Zugswang

1° octobre 2007

Où va-t-on ? la question que tout le monde se pose vis à vis de l'Iran on a l'impression que le monde vit des moments comparables à ce qui a précédé l'intervention en Irak. Où se trouve la formidable armada dont nous avons appris, par la Web-presse, qu'elle était en route pour le Golfe Persique. Quarante navires américains armés jusqu'aux dents. Cette flotte a-t-elle fait demi-tour ? A-t-elle changé de cap ? Est-ce une manoeuvre d'intimidation ou les préparatifs d'une attaque de l'Iran, y compris nucléaire ?

Ne comptons ni sur notre presse, ni sur nos hommes politiques pour nous informer. Venant de France, nous n'avons que les paroles de notre ministre des relation extérieures, Bernard Koushner. Vous pourrez trouver ici ses déclarations. Qu'est-ce que cet homme a dans la tête ? A mon avis plus grand chose. Ce fondateur de médecins du monde, devenu partisan inconditionnel des OGM "seule solution pour résoudre le problème de la fain dans le monde" vieillit. Que deviennent les hommes vieillissants ? Soit ils acquièrent une certaine sagesse, un recul, soit la vanité et l'ambition finit de les dévorer. Au bout du voyage ils finissent, comme l'écrivait le roi David "par le chemin de tout le monde".Voir ma Bible en bande dessinée, page &&&.

Raymond Barre est décédé, récemment. Mourant, il a fait une dernière apparition à la télévision, pour présenter " son livre ". Un ouvrage où, soudain, il dénonçait quel avait été le moteur essentiel de toute la vie de Jacques Chirac : l'ambition. Brillante découverte, brillante révélation. Il avait l'air misérable, comme un vieil homme dont les valises sont déjà prêtes et qui va partir, dans l'indifférence générale.

Eh oui, nous ne sommes pas grand chose, comme les passagers d'un train à qui un contrôleur en blouse verte, coiffé d'un calot de même couleur peut, après avoir distraitement inspecté nos billets de train, nous dire sabs crier gare :

- Vous ? vous descendez à la prochaine station.
- Mais .....
- Inutile de prendre des bagages, même légers. Cette douane-là ne laisse rien passer.
- Je descends ... où ? Il y a une correspondance ?
- Ca, monsieur, je n'en sais rien. Mon rôle est de contrôler les billets et de prévenir les passagers quand ils doivent descendre à la prochaine.

Raymond Barre avait reçu la visite de l'homme en vert. Il savait qu'il allait " descendre à la prochaine station ". Fatigué, il tenait quelques propos pas très cohérents devant un journaliste qui s'ennuyait. Tout le monde a déjà oublié son livre, qu'il aurait pu titrer :

- Moi, quand je n'ai rien à dire, je le dis

Rappelez-vous la fin de Mitterand. On en a même fait un film : " le promeneur du Luxembourg " avec l'excellent acteur Michel Bouquet. Rongé par un cancer en phase terminale il continua, dans les derniers moments de sa vie à faire ce qu'il a toujours fait : fasciner son entourage. Il paraît que, doté d'une vaste culture, il pouvait séduire. J'ai connu un homme nommé de Barbarin, ancien directeur du journal le Provençal, aujourd'hui à la retraite dans sa vaste propriété du sud de la France. Socialiste convaincu, il évoquait ses rencontres avec Mitterand, qui l'avait tenu sous son charme. Pourtant il ne pouvait pas ignorer tout ce que l'homme avait fait.

Vous rappelez vous ces scènes du film où Mitterand se cherche une phrase de sortie et, pour ce faire, parcourt celles des autres. Il cherche le mot qui le ferait entrer dans la postérité, alors que, déjà, tout le monde s'en fout. Vous l'avez vu, resté seul à l'intérieur du Panthéon, s'allonger par terre, comme un gisant. Lorsqu'il rencontre le jeune journaliste à qui il a confié la tâche de parler de lui, c'est d'ailleurs un gisant de pierre qu'il lui montre, dans une basilique. Vous avez vu sa dernière mise en scène, cette photo de lui, décédé, couvrant une double page d'un grand magazine.

La sortie d'un cabot de l'histoire.

Où François Mitterand suce-t-il des pissenlits par la racine ? Vous le savez ? Moi, je l'ignore et je m'en fous. Tout le monde s'en fout. Sic transit gloria mundi.

