Le sciage des joints des blocs dans l'ancienne Egypte

3 décembre 2016

 

Je fais ici référence à un article paru le 31 décembre 2013 dans le BIFAO, le Bulletin de l'Institut Français d'Archéologie Orientale, signé Etienne Laroze et Antoine Garric.

Ce travail répond à la question :

- Comment, dans l'antiquité, les ouvriers parvenaient-ils à ajuster des blocs massifs avec une telle précision ?

La réponse est extrêmement astucieuse. Elle avait déjà été suggérée plus d'un siècle auparavant, mais il a fallu que mon ami Antoine en fasse la démonstration lui-mêle dans son chantier du Musée en plein air de Karnak. En fait les blocs ne sont intimement joints qu'à la périphérie des faces, sur une profondeur de 5-7 cm. Le centre des face en légèrement creusé au pic (le terme spécialisé est "démaigri"), sur quelques millimètres de profondeur. L'ajustement est donc réalisé en sciant cette bande-joint à l'aide d'une sciotte, qui est une simple lame métallique (en Egypte en Cuivre) qui incopore des particule de quartz (soint ajoutées, soit automatiquement présentes dans le grès qui est une "roche secondaire", contient naturellement des particules d'abrasif et est ainsi naturemmenent "auto-abrasive"). La sciotte opère un mouvement de va-et-vient et abrase le joint.

On a retrouvé très peu d'outils d'origine (le métal était un élément précieux, systématiquement récupéré). De plus les outils trouvés dans les tombes sont des simulacres, symboliques et non-fonctionnels. Voici ce qu'indiquent les auteurs dans leur article :

 

Ces sciottes abrasent les joints en regard, sans beaucoup s'user. Elles servent en fait à mettre en mouvement l'abrasif : la poudre de quartz.

Antoine Garric sur son chantier. Il ajuste l'horizontalité à l'aide d'un niveau à fil à plomb, de l'Ancien Empire

 

Garric en train de scier le joint vertical

 

Les dessins ci-après illustrent cette technique du sciage des blocs (rapide, un centimère/minute !)

Les sciages s'enchainent les uns après les autres :

Le jointoiement des blocs peut être parachevé en injectant par un canal vertical un coulis très fluide, de plâtre, qui forme alors une lentille de quelques millimètres d'épaisseur, en contact avec les faces "démaigries". La résistance vis à vis des secousses sismiques est alors maximale. La photo ci-après démontre l'existence avérée des canaux d'injection de coulis :

Canaux d'injection du coulis très fluide de plâtre.

 

Ces canaux assurent asurent également le jointoiement rigide des faces verticales. On distingue des saignée horizontales facilitant l'écoulement du plâtre et assurant un jointoiement ultra-rigide des faces horizontales.

Les photos se réfèrent à des fouilles d'éléments datant du nouvel Empire (1500 av. JC). Il faudrait que cette étude s'applique au éléments les plus anciens. Mais d'ores et d'éjà une conclusion se dégage : point n'est besoin que ces blocs soit "découpés au laser" et transportés par "antigravitation". Des techniques extrêmement simples permettent de réaliser des opérations qui apparaissaient jusqu'ici comme incompréhensibles. De plus le cuivre extrait des mines égyptiennes, contenant une forte proportion d'arsenic avait des propriétés mécaniques proches de celles du bronze, ce qui nous fait quitter cette images d'ouvrier égyptiens travaillant avec des outils de cuivre pur, mou.

Ceci étant, cela ne répond pas à toutes les questions. Par exemple à la façon dont ont été joints les blocs dans les sites d'Amérique du Sud où les métaux étaient inconnus. Cela n'exlut pas non plus le fait que ces civilisations d'un passé très ancien aient détenu des connaissances qui auraient été perdues. La présence d'une technologie de "multi-vernier" sur les coudées pharaoniques, trois mille ans avant que Vernier ne redécouvre cette technique, en 1631 est un fait indéniable, troublant, pour lequel on n'a pas à ce jour d'explication.

 

 


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