Perdu, pièce anatomique
9 juin 2006. Mis à jour le 13 juin 2006 et le 8 juin 2008
Il y a quelques semaines j'étais examiné par le docteur Landes, chirurgien en poste à la clinique Axium, à Aix-en-Provence, suite à la hernie sus-ombilicale qui était apparue quelque temps plus tôt, au cours d'un trajet en avion.
- C'est un incident mineur, mais je vous conseille l'opération.
On peut vous recoudre cela sans problème. Vous avez effectivement une
boutonnière au dessus du nombril. Je la sens très bien. Ce qui
risquerait de se passer si on n'intervenait pas, c'est qu'une nouvelle hernie
se produise, étranglée celle-ci. On devrait alors vous opérer
rapidement et si d'aventure vous voyagiez dans un pays étranger cela
risquerait de ne pas se faire dans les meilleures conditions.
- Entendu. Va pour l'opération.
L'oeil exercé du praticien remarqua aussitôt la cicatrice que je porte toujours, à la hauteur du nombril, côté babord.
- Qu'est-ce que c'est que ... cela ?
Ma première réaction fut un silence gêné. Le chirurgien se fit insistant.
- Vous êtes tout à fait libre de ne pas me répondre mais comme je vais devoir vous ouvrir de ventre il serait préférable que j'en sache le maximum sur cette partie de votre anatomie, par exemple s'il n'y aurait pas eu un coup de scalpel malheureux....
Je choisis de lui dire la vérité.
- Voilà. Cette affaire remonte à une vingtaine d'années. Je faisais une grosse sieste dans le salon de ma maison de Pertuis. Quand je me suis réveillé je suis allé dans ma salle de bains. Et c'est alors que j'ai découvert à cet emplacement une cicatrice horizontale, longiligne, flanquée de deux hématomes en demi-lune. A l'époque mon ami le docteur Spitalier, chirurgien à Marseille, aujourd'hui décédé, m'avait dit qu'après palpation il avait détecté une cicatrice sous-jacente, affectant les plans profonds.
Le récit de cette mésaventure laissa le praticien de marbre. Mais que pouvais-je faire d'autre, sinon lui raconter la vérité ?
Pour ne pas aggraver mon cas j'ai préféré ne pas lui dire qu'une dizaine d'années plus tard mon traducteur Japonais, Hiroji Nakajima s'était retrouvé avec exactement la même le lendemain de son arrivée à Aix-en-Provence. La date de l'intervention fut fixée au 6 juin 2006. Pour garder jusqu'au bout un semblant de rigueur scientifique je lui dis, juste avant d'être anesthésié :
Quand je repris connaissance dans la salle de réveil quelqu'un avait placé entre mes mains un flacon en plastique transparent, fermé par un couvercle rouge. A l'intérieur je pouvais distinguer une masse informe, légèrement jaunâtre, évoquant un tissu graisseux. J'évaluais son volume à un peu plus de cinq centimètres cubes. Mais, rapidement une infirmière entreprit de récupérer cette pièce anatomique qui pourtant, en toute rigueur, était ma propriété. Elle insista.
- Nous ne pouvons pas vous laisser cela. C'est interdit.
Cela sera transmis au laboratoire d'analyse.
- Mais ....
Il est difficile d'être combattif quand on émerge à peine d'une anesthésie générale. Déjà le lit roulant m'emmenait vers l'ascenseur, dont les portes chromées se refermèrent sur moi. On peut comprendre qu'un chirurgien ait pour devoir de faire analyser des tissus trouvés à l'intérieur d'un patient pour qu'en soit déterminée la nature. Mais, à l'opposé, il est quand même légitime que ce même patient demande à récupérer ce qui, au sens légal du terme, reste une partie de son anatomie.
Je formulais donc une demande en ce sens. Le lendemain le chirurgien me fit la réponse suivante :
- C'est un lipome. Il est classique que ce genre de tissu se forme dans de telles parties du corps. Je vous rappelle que j'ai trouvé cet amas graisseux sous l'emplacement de votre hernie, située juste au dessus de votre ombilic. Il est classique que le corps réagisse de cette façon dans ce genre de situation et sécrète cette masse graisseuse là où il y a une friction inhabituelle.
