17 mai 2002 L'apprentissage de la Violence
Complété le 7 juin 2002
Ce court passage complète le dossier ci-après, que j'avais installé en janvier. La violence est à la mode. Les médias font de plus fréquemment état d'assassinats en série, qui sont le fait de jeunes. Dans tel ou tel pays, un gars "disjoncte", pénètre quelque part et descend un nombre incroyable de personnes en les tirant comme dans son stand de tir. Eventuellement, il se donne la mort ensuite. Et tout le monde s'étonne. Pourquoi, de tels gestes ? Vite, des pyschologues, des psychanalystes pour nous expliquer tout cela. Il doit bien y avoir une raison.
L'explication, mais vous l'avez sous les yeux, jour après jour, mais cela ne vient à l'idée de personne. Il n'y a pas un journaliste, un psychologue, un homme politique ou un intellectuel qui aurait cette idée. La violence nous l'avons installée dans notre média numéro un, la télévision, et dans nos films. Est-ce que vous vous rappelez les vieux polars en noir et blanc des années cinquante avec Eddie Constantine ou les Westerns de Tom Mix ? La mort était très décente, à cette époque. Poum ! Pas de sang. Les cow-boys, les méchants, les indiens roulaient dans la poussière. Quand un homme mourrait sur un champ de bataille, il était aussi très "clean". Confortablement installé, il y allait de son petit baratin, puis d'un coup, sa tête basculait.
Je me souviens très précisément du premier film où furent utilisés les "gilets explosifs". Il s'agissait d'un western avec William Holden. Dans la scène finale une bande de cow-boys se livrait à un combat désespéré. Jusqu'ici on ne voyait pas les impacts des balles. Mais quelqu'un inventa un super-gilet avec des petites charges disposées ici et là p lus un peu de concentré de tomate. Alors les balles furent associées à des impacts spectaculaires. On voyait les poitrines s'ouvrir, les chemises exploser. En parallèle les gens touchés sautaient en l'air. Les impacts semblaient les agiter comme des poupées désarticulées. Apprenez au passage qu'un impact de balle ne fait bouger personne. Prenez du neuf millimètre. C'est un bon calibre. Tirez. Que se passe-t-il ? Vous basculez en arrière et vous tombez sur les fesses ? Non, pas plus qu'avec un 11,43. Je connais les armes, j'ai été officier de tir à l'armée, à Bordeaux. Alors comment voulez vous que cette même balle, en vertu du principe d'action-réaction aille jeter la personne que vous êtres censé viser contre un mur comme un un coup frappé très violemment ? Prenez un souche d'arbre de dix kilos. Truffez la de plomb. Elle ne bougera pas d'un poil.
J'ai fait jadis un séjour dans un hôpital à la suite d'un accident, assez grave d'ailleurs. J'avais été mordu par un chat et je suis passé à un cheveu de l'amputation de mon index droit, à cause de la "pasteurelose" (maladie des griffes du chat : un bactérie qui résiste aux antobiotiques). J'avais un voisin de chambre, un type de 30 ans, qui était journaliste, grand reporter. Il avait pris une balle en Afrique, dans le bras. Il photographiait un camion rempli de soldats et il n'a même pas vu que l'un d'eux tirait sur lui. Il n'a strictement rien senti sur le moment et a vu simplement qu'un de ses bras pendait, l'humérus fracassé. Quand les gens sont atteints, il est fréquent qu'ils ne s'en aperçoivent même pas. Pour que le sang coule beaucoup, il faut qu'un artère soit sectionnée, sinon ça reste très discret. Une entrée de balle c'est un tout petit trou. Bref, à travers cela vous apprenez qu'on a inventé de toutes pièces une image des combats, très loin de la réalité. Je veux parler des impacts par des balles. Bien sûr, un obus, c'est totalement différents. Mais alors ça devient immontrable. Chaque époque a ses horreurs codifiées. Celui qui a réellement fait la guerre sait que ce qu'on y voit est beaucoup plus horrible que ce qui est montré dans les films.
Passons aux combats à "main nue". Les films mettant en oeuvre des arts martiaux ont développé cette imagerie violente. Je repense aux combats des années cinquante. Vous vous rappelez Humphrey Bogart sonnant un caïd ? Un petit crochet, et le type tombait comme une masse. Notez que ça n'est pas faux. Un bon boxeur est capable d'envoyer au tapis un hercule avec un crochet à la pointe du menton. J'explique au passage. Le crochet en question entraîne une rotation rapide de la tête et un début de traumatisme crânien. La réaction de l'encéphale à ce mouvement entraîne une perte de connaissance, comme dans le "voile noir" des pilotes. Un cerveau, ça ne se chahute pas comme ça. Au passage, je suis la seule personne que je connaisse qui ait réussi à se mettre elle-même K.O. avec son propre poing. C'était dans les années soixante. Les poignées de parachutes "à ouverture commandée" étaient alors fixées sur le haut de la bretelle gauche, au dessus du "ventral" (aujourd'hui le parachute de secours est logé au fond du sac dorsal) :
Ca, c'est moi il y a un ou deux ans, avec un parachute moderne où on tire une espèce de bobine située sur la cuisse. Donc dans nos antiques parachutes des années soixante la poignée était sur la bretelle gauche. En fin de chûte libre, au bout de vingt ou trente secondes, on ramenait les bras symétriquement, croisés sur la poitrine. La main gauche saisissait alors la poignée. Mais un jour, je tire et rien ne vient. Le câble devait être coincé par un petit caillou, logé dans sa gaine. C'était sur le terrain de Montfavet, près d'Avignon. Dans ces cas-là on développe une force qui permettrait d'arracher un bouton de porte. J'ai tiré et mon geste a fait que j'ai pris la poignée sur le menton. K.O. en l'air immédiat. Je n'ai pas lâché cette fichue poignée. Je suis revenu à moi sous les claques de mes amis qui étaient accourrus, ne me voyant pas me relever avec reprise de contact avec le sol
Il est ainsi tout à fait exact qu'un Humphrey Bogart de 60 kilos tout mouillé pourrait sonner un gros dur avec un geste sec, presque sans effort, en lui chopant la pointe du menton et en lui faisant tourner la tête. C'est comme ça qu'Eddie Constantine envoyait les gros durs au tapis, dans les films de mon enfance. Après, il replaçait sa cravate ou se frottait la main. Aujourd'hui il faut beaucoup plus. Les coups font du bruit. Leur violence défie l'imagination et s'inscrit ainsi dans l'imaginaire du spectateur. En fait, si ces coups étaient réellement portés, la plupart tueraient les personnes visées ou leur provoqueraient des blessures graves. Aujourd'hui, dans un polar, quand un héros prend une tannée, il tombe au sol. Les méchants lui envoient alors des coups de pied dans le ventre. Or un coup de pied peut faire éclater un foie, provoquer une grave hémorragie interne. Il y a quelques années une altercation s'est produite entre jeunes à Aix en Provence, en plein cours Mirabeau. Un problème de place de parking. Les deux garçons se sont battus. L'un est tombé au sol. Alors l'autre a fait comme il avait vu dans les film et son coup de pied a tué net son adversaire.
