Trente ans après

Jean-Pierre Petit

Ancien Directeur de Recherche au Cnrs

Publié en novembre 2004 dans la revue Top Secret

 

J’ai lu, dans le numéro 15 de la revue Top Secret un texte me concernant et j’y ai trouvé des phrases qui m’ont amené à faire un salutaire retour sur moi-même. Le rédacteur en chef écrit que je ne suis guère diplomate et par ailleurs maladroit. Je crois, hélas, qu’il est dans le vrai. Avoir du caractère ne présente pas que des avantages, loin s’en faut. J’ai mené pendant trente cinq années une démarche orientée vers différents secteurs de recherche, incluant le phénomène ovni. En mettant en œuvre un rationalisme des plus classiques, dont je réalise maintenant l’étroitesse, je suis passé totalement à côté du monde exubérant de l’ufologie. Le signe de cette rigidité mentale dont j’ai fait preuve se traduit par le fait qu’à l’automne de ma vie, j’ai 67 ans, je persiste toujours à ne pas en discerner les contours.
Pourtant cette démarche a eu sa fécondité, même si elle s’est exprimée en dehors d’un cadre classique, en dehors de ses revues scientifiques à comité de lecture. Je me souviens que j’avais adressé il y a quelques vingt ans à la revue « The Journal for Scientitific Exploration », fondée par l’Américain Peter Sturrock et le Franco-Américain Jacques Vallée, un article très technique ( on disait à l’époque « nuts and bolts », c'est-à-dire « boulons et écrous »), orienté vers le lien qui pourrait exister entre les ovnis, considérés comme des machines, et la MHD en tant que mode de propulsion et de sustentation. J’en profite pour rappeler qu’en envoyant ce texte j’avais, en vertu de cette maladresse rappelée par la revue Top Secret dans le numéro cité, omis de citer les véritables pionniers d’une telle approche, l’Américain Stanton Friedman et le Belge Auguste Meessen, ce qui prouve que lorsqu’on a à son actif trop de publications cantonnées dans le champ classique de et effectués dans un le cadre de revues scientifiques à comité de lecture, on peut en être amené à oublier de mentionner des idées publiées dans des revues spécialisées, ufologiques, ou dans des ouvrages consacrés à l’ufologie.
Mon article fut refusé par l’expert anonyme qui fut sollicité par les directeurs de cette publication. Avec un recul de vingt années je comprends maintenant le pourquoi d’un tel rejet. Mon papier ne devait pas satisfaire les critères sélectifs de l’ufologie dont je ne connaissais pas hélas les grandes lignes.

Trente année ont passé. J’ai raté le train de l’ufologie et je reste seul sur le quai de la gare, avec mes critères étroits de scientifique et des valises bourrées de connaissances qui s’avérèrent sans doute réductrices. Peut être fallait-il, après tout, pour aborder un sujet aussi nouveau, le faire avec un esprit neuf, léger, qui ne soit pas ainsi encombré de connaissances peut-être inadéquates. Il faut savoir reconnaître ses erreurs, savoir s’effacer à temps et laisser la parole à d’autres sur les plans des expressions littéraire, journalistique ainsi que dans les forums et les sites internet.

Pendant trente année j’ai monopolisé le dossier Ummo dans son expression francophone. Jean-Jacques Pastor avait traduit 800 pages de textes, qui étaient initialement parvenus à leurs destinataires en espagnol. Puis des membres du GESTO, sous la conduite de Gilles d’Agostini avaient ensuite saisi ces documents qui avaient, après compactage pu être présentés sous la forme d’une disquette 3 pouces ¼. Contenant ces 800 pages Le GESTO opéra cette mise à disposition gratuitement, les gens fournissant simplement le support et des timbres pour les frais d’expédition. Par la suite Nicolas Lecot monta le premier site Internet où ces documents purent être présentés. Il requit à l’époque mon autorisation d’utiliser a disquette GESTO et je lui répondis que, n’étant pas l’auteur de ces textes je ne pouvais exercer sur ceux-ci de prérogatives, prétendre à un droit de propriété ou à un quelconque copyright. Quelques années plus tard, en devenant Webmaster adjoint dans une société Nicolas Lecot eut la sagesse de laisser André-Jacques Holbecq s’occuper de ce vaste dossier, ce dont celui-ci s’acquitta alors de son mieux. Quand on voit le résultat de ce travail, on comprend la finalité de la démarche.
Dans l’enthousiasme de notre première exploration de ces textes nous avions fait des erreurs, à la fois de traduction et de transcription, comme cela fut signalé par la suite à la fois par André-Jacques Holbecq qui, travers le site ummo.sciences qu’il avait créé avait appliqué à la gestion de ce dossier une rigueur toute militaire et par « Pollion », pseudonyme derrière lequel s’abrite un homme doté d’une solide formation d’informaticien et sans doute , ce que nous percevons mal, d’une sensibilité d’ufologue à la fois affinée et pertinente. J’en profite ici pour saluer son immense travail concernant le langage ummite, même si celui-ci n’a pas encore débouché sur un outil de communication vraiment fonctionnel. Mais peut-être assistons-nous là à l’émergence d’une nouvelle forme d’expression linguistique, selon un langage qui ne serait pas obsessionnellement orienté vers la communication mais puisse correspondre à des critères qui se situeraient encore au-delà de notre compréhension. Le fait qu’une suite donnée de caractères puisse conduire à des interprétations variées et différentes ne traduirait-il pas une nouvelle richesse que nos langages terrestres ne posséderaient pas ?