Puis il se rendit dans une autre chambre.
Dans les heures qui suivirent je fis de mon mieux, en vain, pour retrouver la trace de cette partie de moi-même. Vers quel laboratoire cet amas de cellules avait-il été dirigé ? Personne ne put me fournir de réponse. Aujourd'hui 9 juin 2006 à 21 heures la situation est la suivante. Une partie de moi-même, sans doute d'importance mineure, est en promenade et je n'ai aucun moyen de savoir où elle se trouve ni ce qu'il adviendra de cette pièce anatomique que j'aurais bien aimé pouvoir conserver, congelée, en vue d'éventuelles analyses ultérieures.
Je lance donc un avis de recherche :
- Perdu pièce anatomique se présentant sous la forme d'un amas graisseux, d'un volume approximatif de cinq centimètres cubes, contenu dans un flacon cylindrique, en plastique transparent, fermé par un bouchon rouge. J'offrirai une bande dessinée dédicacée à toute personne qui me permettrait de rentrer en possession de cette partie de moi-même.
Fait à Pertuis le 9 juin 2006
Jean-Pierre Petit
13 juin 2006 : Suite au placement de cette page j'ai reçu des messages de différents médecins. Une amie a confirmé les dires du Dr Landes, suite à la consultation d'un Larousse médical. Il est ainsi hautement probable que cet amas de cellules extrait au moment de l'opération ne corresponde qu'à cette banale réaction de l'organisme évoquée par le praticien. Néanmoins, étant donnée l'étrangeté de l'histoire évoquée plus haut la rigueur scientifique voudrait que cette pièce anatomique soit conservée sine die au cas où elle pourrait se préter à d'autres analyses, moins classiques que le simple examen histologique.
Cette histoire de cicatrice apparue mystérieusement ne m'a à vrai dire jamais beaucoup tracassé. Un rebondissement assez spéctaculaire est intervenu plus de dix années après lorsque mon traducteur japonais, Hiroji Nakajima, professeur dans une université nipponne s'est retrouvé avec un stigmate identique ( même position, même dessin ) le dendemain même de son arrivée à Aix-en-Provence où il avait prévu de séjourner avec femme et enfant pendant plusieurs mois à l'occasion de son année sabattique.
Etant donnée sa personnalité d'homme assez réservé, la supercherie est à exclure, d'autant plus qu'il n'en a tiré aucun avantage, ni immédiat, ni ultérieur, que cela soit sur un plan médiatique ou éditorial. On nage simplement dans l'absurdité la plus complète. On se doit de rappeler que ce phénomène reste assez courant. Steven Spielberg a centré sa série " Taken" sur le thème d'abductions assorties de de poses d'implants sur des sujets humains par des visiteurs extraterrestres, version "petits gris". Dans la série de Spielberg les implants se présentent comme d'aspect métallique mais nombre de présences insolites dans le corps humain se présentent comme des objets non-métalliques. Si de simples amas de cellules peuvent correspondre à une grande variété de disfonctionnements organiques, comme le sont le kystes en tous genre on ne peut exclure a priori un camouflage d'une structure mise en place à d'autres fins. Comme je l'avais déjà dit et écrit antérieurement j'avais fait examiner cette cicatrice par un ami chirurgien, le Dr Spitalier, de Marseille, aujourd'hui décédé. A l'époque celui-ci m'avait dit que cette cicatrice superficielle était accompagnée "d'une autre cicatrice affectant les plans profonds". Je sais que Nakajima n'a pas fait procéder à un tel examen. Par la suite une échographie a révélé que j'avais un kyste au rein gauche, à peu près en face de cette cicatrice. Mais ces kystes sont à la fois fréquents et bénins. Il ne s'agit peut être que d'une simple coincidence.