Dans des bagarres ont voit aussi des gens utiliser des instruments contondants. Ils se cassent des poutres en balsa sur la tête. Après, on sonorise. Les gens voient ces scènes, les intériorisent. Le héros qui prend une tannée est capable d'encaisser trois bris de chaise sur la tête, de tomber au bas d'un escalier, d'encaisser des coups de barre de fer dans le ventre (sur le plateau on utilise des barres en caoutchouc. Les figurant coûtent quand même assez cher).
Les films sont aussi riches de rodéos automobiles (pensez au célèbre film "Bullit" avec Steve Mac Queen où on a vu pour la première fois caracoler des voitures dans course poursuite à San Francisco). Les voyoux défient la police, les poursuites se jouent au milieu des places publiques. Tout cela est .. passionnant. Le standard de la violence monte chaque année.
Faites un peu la pause et réfléchissez sur ce qui s'imprègne ainsi dans la tête des gens et avant tout des jeunes et des enfants . Combien un enfant de quinze ans "normal " a-t-il vu de scènes de ce genre depuis sa naissance ? Regardez ce que montrent les jeux vidéos. Bien calé sur son fauteuil, votre fils devient "action man". Armé de sa Kalachnikov il "dégomme de dangereux espions" qui sautent en l'air, vômissent du sang, s'effondrent au sol.
Il y a un prix à payer pour tout cela, même si "c'est pour de rire". Notre inconscient ne fait pas la différence. J'ai sorti un jour un ami d'une secte indienne. Comme toutes les sectes, c'est assez débile. On se demande alors comment un intellectuel peut être subjugué par un gourou quasi muet, à l'oeil bovin, grand amateur de bonbons, auteur d'ouvrages d'une débilité remarquable. Je vous explique au passage le fonctionnemnt du mécanisme "secte". Première idée : on demande aux gens de se vider la tête. "Ne pensez pas, ne pensez plus. Ces pensées sont comme des flots impétieux qui vous ravagent l'encéphale. Laissez ces pensées passer sans y préter d'attention". Pour ne pas penser, on peut songer à s'isoler, loin du bruit. On peut regarder la flamme d'une bougie, ou les nuages qui passent. La non-pensée, ça s'apprend, ça s'éduque, et ça fait beaucoup de bien au passage. Il y a des gens qui savent très bien pratiquer la non-pensée, ce sont les gens qui font de l'apnée (voir au passage le dossier sur les dangers de l'apnée ). Penser consomme de l'oxygène. Quand vous êtes assis bien au chaud devant votre ordinateur, que vous avez digéré et que vous ne faites rien, le principal consommateur d' oxygène devient votre encéphale. Un plongeur en apnée qui pense trop est un type qui ne restera pas longtemps au fond. Donc, longues apnées égale non-pensée. De la non-pensée à la méditation il n'y a qu'un pas.
Dans les sectes, on passe à l'étape suivante. On fournit aux néophytes des posters en couleur du gourou, moyennant une petite contribution aux frais, modique au départ. Il est alors recommandé de "méditer" devant cette grande photo du gourou. La méditation, c'est la non-pensée. Donc, vous voilà face à cette photo, le cerveau totalement vidé. Vous vous interdisez de penser. L'image s'imprime alors dans votre inconscient, à votre insu. Par ailleurs la secte fournit un cadre socialement accueillant, du moins au début. Le néophyte se sent moins seul. Il appartient à un groupe. Il doit ainsi adhérer à la pensée commune. Celle-ci prône évidemment l'immense supériorité spirituelle du gourou, qui "échappe à toute mesure". On apprend qu'il a atteint le "dix-neuvième de gré de réalisation", ou qu'il est la réincarnation de Machin-Truc, voire l'incarnation même du Dieu Tartempion. Dans la secte, le calme règne. Le mot d'ordre est "surtout, ne pensez pas. On s'en charge pour vous !".
Alors la pression s'accentue. Le néophyte doit "méditer" à des heures impossibles. On lui prescrit un régime. Des aliments lui sont interdits. Il s'affaiblit à la fois psychologiquement et physiquement. On accentue sa dépendance. Il faut assigner un but à atteindre. Dans le cas de la secte où avait atterri mon ami, il s'agissait de gagner en "nombre de réincarnations". C'est la que le Gourou de secours intervenait, de par sa capacité de provoquer l'éveil à distance lors de séances de "sitting" (où les adptes méditent face au Gourou en visite). Les membres de la secte étaient concaincus que le gourou était capable de leur déboucher les chakras à distance. Le problème n'est pas de savoir si ça marche ou non. Le problème c'est l'impact sur le sujet, psychologique, financier. Psychologiquement, quand le mouvement spiritualiste va dans le sens d'une dépendance on ne peut pas dire que cela soit favorable. On imagine alors toutes les dérives possibles, toutes les variantes, avec des relais de pouvoirs concédés à des "moniteurs" qui se trouvent investis d'une tâche (étendre la secte, amplifier le climat de dépendance, collecter des fonds). Lorsque j'ai fait ce séjour de deux jours dans cette secte, pour aller y repêcher mon camarade, j'ai retrouvé avec effarement des ... collègues du CNRS qui m'ont alors accueillis avec des cris d'allégresse et les plus accrochés ne se situaient pas au plus bas des échelles hiérarchiques de la maison.
Cette digression montre simplement que "la porte du cerveau doit être gardée" par l'attention, l'esprit critique, un minimum de structure mentale autonome. Quand on anesthésie le gardien, tout devient possible.
La non-pensée peut être la clef d'une mise sous dépendance insidieuse. Dans l'exemple ci-dessus c'était la photo du gourou qui s'imprimait dans la mémoire vide du sujet. Mais cela peut être aussi un slogan ou un mantra. J'avais une femme de ménage qui était, elle, dans la branche française de la secte japonaise Nishiren Shoshu. Il y a des siècles le moine Nishiren se demandait pour la cinquante millièrme fois quel était le sens des choses, le pourquoi du pourquoi, le comment du comment. Il arpentait une plage, songeur. Soudain un unique mot lui transperça la cervelle. Phonétiquement, cela s'écrit :
Nam Yoho, Renge Kyo
En très gros ça signifie : l'immensité de l'intérieur de tout ce qui cerne les choses et au delà. Les pratiquants de la secte ne font qu'une seule chose : ils répètent ce "mantra" de course à voix haute, en groupe ou seuls, des milliers de fois par jour, en balançant leur corps d'avant en arrière. Ila appellent ça "pratiquer". Ma femme de ménage pratiquait et, bien sûr, me poussait vivement à en faire autant.
- Ah, monsieur Petit, si vous acceptiez de pratiquer, ne serait-ce que quelques minutes par jour ! .....
Un jour elle arrive et elle nous trouve, mon fils et moi (il avait alors dix ans) assis devant la cheminée de mon appartement Aixois du 10 rue du Félibre Gaut. Nous nous étions mis à "pratiquer" et nous répétions notre mantra à voix haute en nous balançant d'avant en arrière. Ma femme de ménage intervint :
- Mais, qu'est-ce que c'est que ça ? Ca n'est pas le Nam Yoho Renge Kyo !
- Non, c'est un autre mantra, mais ça marche super !
Mon fils acquiesça. Nous répérâmes de nouveau :
E pericoloso sporgersi
C'est une inscription qu'on trouvait jadis dans les trains italiens, à l'époque où les fenêtres s'ouvraient encore, de même que nous avions, dans les trains français, avant que tout ne devienne automatisé des inscriptions comme : "ne laissez pas les portières jouer avec les enfants".En, français la phrase italienne signifie :
Il est dangereux de se pencher en dehors
Je fournis la traduction de cet excellent mantra italien à ma femme de ménage, qui resta très déconcertée.
