Gravure sur Cuivre
Dans les années soixante, je me suis initié à la gravure sur cuivre. Il y a différentes techniques. La plus simple est ce qu'on appelle " l'eau forte ". Je crois qu'au départ cela se pratiquant avec de l'acide. On grave en creux. Si on gravait directement on utiliserait un burin. Mais c'est une technique de gravure directe très délicate. L'eau fort est ce qui se pratiquement le plus facilement. On utilise des plaques de cuivres coupées à la taille, qu'on achète dans un magasin spécilisé. Les faces sont lisses et brillantes. On passe sur l'ensemble de la surface un vernis appelé " bitume de Judée " qu'on achète également dans un magasin de fournitures pour artiste. Il va donner une teinte brune à la plaque ainsi recouverte. On peut alors découvrir le cuivre avec une "pointe sèche", l'équivalent de la pointe d'un clou. Selon la finesse du travail que le graveur voudra réaliser il pourra utiliser des pointes sèches déjà montées sur des manches en bois de différentes finesses.
Pointe sèche
Comme pour toute gravure (litho, etc) il faut réaliser son oeuvre à l'envers, en miroir. Comme pour la litho, on pourra faire un calque d'un dessin à transformer en gravure, en utilisant un crayon gras. Celui-ci permettra de déposer sur le cuivre vernis une trace de crayon qui pourra servir de guide. Quand la pointe sèche court sur le vernis, le cuivre se découvre d'un beau jaune brillant. On grave donc en "clair sur foncé".
Quand ce travail de gravure est achevé, on va procéder à l'attaque. Le Perchlorure de Fer attaque le cuivre de manière beaucoup plus douce et souple. Une attaque à l'acide surfurique s'avère trop brutale et peut détacher les fragments de vernis. Par contre il n'y a pas de limite de finesse quand on attaque avec du perchlorure de fer. Cette attaque est relativement rapide : quelques minutes. Le temps d'attaque au perchlorure détermine le "foncé" du trait. On peut jouer sur ce temps et, dans certaines régions du cuivre, réaliser des effets étonnants.On peut par exemple ménager des reflets ou des rai de lumière, sur fond de hachures. Pour ce faire on réalisera une attaque très faible (de brève durée). Puis ont recouvrira après sèchage les zones où cette attaque devra être stoppée. Le vernis ayant sèché, on replongera le cuivre dans le perchlorure pour une attaque plus accusée.
On passe le cuivre à l'eau puis on dissous le vernis avec un dissolvant. Le cuivre gravé apparaît. Obtenir des tirages à l'aide d'une presse recquiert un certain savoir faire. Comme pour la litho, chaque passe de gravure emportera toute l'encre déposée sur le cuivre.On réalise l'encrage avec la paume de la main. Chez les graveurs professionnels, cette encre finir par tatouer leurs mains. On remplit ainsi les sillons créés lors de l'attaque par le perchlorure. On utilise une sorte de gaz pour enlever l'encre qui recouvre la surface libre du film. Le papier est aussi du "papier à la cuve", créé à partir de chiffons. La feuille de papier est en général plus grande que le cuivre, lequel laissera son empreinte en creux après le passage.
Une presse de gravure est composé de deux rouleaux d'une douzaine de centimètres de diamètre et d'une cinquantaine de centimètres de long.
Presse pour gravure sur cuivre
Comme pour la litho, le nombre d'exemplaires que l'on peut produire avec un cuivre est limité : cinquante, soixante dix au maxomum. Après, la gravure s'use, les sillons se ferment.
Ma première gravure sur Cuivre
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.Quand on se retourne, dans cette vieille cour d'un quartier de Paris, on voit ceci :
Notre-Dame de Paris, vue de l'abside
Une précision amusante : dans ces
années soixante, entre deux escalades dans les falaises des Ardennes
belges avec notre ami Jean Lecomte,
nous avions des fourmis dans les jambes, mes compagnons et moi. Avec mon ami
Jean-Louis Philoche, nous escaladâmes à cette époque nombre
de bâtiments publics, de nuit. Nous grimpâmes part exemple jusqu'à
l'extrême pointe de la flèche de Notre-Dame. Arrivés en
haut, nous fixâmes au sommet une "petite culotte" (la taille
maximale que nous avions trouvée, en magasin, d'un beau rose). Le lendemain
nous téléphonâmes à l'archevéchée en
demandant s'il était normal que la femme de ménage fasse sècher
son linge de cette façon. L'escalade ne présente pas de difficulté.
Nous avons attaqué dans l'angle abside-transept. Il y a un petit surplomb
facile. En haut, une surprise attend le visiteur. La flèche, par exemple,
est en ... bois, de même que les gargouilles et la grande croix qui orne
l'abside. Il faut se rappeler que la cathédrale fut achevée par
Violet-Leduc, conservateur des monuments historiques. Un joli travail, avouons-le.
Mais, économie oblige, le bois fut largemenrt utilisé. Les statues
de "bronze doré" quui ornent la cathédrale (dont celle
de Violet leduc qui se retourne pour contempler son oeuvre, sont en bois plaqué
de cuivre. A cette distance, qui verrait la différence ?
Que ce côté "Disneyland" ne vous
empêche pas d'apprécier l'élégance du bâtiment
lors de votre prochaine visite à Paris. Dernier
point : je me suis appuyé, en tête, tout le final de cette escalade,
c'est à dire la flèche, en m'assurant sur les gargouilles, après
n rétablissements successifs, assez acrobatiques. Ca n'est qu'en arrivant
tout en haut que je découvris qu'il y avait ... des barreaux d'échelle
sur une de ses faces. Dans le petit balcon qui est à la base de la flèche,
attention à de multiples câbles qui permettent de l'intérieur
du bâtiment, d'actionner des cloches. Ignorant ce détail j'ai atterri
dans ce balcon en provoquant un joli carillon.
J'ai retrouvé cette plume, qui date de 1960 :