Il m'est arrivé de rencontrer des hommes politiques, de-ci, de-là. Je n'ai jamais été fasciné par aucun d'eux et je ne pense pas que si j'avais rencontré François Mitterand il en aurait été autrement. Mais c'est étonnant comme la vanité mène le monde. Regardez ce cliché :

 

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Ete 2007 : la rencontre Sarkozy - Bush

 

A droite, un des hommes les plus puissants de la planète, à qui on est obligé de fournir, dans ses discours, les noms propres qu'il doit épeler sous forme phonétique, pour éviter qu'il les écorche. Un homme qui, avant qu'il ne devienne président des Etats-Unis n'était jamais sorti du pays. Un lecteur, Eric Coutou, le fils d'un de mes vieux amis, qui a longtemps vécu aux USA, m'a envoyé cette carte du pays, vu par l'Américain moyen. Une vision qui doit aussi celle de Bush :

 

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Le monde selon George Bush

 

Nous savons déjà que que Bernard Koushner a dans la tête : pas grand chose plus beaucoup de vanité et d'ambition. Qu'y a-t-il dans la tête de George Bush ?

Vous rappelez vous la première scène du film " Pretty Woman " ? On y voit un noir traverser une place en disant :

- Tout le monde a un rêve. C'est quoi votre rêve ?

Qui pourrait me dire quel est le rêve de Nicolas Sarkozy, " dangereusement intelligent ". On s'interroge. Pourquoi semble-t-il vouloir prendre la place de Tony Blair, en tant que soutien des Américains ? Pour quelle contrepartie, en vertu de quel marchandage. Est-il, comme le fut Jadis Jean-Jacques Servan-Schreiber, séduit par " le Défi Américain " ( titre d'un de ses livres ).

Je vous sers la nouvelle du jour : une vidéo montran Brzezinski, ancien conseiller du président Carter pour les question de défense.

 

bzrezensky

 

29 septembre 2007 :

Discours de Zbigniew Bzrezenky, ancien conseiller du Président Carter pour les questions de défense aux Etats-Unis
Discours avant le tenue imminente d'un vote au Sénat (quel sera l'ordre du jour ? )

Source :

http://www.dailymotion.com/video/x1hmag_brzezinski-prevoit-la-provocation-d_news

 

Que voit-on sur cette vidéo ? Beaucoup de sièges vides. Ca n'est pas sans rappeler le discours du sénateur Byrd au sénat, avant le décenchement de la guerre en Irak, le 12 février 2003 devant un salle vide. A comparer avec son discours du 18 octobre suivant, après le déclenchement des hostilités.

Qui a écrit " l'histoire ne se répète pas : elle bégaye " ?

 

Le Zugswang

Les propos du " Formal adviser of President Carter for security " sont d'une précision redoutable. Je me souviens du discours tenu par un des deux pilotes d'avion furtifs F-117A dans le film "le nerf de la Guerre" :

- C'est quelque chose de constituer le premier acte d'une guerre qui va libérer tout un peuple.

Et ces hommes s'en vont, de nuit, frapper une des propriétés de Saddam Hussein, où celui-ci était censé résider, d'après les informations des services secrets américains (...). Un bombardement qui rata partiellement sa cible et créa quelques " dommages collatéraux " au sein de la population civile de Bagdad.

Qu'est-ce qu'on sert, cete fois, comme bourrage de crâne aux marins qui sont à bord des quarante navires de l'armada américaine ? Si vous analysez le discours de Bzrezensky vous verrez qu'à un moment il évoque ce "plan secret " que les stratèges du Pentagone pourraient avoir dans leurs cartons. Puis il met en doute l'existence ... d'un plan quelconque. Il dit " nous avons détruit l'état irakien et nous n'avons rien su mettre à sa place. Je suis personnellement sceptique sur la possibilité d'un retrait américain avec mise en place d'une armée autochtone. Le résultat de notre campagne a été de permettre à des ethnies de se livrer maintenant des combats violents".

Il n'exclut pas le montage de provocations ( comme pour le déclanchement de la guerre du Vietnàm ) qui puissent servir de prétexte à l'engagement d'une action contre l'Iran, et par delà, contre tout le monde musuman (...). Il n'exclut pas le montage de nouveaux " attentats " sur le sol des Etats-Unis.