- Mais......
- Ecoutez, nous, ça nous fait du bien, alors.....
Et mon fils et moi nous nous remîmes à "pratiquer". Ma femme de ménage me laissa une brochure qui expliquait la vie du moine Nishiren ainsi que les immenses bienfaits qu'il avait retiré de l'énoncé répétitif de ce mantra universel. Sur la brochure se trouvait la suite de "Kanji", d'idéogrammes japonais qui concentrait cette pensée du plus haut cosmique. Je pris un marker et inscrivis sur la poutre en bois que j'avais posée et qui faisait partie de la structure du dupleix que j'avais monté, à gauche le truc japonais et à droite, "e pericoloso sporgersi".
L'histoire connut une suite singulière. Nous avions une voisine, qui habitait à l'étage. Elle était quadragénère, triste et esseulée et devint donc une proie facile pour ma femme de ménage. Quelques semaines plus tard, en montant l'escalier, nous l'entendîmes répéter le mantra à tout faire. Il se trouva que peu de temps après elle frappa à mon huis pour me demander un service quelconque. C'est alors qu'elle reconnut la suite d'idéogrammes japonais.
- Ah, vous aussi !.....
Je baissai les yeux avec modestie, en signe d'acquiescement. Elle avisa alors l'inscription en italien.
- Et ça, qu'est-ce que c'est ?
- Eh bien c'est la traduction en italien.
- Et qu'est-ce que ça veut dire ?
- Cela veut dire "Il est dangereux de se pencher en dehors".
- Mais, où avez vous trouvé une chose pareille !?
- Dans un manuel de japonais rédigé en italien. Je vais vous le chercher.
Et je fis semblant de chercher l'ouvrage dans un amoncellement de livres. Elle me crut. Son engagement pour la secte prit un sacré coup dans l'aile. Je m'en rendis compte au visage plein de reproche que me présenta ma femme de ménage dans les jours qui suivirent.
En fait, la secte Nishiren Shoshu n'est pas une des pires. Les gens s'y contentent de s'y abrutir et ça marche très bien. Dans le style "nous avons resté pour vous" on peut aussi rappeler une secte d'allumés qui parcouraient les rues en jouant du tambourin et en répétant inlassablement "Hare, hare, hare, hare Krishna". Les modes changent. On ne voir plus guère ces adeptes avec leur robe blanche et leur front barré d'un trait de peinture blanche, à la manière des Saddhus indiens.
Toutes les formules sont possibles. On se rappelle par exemple le fameux "Heil Hitler" qui fit florès en son temps. Le mot, finalement, n'a pas beaucoup d'importance. Ce qui compte c'est sa fonction en tant qu'agent de lavage du cerveau. Un cerveau comporte une mémoire qui se "rafraîchit" tout le temps. C'est à peine plus sophistiqué que Windows 98 et ça marche tout aussi mal. Il faut fréquemment "rebooter". Ceci se produit en échangeant des informations avec les autres, ou en lisant, ou en regardant la télévision. Il existe une autre formule : réfléchir par soi-même, mais peu de gens ont ce courage en général. L'indépendance d'esprit est un leurre absolu. Quoi que nous fassions nous ne sommes que des systèmes organisés de croyances. Les plus indépendant sont simplement les plus éclectiques dans leurs choix. Ces croyances sont alors baptisées "idées". Elles sont plus ou moins stables. Si elles le sont on parlera "d'idées fixes". Nos cerveaux sont aussi emplies d'images qui s'impriment au cours de notre croissance et parmi celles-ci se trouvent de plus en plus des images de violence d'autant plus dangereuses qu'elles sont présentées sous une allure banale. La séquence émotion vue sur le petit écran a remplacé le scène de rue de jadis. En sortant de leur travail les gens se précipitent dans leurs logement pour apprendre ce qui a pu se passer dans le reste du monde. La vie de l'homo televisionus devient de plus en plus "virtuelle". Le jour où le travail s'effectuera à domicile, devant un micro et une webcam, la boucle sera bouclée. L'homo mediaticus aura achevé sa mutation. Il paraîtrait même qu'il existe maintenant des périphériques qui permettent de faire l'amour sans se déplacer. Normal : on le fait déjà avec des jeux vidéos interactifs. Le pied numérique est dans l'air du temps.
La "galaxie des médias" est un univers totalement virtuel (de même que le monde politique). Le vrai et le faux y sont totalement relatifs, de même que l'important et le dérisoire. L'audimat (le bulletin de vote dans le monde de la politique) introduit un feed-back, une boucle de rétro-action très puissante. Les éléments culturels sont en quelque sorte des "attracteurs" dans ce vaste chaos télévisuel (de même que les idéologies émergent en tant qu'attracteurs d'un chaos socio-économique). Telle scène provoque un intérêt chez les spectateurs, enregistré par l'audimat. Le dépouillement effectué par les concepteurs de "produits médiatiques" en tient compte. Ainsi la demande se trouve-t-elle naturellement renforcée. Le spectacle violent est devenu un des principaux attracteurs du monde moderne, axé sur la virtualité. Attendez vous à ce que les films, les séries que vous verrez émerger dans les années à venir soient de plus en plus violents (il est quand même rassurant que la tendresse ait encore quelqu'écho chez les gens. Je pense à deux films comme "les Enfants du Maarais", avec Serrault ou "La vie fantastique d'Amélie Poulain", deux produits cinématographiques à fortes entrées, grâce au ciel).
Le problème est qu'il arrive que des gens qui ont engrangé des images de violence dans leur mémoire, de manière inconsciente, ne sachent plus situer la frontière entre la réalité et la fiction. Ils transforment alors en actes concrets des spectacles virtuels. Ils pressent sur des gâchettes ou sur des manches de couteaux, abattent des barres de fer sur des crânes.
Il faudrait que les gens prennent conscience de cette dérive qui ne fait que s'accentuer, au lieu de réclamer à cor et à cri des éducateurs dans les cités chaudes. Personne ne semble identifier la source du mal, comme si tout le monde avait de la merde sur les yeux : gens de médias, politiciens, psychologues. j'avais un excellent ami : Aimé Michel, mort depuis longtemps déjà, auteur d'un des premiers ouvrages consacrés aux soucoupes volantes, dans les années cinquante. Il avait initalement été technicien dans ce qu'on appelait à l'époque "l'ORTF" ( l'organisation de la radio et de la télévision française). Il disait que quand Yaweh avait dit "tu ne feras pas d'images" il pensait déjà à la télé.
7 juin 2002
Une nouvelle est tombée, hier.
A Nantes, le 4 juin dernier, un adolescent a lardé d'un nombre incroyable
de coups de poignards une jeune fille, qu'il avait choisie pour victime. Celle-ci
est morte dans les bras d'un homme qui tentait de lui porter secours, avant
que des soins médicaux puissent lui être prodigués. Comme
elle avait pu nommer son assassin, celui-ci, un jeune garçon d'à
peine seize ans, a été aussitôt arrêté. En
guise de justification de son acte il a simplement dit qu'il avait trouvé
dans les films "SCREAM" ("cri de couleur" en anglais)
l'inspiration de son geste. Il avait d'ailleurs, de son propre aveu, visionné
le film avant de passer à l'acte. Dde ces films on dit qu'il mêlent
"l'horreur et l'humour" et qu'ils sont faits "pour séduire
les adolescents". Un meurtrier revêt un masque gris-blanc grotesque
et une sorte de cape. On trouva d'ailleurs ces accessoire dans la chambre
du garçon.