Je n'ai pas pu savoir si le Dr Landes avait pu, en soulevant les tissus, trouver trace d'un éventuel "stigmate intérieur". Mais peut être n'-t-il pas procédé à cette exploration. Il est assez difficile, quand on s'adresse à un praticien qui n'est a priori pas sensibilisé à ce type de phénomène ( comme l'était mon ami Spitalier ) d'insister. Ce chirurgien m'avait pris en charge dans sa clinique pour consolider l'aponévrose reliant les deux masses musculaires de mes abdominaux, non pour procéder à la recherche d'une éventuelle trace d'implant laissé par des extraterrestres.
Dans la série de Spielberg la présence d'implants dans la tête de sujets s'accompagne de symptômes que le cinéaste a décrit comme franchement inquiétants. Considérée comme une simple fiction, cette série est de qualité. Elle évoque un contact entre une ethnie extraterrestre et des êtres humains, celui-ci se déroulant sur plusieurs générations ( humaines, bien sûr ). Le thème de la série permet de présenter la psychologie et le vécu de ces êtres humains choisis comme cobayes, qui sont ponctués d'abductions successives. Des "régressions hypnotiques" pnt permis à des psychiâtres de faire réapparaître des sortes de "souvenirs effacés", en général assez traumatisants.
Vu par Spielberg ce contact serait une vaste manipulation destinée à opérer à terme une hybridation entre les deux ethnies. Le cinéaste s'est basé sur un très vaste dossier se référant aux abduction, réelles ou alléguées, apparemment fréquentes dans l'ensemble du continent Nord-Américain. A la fin de cette longue série une petite fille s'avère être le produit réussi de cette longue série mettant en jeu trois ou quatre générations d'individus. Correspondant au but poursuivi elle possède alors les "pouvoirs" et "attributs" à la fois de l'espèce humaine et de l'espèce extraterrestre ayant géré ce processus pendant des décennies. Ses "pouvoirs paranormaux" sont, entre autre, exceptionnels. Elle est capable de créer des hallucinations collectives de très vaste ampleur.
L'autre versant du film présente le machiavélisme terrifiant qui serait celui du pouvoir politico-américain vis à vis du phénomène ovni. La trame de la série permet à Spielberg, à tort ou à raison, de relier nombre de pans du dossier ovni, dont la célèbre affaire de Roswell, se situant en juillet 1947. Pour donner plus d'unité à son scénario, Spielberg imagine que ce "projet" est suivi par trois générations successives dont les membres manoeuvrent au fil des ans pour se situer et se maintenir au coeur de cette ténébreuse affaire, ces gens ne reculant ni devant les enlèvements, ni devant les assassinats. Selon Spielberg l'obsession des militaires américains serait de récupérer ces fameux implants "en état de marche" et de comprendre comment ils fonctionnent et à quoi ils servent. Dans les derniers épisodes les militaires parviennent à localiser et à enlever la fameuse petite fille, fruit de ces savantes manipulations de nos généticiens venus d'ailleurs. Ce qui les intéresse ce sont ses connaissances, ou l'accès qu'elle peut avoir vis à vis de connaissances non-terrestres, le but étant comme de bien entendu de les utiliser à des fins de domination. L'enfant parvient in extremis à leur échapper. Elle ne trouvera son salut ... qu'en quittant la Terre grâce à l'aide de ses nouveaux parents. En effet, comme elle l'explique à ses parents biologiques, eux-mêmes abondemment abductés, implantés, mutés, "où qu'elle aille sur Terre des gens s'entretueront, les uns pour s'emparer d'elle et les autres pour la protéger".
Il s'agit là d'une présentation sous la forme d'une fiction. De toute façon les gens se partagent en deux populations. Une part importante ouvre des yeux ronds lorsqu'on évoque des possibles visites d'extraterrestres. Ce scepticisme se renforce encore quand quelqu'un fait état de ce qui pourrait ressemble à une agression corporelle, voire à des rencontres qu'Allen Hynek qualifia comme étant "du troisième type". L'immense majorité des scientifiques manifeste une hostilité déclarée et violente face à "toute sottise de ce genre". Ce scepticisme peut se retrouver renforcé lorsque des individus, comme récemment le nommé Eric Jullien, auteur d'un ouvrage d'une lecture fort pénible nous décrivant "la science des extraterrestres" annoncent avec précision quelque catastrophe, avec une date précise, en prétendant avoir reçu de la part d'extraterrestres "un avertissment par voie télépathique", et quand la dite catastrophe ne se produit point. L'affaire rejoint alors celle des rumeurs en tous gens, en renforçant du même coup le discrédit qui frappe tout ce qui a trait, de près ou de loin, au dossier ovni.
