscales pour des franges de "citoyens" aussi favorisés que les footballeurs, sans que le contribuable lambda y trouve à redire, bien que ce soit lui qui finance le cadeau...


Les footballeurs, ces chers intermittents du spectacle

La mesure a ensuite été discutée quant à ses modalités d'application. Ainsi, elle supposait a priori que le footballeur devrait désormais se déclarer en tant que travailleur indépendant, et donc, à ce titre, facturer ses droits d'images et ainsi payer la TVA, la taxe professionnelle. Mais c'était trop leur demander, et Jean-François Lamour a insisté pour qu'ils soient exonérés de ces taxes et cotisations sociales, comme l'avait instamment demandé Frédéric Thiriez, président de la Ligue.

Tous ceux qui, dans ce pays, travaillent en "freelance", apprécieront de ne pas profiter des mêmes largesses malgré la précarité de leur statut et de leurs revenus. Tout le monde n'a pas la chance d'avoir Thiriez pour avocat. "Au final, nos sportifs devraient échapper à tous les impôts qui pourraient être collectés sur les droits d'image sauf la CDG et la CRDS, et bien évidemment l'impôt sur le revenu (...) Moralité, la loi exonère les sportifs (...), la ligue définit les conditions de mise en œuvre de la loi et le contribuable paye les charges!", notait le site infosport.org fin janvier dernier.
Des négociations se sont également déroulées entre l'UCPF (l'organisation des clubs) et l'UNFP (le syndicat des joueurs) sur ce "droit à l'image collectif", aboutissant à un texte qui s'applique aux joueurs dont les émoluments sont d'au minimum 120.000 euros annuels bruts (1). Ce sont dorénavant la L2 — en abaissant le plafond à 60.000 euros, comme le permet la loi —, mais aussi les autres sports professionnels, qui espèrent obtenir des dispositions similaires.


Off-shore, of course

Comme le soulignait L'Équipe magazine (26 mars), le principe du droit à l'image était déjà en vigueur dans de nombreux clubs, dans des conditions particulièrement opaques — notamment avec le versement de sommes aux joueurs sur des comptes off shore, par exemple via les filiales étrangères des sponsors du club. Les experts interrogés par l'hebdomadaire doutent que ces pratiques cessent totalement, mais estiment que la réduction des "disparités fiscales" entre la France et les pays voisins permettrait "d'enrayer la fuite de nos meilleurs joueurs vers l'étranger". On peut en douter, car l'attrait d'un transfert juteux, immédiatement rémunérateur, ne cessera pas d'être une tentation pour nos clubs formateurs...
De toute façon, le dogme du "football français handicapé par la fiscalité nationale" n'est qu'un outil idéologique éculé, et même dans un pays aussi généreux avec les gros salaires que l'Angleterre — paradis officiel du foot-biz — les clubs trouvent encore la motivation (et des moyens) pour échapper à l'impôt. C'est ainsi qu'en juillet dernier, le Sunday Times révélait le dispositif d'évasion fiscale légale (!) mis en place par le club d'Arsenal. Le lièvre a été levé dans des conditions plutôt pittoresques, puisque c'est à cause de contentieux financiers dans le cadre du divorce de Ray Parlour que le montage a été révélé... Ce dernier a permis aux joueurs (et à Arsène Wenger) de réduire de 25% leur imposition.

L'information a été presque totalement occultée en France, en dépit de son caractère particulièrement édifiant. Nous reproduisons ici des extraits de l'article de Robert Winnett et David Robertson, paru le 18 juillet dernier (2).


"Les stars d'Arsenal détournent des millions d'impôts" - Sunday Times


Le Club d'Arsenal, en tête de la première division, a établi un dispositif d'évasion fiscale pour ses joueurs et son dirigeant. Grâce à des sociétés-écrans anonymes et à des sociétés fiduciaires offshore, le club peut assurer de substantielles récompenses à ses joueurs et faire en sorte qu'ils échappent à l'impôt pour quelques millions de livres sterling chaque année. [...] Ainsi, des joueurs étrangers comme l'attaquant français Thierry Henry ou le joueur vedette hollandais Dennis Bergkamp, ainsi que le directeur sportif Arsène Wenger sont "dispensés d'impôt" sur leurs primes à six chiffres [...].
Ces joueurs signent, en fait, deux contrats. Le premier porte sur un salaire annuel de base imposé pour l'essentiel de façon classique au taux maximal de 40% auquel s'ajoute la contribution sociale. Cependant, les joueurs ont également un second contrat "fantôme" concernant les primes liées à leurs résultats [...]. Ces primes peuvent représenter jusqu'à la moitié de leurs rémunérations globales et sont payées par l'entremise de deux sociétés-écrans. C'est en 2001 qu'Arsenal a monté une entreprise le plus discrètement du monde sous l'appellation Sevco 1270, société dont ses joueurs de l'équipe phare sont actionnaires. La comptabilité officielle du club ne mentionne pas l'existence de cette entreprise dont le but est d'assurer le versement des primes de jeu sous formes de dividendes.
Les documents fiscaux les plus récents en provenance de Sevco révèlent que ces versements ont été assurés en direction d'un cabinet fiduciaire établi dans l'île anglo-normande de Jersey. Par ce biais, les joueurs ainsi rétribués peuvent, en toute légalité selon les experts en transactions financières, se soustraire à tout impôt et aux obligations d'assurances sociales liées au salaire. [...] Thierry Henry, par exemple, a vraisemblablement réalisé une "économie" de 70.000 livres sterling environ, soit un peu plus de 110.000 euros. [...] D'autres clubs utilisent de tels dispositifs décrits par un expert comptable, qui a souhaité conserver l'anonymat, comme étant "à l'avant-garde des stratégies visant à se soustraire à l'impôt en ayant une longueur d'avance sur les services fiscaux". [...] Ces techniques étaient jusqu'alors l'apanage quasi exclusif des firmes financières actives sur les créneaux de la spéculation à risque et des banques d'investissement de la City londonienne. [...] Le cabinet Deloitte and Touche (à l'origine du montage financier du club Arsenal) n'a pas souhaité s'exprimer sur ces faits ; le club a seulement rappelé le caractère confidentiel des contrats le liant à ses joueurs.


(1) Le salaire annuel moyen d'un joueur de L1 est de 480.000 euros bruts ( soit 26 "briques" par mois )    

 

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