Des commentaires, comme d'habitude, ont été
faits concernant ce fait divers. Les parents ont dit que jusqu'ici le comportement
de leur enfant avait été "normal". Idem pour les avis
recueillis auprès de son entourage, estimant que "rien ne permettait
de prévoir un tel geste". Ce qui m'a effaré c'est qu'il
n'y a eu personne, absolument personne, pour soulever le problème de
la circulation de tels films au sein du public. Par un journaliste, pas un
psychologue, pas un homme politique ne s'erst simplement posé la question.
A la limite ces films sont toujours dans les circuits de distribution. Comme
le meutrier est mineur, il n'y aura aucune suite "extérieure"
et tout sera géré à huis-clos. Pour lui, c'est mieux,
mais pour le monde extérieur c'est de nouveau un problème grave
qui se trouve escamoté.
Les commentateurs s'expriment,
quelle que soit leurs fonction comme s'ils se disaient : "mais comment
se fait-il que ce garçon ait eu un tel comportement ?". Personne
pour suggérer qu'une commission soit créée qui puisse
analyser les films susceptibles d'être diffusés et de juger s'il
serait opportun ou non de le faire. C'est la ... liberté, celle de
mettre dans les yeux, dans la tête de nos gosses des images complètement
pathologiques, conçues par des scénaristes et des réalisateurs
qui sont des malades mentaux en liberté.
Au delà, il y aurait beaucoup à dire sur
les effets de cette "liberté" qui nous vient d'outre Atlantique.
Liberté de solliciter tous les instincts cachés des êtres
humains et en particulier des jeunes pour faire simplement... de l'argent.
D'où vient cette vogue des films d'horreur ? Des Etats-Unis. Il y a
un marketing insensé dans ce domaine, et persoinne ne s'en inquiète.
Chez ce gosse de seize ans qui a tué cette jeune mille de cent coups
de couteau on avait retrouvé des accessoires, le fameux masque du film
Scream, entre autre. Qui s'en soucie? Tout cela est encore en vente. Or ces
objets ont tué et pourront tuer de nouveau. L'Amérique est toujours
"très en avance" vis à vis de l'évolution générale.
Les enfants tueurs, les "serial killers", on les trouvait outre
Atlantique avant qu'on ne les trouve à nouveaux en Europe.
Depuis quelques années le Nouveau Monde nous
a aussi exporté sa fête "Halloween". Ca encore, c'est
avant tout une immense histoire de gros sous. Et tout cela a débarqué
en force dans tous les pays européens. Visages grimaçants de
sorcières, monstres divers et variés, tout cela sur le visage
de nos enfants. Je ne sais qui a dit, parlant des Etsta-Unis, que ce peuple
étant sans transition passé de la barbarie à la décadence.
Il y a du vrai, là-dedans. Savez-vous ce que disent les enfants, lorsqu'ils
passent de porte en porte ? "A sweet or a spell" , ce qui signifie
"une douceur ou une malédiction". Et tout le monde rigole.
Comme c'est "drôle", comme c'est de bon goût.
Bien sûr, des psychologues imbéciles
nous diront que nos jeunes "ont besoin de ces moyens de défoulement",
de même qu'ils ont un besoin vital de mitraillettes et de grenades en
plastique. Ils ont aussi besoin, j'imagine, de voir des corps éclater
sur les écrans, grands ou petits, de voir des gens se transformer en
monstres, à travers des effets spéciaux de plus en plus raffinés.
Jadis le styliste Raymond Loewy avait dit "la laideur se vend mal".
Aujourd'hui on devrait écrire "le monstrueux se vend bien".
Ce qu'oublient les gens c'est que le produit façonne le client et le
feed back est redoutable, illimité. En achetant machinalement ces monstruosité
à nos enfants, nous façonnons à leur insu, et au nôtre,
leur inconscient et, plus tard, non seulement ils en redemanderont mais il
dupliqueront ces désordres mentaux dans leur propre descendance. Il
n'y a aucun homme politique qui aura simplement le courage de mentionner ces
points, à part une femme qui avait, un temps, osé évoquer
la violence des mangas japonais, sans beaucoup d'écho d'ailleurs.
Jadis le psychologue Willehm Reich avait noté
la conjonction entre refoulement et agressivité. Ca n'est pas un hasard
si les "civilisations" les plus cruelles, quand elles se déchaînent,
sont aussi les plus "impassibles". Les exactions japonaises, lors
de "faits de guerre" (comme en Chine) sont légendaires. Ca
n'est pas un hasard si les atrocités les plus effrayantes sont nées
en Allemagne, si les camps d'extermination ont trouvé leur source dans
l'idéologie nazie. De longue date, dans ce pays (comme au Japon) les
jeunes hommes étaient bridés par une autorité paternelle
excessive, le refoulement était la règle générale.
Savez-vous qu'Himmler avait fait confectionner des meubles pour la chambre
de ses propres enfants, avec des ossements de déportés ? L'Allemagne
Nazie a été simplement sous la coupe de malades mentaux. Hitler,
Göring, Himmler et tant d'autres, auraient dû atterrir au plus
vite là où étaient leur vraie place : dans des hôpitaux
psychiatriques, pour qu'on tente de les guérir.
Antérieurement le psychologue Rosensweig avait montré comment la frustration engendrait l'agressivité (ce qui déboucha sur un test, aussi célèbe que celui de Rorschar, qui porte son nom). Notre monde est à la fois refoulé et agressif. de temps en temps, quelqu'un passe à l'acte. Alors, tout le monde s'étonne en s'écriant "mais il n'a pas compris que c'était pour de rire". Nos sociétés sont si malades qu'on s'étonne parfois agréablement de voir des films comme la Vie fantastique d'Amélie Poulain, où on ne trouve ni meurtre, ni monstruosité remporter un tel succès auprès du public, sans le moindre budget promotionnel. Un film avec un happy end gentil, où une jeune femme part avec le sourire sur la mobylette de son compagnon, ayant enfin trouve la route la plus simple : celle de l'amour.
On se dit alors que tout n'est peut être pas fichu.
Réflexion sur la Violence 14 janvier 2002 J'ai retrouvé par hasard, chez mon dentiste,
cette photo parue dans le numéro d'octobre 2001 de Paris-March.
Elle a été prise lors d'une manifestation anti-américaine,
au Pakistan. Que voit-on ? Un homme a emmené son fils, qui ne
doit guère avoir plus de cinq ans, à cette manifestation.
Il l'a juché sur son dos et lui a donné son arme, un neuf
miilimètres, pour autant que je puisse en juger. On peut espérer
que l'arme n'était pas chargée. Cette image est horrible.
Elle montre quelle folie s'est emparée des "adultes".