Aujourd’hui, grâce à l’œuvre d’André-Jacques Holbecq, les textes Ummites se trouvent classés avec une rigueur toute militaire et font l’objet de travaux d’évaluation confiés à des experts-ufologues. Dans un forum, soigneusement protégés par des pseudonymes, des ufologues qualifiés peuvent en toute liberté de pensée développer leurs thèses et confronter leurs opinions dans des débats d’une puissante vitalité.
Certains documents, que j’avais publiés, se sont trouvés critiqués sans complaisance. J’avoue que jusqu’à ce que ces lignes ne subissent le feu roulant des analyses et des critiques je ne m’étais guère posé de question à leur sujet, me contentant d’en faire de la bête science et de publier ainsi le résultats de mes cogitations dans des revues scientifiques. Mais aujourd’hui, quand je lis les commentaires que les experts ufologues ont pu produire à propos de ces missives, j’y découvre des détails, des nuances qui m’avaient jusqu’ici échappé, fruit d’une implacable rigueur ufologique rôdée par des décennies d’étude pointilleuse du dossier ovni. Ceci m’a amené à regarder avec un œil différent d’autres lettres que j’ai reçues, porteuse de la signature de Ummo, documents que je n’ai pas diffusé à ce jour et où je crois encore discerner de voies de recherche inédites qui font l’objet de recherches en cours. Que valent ces missives, sous un angle ufologique ? Je ne me sens pas la compétence pour répondre à cette question.

Une formation de scientifique « pur et dur » peut induire dans certaines analyses des comportements très restrictifs, en créant le risque de passer à côté de découvertes peut être majeures. Dans un ouvrage récent l’ingénieur Claude Poher vient de développer sa théorie des universons. Dans un premier temps mon impulsivité intellectuelle m’avait amené à rejeter cette approche. Mais, considérant le filtre lié aux connaissances du moment je pense qu’on ne peut exclure qu’il puisse s’agir là d’une percée essentielle, capable de renvoyer les travaux de Newton et d’Einstein aux orties. On ne peut qu’être impressionné par la simplicité de l’idée avancée par l’auteur, qui rend parfaitement compte du comportement des ovnis, dans certaines observations. Une violente accélération, rendue possible grâce à sa théorie, conduit à une fuite dans le futur extrêmement astucieuse, au cas où les expéditionnaires se trouveraient confrontés à un danger subit. De toute évidence ce genre d’idée est ce qui peut émerger d’une démarche typiquement ufologique, fruit des réflexions d’un homme qui a su mûrir ses travaux loin de l’agitation scientifique conventionnelle.

J’ai pu trouver sous la plume d’un Jean-Marc Roeder des réflexions sur l’antigravitation qui, j’avoue, me dépassent totalement.
En lisant des textes de ce genre je m’aperçois … que j’ai vieilli et qu’à l’instar des ovnis de Claude Poher, ma pensée se trouve larguée par l’accélération intellectuelle ufologique actuelle, que je ne me sens pas intellectuellement armé pour être à même de suivre dans son envol foudroyant. Place aux idées nouvelles. Il faut savoir reconnaître qu’on est un homme dont l’avenir appartient désormais au passé. Je laisserai désormais à des esprits plus neufs, moins lestés par nos vieilles connaissances, obsoletes, le soin d’initier des lecteurs à toutes ces idées nouvelles, d’animer les forums qui fleurissent ici et là, et peut être un jour des colloques à vocations internationale.

Pour ceux qui accepteraient de se contenter d’une pensée plus conventionnelle, d’un classicisme sans doute un peu désuet, il reste l’association dont je m’occupe, le GESTO. A travers celle-ci les « anciens » que nous sommes continuent à diffuser réflexions et élucubrations scientifiques dans des rapports annuels. Contre une cotisation-adhésion de 30 euros adressée à :

GESTO, chez Jean-Pierre Petit, villa Jean-Christophe, chemin de la Montagnère, 84120 Pertuis

Le rapport en cours, composé en petits caractères, représentant une soixantaine de pages sera adressé par retour. Moyennant 50 euros nous pourrons ajouter les rapports des trois années précédentes. Bien conscients des limites imposées par le recours à la géométrie, à la théorie des groupes, à la théorie quantique des champs et à d’autres antiquités du même genre et malheureusement incapables pour le moment de pouvoir rejoindre l’actuel essor ufologique nous poursuivrons notre effort avec la modestie qui sied à une telle démarche.

Jean-Pierre Petit              

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