Le gouvernement américain s'est lui-même placé en situation de Zugswang. C'est un terme échiquéen qui désigne une situation où, quelque soit l'option choisi par un jouer dont c'est le tour de jouer, il perd des points. Si les Américains restent en Irak, c'est mauvais. S'il s'en vont, c'est également mauvais.

Selon Bzrezensky c'est la politique américaine qui aurait permis à l'actuel président iranien, ancien gardien de la révolution, de se hisser au pouvoir. Et il ajoute : " j'espère que nos dirigeants n'ont pas fait cela sciemment ".

Il y a, dans la politique étrangère des Etats-Unis une suite ininterrompue d'erreurs flagrantes. Ils ont fourni aux Moujadines Afghans les armes sophistiquées ( missiles sol-air anti hélicoptères ) qui ont permis à ceux-ci de venir à bout des Russes. Ils espéraient pouvoir traiter avec les Talibans pour pouvoir déployer à travers le pays un pipe-line permettant d'acheminer vers le sud, le Golfe Persique, le précieux pétrole de la Caspienne ( le pétrole, encore et toujours ). Du coup ils ont hérité du problème Afghan, agité par son tribalisme séculaire. Bien sûr, l'undustrie de guerre y trouve son compte, comme pour l'Irak. Mais ce mélange d'aveuglement politique et de cupidité constitue un mélange explosif.

 

Ce qui est plus plus inquiétant dans ce discours de cet ancien conseiller de Carter pour les questions de sécurité, ce sont les ... sièges vides, à l'arrière-plan.

 

 

Une intervention de Brzezinski, février 2007 :

La bombe de Zbigniew Brzezinski :
Bush cherche un prétexte pour attaquer l’Iran, par Barry Grey.


bzrezenski

WSWS, 5 février 2007, Barry Grey à Washington.

Témoignant devant la commission sénatoriale sur les relations avec l’étranger jeudi passé, Zbigniew Brzezinski, conseiller à la sécurité nationale dans le gouvernement du président Jimmy Carter, a émis une critique acerbe de la guerre en Irak et averti que la politique de l’administration Bush menait inexorablement à la guerre avec l’Iran, avec des conséquences incalculables pour l’impérialisme américain au Moyen-Orient et internationalement. 

Brzezinski, qui s’était opposé à l’invasion de l’Irak en mars 2003 et qui a publiquement dénoncé la guerre comme étant une erreur monumentale de politique étrangère, a commencé ses remarques sur ce qu’il a nommé « le choix de la guerre » en Irak en qualifiant cette guerre de « calamité historique, stratégique et morale ».

«  Entreprise sur la base de fausses hypothèses, » a-t-il continué, « elle mine la légitimité des Etats-Unis partout dans le monde. Ses victimes civiles collatérales ainsi que certains abus ternissent la réputation morale des Etats-Unis. Menée sur la base de principes manichéens et d’un orgueil impérial démesuré, elle intensifie l’instabilité régionale. »

Brzezinski a raillé « la lutte idéologique décisive » contre l’islam radical des discours de Bush comme étant « simpliste et démagogique », et l’a qualifiée de « récit historique mythique » utilisé pour justifier une « guerre qui dure et qui est potentiellement en expansion ».

«  Argumenter que les Etats-Unis sont déjà en guerre dans la région contre une menace islamique plus large, dont l’Iran est l’épicentre, consiste à faire la promotion d’une prophétie dont on provoque la réalisation. »

Ce qui est encore plus étonnant et inquiétant c’est sa description d’un « scénario plausible de conflit militaire avec l’Iran. » Cela impliquerait, a-t-il suggéré, « le fait pour l’Irak de ne pas atteindre les objectifs fixés, suivi d’accusations sur la responsabilité de l’Iran dans cet échec, puis enfin par une provocation en Irak ou par un attentat terroriste aux Etats-Unis attribué à l’Iran, culminant en une opération militaire "défensive" des Etats-Unis contre l’Iran qui plonge une Amérique solitaire dans un bourbier toujours plus vaste et plus profond finissant par englober l’Irak, l’Iran, l’Afghanistan et le Pakistan. » [italiques ajoutés]

Voilà assurément un avertissement lancé au Congrès américain, truffé de guillemets, dans lequel l’auteur indique qu’il doute du caractère « défensif » de l’action militaire en préparation et que l’administration Bush cherche plutôt un prétexte pour attaquer l’Iran. Même s’il ne l’a pas dit explicitement, Brzezinski n’était pas loin de suggérer que la Maison-Blanche était capable de concocter une provocation - comme un éventuel attentat terroriste aux États-Unis - afin de fournir le casus belli nécessaire pour la guerre.