Mais, finalement, est-ce si différent que le fait de produire,
dans des séries télévisées, dans tous les
pays, des scènes de violence que les gosses "consomment"
à haute dose dès leur plus jeune âge. |
L'émission rappelait une étude américaine
qui avait été faite au cours de la seconde guerre mondiale
qui concluait que pendant des affrontements guerriers (l'étude se
centrait sur le conflit américano-japonais qui débutait) très
peu de soldats américains tiraient réellement en direction
de l'ennemi, avec l'intention de tuer. La plupart tiraient un peu n'importe
où, de préférence dans une direction où il n'y
avait guère de risque de toucher qui que ce soit. Bref, sur le champ
de bataille l'armée américaine alignait dix à vingt
pour cent de véritables combattants et quatre vingt pour cent de
"touristes", morts de peur, dénués de tous réflexes
et totalement inefficaces vis à vis du but fixé. On entreprit
donc de développer les qualités combattants des soldats. Le
problème était donc de transformer un simple quidam, arrivant
de Cincinatti ou de Detroit en une machine à tuer, à faire
le plus de dégâts possibles chez l'adversaire, en une sorte
de Puitbull humain. Avant d'envisager ce conditionnement, évoquons
les témoignages qui émaillaient ce dossier. Les journalistes
étaient donc allés chercher des hommes ayant l'expérience
du combat et ayant réellement "tué de sang froid".
Il y a différentes façon de tuer. L'artilleur ne voit pas
grand chose. Il charge sa pièce, tire sur une ficelle ou appuie,
de nos jours, sur un bouton, et à des kilomètres de là
son projectile transforme un certain nombre d'êtres humains en chair
à pâté. La situation est encore plus caricaturale pour
le bombardier. Pour celui qui largue des bombes à haute altitude,
les impacts ne sont que des éclairs lumineux ou des petits panaches
gris. Ca ne parle pas vraiment. Un passage du film intéressant mettait
en scène un officier anglais, responsable d'un groupe de chars, qui
évoquait la guerre du golfe et disait que dans un premier temps ce
qui avait dominé chez lui était l'envie de montrer au monde
que son unité était une unité d'élite, très
bien équipée et entraînée. Le premier engagement
qui avait eu lieu s'était fait à distance respectable. Son
groupe avait copieusement arrosé une unité Irakienne de missiles
très bien ajustés. Comme l'ennemi semblait avoir été
mis hors de combat, l'unité de char fit mouvement vers sa cible et
l'officier en question découvrit des centaines de corps désarticulés,
des blessés qui se traînaient. Il dit qu'il en éprouva
un certain désenchangement. Manque de conditionnement, de toute évidence.
Un véritable professionnel aurait contemplé la scène
avec indifférence.
Un autre soldat, également Anglais, témoignait
en évoquant sa participation à la guerre des Malouines. Ce
"bérêt vert" avait "glorieusement combattu",
au corps à corps, sur ces îles Falkland, tuant lui-même
plusieurs soldats argentins, à courte distance. Cette guerre fut
courte. L'homme raconte l'accueil enthousiaste dont il fut l'objet à
son retour en Angleterre, où lui et ses compagnons furent traités
en héros. Puis le temps passa. Cette guerre, une des plus absurdes
qui aient été, sombra dans l'oubli. Le soldat ressentit alors
un malaise certain, se demandant pourquoi, finalement, il était allé
là-bas tuer des gens. On pourrait appeler cela "le drame de
la guerre sans motivation".
Faut-il attendre, pour devenir un guerrier, d'être
motivé ? Les chefs d'Etats qui expédient ici et là
des corps expéditionnaires ont besoin de guerriers, de tueurs. Il
est évident qu'avant des guerres comme celles des Malouines ou du
Golfe on ne peut pas passer du temps à expliquer aux soldats que
leur engagement là-bas revêt un caractère patriotique.
On peut alors avoir recours à des professionnels. Un soldat professionnel
ne combat pas par idéologie. Il s'est simplement engagé à
obéir, quel que soit l'ordre. C'est une forme de conditionnement.
Si un jour on lui dit "vous allez là et vous faites cela"
il y va et il le fait, c'est tout. Mais toutes les guerres ne se font pas,
loin s'en faut, avec des professionnels entraînés et expérimentés.
Beaucoup d'amateurs se trouvent impliqués dans ces actions. Quel
est alors leur destin ? Finiront-ils, simples figurants, en chair à
canon ou deviendront-ils d'authentiques guerriers ? Dans le dossier les
journalistes s'adressaient alors à des gens qui avaient servi en
tant que soldats, pendant des durées variables, et qui avaient tué
des hommes. Parmi ceux-ci, deux soldats américains ayant servi au
Viet-Nàm. Deux aunthentiques "héros", copieusement
médaillés. L'un d'eux évoquait sa première prise
de contact avec un champ de bataille. Un hélicoptère le débarqua
avec ses camarades. Puis, dans la minute qui suivit deux de ses compagnons,
du même âge que lui (dix huit ans) se retrouvèrent étendus
"avec un trou dans la tête", raides morts. "L'un d'eux
était mon meilleur ami",dit-il. Cet évènement
transforma alors ce jeune homme en installant en lui une haine intense (contre
"ceux qui avaient tué ses copains"), de manière
durable. On découvre donc un excellent moteur de la démarche
guerrière : la haine. L'autre américain disait qu'il avait
aussi combattu avec cette haine au coeur, qui s'était "tout
naturellement installée". Tous deux avaient tué un jour
leur premier homme. Pour le premier témoin, la chose s'était
faite dans un trou de bombe où il avait atterri, à court de
munition. Rappelons qu'il avait à lépoque des faits dix huit
ans. Il y avait alors découvert un jeune Viet Cong qui y avait, comme
lui, cherché là refuge. Plus rapide, il avait saisi son casque
et s'en était servi pour le frapper. Il l'avait fait jusqu'à
ce que l'homme soit mort. Le second combattant américain disait qu'il
avait tué son premier homme lors d'une patrouille. Il était
tombé sur un Viet Cong, dans un village, à une dizaine de
mètres. Il l'avait abattu. Bien sûr, ce geste avait transformé
sa vie. Il y avait "avant" et "après". Le journaliste
lui demandait alors ce qu'il avait éprouvé lorsqu'il avait
continué à tuer des ennemis. "Strictement rien, avait-il
répondu. C'est le premier qui compte, après, tuer ne fait
plus rien. C'est comme une ligne. Un fois qu'on l'a franchie on est dans
un autre monde où tuer devient une chose totalement naturelle".
Les deux hommes étaient devenus soldats de métier et, après
un premier séjour au Viet-Nàm, étaient revenus combattre
là-bas. Tous deux avouaient qu'il y avaient rapidement pris plaisir
("c'était en fait comme une drogue"). Le premier était
devenu pilote sur hélicoptère de combat. Il avouait que tirer
des missiles sur une position Viet Cong lui procurait des impressions quasi
orgastiques. Le second montra à la caméra des trophées.
Une oreille coupée à un ennemi, momifiée. Il avait
également un épais carnet de combat, avec des photos. Il disait
que beaucoup de combattants prenaient des photos après les engagement.
- Nous faisions des choses singulières. Nous mutilions les corps, nous les plantions sur des pîques, et nous les laissions là, pour impressionner nos ennemis (j'ai vu des photos de scènes semblables, prises par des sous-officiers, commandos de chasse, pendant la guerre d'Algérie).
Sur ces photos on voyait des Viet Congs morts.
- Celui-là, vous voyez, on l'a eu à la tête.
