Paranormal contre artefacts
14 oct 2002
Huitième partie
Nous avons puisé dans l'univers de la prestidigitation pour illustrer le concept d'artefact. Si le coup du médium mexicain était relativement grossier et facile à démonter nous avons vu qu'il en était d'autres comme ce tour fondé sur des propriété topologiques insoupçonnées et plutôt mal connues qui peuvent faire illusion. Imaginons que le médium, dans le cas de cette expérience où il doit atteindre une clé, a priori hors de sa portée vous dise "qu'il ne peut se dématérialiser que dans l'obscurité la plus complète". L'inspection soigneuse du matériel ne donnerait strictement rien. Vous pourriez sonder les assises, les trous, vérifier la solidité des liens, transformés en l'occurence en câbles d'acier. Vous pourriez fouiller le médium, le mettre nu si nécessaire, le radiographier de la tête aux pieds pour vérifier si, comme Houdini, il ne cacherait pas des instruments dans son oesophage ou dans son anus lui permettant d'ouvrir les menottes. Vous pourriez vérifier qu'aucun aide de peut venir à son secours. Tout cela ne donnerait aucun résultat et il faudrait bien se rendre à l'évidence. La dématérialisation serait la seule explication possible. Tout simplement parce que, selon notre vision paradigmatique de la situation le médium ne peut pas amener l'anneau à proximité de la clef. Seul un spécialiste de la théorie des noeuds pourrait vous dire "votre médium n'est pas irrémédiablement attaché à sa position de départ". Avouez que si je ne vous avais pas fourni la solution vous ne l'auriez simplement pas cherchée !
Il y a des artfects extrêmement vicieux. J'ai été un jour appelé en Bretagne par un nommé Patrick Marsilli, inventeur et fabriquant de maisons étonnantes : les domespaces. Voir le site http://www.domespace.com
Ces maisons sont extraordinaires. Elles sont construites en bois et son extrêmement accueillantes et agréables à habiter. De plus elles peuvent tourner sur elles-même car elles reposent sur un chemin de roulement circulaire comportant des galets. Un jour Marsilli me téléphone et m'invite à venir constater par moi-même un phénomène stupéfiant : à l'intérieur de ces bâtiments la radioactivité naturelle se trouve réduite de 40 % . Tout cela valait le déplacement. Je me rendis donc sur place avec des amis ingénieurs. Nous avions amené notre propre matériel : des compteurs Geiger. Première opération : une mesure soigneuse de la radiocativité naturelle dans le terrain entourant le bâtiment. Celle-ci apparaît remarquablement constante. Puis, surprise considérable : lorsque nous franchissons le seuil de la demeure la radioactivité commence à baisser, pour atteindre une valeur minimale au centre avec effectivement une réduction de trente à quarante pour cent. Nous faisons et refaisons les mesures.
La matériau aurait-il des propriété insoupçonnées ? Marsilli a édifié à proximité de ce "dôme" un garage de forme conventionnelle qui est construit avec exactement les mêmes composantes : bois en lamellé-collé, isolation par billes de liège, revêtement en cèdre rouge du Canada. Et là, aucune réduction de radioactivité. Fausse piste, donc.
Nous faisons des mesures sur plusieurs constructions du même genre. Même résultat. Marsilli nous déclare même que cette réduction de radioactivité a déjà été constatée dans un bâtiment en cours de construction, alors même qu'il n'existait qu'à l'état de squelette et que ses planchers et son revêtement n'avaient pas encore été posés. Sur le dessin ci-après, emprunté au site de Marsilli on distingue les arceaux de lamellé-collé constituant la charpente de base.
Autre phénomène hautement déconcertant. Beaucoup de Domespaces reposent sur des colonnes de béton, cylindriques. C'est à la jonction entre cette colonne et la maison elle-même que se situe le chemin de roulement. Sur le dessin ci-après on distingue les éléments. Les éléments de charpente du Domespace sont boulonnés sur une tourelle cylindrique en métal, laquelle repose sur l'assise bétonnée par l'intermédiaire de son chemin de roulement. Les habitants de cette demeure évoluent sur un plancher. Entre celui-ci et la calotte sphérique inférieure une sorte de "cave" à laquelle on peut avoir accès à l'aide d'une trappe. Nous y pénétrons et effectuons de nouvelles mesures. A la jonction Dome-support cylindrique cette coque est interrompue. On trouve alors une orifice circulaire de plusieurs mètres de diamètre, qui débouche sur l'intérieur de la colonne en béton. Et là, surprise considérable : quand on déplace la sonde su compteur Geiger celle-ci accuse une remontée sensible du niveau de radioactivité sur seulement dix ou vingt centimètres. Le gradient est considérable. La remontée se manifeste précisément au moment où la sonde traverse une sorte de "surface virtuelle complétant en quelque sorte la calotte sphérique inférieure.
La forme du Domespace agirait-elle sur la radioactivité ? Serions-nous confronté à un phénomène extra-paradigmatique reproductible ? Nous sommes restés perplexes longtemps. Qu'est-ce qui pouvait créer un phénomène pareil ?
A priori un gaz nomme radon, radioactif, que le sol breton rejette en continu. C'est un gaz lourd, qui a donc tendance à stagner au ras du sol. Il est bien connu qu'il faut ventiler les caves bretonnes sous peine d'y voir la radioactivité s'accroître au fur et à mesure que ce gaz émerge en surface. Or nous avez vu que les domespace étaient tous systématiquement surélevés. Leurs planchers ne sont pas au niveau "zéro", donc dans la couche située près du sol où le radon stagne. Venons-en aux mesures effectuées dans un Domespace monté sur son pédoncule en béton. A l'intérieur de celui-ci : de la simple terre battue. Donc le radon rejeté par le sol monte et emplit totalement cet espace cylindrique. Il déborde ensuite en passant à travers le chemin de roulement. Tout ceci fait que ce cylindre est ... plein de radon à ras bord et qu'en effectuant les mesures on puisse observer une variation aussi brutale.
Pourquoi Marsilli aurait-il constaté une baisse de radioactivité Dans des Domespace au moment de leur construction, avant même que le revêtement ait été posé ? Peut-être simplement parce que ces habitations étaient déjà surélévées sur leur assise de béton et que personne n'aurait eu l'idée d'effectuer des mesures de contrôle à proximité à une certaine distance du sol (je dois avouer que sur le moment aucun de nous n'avait pensé une seule seconde à un artfact possible liée à la stagnation de radon près du sol). C'est une hypothèse. Marsilli devra la vérifier.
La Bretagne, c'est loin. Je n'ai malheureusement pas l'occasion d'y retourner mais j'ai signalé ce point à Marsilli. Lui aussi est pas mal occupé. J'espère qu'il pourra confirmer mon analyse de ce phénomène.
Marsilli était-il un illusionniste, un mystificateur ? Pas le moins du monde. Il a constaté ce phénomène en toute bonne foi et quand nous sommes allés là-bas pas un de nous a songé à monter sur une échelle et à effectuer des mesures de radioactivité en plein champ, en nous éloignant simplement du sol. Un piège redoutable pour gens de la plus parfaite bonne foi mais ausi une excellente façon de passer pour des imbéciles en émettant des conlusions hâtives concernant l'effet incontestable des "ondes de forme" sur les phénomènes physiques. .
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