Pourtant l'étrange tangible fait partie de notre vécu et nous ne savons qu'en faire. Il y a une vingtaine d'années je me suis bel et bien retrouvé avec une cicatrice relativement complexe, sans avoir la moindre idée de ce qui avait pu en être la case. Tout ce que je peux dire, par opposition aux avatars des personnages de la série Spielbergienne " Taken " c'est que ceci ne fut suivi d'aucun inconconvénient physique, pas plus que "la visite nocturne à l'hôtel Sandvy de Madrid", ou cette autre aventure se situant dans la maison de Rafael Farriols, faits que j'ai déjà rapporté, soit dans des livres, soit dans des rapports du GESTO, avec plus de précision. L'affaire a gagné en saveur quand plus de dix ans plus tard la bedaine de mon traducteur japonais s'orna, le lendemain de son arrivé à Aix, du même stigmate.
Que faire de tout cela, sinon rester dans la plus grande perplexité ?
Cette opération m'a remis en mémoire cet épisode étrange. A moins que des analyses ultérieures de cette "pièce anatomique" n'apportent quelque information nouvelles ( si tant est que j'arrive à la récupérer, ce qui n'est nullement évident ) je ne vois rien d'autre à faire que de donner quelques détails sur la façon dont ce phénomène se manifesta près du nombril de mon digne ami, Japonais et professeur d'iniversité. C'était un dimanche matin à neuf heures. Le téléphone de mon appartement aixois se mit à sonner.
- Allô, monsieur Jean-Pierre Petit ?
- Ah, monsieur Nakajima ! Vous êtes arrivés en nos murs ?
- Oui, hier.
- Est-ce que la maison vous convient ? Vous êtes bien logés vous,
votre épouse et votre fille ?
- Oui, tout cela est très bien. Mais ... est-ce que vous ne pourriez
pas venir ?
- Venir ? Oui, nous allons nous voir et travailler ensemble. C'est que nous
avions prévu.
- Ce n'est pas cela que je voulais dire. Pourriez-vous venir ... maintenant
?
- Cela ne me pose pas de problème particulier. Mais, pourquoi cette urgence
?
- C'est un peu difficile ... par téléphone.
Je n'insistais pas et pris ma voiture pour aller rejoindre mon traducteur dans la maison qu'il avait louée au nord de la ville, près de l'hôpital. Quand je sonnais à son huis il ouvrit la porte et, sans même me saluer releva sont T-shirt en découvrant son anatomie et en s'exclamant :
- Monsieur Petit, la cicatrice : j'ai la même....
Nous prîmes des photos avec son appareil ( les Japonais ont toujours un appareil photographique à portée de la main ). S'il avait été encore de ce monde mon ami de docteur Spitalier, brutalement décédé des suites d'une hémorragie cérébrale au volant de son véhicule en plein Marseille aurait pu, selon sa propre expression, nous mettre tout cela "entre lame et lamelle".
J'étais perplexe. N'importe quel médecin nous aurait éconduits pour une broutille de ce genre, surtout un dimanche matin. Je décidais d'user d'un stratagème.
- Nous ne sommes pas loin de l'hôpital d'Aix-en-Provence. Nous allons nous rendre au service des urgences. Là, vous prétexterez avoir été agressé dans la nuit par des inconnus, à votre domicile. Vous direz que, désirant déposer une plainte contre X vous souhaiteriez être examiné et recevoir un certificat médical.
Ainsi fut fait. Confronté à un patient de nationalité japonaise l'interne de garde accepta de l'examiner en dépit d'une nuit blanche passée à réceptionner et à délivrer les premiers soins aux accidentés de la route du samedi soir. Une demi-heure après Hiroji sortit.
- Voilà, j'ai un certificat médical. C'est mieux que rien.
- Et à part cela ?
- Eh bien il m'a fait une piqûre de sérum antitétanique...
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