Entre les photos et le panneau accroché au mur, empli de médailles, on n'aurait guère fait la différence avec des coupes de base ball et des photos des matchs. On découvrait lors de cette émission la seconde mutation qui accompagne la transformation d'un homme ordinaire en combattant. Il y a d'abord la haine, ou sinon la haine, l'hostilité sans équivoque envers l'ennemi. Puis le fait de tuer devient quelque chose de naturel, s'inscrit en quelque sorte "dans la vie de tous les jours" (la survie étant probablement à ce prix).
- Les Viet Congs se cachaient dans des trous, dans des terriers creusés
dans le sol. Nous les appelions "les rats". Combattre, là
bas, était comme tuer des rats.
- Et aujourd'hui, que ressentez vous vis à vis de ces hommes que
vous avez combattus ?
- Rien, ils restent des ennemis que je devais tuer.
On imagine aisément qu'il soit totalement impossible d'opérer une quelconque remise en question après un tel carnage. Les deux hommes révélaient leur profond malaise :
- Cette guerre, pour moi, c'est comme si elle avait fini il y a un quart
d'heure. Je ne m'en suis jamais remis, disait l'un.
- La vérité, c'est que la guerre est une saloperie, disait
l'autre.
Le témoignage d'un soldat Israëlien était très particulier. Il parlait lui aussi de la banalité du geste de tuer.
- On tire. On voit le sang qui sort, qui rougit la chemise, la vie de l'homme qui s'en va, sous vos yeux. Cela apparaît comme de la plus extrême banalité. .
Lui aussi convenait que seule la première fois était importante. Une fois, pendant une opération au Liban, le hasard l'avait mis en contact, à quelques mètres avec des soldats syriens qui fumaient des cigarettes et plaisantaient. Comme tous étaient habillés de manière semblable, ils ne se percurent pas immédiatement comme des ennemis. Puis ce fut la prise de conscience. Les Syriens se précipitèrent sur leurs armes. l'Israélien "dut alors les tuer". C'est aussi simple que cela.
Les guerres sont pleines d'histoires de ce genre.
L'émission montrait l'entraînement, dans différents
pays, dont le célèbre entraâinement des marines de Etats
Unis. Tout le monde a vu ces sous-officuiers chapeautés comme des
boy-scouts qui hurlent sous le nez des recrues lesquelles, sans détourner
le regard, doivent se contenter de scander à chaque parole "Yes,
Sir !".On connaît ce conditionnement hallucinant qui s'imposa
pour que les américains puissent faire face avec moins de pertes
aux combattants japonais fanatisés. Au Japon les américains
ne combattaient pas pour défendre le sol de la patrie. Il était
difficile de leur communiquer une motivation d'ordre, disons, géopolitique.
On dut donc faire recours au conditionnement. La chose s'avéra efficace.
Le but est de transformer l'homme en animal dressé, car il ne s'agit
de rien d'autre que d'un dressage. Le chien dressé réagit
quand on son maître lui dit "attaque !". Il accomplit un
certain nombre de gestes, se jette sur une homme qui ne l'agresse pas, éventuellement,
réagissant à l'ordre "tue !" il le tuera. Un chien
est parfaitement capable de tuer un homme désarmé. Pour que
les choses se passent ainsi, il faut que le chien ait été
dressé. Le marine américain subit aussi un dressage en bonne
et due forme. Il réagit à l'ordre "à l'attaque
! ", et doit, si ce conditionnement est réussi, monter à
l'assaut sans se préoccuper de sa propre vie, en cherchant à
localiser l'ennemi et à le détruire. Par quelque bout qu'on
prenne le problème, la "guerre de proximité" implique
un dressage ou une motivation exceptionnelle (défendre sa vie, défendre
les siens, venger des victimes, combattre une idéologie jugée
mauvaise). Si la motivation manque, le dressage devra y suppléer.
Lors de la récente guerre d'Afghanistan, gagnée
par le pays Amérique, le soldat yankee pouvait trouver une motivation
: venger les victimes du Wold Trade Center. La guerre du Golfe était
plus singulière. Une première en tant qu'on opération
"zéro mort", associée à une débauche
de moyens technologiques. Pas d'engagements de proximité. Des guidage
de bombes par faisceaux laser que les pilotes devaient vivre, au chaud dans
leurs cockpits, comme des jeux vidéos, un main sur le manche, l'autre
sur le "joystick" de "désignation de cible".
Cette guerre fut de brève et durée et les soladts engagés
n'eurent peut être pas vraiment le temps de réfléchir
à leur présence là-bas, sauf un marine doté
de mauvais esprit, qui avait inscrit sur son casque "Oil War"
(la guerre du pétrole).
Saddam Hussein s'était rendu coupable de bris
de clôture, de violation de domicile et de main-mise sur ce qui ne
lui appartenait pas. Le monde entier permit donc aux princes koweitiens
de récupérer "leur bien" et de se réinstaller
dans leurs palais. En théorie ce n'étaient pas les Etats-Unis
qui menaient cette guerre, mais l'ONU. Je me souviens qu'à l'issue
de cette opération un idée saugrenue m'avait traversé
l'esprit. J'imaginais que l'ONU se dise : "finalement, est-ce bien
moral que tant de richesses soient concentrées entre les mains d'une
poignée de bédoins installés là-bas au début
du siècle par le Petroleum Company ? Ne pourrait-on pas par exemple
couper la poire en trois parties égales. Avec le premier tiers des
bénéfices les princes koweitiens pourraient continuer d'aller
se distraire en claquant leur argent sur les tapis verts de Monaco. Avec
le second tiers on pourrait judicieusement aider des pays arabes à
se développer économiquement (en évitant qu'il s'en
serve pour s'acheter des armes). Quant au troisième tiers, il pourrait
par exemple être utilisé pour venir au secours des pays du
tiers monde".
Si l'ONU avait agi ainsi, elle aurait peut être
gagné un certain prestige auprès des pays pauvres. Mais personne
n'y a pensé.
Pourquoi y a-t-il des guerres ? Bonne question. N'importe quel statiticien vous dirait que démographiquement, c'est parfaitement inefficace. Les pires boucheries de champs de bataille ne sont rien en regard des hécatombes liées à des épidémies. La guerre n'est que le moyen d'imposer une idéologie, d'exercer un pouvoir, une domination, de mettre la main sur des richesses, de s'emparer de territoires. Il y a un côté Darwinien dans la guerre. On pourrait se dire "c'est normal. Les espèces se combattent, les hordes animales se combattent. Les hommes font de même". Le combat dans les populations animales entretient un équilibre dynamique. Il améliore l'espèce, par sélection naturelle. Les prédateurs limitent la population des pacifiques herbivores. Mais, dans le cas des hommes, est-ce bien nécessaire ? Ne sommes-nous pas là face à un phénomène hypertélique (dépassement de finalité). Des progrès ont été accomplis. La contraception en est un. La système d'aide aux personnes âgées en est un autre. Point n'est besoin de faire quinze enfants pour assurer ses vieux jours. On commence à comprendre comment fonctionne la pollution, et la dépollution. Les hommes ont quand même acquis quelques vagues idées en matière de gestion des ressources. S'ils étaient moins stupides ils auraient dix fois de quoi résoudre tous leurs problèmes matériels et sociaux. Je crois que personne n'imagine ce que peut coûter un guerre. Personne n'imagine non plus les sommes qui, dans tous les pays, sont consacrées à "la défense". Nous payons l'impôt à la paranoïa, nous alimentons les profits des lobbies militaro-indistriels. Dans certains pays, comme l'ex-Empire Soviétique cette "activité économique" équivalant à la moitié du budget, avait un rôle d'équilibre absolument essentiel, au plan économique. L'effondrement de l'URSS alla aussi de pair avec celui de son induistrie des armements qui donnait du travail à une masse de gens, qui devenaient des consommateurs. Finalement, de telles situation sont totalement ubuesques. On pourrait imaginer un pays qui consacrerait la moitié de son budget à construire des machines coûteuses avec lesquelles des millions d'hommes creuseraient des trous, d'autres millions, équipés de machines similaires, s'occupant ensuite à les reboucher. Ca aurait l'avantage d'être moins dangereux.