Qu’une personnalité comme Brzezinski, qui a des décennies d’expérience aux plus hauts échelons de l’establishment des Affaires étrangères des États-Unis et qui entretient des liens des plus étroits avec l’armée et les services de renseignement, lance une telle mise en garde lors d’une audience publique du Sénat américain est extrêmement sérieux et significatif.

Brzezinski sait de quoi il parle, ayant lui-même organisé des provocations de son cru alors qu’il était conseiller à la sécurité nationale sous Jimmy Carter. À ce poste, comme il l’a depuis admis publiquement, il avait élaboré un plan secret à la fin des années 1970 pour mobiliser les moudjahiddin fondamentalistes islamiques afin qu’ils renversent le régime prosoviétique en Afghanistan et entraînent l’Union soviétique dans une guerre désastreuse dans ce pays.

À la suite de son introduction, et en réponse aux questions des sénateurs, il a de nouveau évoqué le risque d’une provocation.

Il a attiré l’attention des sénateurs sur un reportage du New York Times, paru le 27 mars 2006, concernant « une rencontre privée entre le président et le premier ministre Tony Blair, deux mois avant la guerre, et qui se basait sur un mémorandum rédigé par le représentant britannique présent à cette rencontre ». Dans l’article, a affirmé Brzezinski, « on cite le président qui déclare être inquiet du fait qu’il risque de ne pas y avoir d’armes de destruction massive à trouver en Irak, et qu’il est nécessaire de réfléchir pour trouver d’autres prémisses pour entreprendre cette action. »

Brzezinski continue : « Je vais juste vous lire ce qu’apparemment ce mémo disait, selon le New York Times : “Le mémo affirme que le président et le premier ministre avaient reconnu qu’aucune arme non conventionnelle n’avait été trouvée en Irak. Confronté à la possibilité de ne pas en trouver avant l’invasion prévue, M. Bush avait parlé de plusieurs moyens de provoquer une confrontation. »

«  Il a décrit les différents moyens de le faire. Je ne vais pas entrer dans le détail... Les moyens étaient plutôt extraordinaires, du moins l’un d’entre eux.

«  Si l’on considère que l’on a affaire à un ennemi implacable qu’il faut écarter, cette ligne de conduite, peut dans certaines circonstances, être tentante. Je crains que si la situation en Irak continue à se détériorer et que si l’Iran est perçu d’une manière ou d’une autre comme étant impliqué voire responsable, ou bénéficiaire potentiel de cette situation, cette tentation pourrait se présenter. »

A un autre moment, Brzezinski a fait une remarque sur les méthodes de conspirateur de l’administration Bush qu’il a presque décrit comme une cabale. « Je suis perplexe, a-t-il dit, de voir que des décisions stratégiques majeures semblent être prises par un cercle très restreint de personnes - quelques-unes seulement, une poignée probablement, peut-être pas plus nombreux que les doigts de ma main. Et ce sont ces mêmes personnes, à une exception près, qui ont pris la décision initiale d’entrer en guerre et ont utilisé les justifications initiales pour entrer en guerre. »

Aucun des sénateurs présents n’a tenu compte de l’avertissement absolument clair de Brzezinski. Les démocrates en particulier, mous, complaisants et complices des conspirations de guerre de l’administration Bush n’ont rien dit sur le danger, clairement mentionné par le témoin, d’une provocation.

Suite à l’audience, le reporter du WSWS a demandé à Brzezinski directement s’il suggérait que cette éventuelle provocation pouvait émaner du gouvernement américain lui-même. L’ancien conseiller national à la sécurité est resté évasif.

L’échange suivant a eu lieu :

Q : Dr Brzezinski, à votre avis, qui conduirait cette éventuelle provocation ?

R : Je n’en sais rien. Comme je l’ai dit, on ne peut jamais prédire ces choses. Cela peut être spontané.

Q : Suggérez-vous qu’il y ait une possibilité qu’elle émane du gouvernement américain lui-même ?

R : Ce que je dis c’est que toute cette situation peut échapper à tout contrôle et toutes sortes de calculs peuvent créer une situation dont il serait très difficile de remonter aux origines.

Barry Grey

- Article original paru le 2 février 2007.

 

 

 


 

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