Une guerre de plus vient d'être menée. Pendant ce genre des boucheries discrets, des "réglement de comptes inter-ethniques" se poursuivrent comment tentait désespérément de le rappeler Bernard Henri Lévy dans une récente émission de variété, animée par un jeune aboyeur, l'oeil rivé à son audimat. Les conflit alimentent les haines. La photographie qui trône en tête de ce dossier en est le symbole. Le "perdants", chauffés( par leurs "guides spirituels" préparent déjà la génération suivante au "sacrifice". Mais que feront le "gagnants" ? Cette course au pouvoir, à la domination, à la défense à tout prix de son bien être au détriment de celui des ses voisins, cette envie maladive de s'approprier des richesses on de manipuler des cerveaux finira-t-elle un jour ?
Comme disait un jour Reagan à Gorbatchev, la seule chose qui pourrait créer un début de sentiment de solidarité chez les terriens serait la nouvelle d'une invasion imminente de la part d'extraterrestres.
La machine à décerveler
J'ai regardé hier 25 juin 2002 ur ARTE l'émission THEMA qui produisait une série de reportages sur le thème de l'attentat suicide. On y apprenait plusieurs choses. La première est que ceci n'était pas l'apanage du conflit Israélo-Palestinien. Au Sri Lanka les sécessionistes Tamoul mènent par ce moyen une guerre extrêmement violente et active contre le pouvoir Indien. Grâce à me mode de guérilla dix mille séssessionnistes Tamoul parviennent à s'opposer à cent mille soldats indiens. Les guerriers Tamouls s'appellent eux-mêmes les "tigres rouges", les candidats au suicide (50 % de femmes) prenant le statut de "tigre noirs". Apparemment le nombre des kamikaze Sri-Lankais excède largement celui de leurs homologues palestiniens. Le chiffre de deux cent était avancé. Le mouvement sésessionniste Tamoul a son leader charismatique, sorte de figure paternelle à la fois accueillante et terrible. Rituellement, le candidat au suicide sera admis à dîner avec le leader la veille de son action, la scène étant filmée, ce qui donne à cet individu un statut de héros exceptionnel, en le sortant ainsi de l'anonymat. Comme dans le mouvement Hamas, au sud-Liban, une intense propagande est faite en faveur de ce type d'action. Il ne semble pas, quand on cherche les motivations de ces individus, que la recherche d'une récompense paradisiaque soit leur motivation. Des psychologues, dans cette émission, cherchaient alors à cerner les caractéristiques de telles actions. L'un d'eux avait au départ émis l'hypothèse qu'il devait exister dans toutes les population des individus psychologiquement suicidaires et que leur politisation ne faisait que récupérer cette tendance individuelle. Mais cette explication ne semblait pas tenir la route. On rappelait le suicide collectif de dix irlandais, manifestant ainsi leur protestation contre le gouvernement de madame Tatcher, la "dame de fer" et le psychologue concluait "parmi ces dix hommes, tous ne pouvaient pas être "pathologiquement suicidaires".
Dans ce cas précis cette attitude suicidaire semblait relever de l'héroïsme. Or, qu'est-ce qu'un héros ? Dans le Larousse on apprend qu'au premier chef c'est un individu "divinisé", fut-ce au prix de sa vie. Il se pourrait ainsi que la première motivation du héros suicidaire soit de sortir de l'anonymat, "de trouver un moyen de s'élever" vis à vis de sa communauté et vis à vis du monde en général, dans un monde où il ne se sent plus exister, ou il n'est plus reconnu d'aucune façon et où une autorité politico-religieuse lui offre une reconnaissance éclatante, au prix de sa propre vie.
Le suicide par le feu des bonzes remonte à une époque antérieure. Il s'agissait là d'un "suicide passif", ostentatoire, démonstratif, ayant valeur de protestation. Chez les Sri-Lankais le suicide devient arme de guerre, les objectifs étant essentiellement militaires ou politiques. Dans le conflit Israélo-Palestinien un pas de plus est franchi : les suicides visant cette fois les civils. On apprend au passage que cette vague de suicide trouve son origine en 93 quand un colon juif, Baroun Goldstein, tua 27 palestiniens à la mosquée Ibraïm (Abraham en arabe) à Hébron, en plein Ramandan. Il fut alors considéré "comme un déséquilibré". Les palestiniens protestèrent à travers une manifestation avec jets de pierre. Les Israéliens ripostèrent, tirant sur la foule et il y eut 28 morts supplémentaires. Le mouvement Hamas promit des représailles qui intervinrent deux mois plus tard. Ceci pour rappeler que les attentats-suicides ne furent pas l'exclusivité des Palestiniens. Bien sûr, il faudrait que des historiens précisent la chronologie et le détails de tels évènements. L'histoire ne dit pas si l'état d'Israël prononça ou non à l'époque une condamnation des plus vives de l'action de ce colon juif. Le fait que cette action se soit située dans une mosquée et en plein Ramadan (fête principale musulmane) lui donne le caractère d'une provocation religieuse à caractère extrêmiste. Ramener une telle action "au geste d'un déséquilibré" ne saurait alors résoudre le problème. En fait ce sont des millions d'hommes "vivent dans le déséquilibre" et c'est la situation politique qui, dans cette région est "totalement déséquilibrée". Tout, dans ces contextes politiques et religieux tout est "déséquilibré". Les situation économiques, sociales sont "déséquilibrées". Les situations religieuses où la masse des croyants se trouve manipulée par des extrêmistes de tous bords deviennent "déséquilibrées". Les hommes politiques sont des "déséquilbrés". On pourrait se poser une question : dans tous ce gâchis de vies humaines, où se trouve l'équilibre ou la tendance vers l'équilibre ?
Alors prend naissance le cycle des représailles. On entend des leaders religieux Chiites se prononcer en faveur de tels attentats en disant simplement que l'ensemble de la population israélienne constitue "un état militaire" et qu'ainsi les "cibles civiles" peuvent être considérées comme des "cibles militaires". L'un d'eux lance une "fatwa" contre l'ensemble du peuple Israélien, carrément.
Fort à propos le documentaire rappelle des faits précédents comme les bombardement de villes anglaises (Coventry) ou allemande ( Dresde) ou japonaises (Tokyo, Horoshima) qui visaient essentiellement des populations civiles. Le tabou relatif à des attaques d'objectifs civils a été violé depuis longtemps. Il n'y a guère de différence de principe entre l'envoi de bombes contre de fortes concentrations de populations civiles, à partir d'avions, le tir d'une roquette contre un marché bondé ou le fait qu'un homme ou une femme aillent se faire exploser dans un bus. A propos de la psychologie des kamikazes les auteurs des reportages insistaient sur "la pression du groupe", sur le fait que le phénomène kamikaze ne représentait pas une action individuelle mais l'émanation d'une psychologie de groupe et nous sommes d'accord avec eux ce point. Il arrive un moment où un groupe "dévore les individus qui le composent". La pression psychologique collective devient plus importante que la psychologie de l'individu lui-même, qui semble perdre toute autonomie décisionnelle. Il n'est plus, pour reprendre une image évoquée dans un autre dossier "qu'une brique dans un mur". De toute façon, dans une action guerrière, l'individu est incité "à aller se faire tuer" et à "sacrifier sa vie". Il n'y a pas de guerres sans morts acceptées. Dans ce sens, la façon dont on meurt devient un détail. C'est simplement plus ou moins spectaculaire. Quelle différence entre le bombardier qui, pendant la seconde guerre mindiale, presse sur un bouton et expédie sur une ville une cargaison de bombres incendiaires sur un quartier habité par des civils, geste qui tuera des milliers de femmes et d'enfants, et celui qu'un colon tirant à la mitraillette sur une foule de pélerins ? Les deux ne sont-ils pas "des extrêmistes" ?
Des images d'archives et des interview montrent le comportement de masses de jeunes soldats ouvrant, en se sacrifiant, le passage aux troupes iraniennens en courant sur des champs de mines irakiens. Ces faits se sont bel et bien produits. Un témoin raconte comment l'autorité militaire iranienne avait demandé mille volontaires pour "nettoyer un champ de mines irakiennes", ouvrir un passage et comment trois mille s'étaient immédiatement présentés. Le véhémence des candidats au suicide (prêts à en découdre entre eux !) avait alors été telle que l'autorité militaire avait été obligée d'organiser une course pour sélectionner ceux qui auraient "droit au martyre" : les mille premiers, les plus rapides à la course. Ces documents sont là pour rappeler que ce phénomène suicidaire peut prendre une allure de phénomène de masse. On montre comment l'Ayatollah Khomeiny avait oeuvré pour transformer ces gestes suicidaires en arme politico-religieuse. Le documentaire reprend alors une des composantes du phénomène : le culte voué au martyre. Dans tous les cas de figure les photos des martyres sont exposées, les cassettes représentant leur action, leur témoiggnage enregistré avant celle-ci, puis l'action proprement dite, sont passées et repassées. On voit un jeune maghrébien dire "et là, c'est l'image où papa se fait exploser". La mère de l'enfant est là et sourit. Elle assume son rôle d'épouse de martyr, d'épouse de héros et acquiert ainsi uns tatut d'exception. Il semble que les Israéliens, qui répondent à ces attentats par des actes de représailles aveugles, tirant à la roquette sur des quartiers civils à partir d'hélicoptères de combats ou de chars, murant ou détruisant des demeures palestiennes appartenant aux parents des kamikaze n'aient strictement rien compris aux mécanismes psycho-scociologiques du phénomène auquel ils sont confrontés. Les représailless ne font que magnifier un peu plus les martyres en justifiants leurs actes, cela rendant la situation indémerdable. Mais la subtilité ne semble a priori pas être le point fort d'un homme comme Ariel Sharon. Mais le phénomène kamikaze n'est hélas pas inscrit dans la Torah.
Le document se termine par un face à face organisé entre les parents d'une jeune fille israélienne tuée lors d'un attentat et ceux du jeune kamikaze palestinien qui en fut l'auteur. Les deux familles fondent leurs douleurs. C'est poignant mais à aucun moment les auteurs du reportage n'abordent les questions de fond, n'examinent le cause du fait que ces deux communautés se trouvent ainsi dressées l'une contre l'autre. Personne ne montre l'origine de ces phénomènes (origines politique, économique et religieuse). Tout se passe comme si les journalistes, les psychologues, s'interdisaient toute réflexion politique. Or là semble être le véritable tabou. Des situations existent. Je ne connais pas le contexte indien mais dans d'autres documents on a essayé de brosser la genèse des problèmes liés à la création en 1947 de l'état juif en plein coeur de la Palestine. Le principal responsable de cette situation n'est autre que l'ONU (donc l'ensemble des pays du monde entier, à quelques exceptions près). Cette décision était-elle licite ? Il est trop tard pour se poser la question. Ce qui est sûr c'est qu'après que cette décision ait été prise, personne n'accepta de la gérer. Les Anglais, subissant les attentats de l'armée secrète juive, la Haganah, levèrent le camp. On laissa les protagonistes potentiels face à face, totalement livrés à eux-même (on notera que Yasser Afaraft réclame désespérément l'implantation d'une force d'interposition internationale, ce qui expliquerait pourquoi les faucons israéliens souhaiteraient l'éliminer). Actuellement personne ne semble soucieux de retourner aux causes premières. On brandit les clauses d'accords, sans cesse violés par les extrêmistes de tous bords. A Hébron, en 93, c'est "un extrêmiste juif", un "déséquilibré" qui ouvre le feu sur des pélerins musulmans réunis dans une mosquée. Plus tard ce seront des Mollah qui verront dans ces tensions l'occasion de rallumer leur interprétation personnelle du "Jihad" (or on sait que dans le Coran lui-même ce mot se prète à des interprétations radicalement opposées, selon les traduction et les interprétaions retenues). Plutôt que de multiplier les documentaires sur les attentats, qui ne sont que du voyeurisme malsain, mieux vaudrait introduire sur les plateaux de véritables débats, localiser les véritables problèmes, faire de la véritable "géopolitique", ce qui est l'urgence de l'époque.
Dans mon milieu, la recherche scientifique, j'ai entendu un jour un chercheur me dire en baissant les yeux, à propos d'une décision qui semblait particulièrement absurde : "c'est politique". Ces simples mots semblaient clore tout débat, introduire un mur infranchissable à toute compréhension. Toute proportion gardée on a l'impression que les journalistes, les réalisateurs de dossiers médiatiques seraient à même de produire la même réponse. Le "politique" devient intouchable (de même que le religieux). Le cameraman filme complaisemment des flaques de sang, montre des corps déchiquetés, des discours, "filmés grâce à une caméra cachée" incitant à la violence et au meurtre (on imagine alors en frissonnant les risques encourus par le camaraman ayant pénétré à l'intérieur d'une mosquée). Mais si on demandait au réalisateur d'aborder le fond des problèmes, sa réponse dilatoire serait peut-être "mais ça, c'est politique, c'est hors sujet....". A moins, pire encore, que l'audimat soit meilleur quand on montre des scènes de violence, des cris, des larmes, des familles déchirées, que quand on projette à l'écran des cartes, des chiffres, des bilans économiques.
Plus que jamais, nous consommons des non-informations, même si celles-ci émanent de "Théma", sur Arte. Tant que nos médias refuseront d'entrer dans la fond des problèmes nous ne sommes pas sortis de l'auberge. Des imbéciles traitent d'autres gens comme des imbéciles. La télévision, plus que jamais, reste l'ubuesque "machine à décerveler".
Compteur initialisé le 14 janvier 2002. Nombre de consultations :